FF IX est sorti en 2001 en France et est un membre de la grande famille des Final Fantasy. Il a été réalisé par Squaresoft qui était, à l'époque, l'un des deux leaders des jeux dits « RPG » dans le monde. C'est un jeu qui m'a considérablement marqué dans ma jeunesse. Bien sûr, ce n'est pas le seul parmi tous ceux auquels j'ai joué. Ce n'est pas non plus le meilleur qu'il m'a été donné de tester. Pourtant, je voulais absolument parler de celui-ci et non d'un autre. Au début, je ne comptais pas vraiment en donner la raison mais je pense, après réflexion, qu'il est important d'expliquer ma démarche.
En fait, comme beaucoup de monde, mon Final Fantasy préféré est le VII. Par contre, cela ne me choquerait pas que l'on me dise que le IX est le meilleur. Sauf que je dois être un des seuls sur Terre à ne pas être choqué. Pour parler sans détour, l'attrait qu'ont les fans pour FFVII me rend fier, me donne l'impression de faire partie de quelque chose. Malheureusement, en ce qui concerne le neuvième opus, que j'aime presque autant que le VII, je ne peux pas en dire autant. Lorsque je l'évoque et vante ses mérites, je me sens terriblement seul et, en toute honnêteté, sans trop savoir pourquoi. A tel point que, lorsque je pense à ce jeu, c'est le mot « injustice » qui me vient à l'esprit. C'est dans cette optique, un peu pour remettre l'église au milieu du village, que j'ai décidé de me lancer dans cet article. J'ai essayé d'y aborder les points centraux qui font qu'un Final Fantasy est réussi ou raté et j'ai comparé, à plusieurs reprises, le neuvième opus à ces deux prédécesseurs. Attention, ce n'est en aucun cas une étude comparative. Seulement la déclaration d'amour d'un joueur passionné et son aveu d'une éternelle incompréhension.
LE SEUL BON FINAL FANTASY, C'EST LE VII. LE RESTE, C'EST DE LA MERDE
Tous les joueurs de RPG connaissent Final Fantasy et ont leur opus préféré. Si on écoute tous ces joueurs, on peut rapidement se rendre compte que trois ou quatre opus sortent du lot. L'opus le plus souvent cité comme étant le meilleur est Final Fantasy VII. C'est le premier opus à être sorti sur Playstation et, à son époque, il a révolutionné le genre. Autres raisons, il est souvent lequel par celui on a commencé et, bien évidemment, « Sephiroth est trop bien ! ». En deuxième position, vous avez Final Fantasy VI sur Super Nes. Il est souvent qualifié comme étant le meilleur par les joueurs qui ont terminé tous les Final Fantasy. Ils avancent donc l'argument de « savoir de quoi ils parlent » et mettent en avant le charisme exceptionnel de Kefka, le gros bill du jeu.
Pour le troisième opus, cela dépend. Le plus souvent, on place le X pour la claque cinématographique et les voix qui sont enfin audibles ou le VIII pour son évolution drastique par rapport au VII et son scénario. Peu importe le numéro, un constat simple peut être fait : plusieurs Final Fantasy ont marqué les esprits. Pourtant, il y a un opus qui n'est que très rarement annoncé comme étant le meilleur. On pourrait presque parler de Final Fantasy oublié. Il s'agit du dernier Final sur Playstation 1 autrement dit le neuvième. Pourquoi cet opus est-il boudé des fans ? Est-ce de par sa qualité ? Est-il réellement inférieur aux autres ? Cet oubli est-il légitime ?
J'AI JOUE A FINAL FANTASY VIII PUIS AU X. NO PROBLEMO.
Pour expliquer ce rejet du neuvième opus par les fans, il faut se remettre dans le contexte de l'époque. Avant toute chose, le jeu s'est moins vendu et a été essayé par bien moins de monde. La raison à cela est simple : il sort en fin de vie de la Playstation. Eh oui, la console que beaucoup de monde jugeait comme étant la console ultime, commence à céder la place à la nouvelle génération (c'est surtout l'action replay qui fait foutrement mal à Sony qui souhaite arrêter les frais). Pour parler sans détours, Squaresoft annonce la sortie de Final Fantasy IX alors que les joueurs ont déjà les yeux rivés sur la Playstation 2. La seconde raison est le décalage énorme avec le septième et le huitième opus. Pour ces joueurs, qui ont commencé pour une immense partie par ceux sur Playstation, le neuvième opus n'est pas un véritable Final Fantasy. Selon eux, nous passons d'un univers de science-fiction, totalement industrialisé et futuriste à une histoire basique d'un voleur courant après une princesse, le tout entouré de châteaux. Bref, le médiéval fait mal. Enfin, la troisième et dernière raison selon les fans est que le jeu n'est pas aussi complexe et travaillé que ses prédécesseurs.
Tout ceci est il vrai ? Concernant la date de sortie du jeu, il n'y a pas grand-chose à dire. Effectivement, le jeu est sorti très tardivement sur la console. Il faut dire aussi que vu le temps de préparation de ce type de jeu, il n'est pas évident de se projeter convenablement. Par contre, pour ce qui est du fait que le jeu est trop différent de Final Fantasy VII et Final Fantasy VIII, ce n'est pas tout à fait ça. Il serait plus juste de dire que ce sont les deux jeux cités ci-dessus qui sortent de l'ordinaire. Pour rappel, Final Fantasy IX a toujours été annoncé comme étant un retour aux sources. Tous les premiers jeux de la franchise se passaient à l'époque médiévale. Bien sûr, il y avait de la magie et tout le tralala ce qui est, en fin de compte, la marque de fabrique d'un Final Fantasy mais cela n'empêchait pas que l'histoire de la princesse à sauver frôlait la base de tout opus. Ce sont le sept et le huit qui sortent de l'ordinaire, pas tous les autres et encore moins le neuf. Enfin, concernant la complexité du jeu, ce n'est pas tout à fait faux... ce n'est pas tout à fait vrai...
En fait, il y a plusieurs éléments à prendre en compte. Avant toute chose, notons que, effectivement, les retournements de situation ne sont pas forcément moins nombreux mais peut-être moins impressionnants. De plus, le boss de fin, celui que l'on ne voit jamais venir, tombe un peu comme un cheveux sur la soupe. Par contre, il serait un peu poussé de ne pas parler de complexité. Le jeu possède une réelle dimension philosophique. Une dimension totalement absente des autres jeux. Le joueur ne réfléchit pas sur le scénario mais sur lui-même, sur le sens de la vie, sur la mort, sur la notion de destin, là où le 7 se contentait d'un message simple : « l'écologie, c'est bien ! ». Mais nous en reparlerons plus en détails un peu plus tard.
LE MEILLEUR PERSONNAGE CONTRÔLABLE DE FINAL FANTASY C'EST CLOUD
En partant de ce principe, il serait absurde de déclarer ce Final Fantasy IX moins bon que les autres opus. Pour autant, peut-on dire qu'il est mémorable ? Avant toute chose, notons que l'équipe qui s'est occupée de cet épisode n'est pas la même que celle des deux précédents. Ceci étant dit, ceux que les fans considèrent être la team d'or des Final Fantasy, sont toujours là : Hironobu Sakaguchi (créateur de la série, producteur...), Yoshitaka Amano (conception des personnages entre autre) et Nobuo Uematsu (compositeur). En d'autres termes, le jeu partait avec autant de dispositions que le VII et le VIII. C'est déjà un bon point. Entrons à présent dans le vif du sujet. Le jeu reprend le principe du super déformé c'est-à-dire que les proportions des personnages ne sont pas respectés et que l'on a des têtes plus grosses que les corps, élément que le VIII avait totalement supprimé afin de créer un univers réaliste. Par contre, les connaissances concernant les possibilités de la console sont largement approfondies et nous repassons donc à une équipe de quatre personnages lors des combats ce qui sous-entend, bien sûr, beaucoup plus de stratégie. L'apprentissage des compétences est également simplifiée et les personnages peuvent donc devenir plus forts plus rapidement. Ils répondent aussi plus facilement à vos besoins, ce qui était un gros point noir dans le VIII et qui désespérait beaucoup de joueurs qui se contentaient, pour la plupart, de mettre « automatique » pour ne pas se prendre la tête.
Concernant l'animation et les cinématiques, c'est bien plus réussi que ce que nous avions eu jusque-là. Pas de quoi en faire tout un fromage, c'est plutôt l'inverse qui aurait été choquant. Le côté « dessin animé » (en plus de la technique dite du super déformé donc) en a choqué plus d'un mais, objectivement, c'est sans doute ce qui collait le mieux à cet univers médiéval-fantastique. Après tout, pourquoi donner une dimension réaliste alors que, justement, le jeu n'a de cesse de nous renvoyer à l'imaginaire ? La preuve ultime reste le retour de personnages clairement inhumains voire loufoques avec en tête Bibi (qui est un méga clin d'oeil aux anciens opus).
Pour ce qui est des personnages justement, ils sont au nombre de huit, ce qui est dans la moyenne. Par contre, seuls quatre d'entre eux sont clairement mis en avant : Djidane, Grenat, Steiner et Bibi. Bien sûr, chaque personnage a son petit moment de gloire mais si on devait donner un ordre d'importance aux personnages dans l'histoire vous auriez Bibi, en première position (un personnage extrêmement attachant, très travaillé et, sans doute, l'un des plus réussis de tous les FF), suivi de Djidane puis Grenat, Steiner et enfin tous les autres qui sont, soyons honnêtes, assez secondaires. Néanmoins, tous les personnages restent intéressants lorsque nous jouons. Eh oui, cet épisode marque également le retour d'un grand classique : les métiers. Ainsi, le personnage principal ne lancera pas de sort. Vous avez un magicien noir pour cela. De même, si vous n'avez pas de mage blanc dans votre équipe, il faudra passer par d'autres astuces pour vous soigner avec en tête les potions. Un bon moyen de donner tout de même de l'importance à chaque personnage.
UN VOLEUR ET UNE PRINCESSE...IL NE MANQUE PLUS QUE LA GRENOUILLE !
On en arrive au dernier point : le scénario. L'histoire est assez rapide à résumer. Djidane fait partie d'une bande de voleurs et souhaite kidnapper la princesse Grenat suite à un arrangement avec le roi du royaume voisin. De son côté, Grenat, souhaitait justement s'enfuir à cause des agissements de celle qu'elle considère être sa mère : la reine. Les deux personnages se rencontrent et fuient en embarquant avec eux Steiner, le garde du corps de la princesse et membre des Brutos et Bibi, un mage noir ultra peureux et à l'apparence peu conventionnelle. Par la suite, on apprend que si la reine agit si bizarrement et déclare la guerre à tout le monde, c'est à cause de Kuja, un marchand d'armes qui lui fait miroiter mille choses. Ses armes de prédilection : des mages noirs à l'apparence identique à celle de Bibi. Ce dernier, en voyant ses semblables « s'éteindre » les uns après les autres, comprend qu'il a une durée de vie limitée. Il ne comprend pas pourquoi, il ne sait pas ce qu'il doit faire, il ne sait pas comment éviter de « s'éteindre » et, bien évidemment, ignore ce qui l'attend de l'autre côté. Bibi prend peur.
Même principe pour Kuja qui se croyait immortel mais qui finit par découvrir que lui aussi a une durée de vie limitée. Cette découverte faite, le méchant pète un plomb. Contrairement à Bibi qui cherche à comprendre le but de tout ceci, Kuja refuse catégoriquement cette notion de fin de vie. Pour ce dernier, hors de question de mourir seul. Il décide alors d'utiliser le temps qu'il lui reste pour faire mourir tout le monde en même temps que lui. En effet, pour l'antagoniste principal du jeu, il n'y a aucune raison pour que le monde continue de vivre alors que lui ne sera plus là. Le boss final, dont on ignore jusqu'à l'existence durant tout le long du jeu, est Darkness. Il est en réalité la matérialisation de la peur de la mort de tout être vivant. Voilà, (très) grossièrement, le résumé du jeu.
JE NE VEUX PAS PROGRESSSER EN TANT QU'ÊTRE HUMAIN
Alors, finalement, que reproche-t-on au jeu, concrètement ? Comme déjà précisé, j'ai souvent lu que le boss « caché » tombait comme un cheveux sur la soupe. J'ai aussi très souvent lu que rien n'égalait le charisme de Sephiroth ou de Kefka ou encore que le scénario était trop basique. En fait, tous ces points sont liés, dans un sens. Certes, on ne voit pas Darkness avant la fin. On n'en parle pas non plus. Je conçois également que rien ne laissait présager un tel retournement. Par contre, de là à dire qu'il sort de nul part, il y a un monde. Finalement, l'ensemble du jeu prépare plutôt bien le terrain. La mort et la peur de la mort étant omniprésentes, mettre en avant son incarnation ne peut pas être considérée comme étant une mauvaise idée et encore moins comme quelque chose d'irréfléchi ou d'illogique. Il faut bien garder à l'esprit que l'ensemble du scénario tourne autour d'une seule réflexion : la mort. Pourquoi vit-on ? Est-ce vivre que de dédier son existence à autrui ? Pourquoi doit-on mourir ? Toutes ces questions sans réponses sont sans aucun doute l'un des fondements même de l'existence. Lorsque le jeu s'achève, vous êtes supposés avoir réfléchi à votre condition, à vos choix, au sens que vous voulez donner à votre vie. On ne fait pas que suivre les aventures des personnages, on en fait partie.
Certains diront que ce n'est rien à côté de la grosse révélation du VII qui met en avant l'idée que, depuis le début du jeu, on ne poursuit pas Sephirtoh mais Jénova. Je ne dis pas, c'était très bien foutu. Mais, déjà, combien de joueurs l'ont compris ? Combien de fois ai-je entendu : « ce qui est cool dans le VII c'est que l'on court non-stop après Sephirtoh, il y a un réel fil conducteur ». Non, c'est faux. Le joueur poursuit Jenova avec l'apparence de Sephiroth. Ce dernier, en fin de compte, n'apparaît que dans les flashbacks et à la toute fin en tant que boss ultime. Erreurs et approximations de traduction ou non, cela reste un sacré amalgame. De plus, on se contente de suivre les aventures de Cloud alors que le IX refuse de laisser le joueur en simple spectateur. Attention, je ne dis pas (et je ne dirai jamais) que le IX est meilleur que le VII. Je dis juste que, bien que l'approche soit différente, le scénario du IX est très travaillé et conserve cette idée de complexité bien connue des Final Fantasy.
En d'autres termes, le jeu possède énormément de qualités et devrait être essayé par n'importe quel joueur de RPG. Enfin, et ceci sera mon dernier argument, Final Fantasy IX possède une réelle importance si nous prenons les jeux vidéo de la franchise dans leur ensemble. C'est un véritable retour aux sources, un jeu qui marque une époque malheureusement révolue et qui conclut magnifiquement ce qui aura sans doute été l'âge d'or de Final Fantasy. C'est également le dernier jeu à avoir réuni les trois grands noms de Squaresoft. Plus qu'un simple voyage, ce jeu est un véritable parcours initiatique pour le joueur. Tout ceci fait que, selon moi, FF IX a été trop rapidement jugé et oublié. En tant que fan ultime des FF, je ne peux que vous conseiller de laisser une chance à cet opus. Sans dire qu'il est le meilleur, il reste mémorable.
Bonus : Je vous laisse avec l'AMV le plus connu de Final Fantasy IX (sur le thème de In The End de Linkin Park, zéro originalité donc mais il reste très sympa) :
Voici également quelques musiques :