Vous pensiez que les animaux étaient uniquement réservés aux vidéos drôles et virales des internets ? Vous vous trompez ! Depuis plus de 30 ans, nos amis à poils et plumes peuplent les pages de nos comics. Voyage au coeur du zoo de la pop culture.
On a souvent tendance à l'oublier mais les comics ne sont pas qu'une usine à histoires en tous genres mais aussi une industrie qui, sous prétexte de faire augmenter le chiffre d'affaires, n'hésite pas au gré des reboots, adaptations sur écaran ou mondes parallèles à multiplier les personnages dans le seul et unique but de nous faire dépenser euros et dollars. Dans cet esprit, on voit apparaître depuis plus de 30 ans des animaux parfois mignons ou non visant bien souvent à attirer un jeune public. Partons à la découverte de la faune des comics et surtout de son utilité. Ou pas ...
Krypto: le meilleur ami du super homme
En 1955, le marché des comics est en pleine ascension, les ados américains se gavent d'aventures de héros en collant et à l'époque Superman remporte tous les suffrages. Conscient du potentiel du personnage et surtout de son univers, DC décide de lui adjoindre un compagnon qui sera capable d'attirer les plus jeunes lecteurs. Ce personnage n'est pas un humain mais un chien venu lui aussi de Krypton. Le bien nommé Krypto apparaît alors dans les pages d'Aventure Comics n°210 avec une histoire clairement montée de toute pièce. En effet le Kryptonien à quatre pattes a été envoyé dans l'espace par Jor-El pour tester le type de fusée qui servira ensuite à sauver son fils Kal-El, plus tard connu sous le nom de Superman.
Pas encore totalement au point, le véhicule arrivera sur Terre bien après celui de Kal sur Terre qui l'adoptera et en fera le compagnon de ses aventures de jeunesse. Krypto a tous les pouvoirs de son maître, pense comme un humain, peut voler, ce qui en fait le sidekick parfait du Superboy. Complétement anecdotique dans la timeline du héros kryptonien, Krypto ne fera que des apparitions peu remarquées, servant plus de faire valoir ou de machine à produits dérivés mignons que de personnage important.
Le super chien vivotera ainsi de nombreuses années avant de renaître sur écran au début des années 2000 dans un dessin animé clairement adressé aux tous petits où il sera accomagné entre autre d'Ace le chien de Batman. Faute de succès flamboyant, Krypto repartira dans les limbes des comics apparaissant parfois sur papier ou à la télé. Dans la série Smallville, il renaîtra sous la forme d'un Golden Retriever sans pouvoirs servant plus d'easter egg qu'autre chose, preuve de son inutilité profonde.
Howard the Duck: de la blague au WTF
Changeons d'éditeur et de décennie et aventurons nous chez Marvel en 1973. A l'époque, en marge des histoires de super-héros, l'éditeur, fidèle à ses origines, poursuit la publication d'histoires d'horreur mettant en scène créatures étranges (dont Man-Thing), vampires et autres monstres. C'est donc dans le numéro 19 du comic book Adventure Into Fear qu'un canard étrange nommé Howard fait sa première apparition. Clairement inspiré par Donald, son nom faisant d'ailleurs un étrange écho à celui du personnage de Disney, Howard The Duck vient de Duckworld où il est passé maître dans l'art du Quack-Fu (ça ne s'invente pas) et finit par atterrir sur la Terre des super-héros et intégrer l'univers Marvel.
Dans le cas d'Howard, intégrer est un bien grand mot. Le canard servant pendant plusieurs décennies de faire valoir aux héros de ma maison des idées, accompagnant She-Hulk dans les années 90, une apparition remarquée dans une série brisant clairement le quatrième mur, bien avant Deadpool, et dans laquelle son caractère WTF est complètement adapté. Howard aura également eu l'honneur d'être l'un des premiers héros Marvel adapté sur grand écran, dans un long métrage produit Lucasfilm, qui deviendra totalement culte notamment par son rejet du public et de la critique. Il reviendra ensuite sur grand écran dans la scène post-générique des Gardiens de la Galaxie mais cette fois sous forme de clin d'oeil. Le canard poursuivra ensuite sa carrière, apparaissant parfois dans les comics, et se voyant même refusé le statut de super-héros lors du recensement de Civil War. Bouclant ainsi la boucle d'un personnage purement créé par le marketing et sans réel intérêt.
Gueule d'Or: le chien Inhumain
Restons chez Marvel, avec cette fois un animal bien plus marquant puisqu'affilié au groupe des Inhumains. C'est en 1965, dans le numéro 45 de Fantastic Four qu'apparaît un étrange bouledogue de 2 mètres de long nommé Gueule d'Or. Le chien au physique impressionnant apparaît en même temps que les Inhumains dont il sert à la fois d'animal de compagnie, de protecteur des plus jeunes membres, dont Crystal future épouse de Vif Argent, et de moyen de transport. Gueule d'Or est en effet doté de la capacité de téléportation permettant de transporter les Inhumains de la lune à la terre et inversement.
Très attachant par sa personnalité et par son côté gros chien chien à sa mémère, Gueule d'or est un personnage à part entière d'Attilan et sera même le seul moyen pour ses habitants de traverser la barrière énergétique dont la cité sera un temps entourée. Le bouledogue apparaîtra régulièrement dans la série FF en tant qu'animal de compagnie avant que soit révélée sa vraie nature.
En effet, loin du simple animal téléporteur, on découvrira bien plus tard que Gueule d'or est en fait un Inhumain à part entière emprisonné dans le corps d'un chien géant suite à l'exposition à la brume tératogène. Le bouledogue passera donc de la condition de personnage sympathique à celui de héros torturé souffrant de sa condition animalière. Cela ne fera que renforcer sa place dans l'univers Marvel et devrait même lui permettre d'apparaître dans la série télévisée Inhumans qui devrait arriver sur nos écrans d'ici quelques mois.
Le roi du zoo: Rocket Raccoon
Finissons cette plongée non exhaustive dans le zoo des comics avec celui qui en est véritablement le roi, un roi très éloigné des lions puisqu'il s'agit d'un raton laveur. C'est en 1976 dans Marvel Preview, un magazine dédié aux histoires indépendantes qu'apparaît Rocket Raccoon (initialement appelé Rocky en hommage à l'une des chansons des Beatles) un raton laveur venu du demi monde vivant des aventures aux quatre coins de la galaxie. Vite oublié, Rocket réapparaîtra 20 ans plus tard dans les pages de Hulk avant de connaître le succès dans les années 2000.
C'est en effet à l'époque que le raton laveur génétiquement modifié rejoindra les Gardiens de la Galaxie dont il deviendra un membre à part entière lors du relaunch Marvel Now. Véritable caution comique de la série grâce au duo qu'il forme avec Groot, Rocket deviendra véritablement indispensable à l'équipe et aussi à la stratégie marketing de Marvel qui lui consacrera une série haute en couleur dessinée dans un premier temps par Skottie Young.
Rocket crévera ensuite l'écran en 2014 dans l'adaptation cinématographique des aventures des Gardiens, empruntant au passage la voix et l'humour de Bradley Cooper. Depuis Rocket est devenu l'un des symboles du renouveau de Marvel qui lui fera rencontrer les X-Men, les Avengers et poursuivra son exploitation commerciale grâce à de nombreuses mini-séries mettant en avant son caractère comique et décalé. Il reviendra d'ailleurs dès cette année dans le Vol2 des Gardiens de la Galaxie version ciné avant de faire partie des nombreux protagonistes d'Infinity War.
Comme nous l'avons vu, animaux et comics font rarement bon ménage au sein des comics. Véritables bêtes de foire, ils servent bien souvent de faire valoir, prouvant ainsi la vraie nature de leur existence : l'argument marketing. Peu d'entre eux ont véritablement réussi à marquer les esprits et les pages de nos BDs. Parions toutefois que les éditeurs retenteront leur chance, sans doute inspirés par le succès surprise de Rocket Raccoon, mais ça, seul l'avenir nous le dira.