C'est un fait je voue une admiration certaine à Hideaki Anno, aussi bien pour ses productions animées que ses films-live (oui, même Cutie Honey, ne riez pas s'il vous plaît). Et j'aime Godzilla, la créature, les films, les messages que chaque long-métrages essaient de faire passer et ce même si je n'ai pas (encore) vu tous les films du monstre sacré, vous pouvez me jeter des tomates.
Alors que donne cette confrontation entre deux géants japonais ?
Cela a déjà été dit mais sur tout le film plane l'ombre de la catastrophe de Fukushima, comme celle d'Hiroshima pour le premier Godzilla, c'est indéniable. Shin Godzilla et l'original sont donc liés d'une certaine façon.
Dans ce film Anno dresse un portrait peu flatteur de l'administration, l'incapacité de ses dirigeants à prendre des décisions efficaces et la perte de temps engendrée par toute une ribambelle de réunion en est la preuve mais selon moi, au-delà de dénoncer un système ankylosée dès qu'il s'agit de prendre des décisions importantes le réalisateur se permet de rendre les personnages qui la compose bien plus humains. Le doute, la peur, les questionnements font partie intégrante de nos vies et contribuent dans ce film à représenter l'administration de façon plus intime qu'à l'accoutumée, Anno nous conte l'histoire d'hommes et de femmes confrontés à un problème de taille, un problème inédit qu'il va falloir résoudre.
Non sans humour puisque le film en est bourré, il y a la scène des photocopieuses bien sûr mais aussi toute une panoplie de dialogues savoureux lors des réunions clamés par un casting toujours juste.
Et la créature dans tout ça ? Je dois avouer qu'elle à un certain charme, si je ne me ferais jamais à sa première apparition dans le film (je ne veux pas spoiler mais je l'ai trouvée très «étrange») malgré une certaine logique « biologique » qui confère au film un certain réalisme si l'on peut trouver réaliste l'apparition d'un lézard géant ; il faut avouer que ce Godzilla à de la gueule (si vous me permettez l'expression), imposant et lent, un visage d'une horreur folle. Si vous avez regardé les différentes bande-annonce vous savez que le géant se pare de rouge mais aussi de violets.
Passons donc aux fameuses scènes de destruction : Shinji Higuchi est un pro des effets spéciaux il faut l'avouer, si son Godzilla est de toute beauté, que dire des destructions d'immeubles ou de maisons par le géant qu'ils sont très bien réalisées.
Magnifiées par la musique de Shiro Sagisu qui jongle entre morceaux déjà entendus mais remis à jour et compositions inédites comme le titre Persecution of the Masses, un petit bijou qui sublime les quelques scènes dramatiques à souhait ! Ce qui ne l'empêche pas de reprendre aussi une partie de la bande originale du Godzilla de 1954, toujours bien placée dans le film.
Tout était réuni pour nous offrir un très bon film et le résultat est bel et bien là, Hideaki Anno impose sa vision tout en se rapprochant autant que possible du film originel. Un long-métrage verbeux qui ne plaira pas à tout le monde mais qui a le mérite de proposer quelque chose de différent et qui ne peut qu'attrister plus encore les pauvres français que nous sommes, le film n'étant à l'heure où votre fidèle serviteur écrit ces lignes : pas encore (et peut-être jamais) distribué en France, les plus courageux devront se rabattre sur une version importée.