Minuscule, Microcosmos sauce burlesque

Imaginez un paysage campagnard, des scénettes comiques avec pour héros des petits animaux débiles, le tout sans un dialogue.

Quand le cartoon et le monde du tout petit se mêlent, cela donne naissance à une série amusante, loufoque, sympathique et qui ne se prend pas la tête. Prêts à vous laisser embarquer dans le monde de nos amis à pattes poilues, un peu gluants, aux yeux à facettes et dotés d’antennes ?

Le rideau se lève

C’est en 2006 que la télévision française a vu ses écrans de télévision afficher de bien étranges personnages : des petits animaux du monde du minuscule justement. Vu le titre, on aurait pu croire que c’était un documentaire scientifique sur la vie quotidienne des insectes, un peu comme Microcosmos, mais en fait c’est un peu différent. Voir des insectes en 3D intégrés dans des paysages réels a de quoi étonner et ravir les grands comme les petits.

Cette série a été créée par Hélène Giraud (fille du bien connu Moebius) qui a travaillé entre autres sur les effets spéciaux du film le Cinquième Élément et sur le jeu vidéo Stupid Invaders (les Zinzins de l’espace version Space Invaders) et Thomas Szabo qui a travaillé sur quelques épisodes de la série loufoque les Zinzins de l’espace.  Elle est produite par le studio Futurikon à l’origine entre autres des séries Chasseurs de DragonsCésar et Capucine ou encore Les aventures de la mouche.

Des animaux pas si bêtes

Nous découvrons à l’écran ces bestioles que nous ne trouvons, soyons honnêtes, pas toujours très ragoûtantes, que ce soient les araignées, les vers, les escargots ou encore les chenilles. Les bestioles plus mignonnes comme les coccinelles, les libellules ou les guêpes ont droit aussi à leur petite minute de gloire.

Toutes ont une bouille qui ne peut pas nous laisser indifférents et qui nous font sourire malgré nous. Leurs traits naturels sont forcés et cartoonisés sans pour autant s’éloigner de la réalité. Je trouve ça vraiment bien fait.
Nos amies ont des préoccupations d’ordre cornélien à gérer : il leur faut manger, copiner, s’abriter et protéger leur territoire. C’est ainsi que des interactions d’ordre social ou guerrier s’installent et nous font rire, pour notre plus grand plaisir.

Tous interagissent entre eux et ne sont pas exempts de se jouer de mauvais tours et d’agir de manière très humaine. La coccinelle qui joue les super héroïnes, l’araignée toujours curieuse, les libellules qui passent leur temps à défier les records de vitesse,

Pas de paroles et pourtant si parlant

Dans ce dessin animé, les dialogues sont quasi inexistants, on entend des humains parler que dans de rares occasions et ce toujours plus en fond qu’autre chose, puisque nous ne sommes pas le centre de l’histoire. Parce nous nous trouvons dans le monde des insectes, c’est nous qui faisons tapisserie, plus l’inverse pour une fois.

Aucune de ces créatures n’a la parole, en revanche, nous pouvons comprendre toutes leurs intentions, actes et conversations au travers de gestes, de postures corporelles ou bien des bruits qu’elles font. Chacune a d’ailleurs son bruitage personnel qui nous permet de l’identifier à l’oreille avant même qu’elles n’apparaissent à l’écran.

Les fourmis ont un coup de sifflet tout militaire qui évoque bien la discipline qui fait leur réputation. Les vers ont une sorte de frottement/grattement qui me fait déjà sourire rien que de les entendre et les mouches ont un bourdonnement caractéristique. Ils utilisent ces bruits pour narguer, charmer, discuter et tout est limpide comme de l’eau de roche, vous verrez.

Des épisodes courts mais complets

Chaque épisode ne dure qu’entre 2 et 6 minutes environ et nous montre les aventures et péripéties de ces bestioles attachantes. Pas le temps donc de s’attarder en banalités, il faut entrer tout de suite dans le vif du sujet. L’humour se doit d’être percutant, incisif et compréhensible de tous. Et ça marche !

En l’espace de ces quelques minutes, les péripéties s’enchaînent de manière efficace et ne nous laissent pas le loisir de nous ennuyer. Les préoccupations de ces bêtes ne sont pourtant que basiques mais nous font sourire voir éclater de rire.

Une image très agréable

Dans un souci évident de vraisemblance et de trompe l’oeil, c’est sur un fond de paysages bien réels que les images en 3D des insectes ont été incrustées. Et je trouve le résultat très réussi car il m’est parfois très difficile de différencier les vraies images de la synthèse. Cela apporte une impression de réalité et d’immersion assez bluffante.

Les bestioles sont bien faites et s’ils n’avaient pas leurs yeux très cartoon et leurs attitudes teintées d’humanité, on pourrait presque croire que ce sont des vraies bestioles qui ont été dressées pour faire le show. Je dis bien, presque. En effet, on voit quand même que c’est du dessin 3D mais c’est tellement fin qu’on l’oublie assez facilement.

Pour petits et grands

Si ce dessin animé est très court et plutôt simple dans sa réalisation, il n’en sera pas moins un agréable moment à passer tant pour les plus petits que pour les plus grands. En effet, les enfants s’amusent de voir les insectes bouger et faire comme eux.

Les grands apprécient l’humour et se laissent volontiers retomber en enfance le temps d’un petit épisode. Il nous apporte un petit bain de jouvence bien agréable et ne nous demande pas une réflexion bien poussée pour comprendre les gags et pitreries de nos amis à 6 ou 8 pattes (oui, vous savez insectes = 6 pattes, arachnides = 8 pattes)

Les insectes se font une toile

Forte de sa notoriété, la série va faire une entrée dans les salles obscures en 2014 et nous offrir un film : Minuscule : La Vallée des Fourmis Perdues. On y retrouve les fourmis rouges et les fourmis noires lancées dans un grand affrontement pour l’obtention des reliefs d’un pique-nique. La coccinelle, la justicière au grand coeur, se joindra aux fourmis noires pour s’octroyer la récompense.  

Malgré 1h30 d’images sans paroles, le film a obtenu de très bonnes critiques. Comme quoi, un peu de bruitages, des scènes efficaces peut nous faire passer un agréable moment si c’est bien fichu.

Pour couronner le tout, il ne faut pas oublier de signaler que le film a d’ailleurs obtenu en 2014 le César du meilleur film d’animation lors de la 40ème cérémonie des César. Si ce n’est pas la classe, ça ?

Si cette série n’a pas un scénario complexe qui nous emmène aux limites de la compréhension, elle a le mérite de se laisser regarder tranquillement et nous faire passer un très agréable moment. Laissez-vous tenter, vous ne le regretterez pas.