Sortez votre baguette magique, enfilez votre plus beau costume et empoignez votre plus fidèle mascotte ! On va parler du monde merveilleux des Magical Girl !
Si vous connaissez bien ou vous intéressez un peu à l'animation japonaise, il est un genre que vous devez sûrement connaître et que vous avez peut-être déjà connu sans le savoir, je veux parler de ce que l'on appelle le Magical Girl.
Que tu sois un néophyte ou un véritable expert en la matière (auquel cas tu pourras me jeter des pierres en cas d'errements), je vous invite donc à découvrir de par cette humble prose un genre à part entière de l'animation japonaise.
Mais qu'est-ce que quoi que c'est ?
Le terme Magical Girl se réfère à un genre de dessin animé dans lequel une petite fille ou une adolescente dispose ou acquiert des pouvoirs magiques, le spectateur suivant par la suite les aventures et évolutions du personnage. La désignation de ce genre de dessin animé n'est apparu que dans les années 1970 et désigne à la base toute production copiant la série de la Toei Animation Sally la petite sorcière (en japonais Mahou tsukai Sally), bien que la dite série ait été diffusée dès 1966. Très populaire à l'époque, elle poussa d'autres studio à concevoir le même genre de production qui n'avait jusque là pas de véritable désignation.
Sally la petite sorcière est une adaptation du manga de Mitsuteru Yokoyama où Sally (oui c'est le personnage principale mais vous deviez vous en douter) vit dans un pays, loin de la Terre, où elle s'apprête à être couronnée reine de la magie. Mais, pour sauver de la mort le père de sa meilleure amie qui vit sur Terre, Sally désobéit et utilise ses pouvoirs. Elle vit à présent sur Terre, se faisant passer pour une collégienne, et réalise de bonnes actions, avant de pouvoir rentrer dans son pays...
D'autres productions suivront, avec toujours pour base ce dessin animé tout en la modifiant légèrement comme dans Himitsu no Akko-chan (ou Caroline en français) où la petite fille acquière ses pouvoirs suite sa rencontre avec la Reine du pays des miroirs qui lui confie un miroir en forme de poudrier magique, lui permettant de se transformer en ce qu'elle veut. À la même époque était aussi diffusé Cutey Honey qualifié de Magical Girl par la Toei Animation alors que la série suit une femme androïde, loin des petites filles et adolescentes, personnages principaux caractéristiques du genre. La Toei souhaitait surfer elle-même sur le succès d'un genre qu'elle avait créée.
La définition des codes du genre
Et nous voilà au début des années 1980, le Magical Girl ne fait plus les beaux jours de la Toei, les spectateurs se lassent et le studio abandonne donc le genre. Cependant, ce n'est que deux ans plus tard qu'il renaitra au plus haut de sa forme, et cela on le doit au studio d'animation Ashi Productions et son dessin animé Mahou no Princess Minky Momo (ou Gigi en français). La série obtena un véritable succès tout en affinant encore un peu plus la formule.
Gigi est la princesse d'un royaume magique détaché de la Terre quand les gens n'ont plus eu foi en le merveilleux. Elle possède une baguette magique qui lui permet de se transformer, et chacune de ses bonnes actions permet au royaume de se rapprocher de la Terre. Gigi apporta aussi au genre de nouveaux codes que les séries suivront par la suite comme l'ajout d'une mascotte (trois ici) dans une optique autant créative que commerciale, offrant un atout non négligeable en ce qui concerne merchandising. Il y a aussi l'évènement récurrent de la perte des pouvoirs du personnage principal au milieu de la série.
Progressivement, le genre définit des codes que les productions suivantes suivront scrupuleusement : l'héroïne est une petite fille ou une adolescente; elle a des pouvoirs magiques innés ou acquis; il existe un royaume magique; son costume est clairement reconnaissable; elle a une baguette magique; la situation de l'héroïne ainsi que ses pouvoirs sont de l'ordre du secret et pas même ses amis sont au courant; enfin, dans chaque épisode il y a la scène de la transformation de l'héroïne, enfilant son costume par exemple.
La révolution Sailor Moon
Malheureusement, les années 1980 voient le genre s'essouffler encore une fois et beaucoup attendent un nouveau vent de fraîcheur, et il s'appelle Sailor Moon. La série Bishjo Senshi Sailor Moon (raccourcie Sailor Moon en Occident) sort tout droit de l'imagination d'une femme : Naoko Takeuchi.
Sailor Moon est donc une série animée tout d'abord diffusé de 1993 à 1997, adaptation du manga du même nom de Naoko Takeuchi. La série suit Usagi Tsukino (Bunny Rivière) une fille banale qui un jour rencontre un chat dénommé Luna ayant un croissant de Lune sur le front et qui en plus a la faculté de parler, il explique alors à Usagi qu'elle est une guerrière destinée à combattre le mal et sauver la planète. C'est ainsi que grâce à sa broche et tout son attirail de Magical Girl Usagi se transforme en Sailor Moon pour protéger la planète, par la suite elle va rencontrer d'autres guerrières (représentant chacune une planète) et en découvrir un peu plus sur son passé.
Voulant dépoussiérer le genre, Takeuchi aura l'idée de rattacher à un autre, le Sentaï. Alors je pourrais aussi aborder pleinement ce genre mais, étant aussi vieux que le Magical Girl, je vais seulement vous faire un résumé. Le Sentaï est la désignation d'un genre de dessin animé pour enfants où le spectateur suit un groupe de héros (en costumes colorés) sauver la Terre en luttant contre les forces du mal. Le Sentaï le plus connu, du moins par chez nous, étant les Power Rangers ou encore Bioman pour les plus anciens d'entre vous.
Dès lors se pose la question du véritable genre auquel appartient Sailor Moon, reprenant des éléments d'un Magical Girl tout en les mixant à d'autres du Sentaï. Ce dessin animé crée donc un nouveau genre mutant que l'on pourrait appeler Magical Sentai. Ici, il n'y a plus une mais des héroïnes se battant contre les forces du mal, la mascotte est toujours là mais la baguette magique n'est plus l'unique accessoire des personnages, les auteurs les diversifiant à chaque série.
On passe à la vitesse supérieure
Le Magical Sentaï jouit donc d'un véritable succès, puis déviera à partir du milieu des années 2000 où un autre genre encore fera son apparition : le Magical Guntai. Cette fois l'héroïne ne fait pas partie d'un petit groupe mais plutôt d'une armée de magiciennes, ce qui créé encore différents codes à respecter. Elle n'a pas à cacher son statut et donc ses pouvoirs magiques, mais armée oblige, le genre ajoute donc une notion de hiérarchie, absente jusque là. L'objectif du dessin animé restant par contre le même, se battre contre les forces du mal.
Dans les différentes séries de ce nouveau genre l'une des plus marquantes et qui revient souvent est Mahou Shojo Lyrical Nanoha se déroulant dans un monde où la magie est connue de tous mais où peu de gens arrivent à la maîtriser. Nanoha Takamachi, le personnage principal a pour mission de retrouver des « Jewel Seeds » sorte de pierres magiques dangereuses afin de les sceller pour empêcher toute apparition de failles dimensionnelles. Tout un programme !
Le genre idéal
Si à sa création le genre Magical Girl est destiné au public féminin et enfant étant donné que chaque série suit une jeune fille ou adolescente, finalement le public cible s'est agrandi avec les différents sous-genres que j'ai pu vous présenter jusqu'ici. Avec le Magical Sentaï, les garçons autant que les filles étaient visés, le Magical Guntai aussi. Puis avec les séries plus récentes les sujets ont aussi évolués, dans Madoka par exemple, le ton étant résolument plus sombre et les questions que la série pose plus matures. Il en résulte un public visé plus adulte.
Le public visé s'étant élargi et les séries du genre ayant beaucoup de succès, le merchandising est très vite apparu, que ce soit bien sûr les DVD/Blu Ray (VHS pour les plus vieux), des bandes originales vendues sur CD. Parfois les séries (si elles ne sont pas à l'origine) sont adaptées en manga, en Lignt Novel, en jeux vidéo. Aussi bien souvent des figurines, des peluches à l’effigie des fidèles mascottes (je vous en parlais plus haut), des Gashapons sorte de machines à pièces distribuant des jouets au hasard et tout ce que le marketing est capable de produire.
Encore et toujours en évolution
Et maintenant ? Bien que les Magical Girl, Magical Sentai et Magical Guntai vivent encore, peu sortent du lot. Cependant en 2011 est diffusé Puella Magi Madoka Magica offrant une toute nouvelle vision de ce qu'est le genre, reprenant ses codes pour mieux les détourner. Tout y est : des costumes, des jeunes filles, une mascotte et le perpétuel combat contre les forces du mal. La différence ici est que le dessin animé s'intéresse à l'envers du décor, aux conséquences, au risque de perdre et mourir là où le genre s'était contenté jusque là d'héroïnes invincibles. Frôlant même plusieurs fois le genre de l'horreur et accentuant son sujet sur la psychologie des personnages.
La série reste malheureusement la seule du genre jusqu'à présent malgré le succès qu'elle a rencontrée. Et à la grande surprise générale, un autre genre s'est créé, les Magical Boy, qui reprend les codes du genre tout en échangeant les héroïnes contre des héros. Cependant, il a pour intention dès le départ d'être parodique et donc d'accentuer les habituels clichés que l'on retrouve dans les productions habituelles : l'amour, les bons sentiments et le rose. Je vous conseille le dessin animé Binan Koukou Chikyuu Bouei-bu Love ! si vous voulez y jeter un oeil.
Le genre, bien qu'à la base désignant des productions japonaises, a aussi fait des émules en Occident. Citons donc le dessin animé Les Super Nanas, une série animée américaine diffusée entre 1998 et 2005 qui, bien que n'appartenant pas au genre, en reprend les codes : les trois jeunes filles sont différenciés par chacune une couleur, elles ont des super pouvoirs et se battent contre des monstres et autres antagonistes afin de sauver leur ville.
Comment pourrais-je conclure ? Je dirai presque qu'en 50 ans, le genre a su se renouveler à chaque fois qu'il lui arrivait de stagner et qu'il continuera encore pour mieux nous étonner. J'ai en tout cas hâte de voir ce que le genre nous réserve.