Doctor Who, série culte : à travers le temps et l’espace

De série éducative à monument de la culture populaire, découvrez comment Doctor Who s’est hissé au rang de série culte.

Chef d’œuvre pour les fans, irregardable et kitsch pour ses détracteurs, la série britannique ne laisse personne indifférent. Difficile de se faire un avis tant elle est longue et complexe. Que vous souhaitiez démarrer le programme ou que vous ne compreniez pas l’engouement autour de cette série, laissez-moi vous expliquer en quoi Doctor Who est LA meilleure série de tous les temps. Doctor Who, c’est une expérience. Il est fort possible que les défauts qui vous sautent aux yeux lors du visionnage de votre premier épisode se transforment en qualités indéniables.

Présentation de la série

Tout d’abord, sachez qu’on ne parle pas du “Docteur Who”. Who n’est pas le nom du Docteur, mais une manière de sous-entendre que son identité réelle est justement inconnue. La série raconte les aventures d’un extra-terrestre (d’apparence humaine), un Seigneur du Temps, à travers l’espace et le temps.

Il est accompagné d’un ou plusieurs compagnons, affronte des ennemis récurrents et voyage à bord de son vaisseau, le TARDIS (Time And Relative Dimension In Space), plus grand à l’intérieur qu’à l’extérieur. Le TARDIS avait autrefois la capacité de changer d’apparence pour se fondre dans le décor d’une époque mais le système s’est brisé pendant l’arrivée du Docteur dans le Londres des années 60, d’où sa sempiternelle apparence de Cabine de Police (et non de cabine téléphonique).

Doctor Who compte actuellement deux séries (qui se suivent), un film, environ 1000 épisodes, 12 incarnations (+ 1 “secrète” : le War Doctor) et c’est la série de science-fiction la plus longue de tous les temps, plus longue encore que Star Trek ! Si tous ces éléments ne vous convainquent pas, continuons !

Régénérations

C’est l’un des points les plus importants de la série, ce qui la rend si unique et qui lui a permis de traverser les époques. Quand William Hartnell (le tout Premier Docteur) a annoncé aux producteurs son désir de quitter la série en raison de problèmes de santé qui affectaient sa mémoire, il a fallu trouver une parade pour assurer la pérennité du programme qui cartonnait. Pendant un temps, il a été suggéré qu’un sosie d’Hartnell soit embauché.

Mais ce sont le producteur Innes Lloyd et le script-editor Gerry Davis qui auront l’idée la plus brillante de l’histoire de la télévision : ils dotent le Docteur d’un pouvoir unique à son espèce, appelé Régénération (terme qui naîtra seulement dans les années 70). Ainsi, s’il est mortellement blessé (par radiations, à la suite d’une chute ou d’un coup de feu), un phénomène se déclenche et le Docteur subit de profonds changements physiques et mentaux. L’apparence et le caractère du Docteur évoluent quand ses aspirations et sa mémoire demeurent. Cela permet aux acteurs qui incarnent le Seigneur du Temps d’y appliquer leur marque, de jouer leur rôle sans se soucier du poids de l’incarnation précédente. Les régénérations sont souvent prétexte aux émotions, c’est pourquoi elles ont parfaitement leur place dans le scénario.

Le Docteur ne semble pas avoir de pouvoir sur l’apparence qu’il revêt mais cette question est ambigüe. En effet, les Seigneurs du Temps permettent au Deuxième Docteur (Patrick Troughton) de choisir un troisième visage. Face à son inaction, ils le régénèrent de force. Le Douzième Docteur (Peter Capaldi) arbore le visage d’un habitant de Pompéi qu’il a sauvé lors de sa Dixième Incarnation (David Tennant) mais il prétend que c’est un choix inconscient. Enfin dans l’épisode du Cinquantième Anniversaire de la série, Le Jour du Docteur, Eleven (surnom du Onzième Docteur joué par Matt Smith) rencontre le conservateur de la National Gallery de Londres. Il est étonné de découvrir à quel point il ressemble au Quatrième Docteur (Tom Baker), plus âgé. Le conservateur révèle alors que, dans le futur, il lui sera possible de “revisiter certaines incarnations”...

Les thèmes de la série

La série aborde principalement des thèmes chers à la Science-Fiction. On croise de très nombreux extraterrestres aux sociétés plus ou moins construites et plus ou moins proches des nôtres. Comme souvent, la fiction de l’imaginaire permet d’analyser nos propres us et coutumes, nos propres aspirations, les limites de nos sociétés. Les voyages dans le temps offrent à la série un moyen d’éduquer les spectateurs (c’était le but de Doctor Who au tout début) sur le passé de notre Terre. Le Docteur rencontre ainsi Shakespeare (dans Peines d’amour gagnées), Charles Dickens (dans Des morts inassouvis) ou encore Winston Churchill (dans les saisons 5 et 6).

Mais Doctor Who utilise le voyage à travers l’espace comme un moyen de poursuivre une quête. Le Docteur cherche à échapper aux Seigneurs du Temps au début de la première série. Dans la seconde série (celle de 2005), il tente de survivre et de surmonter ses traumatismes dus à la Guerre du Temps, à l’issue de laquelle sa planète natale, Gallifrey, fut détruite.

Des compagnons présents

Le Docteur se laisse suivre par des dizaines de compagnons au fil de l’histoire car ceux-ci le sortent de sa solitude et lui rappellent l’homme qu’il doit être. Eux-mêmes ont leurs propres motivations. Rose Tyler (Bilie Piper) veut s’éloigner de sa vie si monotone et la curiosité la pousse à suivre le Docteur, jusqu’à ce que de véritables sentiments apparaissent.

Il en est de même pour Donna Noble (Catherine Tate) qui cherche à fuir son quotidien, sa routine. Elle aspire à plus de fun, plus d’aventures, ce que le Docteur est susceptible d’offrir.

Le cas de Clara Oswald (Jenna Coleman) est beaucoup plus mystérieux puisque son existence tout entière repose sur un incroyable rebondissement, comme sait les offrir Doctor Who.

L’on retrouve, dans la série, une part de tragédie. En effet, le Docteur traverse les âges sans vieillir, il peut se régénérer s’il est blessé mais il peut vivre très très longtemps. Or, il s’attache à des amis qui, eux, sont mortels, dont les années sont comptées. Ce décalage rend le Docteur terriblement triste car il perd certains de ses amis alors que lui doit poursuivre son chemin.

La longévité exceptionnelle de la série a permis de développer un univers extrêmement riche. Elle se nourrit donc de références méta, c’est à dire de références que seuls les spectateurs attentifs et les spectateurs de longues dates peuvent comprendre. Par exemple, la phrase “inverser la polarité” est régulièrement citée dans la série, d’abord par le Troisième Docteur puis par d’autres personnages comme une référence. Certains habits, objets et lieux sont régulièrement cités comme références.

Ère classique : apogée (Doctors I à IV)

Doctor Who débute en 1963. Au début, les producteurs ont la volonté de proposer une série éducative. Les jeunes spectateurs à qui s’adresse principalement le programme doivent apprendre en regardant l’émission. Même si cette aspiration sera rapidement laissée de côté, elle ne sera jamais totalement abandonnée puisque l’on trouve encore des épisodes dits “historiques” dans la deuxième série.

Quoiqu’il en soit, à cette époque, Doctor Who est diffusé à un rythme hebdomadaire une grosse partie de l’année (en moyenne 9 mois sur 12). Il faut donc écrire, produire et tourner vite. Les épisodes ne durent que vingt-cinq minutes mais ils se composent en sérials (des arcs narratifs) de 4 à 12 parties (pour Dalek’s Master Plan).

Dès le départ, tous les ingrédients à succès du programme sont créés. Les compagnons, le TARDIS, le voyage dans le temps et l’espace, les accessoires farfelus du Docteur (comme le Tournevis Sonique) et surtout des ennemis récurrents tels que les redoutables Daleks, issus de l’imaginaire de Terry Nation, ou les dangereux Cybermen.

L’on apprend également que le Docteur est un extraterrestre qui a fui sa planète avec sa petite fille Susan, à bord d’un vaisseau volé. Les Seigneurs du Temps sont montrés pour la première fois dans The War Games, une aventure du Deuxième Docteur mais sa planète n’obtient un nom définitif qu’en 1973, dans The Time Warrior, qui met en scène le Troisième Docteur. Les quatre premiers Docteurs et leurs compagnons forment une base essentielle pour tout le reste de la série. Si celle-ci fut boudée par le public à ses débuts, elle acquiert un statut unique au fil du temps, jusqu’à son apogée : l’ère du Quatrième Docteur.

Ère classique : déclin (Doctors V à VII)

Attention, ce classement en deux grandes ères est un moyen pour moi de mettre en page cet article. Il est évident qu’il existe de bons épisodes dans cette période de déclin et de mauvais dans celle que j’ai nommé apogée. Mais il s’agit toutefois de deux grandes tendances qu’on ne peut négliger.

Ici, les budgets alloués sont moins importants et les relations entre le public et la série culte se complexifient. Les fans sont à la fois la force de la série et ce qui précipita sa chute. Leurs critiques sont acerbes, douloureuses. John Nathan-Turner, le producteur qui a la plus importante longévité de la série, doit à la fois faire face à ce public de plus en plus exigeant et à la BBC qui assume de moins en moins le programme. Il élève le marketing de la série à un niveau jamais égalé auparavant et tente de nouvelles idées. La série attire davantage aux USA. Nathan-Turner accorde son attention aux conventions de fans et à Doctor Who Magazine, plus qu’aucun autre producteur avant lui. Si cette bonne volonté permet de maintenir la série pendant l’ère de Peter Davison (Cinquième Docteur), le changement de ton du Sixième Docteur (Colin Baker) amorce la chute de la série qui durera encore cinq ans.

En effet, le Sixième Docteur est sans doute l’un des plus méprisés par les fans puisqu’il est à la fois antipathique et égoïste. Comme il n’est pas attachant, que les budgets sont de plus en plus maigres et les scénarios moins travaillés, s’ensuit une conséquente baisse d’audience. Nathan-Turner veut s’en aller mais la BBC l’oblige à rester. Un Septième Docteur (Silvester McCoy) est présenté aux spectateurs mais il est déjà trop tard. Malgré de bonnes critiques, les audiences sont mauvaises. Le 6 décembre 1989, la BBC diffuse la troisième et dernière partie de l’épisode Survival puis Doctor Who disparaît pendant sept ans…

Doctor Who, le Film : Le Seigneur du Temps

C’est du côté des États-Unis que se produit la “régénération” de Doctor Who. En effet, les studios Universal, la BBC et la Fox coproduisent cette version (trop) américanisée du Docteur, destinée à relancer l'intérêt pour l’univers et éventuellement une nouvelle série. Les scénaristes se mettent au travail et transforment radicalement certains aspects des personnages. Le Docteur devient mi-humain mi-Gallifreyen, le Maître, l’un de ses plus grands ennemis, devient son demi-frère et des adversaires récurrents comme les Daleks et les Cybermen évoluent vers une nouvelle espèce.

D’autres scénaristes se succèdent et l’on évoque même Hitler dans l’intrigue ! C’est Matthew Jacobs (Les Aventures du Jeune Indiana Jones) qui écrira le scénario définitif. Il conserve l’idée d’un Docteur de sang-mêlé mais modifie presque tout le reste. L’on retrouve donc le Septième Docteur qui voyage toujours à bord du TARDIS depuis la fin de la série. Malheureusement, à New York, il se fera assassiner. Il se régénère alors en Huitième Docteur (Paul McGann) et rencontre Grace (Daphne Ashbrook) qui va l’aider à affronter le Maître ressuscité (atrocement incarné par Eric Roberts). Ce téléfilm, en plus de n’aboutir à aucun retour en grâce de la série, oscille perpétuellement entre les mauvaises idées et d’autres moins mauvaises. Paul McGann est la seule surprise de ce projet qui restera tout de même canonique à l’intrigue principale de Doctor Who.

Ère de Russel T. Davies (Docteur IX et X)

Après un nouvel échec d’une franchise au cinéma (qui devait être réalisée par Paul W. S. Anderson, Monsieur Resident Evil), la BBC se tourne vers Russel T. Davies (Queer as Folk), producteur et scénariste, qui avait déjà fait connaître à la chaîne son envie de ressusciter la série culte. Finis les épisodes en plusieurs parties de vingt-cinq minutes, cette fois ils dureront quarante-cinq minutes et la saison en comprendra treize. Pour marquer la rupture, et bien qu’il ne s’agit pas d’un reboot, la numérotation reprend.

Le 26 mars 2005, les fans découvrent donc l’épisode 1 de la saison 1, Rose, et font la connaissance des deux personnages principaux, le Neuvième Docteur (Christopher Eccleston) et Rose Tyler. Davies propose l’idée que Gallifrey, la planète natale du Docteur, a été détruite lors de la Dernière Guerre du Temps. Seigneurs du Temps et Daleks se sont entretués, le Docteur est donc le dernier de son espèce. L’épisode attira 10 millions de téléspectateurs, faisant de Doctor Who la troisième meilleure audience de la semaine.

La nouvelle série signifie aussi exportation. En France, même si quelques épisodes du Quatrième Docteur furent diffusés, l’engouement fut moindre qu’au Royaume-Uni. Mais tout changea avec le revival de 2005, l’époque facilitant sans doute cette exportation à l’international. L’Ère Davies est aussi l’occasion de proposer des intrigues “fils rouges” qui courent pendant toute une saison (Bad Wolf en saison 1, Torchwood en saison 2, Harold Saxon en saison 3 et les planètes disparues en saison 4). Le créateur de cette nouvelle mouture propose également davantage d’humour et une écriture soignée des personnages.

Les compagnons du Docteur, Rose en tête, ont une vie avant de rencontrer l’extraterrestre, ils ne sont pas de simples faire-valoir comme l’étaient souvent les compagnons de la première série. Le Neuvième Docteur est un être habité par son passé et par la perte de sa planète. Il fait toutefois preuve de beaucoup d’esprit et aime s’amuser. Le Dixième Docteur (David Tennant), souvent désigné comme le Docteur préféré des fans avec le Onzième (Matt Smith), se montre plus émotif, doux, très loquace mais parfois impitoyable avec ses ennemis bien qu’il se refuse toujours à prendre une vie. Les épisodes de Russel T. Davies sont légers mais font réfléchir sur notre société, ils sont abordables par tout type de public mais pas simplistes pour autant puisqu’ils questionnent des thèmes variés comme l’homosexualité, la religion ou encore la politique.

Ère de Steven Moffat (Docteur XI)

Dans les cinq dernières minutes de l’épisode La Prophétie de Noël, David Tennant laisse sa place à Matt Smith, le plus jeune acteur ayant jamais incarné le Docteur. Smith et Moffat vont poursuivre l’ascension amorcée par Davies en proposant une nouvelle facette du personnage et une nouvelle vision artistique. L’humour demeure mais les épisodes se font plus sombres, plus esthétiquement travaillés aussi. Les histoires sont plus complexes, voire excluantes dans certains cas mais le Onzième Docteur est tout aussi attachant que son prédécesseur.

Matt Smith incarne un Seigneur du Temps insouciant, moins torturé que Tennant, presque puéril par certains côtés mais qui cache une grande rage à l’intérieur. Pendant trois saisons, Eleven va devoir faire face à de nombreux ennemis qui lui annoncent sa mort prochaine… Moffat est aussi aux commandes de l’épisode spécial 50e anniversaire de la série. Pour l’occasion, il fait revenir David Tennant (qui reprend son rôle après trois années loin de la série) et embauche Sir John Hurt (Harry Potter, Aliens, Le Transperceneige) pour un épisode de 76 minutes qui sort même dans certains cinémas en 3D ! L'événement hisse à jamais Doctor Who au rang de série culte.

Au revoir Moffat et l’avenir de la série (Docteur XII)

Si Moffat est objectivement un bon scénariste, il ne fait pas l’unanimité chez les fans qui le qualifient de misogyne et qui lui reprochent de ne pas savoir où il va. Il a pourtant écrit d’excellents épisodes pendant l’ère Davies et pendant la sienne. Moffat aime jouer avec la notion de voyage dans le temps, il aime que l’on s’interroge à la fin d’un épisode, que l’on invente des théories sur tel ou tel personnage. Il est le créateur de l'intrigante River Song (Alex Kingston) à la chronologie bouleversée.

En fait, ce que certains fans aiment chez Moffat c’est aussi ce que détestent les autres. C’est peut-être la raison pour laquelle il changea sa manière de faire la série à l’arrivée du Douzième Docteur (Peter Capaldi). Les épisodes sont bien plus indépendants et se suffisent à eux-mêmes. Ils proposent des histoires beaucoup plus sombres car le Docteur de Capaldi est froid, distant, proche du caractère du Premier Docteur. L’humour disparaît et laisse la place à des questions plus métaphysiques (Qui suis-je ? Où vais-je ?) qui interrogent sur la place du Docteur dans l’univers. Est-il un héros qui sauve des gens ? Ou provoque-t-il les catastrophes ? Crée-t-il ses propres ennemis ?

Le polémique Steven Moffat tirera sa révérence à la fin de la dixième saison, annoncée pleine de surprises. Après six saisons en tant que showrunner, il laissera la place à Chris Chibnall, connu des fans du Whoniverse pour avoir écrit quelques épisodes de Doctor Who (pas les plus fameux) et la majorité des épisodes du spin-off Torchwood. Avec le départ de Moffat, l’on dira aussi adieu à Peter Capaldi comme Douzième Docteur. L’on ignore encore qui le remplacera mais les théories les plus folles circulent déjà.

Défauts et forces de Doctor Who

Par sa longévité, Doctor Who n’est pas exempte de défauts. L’ère classique et ses décors en cartons pâte est parfois difficile à regarder, notamment à cause d’un rythme lent et de budgets moindres. Si le côté kitsch est aujourd’hui assumé, il peut rebuter certains profanes qui n’osent pas se lancer.

Il faut avouer également que la première saison de la série de 2005 a vieilli, ce qui ne plaide pas en sa faveur. De plus, certains compagnons n’existent que pour mettre en exergue le personnage du Docteur. Avec le temps, ce dernier défaut s’est estompé pour laisser la place à des personnages au caractère bien trempé.

Cependant tous ces défauts s’envolent quand on apprend à connaître la série et que l’on aperçoit son âme. Le Whoniverse est un univers gigantesque qui n’a rien à envier à celui de Marvel ou de DC Comics.

Sa longévité est une plus-value certaine mais il n’est pas nécessaire d’en connaître chaque détail pour apprécier la série. En effet, chaque Docteur doit résoudre ses propres mystères, doit apprendre à faire confiance à de nouveaux alliés et à craindre des ennemis toujours plus nombreux. La continuité de la série est une force mais jamais un frein. En plus des scénarios riches et intelligents, des personnages adorés par les fans, de l’humour et du second degré, la bande-son de Murray Gold (pour la deuxième série) saura parachever votre euphorie quand vous découvrirez l’épopée de Doctor Who.

Par où commencer ?

Pour la série de 2005, chaque nouvelle incarnation du Docteur peut constituer un point d’entrée (Saison 1, 2, 5 ou 8). Les Docteurs préférés des fans sont Ten (David Tennant) et Eleven (Matt Smith), je vous conseille donc de vous lancer dans leurs épisodes en priorité. La saison 1 de la série de 2005 a un peu vieilli mais elle contient quelques épisodes brillants. Je vous laisse seul juge pour les apprécier ou non, malgré le côté “rétro”.

Vous pouvez également utiliser comme point d’entrée les différents compagnons principaux du Docteur (Rose, saisons 1 et 2 ; Martha, saison 3 ; Donna, saison 4 ; Amy et Rory saisons 5 à 7, Clara saisons 7 à 9 ; Bill qui débarque en avril 2017) puisqu’eux-mêmes apprennent à connaître le Docteur au fil du temps. Si je ne vous recommande pas de vous lancer immédiatement dans la série classique, c’est à cause du décalage évident entre nos deux époques. Les épisodes sont très très “old-school” et risquent de vous rebuter tout de suite. Ils sont à conseiller aux fans avertis qui veulent vraiment creuser le personnage du Docteur et découvrir son passé. De plus, certains épisodes ont été perdus par la BBC et sont donc introuvables. Néanmoins, si vous appréciez suffisamment la série, vous aurez tendance à vouloir en voir davantage et vous vous intéresserez à la série classique par vous-même.

Mon expérience personnelle : je suis entré dans le Whoniverse via Torchwood et les crossover entre les deux séries. Ensuite, j’ai regardé quelques épisodes de Doctor Who qui m’ont familiarisé avec l’univers et j’ai voulu en savoir plus. Je ne le nie pas, j’ai eu un mouvement de recul quand j’ai découvert mon premier épisode (Peines d’amour gagnées) mais l’humour et l’intrigue m’ont convaincu d’en regarder un autre… Puis un autre… et Doctor Who est devenue ma série préférée !

Top des épisodes à découvrir

Je me concentre uniquement sur la deuxième série pour les raisons citées précédemment. Drôle de Mort/ Le Docteur danse (dyptique 1x09/ 10), dans ce double épisode qui se déroule pendant la Seconde Guerre Mondiale, on rencontre le Capitaine Jack Harkness (John Barrowman), de Torchwood. Cet épisode fait frissonner !  

Peines d’amour gagnées (3x02) vous propulse au temps de Shakespeare avec beaucoup de second degré ; Les Anges Pleureurs (3x10) fait partie des meilleurs épisodes. Non seulement le Docteur est peu présent mais, en plus, il est terrifiant à souhait !

La Terre Volée/ La fin du voyage (dyptique 4x12/ 13), sans doute l’un des meilleurs épisodes finaux qui met en scène les personnages des quatre saisons de Doctor Who, de Torchwood et de Sarah Jane Adventures.

Vincent et le Docteur (5x10), un épisode très poétique qui tourne autour du célèbre Vincent Van Gogh ; Le Jour du Docteur (Spécial 50e anniversaire), l’épisode le plus épique jamais conçu. 

Descente au paradis (9x11), peut-être le meilleur épisode de toute la série. Un huis clos étouffant dans lequel Capaldi montre tout son talent. Il m’a été très difficile de faire cette liste, plutôt subjective, car il existe de nombreux épisodes qui auraient dû se trouver là. Mais j’espère que ces quelques titres vous donneront envie d’en découvrir davantage.

Les Spin-off

Fort de son succès, Doctor Who a vu naître trois spin-off principaux (je ne parlerai pas de la série K-9) à l’initiative de Russel T. Davies. Fil rouge de la saison 2, l’institut Torchwood obtient sa série en 2006. L’histoire raconte les enquêtes surnaturelles de Torchwood Cardiff, commandé par le Capitaine Jack Harkness . Le personnage apparut d’abord dans cinq épisodes de la saison 1 de Doctor Who. Il s’agit du premier personnage pansexuel de la série.

Torchwood est beaucoup plus sombre que la série mère car le public n’est pas le même. Les deux premières saisons sont classiques et bénéficient la plupart du temps d’une intrigue par épisode. La saison 3, avec seulement 5 épisodes, est magistrale de bout en bout et c’est vraiment celle que je vous conseillerais ! Pour la saison 4, Torchwood est délocalisé aux États-Unis et la série perd son identité.

Dans Sarah Jane Adventures, un programme destiné aux plus jeunes, on suit Sarah Jane Smith qui fut autrefois compagnon des Troisième et Quatrième Docteurs, avant de réapparaître dans un épisode de la saison 2 de la nouvelle mouture. Si cette série possède quelques qualités, elle est vraiment déstabilisante car elle possède tous les défauts de Doctor Who, sans les qualités. Torchwood et Sarah Jane Adventures ont participé à quelques cross-over avec Doctor Who, notamment dans l’extraordinaire final de la saison 4.

En 2016 fut lancé Class, nouveau spin-off de Doctor Who très moderne. L’on suit un groupe d’élèves qui lutte contre les menaces extra terrestres de leur lycée, Coal Hill, un lycée souvent cité dans Doctor Who et ce, dès le premier épisode de la série. Des personnages variés qui reflètent parfaitement la société d’aujourd’hui, de la violence et de l’action, c’est ce que propose ce programme pour les jeunes adultes. La première saison de Class est, selon moi, une réussite, même s’il va falloir aller encore plus loin par la suite pour se maintenir au niveau.

Univers étendu

Doctor Who, ce n’est pas seulement un série mère et quelques spin-off. L’univers s’étend bien au-delà de la télévision, à l’image d’un Star Wars ou d’un Buffy. D’abord, les audiobooks, il en existe des centaines. Certains d’entre eux ne sont que de simples histoires racontées par des personnages phares de la série quand d’autres (souvent produits par Big Finish) sont en réalité de véritables épisodes audio, pleins de guests stars.

Il est très intéressant de noter que de nombreux acteurs de l’histoire de la série reprennent régulièrement leur rôle le temps d’un épisode audio. On ne quitte jamais vraiment Doctor Who ! Certes, les anciens Docteurs sont souvent mis en avant mais leurs compagnons ne sont pas en reste ! Il existe même une série conçue pour Winston Churchill (celui de la série !).

Torchwood et Sarah Jane Adventures ont également eu droit à des audiobooks. Doctor Who est également décliné en romans depuis la première série. L’on trouve également de très nombreux comics qui racontent des histoires parallèles. Les comics existent depuis les années 60 et ont suivi l’évolution de la série ! Enfin, il existe également quelques épisodes animés. Des conventions de fans sont donc régulièrement organisées à travers le monde pour satisfaire les Whovians !



Donner envie à des néophytes avec un minimum d’objectivité de découvrir un monument tel que Doctor Who, avec tout ce que cela implique, n’est pas simple. La longévité de la série et le kitsch peuvent effrayer. Mais je vous garantis que si vous essayez vraiment, Doctor Who saura vous convaincre. Bientôt, comme tous les fans à travers le monde, vous ne vous demanderez plus “Doctor Who” ?