Déjantée, peu orthodoxe, la nounou d’enfer a su faire rire de bon coeur de nombreux foyers américains et français.
En septembre 1994 débarquait sur M6 Fran, une jeune femme juive issue du Queens qui va réussir à se faire engager comme nounou dans une famille riche et anglaise de Manhattan. Quand deux visions totalement différentes se côtoient, cela forme un cocktail savoureux et hilarant à souhait. Mais revenons sur cette série.
La nounou envahit Manhattan
Fran Fine est vendeuse dans un magasin de robes de mariées dans le Queens. elle est heureuse et fiancée, que du bonheur, quoi. Mais tout s’écroule quand son petit ami et employeur la vire et la largue en même temps pour une autre femme. Elle va alors se reconvertir dans la vente de cosmétiques et toquer à la porte d’un producteur de Broadway : Maxwell Sheffield (Charles Shaughnessy). Ce dernier, en quête d’une nounou pour ses trois enfants, va la prendre pour une candidate au poste. Par un concours de circonstances, elle se retrouve embauchée et devient un membre de la maisonnée Sheffield.
Commence alors un chamboulement dans la vie de cet Anglais guindé et de ses enfants totalement perdus et tristes. La nounou est dans la place et l’excentricité, le rire, la folie ainsi que les bourdes à répétition vont apporter la couleur et la fraîcheur dont tous avaient besoin pour s’épanouir et s’ouvrir au monde.
Fran Drescher, la maman de la nounou
Fran Drescher est issue de Flushing, dans le Queens, comme le personnage qu'elle a créé et incarne à la télévision. Elle a vécu une vie sans problèmes et a suivi des cours de théâtre. Elle va devenir coiffeuse tout en faisant quelques castings. Après avoir joué dans plusieurs séries qui n’ont pas eu le succès escompté et qui se sont vues annulées au bout de quelques épisodes, elle va décider de prendre le taureau par les cornes.
Elle va ainsi avoir l’idée de créer en 1993 une série du nom de The Nanny, Une Nounou d’enfer. Pour la petite histoire, elle va littéralement harceler le producteur de CBS dans un avion jusqu’à ce qu’il accepte de monter son projet. D’ailleurs, on voit cette scène dans un des épisodes de la Nounou plusieurs saisons plus tard en guise de clin d’oeil à ce moment. La série est un véritable succès et va durer 6 ans. Les 6 saisons qu’elle enchaînera comptabiliseront 145 épisodes de 23 minute chacun.
En 2004, un épisode spécial The Nanny Reunion: A Nosh to Remember, va réunir tous les protagonistes de la série afin d’en reparler et de se remémorer les meilleurs moments. Seul Daniel Davies, qui interprétait Niles, n’a pas pu participer car il se produisait alors à Broadway.
Un choc des cultures intéressant
Ainsi Fran, avec sa voix pénible et nasillarde et ses manières venues du “petit peuple” va contaminer Maggie (Nicole Tom), Brighton (Benjamin Sallisbury) et Grace (Madeline Zima), les enfants dont elle doit s’occuper et leur apporter une éducation disons assez peu orthodoxe.
À travers son regard plus pragmatique des choses, elle saura leur inculquer des leçons de vie qu’ils n’auraient peut-être pas comprises si on leur avait expliqué dans leur propre langage, moins fleuri.
Elle aidera Maggie la renfermée à devenir une jeune fille assumée et plus à l’aise. Brighton, le jeune garçon rancunier et méprisant s’adoucira et la petite Grace, une fanatique de la psychanalyse deviendra peu à peu une petite fille comme les autres.
Sa propension au système D, ses manières peu orthodoxes en contraste avec la rigidité, le flegme et le peu d’expansivité de son employeur mènent souvent à avoir le sourire aux lèvres. Car le gagnant n’est jamais le plus fortuné, bien au contraire, c’est la miss à la langue bien pendue qui parvient toujours à avoir le dernier mot.
Une obsession maritale
L’un des thèmes principaux de la série est que notre belle nurse n’a toujours pas trouvé chaussure à son pied et qu’elle est prête à toutes les combines, notamment mentir éhontément sur son âge pour y parvenir.
Lors de son mariage, on apprendra que Maxwell avait fait une enquête sur elle et que la seule information qu’il n’ait pu obtenir, même en faisant jouer toutes ses connection, c’est son âge. À la grande satisfaction de notre menteuse aux éternels 25 ans.
Nous voyons donc au début notre dame chercher à sortir avec tous les beaux spécimens qui se présenteront sur son chemin. Ensuite, nous verrons qu’elle se mettra à nourrir des sentiments pour son employeur et qu’elle cherchera à lui faire avouer que lui aussi, il est amoureux d’elle. Mais ce sera un jeu du chat et de la souris de longue haleine jusqu’à la scène de mariage tant attendue.
Sylvia et Marty, le couple modèle ?
Il y a deux autres personnages qui apportent aussi une bonne dose de rire et de bonne humeur, ce sont les parents de Fran, Sylvia (Renée Taylor) et Marty (Steve Laurence). Sylvia est la maman juive stéréotypée qui ne veut qu’une chose pour sa fille : qu’elle se marie, de préférence avec un médecin juif. Elle se bat donc en permanence pour que Fran rencontre des hommes fortunés et qu’elle fasse enfin un bon mariage à n’importe quel prix.Car Fran est encore célibataire et cela, son honneur de mère ne le supporte pas. Elle va d’ailleurs avoir plusieurs malaises suite aux ruptures de la nounou avec ses petits amis ou fiancés, ruinant ses espoirs de noces et d’honneur retrouvé.
La maman aux formes généreuses est aussi une goinfre patentée qui est capable de renifler un donuts ou n'importe quelle douceur ou plat qui pourrait se consommer à des kilomètres à la ronde. Son obsession de la nourriture, qu'elle partage avec sa fille, fait partie d'un des éléments les plus comiques de la série.
Marty, lui est un personnage étonnant. En effet, on ne le voit jamais (sauf à la fin de la sére) et il est pourtant omniprésent. En effet, Fran et sa mère en parlent très souvent et il a une présence inimitable en la “personne” de ses moumoutes qu’il enfile pour sortir. Il est d’ailleurs très souvent présent dans l’appartement de la famille Fine, mais on ne sait qu’il est présent que quand son épouse l’interpelle. Il ne répond jamais, mais cela lui donne une épaisseur inattendue.
Yeta, ou la sénilité comique
Au bout de quelques épisodes, vient se greffer à cette famille excentrique un autre élément qui va apporter un autre brin de fraîcheur : Yeta (Ann Morgan Guilbert), la grand-mère de Fran et la mère de Sylvia.
Cette retraitée quelque peu sourde et un brin sénile et au look très improbable constitué de lamé, de rouge à lèvre carmin et d’une choucroute inhérente à sa lignée va apporter sa petite touche farfelu dans ce petit monde.
Si, au début, elle n’était qu’un personnage qui apparaissait de temps en temps, elle va finir par devenir de plus en plus importante et nous faire profiter de ses perits perles. Par exemple, elle est capable de manger des fruits en cire en disant qu’ils ne sont pas mauvais. Elle donne aussi de l’argent à Niles qui a juste nettoyé les touches du piano et produit un son discordant.
Elle sera ensuite accompagnée de son amoureux, Sammy, qui n’était autre que le célèbre chanteur Ray Charles. Ce charmant petit duo de retraités fera le bonheur des téléspectateurs.
Niles et C.C., comme chien et chat
Personnellement je trouve qu’il y a un duo de personnages qui remporte haut la main la palme de l’humour et qui, à mon sens, chipent presque la vedette à notre couple Fran-Maxwell. Il y a tout d’abord Niles, le majordome impertinent et à la langue bien pendue qui a toujours le bon mot pour rire et qui est un membre à part entière de la famille, même si les Maxwell usent et abusent de lui sans vergogne. Il est l’allié numéro un de Fran.
Il y a ensuite C.C. (Diminutif de Chastity Claire), interpétée par Lauren Lane, l’associée de Maxwell, une femme froide, méchante et prête à tout pour que Maxwell la remarque. Celle-ci voit d’ailleurs d’un très mauvais oeil l’arrivée de cette nounou bien trop sexy pour son bien à elle. Elle essaie donc par tous les moyens de se débarrasser d’elle, mais rien ne se passe comme elle le souhaiterait, notamment grâce aux interventions de notre bon vieux Niles.
Ce sont leurs perpétuelles chamailleries, leurs mauvais coups, leurs duels verbaux qui font à mon avis tout le sel de la série. Car je dois dire que certaines scènes sont un pur concentré jouissif de rire et de bons mots bien envoyés et bien sentis. Sans hésiter, je leur décerne la palme des personnages parmi les plus savoureux qu’il m’ait été donné de voir dans une série de ce genre.
Un ensemble plaisant, même si trop présent sur nos écrans
Tout ce panel de protagonistes différents et variés offre sous nos yeux un joyeux brouhaha de voix, de caractères et de personnalités bien distinctes qui nous offrent un agréable moment de divertissement. On trouve toujours notre compte dans l’un ou l’autre.
Certes, je dois avouer que pour ma part le soufflé est un peu retombé depuis les années 90 et que le fait que M6 et sa cousine W9 nous resserve la série à tout bout de champ et à tous horaires commence sérieusement à en éventer la fraîcheur.
Il n’en est pas moins que cette sitcom reste culte dans le paysage audiovisuel et qu’elle a donné bien de moments de franche rigolade aux téléspectateurs durant tout le temps qu’elle a duré.
Au final, si cette série n’est pas non plus la plus dramatique ou la plus intense que l’on connaisse, elle a eu l’avantage d’apporter un vent de fraîcheur sur nos écrans. Un petit plaisir à voir et revoir sans modération en cas de coup de blues.