Tsukasa Hojo, ce nom ne vous dit peut être rien, mais tout les adolescents des années 80-90 connaissent sûrement ses œuvres comme Cat's Eye ou encore Nicky Larson (City Hunter en version originale), deux œuvres qui ont largement contribué à la popularisation de l'animation japonaise à la télévision en France et qui sont maintenant culte aussi bien dans l'archipel japonais que chez nous. Mais Tsukasa Hojo c'est aussi un style manga assez atypique sur lequel nous allons un peu nous attarder.
Article initialement publié en juin 2014 dans le magazine Pop Fixion #3
Le parcours de Hojo est assez classique. Né en 1959, il intègre, durant son adolescence, l'Université de Kyushu Sangyo pour étudier la conception technique. Deux ans après, il décide de se lancer dans le manga via un concours du célèbre magazine Shonen Jump, expérience qu'il répétera ensuite avec le lancement de Cat's Eye en 1981. Il enchaînera ensuite avec City Hunter en 1986 et sa suite alternative Angel Heart dès 2001, toujours en cours de publication. Il fera aussi quelques histoires annexes dont Sous Un Rayon de Soleil en 1993, Family Compo et La Mélodie de Jenny en 1996, histoires que vous pouvez retrouver en France dans la collection Les Trésors de Tsusaka Hojo chez Ki-oon.
Le style de dessin d'Hojo est très différent de ce que l'on peut attendre d'un manga, en effet, celui-ci utilise un trait très réaliste sur tous ses personnages, laissant peu de place à la fantaisie, pas de personnages avec des yeux qui font la moitié du visage ou des poitrines plus grosses que des ballons de basketball. Mais comme Hojo aime bien conjuguer comédie et moments sérieux, on peut observer un style très cartoony pour les moments comiques, comme lorsque Ryo Saeba de City Hunter utilise son mode « mokkori ». Cette technique consistant à mettre des visages grotesques lors de situations comiques est maintenant très utilisée dans le monde du manga même si elle est souvent moins pertinente, la plupart des mangas utilisant déjà des styles très cartoony.
Le grand plaisir d'Hojo est de dessiner les femmes, il prête beaucoup d'attention au corps de ces protagonistes féminins, comme dans Cat's Eye où les trois héroïnes sont de très jolies voleuses avec chacune un atout physique qu'il n'hésite pas à utiliser dans ses histoires. De même pour City Hunter où Ryo Saeba se retrouve tout le temps à protéger de jolies demoiselles qu'il n'hésite pas à draguer, en vain. On pourra cependant noter le manque de diversité dans le chara-design d'Hojo, beaucoup des personnages qu'il des-sine finissent par ressembler à un personnage déjà vu auparavant, mais on peut se dire que c'est fait pour coller au côté réaliste qui lui est cher.
Du côté des décors, ayant étudié la conception technique, ses dessins sont très détaillés, là où beaucoup de mangakas jouent avec le blanc pour crée des décors qui fonctionnent tout en étant minimalistes, il joue beaucoup sur les nuances de gris pour crée des décors complexes et les quelques pages couleurs que l'on peut apercevoir sur certains chapitres de ces œuvres sont tout simplement sublimes.
Si il a toujours avoué ne s'être jamais inspiré d'autres artistes pour ses œuvres et que la seule chose qui arrive à l'inspirer sont les deadlines qu'il doit tenir, on peut cependant remarquer qu'a ces débuts le style de ces personnages font un peu penser à un des plus grands noms du manga, Osamu Tezuka et il ne serait pas impossible qu’inconsciemment, Tezuka ai inspiré Hojo à ses débuts. Quant à lui, Hojo a inspiré un grand nombre de mangakas depuis maintenant plusieurs décennies dont un des plus connus et qui fut son assistant est Takehiko Inoue, connu pour Vagabond et Slam Dunk, deux mangas qui sont très emprunts d'un style réaliste rappelant celui de son patron. Tsusaka Hojo fait donc indéniablement partie des mangakas influant de l'univers du manga et on espère pouvoir admirer ses pages encore longtemps.
