DiC, les dessins animés de notre enfance

Si vous avez grandi dans les années 80 et 90 du 20 ème siècle, vous avez peut-être déjà remarqué le logo de la société DiC. Derrière cet acronyme se cache l'un des plus gros producteur de dessins animés devenus cultes pour plusieurs generations.

Quand on parle des dessins animés ayant marqués notre enfance en France, on évoque souvent la vague de productions japonaises ayant hypnotisé les plus jeunes au grand dam de leurs parents. De Goldorak en 1978 à Pokémon en 2000, il semble parfois acquis que ces productions nippones ont monopolisé l'attention du public et phagocyté le marché français. Ce serait gravement réécrire l'histoire et minimiser la sacro-sainte exception culturelle française qui impose aux chaînes un quota de diffusion de produits locaux. Néanmoins, cela n'a pas eu pour conséquence de réduire la qualité des émissions de jeunesse. Bien au contraire, il est facile de lister des dizaines de dessins animés occidentaux n'ayant rien à envier aux très bonnes productions japonaises. Il se trouve qu'une entreprise en particulier a dominé le marché entre les années 80 et 2000. Il s'agit de DiC Entertainement.

En toute franchise, je n'ai ni les connaissances ni les sources adéquates pour vous dévoiler les coulisses de cette entreprise ou de la fabrication de ses oeuvres. Cet article a pour objectif de mettre en lumièrele travail de ces artistes. Une rapide recherche internet indique que la société française Diffusion Information Communication, soit DiC, a été créé en 1971 en France par Jean Chalopin en tant que filiale du puissant groupe média européen RTL. Quand l'entreprise se lance à la fin des années 70 sur le créneau des dessins animés, c'est le début d'une longue aventure émaillée de succès. Une filiale est crée en 1982 aux USA, puis une autre au Japon en 1985, les deux grands pays producteurs de dessins animés. L'entreprise est rachetée par l'un de ses dirigeants, Andy Heyward, en 1986-1987, puis est vendue en 1993 à ABC avant d'être absorbée en 1998 par Disney. Elle est de nouveau rachetée par ce fameux dirigeant en 2000, avant de finir sa course en 2008 dans les bras de Cookie Jar Group, un des leaders des productions jeunesse basé au Canada.

DES DEBUTS EN FANFARE

Tout commence en 1980 avec Cro et Bronto, l'histoire d'un dinosaure et d'un homme des cavernes. Elle symbolise parfaitement le fonctionnement de l'époque car c'est une coproduction avec Antenne 2, l'ancêtre de France 2. Ce premier dessin animé semble être un format court d'une minute trente avec 45 épisodes produits. Fait intéressant, c'est Bruno Bianchi qui s'occupe de la réalisation, le monsieur derrière... l'Inspecteur Gadget ! Un an plus tard, DiC propose sur TF1 cette fois sa seconde série nommée Archibald le Magichien (vous aurez compris le délire au titre), avec toujours Bianchi à la réalisation. Le réel succès arrive à la fin de cette année 1981 avec la diffusion, sur FR3 cette fois (c'est toujours la télévision publique), du cultissime Ulysse 31 ! Là, pour les plus jeunes, il faut au moins poser une vidéo de cette réinterprétation SF du mythe d'Homère :

On retrouve Jean Chalopin au scénario et Bernard Deyriès (auteur de Cro et Bronto) à la réalisation. Cependant, l'équipe s'étoffe avec l'arrivée d'artistes japonais. C'est de là que vient ce mélange si bizarre et très années 80 ! Cette fusion des cultures, entre Occident et Orient, est possible grâce à une coproduction entre DiC et la TMS, un ogre de la télévision japonaise à qui on doit Lupin 3 ou Cobra ! Ulysse 31 mérite à lui seul un article, mais DiC a bien d'autres œuvres cultes dans ses cartons. En 1983, Antenne 2 diffuse dans sa célèbre émission Récré A2 le nom moins célèbres Les Mystérieuses Cités d'Or. Là encore, il s'agit d'une coproduction entre la France et le Japon, entre DiC et cette fois la chaîne NHK (équivalent de France 2 au Japon) et le studio Pierrot (Naruto en ce moment). Il faut avoir 30-40 ans pour avoir vraiment connu ce dessin animé, mais il a profondément marqué les jeunes spectateurs.

Avec de tels succès, de nombreuses entreprises seraient repues et capitaliseraient pendant des années sur ces licences. Cependant, il faut se rappeler que nous sommes au début des années 80. George Lucas développe à peine son idée de merchandising Star Wars qui va révolutionner la Pop Culture, et les chaînes de télévision sont gourmandes en programme. Notons que les deux premiers hits, Ulysse et les Cités d'Or, n'ont été produites qu'à hauteur de 26 et 39 épisodes. Le prochain dessin animé va définitivement asseoir le savoir-faire de DiC : Inspecteur Gadget ! Bruno Bianchi et Jean Chalopin s'associent pour proposer 86 épisodes diffusés en trois ans sur FR3 (sans compter les multiples rediffusions). Méga succès pour cette nouvelle licence qui va aussi ouvrir le marché américain à DiC. Chose incongrue aujourd'hui : pendant les années 80, les épisodes de ces dessins animés étaient découpés en section de 5 minutes pour être diffusés chaque soir de la semaine avant une rediffusion complète le week-end !

UN FILON SANS FIN

En multipliant les coproductions internationales et les chaînes qui diffusent ses œuvres, DiC s'assure de nombreux financements et équipes de production pour travailler sur plusieurs projets en simultané. 1984, c'est l'orgie avec quatre dessins animés, notamment Les Entrechats (rappelez-vous Isodore) et la famille des Minipouss (des créatures minuscules mi-homme mi-souris). 1985, c'est cinq séries dont les célèbres Bisounours, Jayce et les Conquérants de la Lumière et Denis la Malice ! En 1986, DiC, qui produit encore les saisons 2 et 3 des ces hits, ajoute sur TF1 une sitcom live pour animer l'émission diffusant ses dessins animés. Notons aussi la création du dessin animé adaptant le film SOS Fantômes.

1987, c'est Starcom et les Dinos de l'Espace, 1988 apporte COPS et 1989 la seconde série GI Joe. DiC débute à cette époque des partenariats avec les fabricants de jouets qui ont bien compris l'importance du merchandising. De 1989 à 1991, la société produit aussi des dessins animés Super Mario et Zelda. 1991 est l'année de diffusion sur Canal + de Captain Planet, le dessin animé pas connu de tout le monde vu le modèle Canal mais qui a ses fans, aujourd'hui barbus mais pas forcément écolos. En 1993, la mascotte de Sega a le droit a deux dessins animés : Les Aventures de Sonic et Sonic The Hedgehog. C'est assez marrant de voir deux séries en même temps sur le même personnage. Dans la première, Sonic se jouait de Robotnik et lui échappait constamment. A l'inverse, dans la seconde, il résistait avec ses amis à la domination mondiale du vilain.

On pourrait écrire encore une dizaine de paragraphes sur les productions de DiC. Notons dans la seconde partie des années 90 Hurricanes sur M6 (la réponse à Olive et Tom), Les Requins de la ville, Action Man (le jouet star de l'époque), Le Monde fou de Tex Avery (utilisant les personnages de ce génie américain), Mummies Alive, Archie mystères et compagnie (sur M6 alors que c'est un comics indé aux USA), etc.. …. L'entreprise commence aussi à produire des suites comme Sonic le Rebelle, des remakes comme Gadget Boy ou à produire la version anglaise d'animés japonais comme Sailor Moon. Elle travaille aussi sur l'adaptation de séries-live Disney comme Sabrina ou Mary-Kate et Ashley, les stars de l'époque. Les années 2000 verront naître d'autres dessins animés comme Stargate, mais à un rythme moins soutenu et pour un succès moindre. Le fait que l'entreprise ait régulièrement changé de propriétaire a du impacter sa stratégie, mais elle aura à jamais marqué nos années d’insouciances.

DiC a créé tout un pan de la mythologie de notre enfance. On lui doit des heures de plaisir devant notre téléviseur et Cet article avait pour objectif de rendre hommage au travail de ces artistes. En espérant que certains d'entre vous se sont rappelés d'agréables souvenirs, vous savez maintenant en partie à qui vous les devez !

Si vous souhaitez approfondir le sujet (je n'ai fait que l'effleurer, je ne suis ni journaliste ni spécialiste du sujet), vous trouverez ICI un livre entièrement consacré à DiC et ses dessins animés.