Toute notre enfance, on nous a bercés avec les contes de fées : princes vaillants, fins heureuses étaient le maître mot. Mais si on nous avait menti ?
Je suis sûre que si je vous dis “conte de fées”, vous pouvez me citer un nombre incalculable de titres, tout en soupirant nostalgiquement sur votre enfance et votre innocence perdue. Mais si je vous disais qu’en fait, tous ces contes ont été édulcorés soit par les éditeurs, soit par un studio mondialement connu, j’ai nommé Disney ? Vous me regarderiez avec des yeux ronds et me traiteriez de folle. Eh bien oui, vous avez été conditionnés pour que les contes dits de fées aient en vous un écho d’enfance rose et dorée, empreinte de douceur et de fins heureuses. Ils ont juste évolué pour répondre plus à des exigences religieuses et culturelles, car ils relevaient plutôt du cauchemar autrefois.
Nous connaissons tous les noms d’auteurs tels que Hans Christian Andersen, les Frères Grimm, Charles Perrault ou encore Carlo Collodi. Bon OK, pour le dernier, vous avez besoin d’un indice, c’est le papa d’un petit pantin qui voit son nez s’allonger quand il ment.
Mais et si on vous avait menti toutes ces années ? Vous me suivez ? Bienvenue au pays des illusions perdues (ou comment briser un mythe).
Pas vraiment pour les enfants d’aujourd’hui ?
En effet, je pense que si nous lisions les vraies histoires à nos chères têtes blondes, elles n’en sortiraient pas indemnes, car nous les protégeons beaucoup nos chers rejetons et c’est normal.
Car point de doux baisers pour réveiller la belle, point de miséricorde de la part de nos sublimes héroïnes, ou encore point de fin heureuse pour certains de nos protagonistes. Ces protagonistes vivent des situations dures et parfois sanglantes.
Parlons de la Belle au Bois Dormant, tiens, vous la voyez embrassée par son beau prince et hop, elle se marie et c’est fini (enfin dans la version du conte, chez Disney ça se complique un peu) ! Mais en fait, que fait le cochon qui voit une belle jeune femme qui ne se réveille pas, quoiqu’on lui fasse ? Il sent qu’il y a une ouverture intéressante, là…
Ah vous commencez à trembler, hein ? Eh bien oui, il la viole ! Résultat, il la met en cloque et elle accouche en dormant (oui, oui, on est quand même dans des contes, hein) de deux enfants. Et c’est l’un des gosses, affamé, qui suce son doigt et ôte l’écharde soporifique. La Belle se réveille, elle n’est plus vierge et doit s’occuper de deux bambins. Charmant, hein ? Sans doute un message pour les jeunes filles d’autrefois pour leur signifier qu’elles devaient bien faire attention à leur vertu sous peine de se retrouver avec un sérieux problème à gérer.
On peut être un héros et finalement un vilain
Certaines histoires avaient également autrefois le rôle d’effrayer les enfants et leur faire comprendre que les mauvaises actions ne sont jamais récompensées. Tout du moins, c’est comme ça que j’interprète ces horreurs.
Pinocchio, vous savez, le petit pantin de bois qui rêve de devenir un petit garçon, eh bien ce petit être n’est pas aussi mignon et innocent qu’il n’y paraît. Car, si dans le dessin animé Jiminy Criquet est là tout le temps pour le petit bonhomme, dans la vraie histoire, furieux des vérités que lui énonce le petit insecte, Pinocchio l’écrabouille avec un maillet. Fin de l’histoire de notre bestiole…
Et pour finir avec le drame et l’horreur, Pinocchio ne devient jamais, mais alors jamais un vrai garçon, car il était trop pourri pour le mériter… Il finit pendu au bout d’une corde jusqu’à ce que son corps se détache de sa tête… Je ne vois pas de fée bleue miséricordieuse pointer le bout de son nez…
Les héros sont bien malmenés
Alors, il y a aussi des histoires où nous nous demandons pourquoi on fait subir autant d’épreuves aux protagonistes, si c’est pour leur donner une fin malheureuse. Je suis une partisane farouche des fins heureuses, personnellement, la vie est déjà par trop déprimante pour qu’on se mine le moral avec des lectures qui nous enfoncent encore plus…
Alors quand je vois que la Petite Sirène reçoit des jambes, certes, mais que chaque pas qu’elle fait est juste une torture, comme si elle marchait sur du verre pilé, quoi, je me dis que c’est déjà pas mal. Mais en plus, elle perd la voix, l’élu de son coeur se fiche royalement (c’est le cas de le dire) d’elle, puis finit par en épouser une autre. Par dessus le marché, elle se doit de le tuer pour espérer survivre et elle finit en écume pour ne pas l’avoir pu. Il y a de quoi s’enfermer dans le noir pour attendre la fin.
Mais pis encore lorsque l’on voit le petit Chaperon Rouge. Ah bah celle-là, elle en bouffe, c’est le cas de le dire… Car elle va bêtement donner l’adresse de sa Mère-grand au loup, bon ça on reste dans les clous. Mais le lupus, plutôt fin cuisinier, va faire de petits pâtés de l’aïeule au lieu de la gober. Une fois dans la maison, la jeune fille entre et baffre les petits pâtés… Déjà une chose de faite… Et ce n’est pas tout ! Car il n’y a pas de bûcheron pour sauver notre héroïne. elle finit… Bouffée… Eh oui…
Le cannibalisme a le vent en poupe
Ah bah oui, je ne peux pas parler de contes sans évoquer le mot cannibalisme, (déjà qu’on a été un peu servis en haut mais ce n’était pas volontaire alors ça ne compte qu’à moitié). Si je n’évoquais pas ce travers, ce ne serait pas drôle et le tableau pas du tout complet.
Vous vous souvenez, je vous ai parlé de la Belle au Bois Dormant. Elle en a déjà bavé la pauvre avec tout ce qui lui est arrivé mais si je vous disais que ce n’est pas fini ! Dans une des versions (parce qu’il y en a plusieurs) la jeune fille a quand même réussi à avoir son prince (qui au passage revient et l’épouse après s’être fort peu élégamment débarrassé de sa femme légitime, allons-y gaiement) mais ses ennuis ne sont pas finis ! Eh non ! Car la maman du charmant homme est aussi une ogresse qui compte bien se boulotter les deux enfants pour le dîner ! Bon, si tout finit bien quand même, je trouve que ça fait un peu fort de café pour un seul conte, pas vous ?
Les méchants sont cruellement traités
Dans les contes d’aujourd’hui, souvent la belle héroïne pardonne ou tout du moins fait sa vie et ignore ceux ou celles qui leur ont fait du mal bon, des fois les méchants meurent aussi mais c’est assez rapide. Dans les vrais contes, ça ne se passe pas exactement comme ça. En effet, le méchant se doit de payer pour les horreurs commises envers le protagoniste. Et les auteurs ne sont pas tendres avec eux, vous pouvez me croire.
Si la méchante reine a voulu la fin de Blanche-Neige (mais dans la vraie histoire, elle veut juste la boulotter pour absorber sa beauté, merci du cadeau… encore du cannibalisme, je vous l’ai dit on y revient souvent) elle en est très lourdement punie. La méchante femme se voit condamnée à danser au bal de mariage de la princesse, chaussée de souliers en fer chauffés à blanc, ce jusqu’à ce que mort s’ensuive. Charmant, hein ? Quel magnifique façon de faire la fête que d’avoir un cadavre dans la salle… Enfin bref, passons.
Les vilaines soeurs de Cendrillon aussi ont un peu de bricoles. Tout d’abord, elles s’automutilent, l’une en se coupant le gros orteil, l’autre en se coupant le talon, pour espérer chausser la pantoufle (de VAIR (fourrure) et non de verre, merci) et se font dénoncer par un oiseau parlant clairvoyant renifleur de sang, on est dans un conte, vous vous souvenez. Mais ensuite, elles finissent aussi les yeux crevés par des oiseaux alors qu’elles essayent encore de pourrir le mariage de la belle. Nan mais il ne faut pas rigoler avec les mariages.
Des histoires faites pour arrêter de rêver
Bon, je pourrais continuer longtemps mais je vais m’arrêter là, je crois que vous avez saisi le concept. Mes descriptions ont pu sembler un peu effrayantes et affreuses, je sais. Mais en fait, toutes ces histoires horribles avaient autrefois un seul but : éduquer.
Disney et les adaptations de contes ont véhiculé pas mal de messages qui atrophient sévèrement ce que veulent dire les vrais histoires. Car n’oublions pas qu’ils datent d’une époque lointaine à nos yeux : vers le Moyen-Âge. Et à cette époque-là, la vie était loin d’être pavée de roses sans épines, bien au contraire.
Donc, les contes étaient là pour montrer aux adultes et aux enfants que la vie était dure et que tout ne finissait pas toujours bien. Qu’on a beau avoir toutes les bonnes intentions du monde, les rêves ne font pas manger et apportent des problèmes. Ou bien, si on parvient à obtenir ce que l’on souhaite, c’est au prix fort.
Les contes, le plaisir des psychanalystes
En effet, tous ces écrits avaient pour but d’éduquer à travers des messages parfois un peu sibyllins, c’est vrai. Si j’en avais le courage, je vous raconterais tout ce qu’en pensent nos amis Sigmund Freud, Carl Gustav Jung ou encore Bruno Bettleheim, mais non c’est au dessus de mes forces. Je vais juste résumer vite fait.
Toutes ces histoires affreuses ou un peu beaucoup capillotractées, il faut bien le dire, seraient une aide à la construction de la psyché de nos rejetons. Les enfants ont besoin de lire ce genre de choses (enfin on va leur passer certaines scènes peut-être, quoique d’après les spécialistes, les enfants seraient à même de ne pas s’effrayer de ces images horribles… Mouais, mouais...) pour élaborer leur personnalité et découvrir, au moyen de métaphores, des informations sur leur personnalité, leur corps qui change.
En effet, si les contes de fées sont, pour commencer, un moyen de développer leur imagination, mais ça on s’en doutait déjà, ils ont cet autre but de former l’enfant à passer de leur monde simple et facile à celui plus compliqué qu’est l’étape suivante de leur développement. Ce seraient des images pour préparer leur subconscient à une évolution vers le monde des adultes : l’éveil à la sexualité, au corps qui va se préparer à avoir une activité sexuelle, les pulsions que l’on ne comprend pas vraiment. Tout cela est évoqué de manière implicite dans toutes ces oeuvres.
Voilà, maintenant que j’ai bien brisé vos rêves concernant les contes et toutes ces histoires édulcorées, remaniées et déformées par les médias actuels, que pensez-vous de toutes ces histoires ? Je trouve ça personnellement à la fois fascinant et déstabilisant.