Alors que le deuxième film Avengers sort, tout le monde est d’accord pour dire que la présence de Marvel au cinéma est un succès, si ce n’est artistique, au moins financier. Les franchises de l’éditeur font un tabac sur les écrans, alors que ces adaptations sont, au final, assez récentes. Et si on reste admiratif de la manière dont ces films se sont imposés au box-office, il ne faut pas oublier que Marvel a lutté pendant des années pour en arriver là. Effectivement, on se rappelle beaucoup plus du Batman de Tim Burton ou du Superman de Richard Donner que des films Marvel de l’époque. Pourtant, il y en avait. Nous allons donc revenir sur la création de Marvel Studios, et sur la volonté de l’éditeur d’adapter ses franchises sur grand écran.

Pour situer l’arrivée de Marvel au cinéma, il faut s’intéresser à l’histoire de l’éditeur. Créé en 1939 par Martin Goodman, il s’appelait à l’époque Timely Comics. La première série publiée fut Marvel Comics, rebaptisée Marvel Mystery Comics par la suite, et vit la création de plusieurs héros encore connus aujourd’hui comme Captain America ou Namor. Et c’est durant cette période qu’une première volonté d’adaptation voit le jour, puisqu’un serial Captain America sortira en 1944. Produit par Republic Pictures, c’était une série de 15 épisodes diffusée au cinéma, et qui n’avait pas grand-chose à voir avec le comics : Captain America n’a aucun pouvoir, mais est juste un procureur armé d’un pistolet au lieu d’un bouclier, et portant le nom de Grant Gardner. Bref, on ne s’attardera pas dessus.

Avant la Phase 1

En 1961, la maison d’édition est relancée sous le nom Marvel Comics bien connu aujourd’hui. La vague de super-héros ne se fait pas attendre et commence la même année avec Fantastic Four #1. D’autres suivent comme Hulk, Spider-Man, Thor, Ant-Man en 62, Iron Man, X-Men en 63, etc. Et de nouveau l’envie de l’éditeur d’adapter ses comics à l’écran ressurgit. Marvel ne s’intéresse d’ailleurs pas qu’au cinéma, puisque la télévision s’impose de plus en plus dans les foyers. En 1966, la série Marvel Super Heroes commence à être diffusée. Chaque jour de la semaine, un épisode de 7 min se consacre à un héros : lundi pour Captain America, mardi pour Hulk, mercredi pour Iron Man, jeudi pour Thor, et vendredi pour Namor. Pour réaliser la série, les dessins des comics sont repris et animés grossièrement. La piètre qualité ne l’a fait durer que 3 mois. Nous arrivons maintenant en 1977, avec une série TV bien plus connue : The Incredible Hulk. Quelques modifications sont faites par rapport au comics, notamment Bruce Banner qui devient David Banner, censé être plus viril. La série rencontre un certain succès, et Lou Ferrigno reste encore aujourd’hui associé au héros (Hulk, Banner étant joué par Bill Bixby). Elle durera 82 épisodes sur 5 saisons. La même année, beaucoup moins connue car reniée par Stan Lee, une série Spider-Man a été diffusée, avec Nicholas Hammond dans le rôle-titre. Elle a duré tout de même 2 saisons, et certains épisodes ont été remontés pour en faire un film. Puis, grâce au succès de Hulk, CBS tente de lancer la série TV Dr Strange. Malheureusement, celle-ci n’est pas acceptée, et le pilote finira en téléfilm.

En 1979, Marvel décide alors de ressortir ce bon vieux Captain America du placard, et de tenter d’en faire un téléfilm cette fois. Toujours par CBS, le film reprend cette fois des éléments du comics : on a bien Steve Rogers avec des pouvoirs liés au sérum. Par contre, rien à voir avec la Seconde Guerre Mondiale, l’action est située dans le présent, et le héros est un dessinateur en publicité. De plus, le costume est différent de celui du comics, sauf à la toute fin. Malgré un accueil très mitigé, un second téléfilm voit le jour… la même année, en 1979 ! Cette suite n’est cependant pas de meilleure qualité, malgré la présence de Christopher Lee dans le rôle du méchant. Le costume de Cap’ est cette fois proche du comics, malgré le bouclier en partie transparent, et le casque sur la tête. Devant tant de fiasco, et une production d’une qualité discutable, Marvel va arrêter les frais pendant quelques temps concernant la TV. En parallèle, Marvel vise aussi le cinéma, et propose ses licences à des studios qui veulent bien en faire des films. A la fin des années 70, c’est Spider-Man qui aurait pu avoir le droit à son propre film, mais le projet tomba à l’eau. Entre 1986 et 1996, des options sont placées sur la plupart des principaux personnages Marvel dont Fantastic Four, X-Men, Daredevil, Hulk, Silver Surfer et Iron Man. Tous n’eurent pas leur film, mais il y eut tout de même certaines adaptations. La première est assez étrangement celle d’Howard the Duck dont le film est sorti en 1986. C’est la deuxième tentative ciné de Marvel depuis 1944. Produit par George Lucas et Lucasfilm, ce fut un fiasco à la fois critique et commercial, puisqu’il est même considéré comme une insulte au personnage. Il reçut même plusieurs Razzie Awards à l’époque (des récompenses pour les pires films, l’inverse des Oscars), et faillit couler Lucasfilm.

Du côté de la télévision, c’est Hulk qui revient, toujours incarné par Lou Ferrigno. En effet, pour faire suite à la série TV de 1977, une trilogie de téléfilms va être produite. Le premier d’appelle The Incredible Hulk Returns (Le Retour de l'incroyable Hulk), et sortira en 1988, soit 10 ans après la fin de la série qui s’était finie en suspense. Pour la première fois, on y voyait un autre personnage de l’univers Marvel : Thor. Le téléfilm devait d’ailleurs permettre de développer une série sur ce personnage qui ne verra jamais le jour. Le deuxième opus sur Hulk se nomme The Trial of the Incredible Hulk (Le Procès de l'incroyable Hulk) et sort en 1989. On retrouve encore les mêmes acteurs, et aussi un invité de marque. En effet, comme pour le précédent, la présence de Daredevil devrait servir à développer sa propre série, ce qui ne fut cependant pas non plus le cas. Enfin, le dernier téléfilm est sorti en 1990, et son titre explicite est The Death of the Incredible Hulk (La Mort de l'incroyable Hulk). L’invité cette fois aurait dû être She-Hulk (Miss Hulk), mais l’idée fut abandonnée. Une suite fut envisagée avec la résurrection du personnage et le titre The Revenge of the Incredible Hulk (La Vengeance de l'incroyable Hulk). Iron Man devait même y apparaitre, mais les mauvais résultats du précédent et la mort de Bill Bixby en 1993 ont tout annulé.

Revenons du côté du cinéma. Malgré l’échec d’Howard the Duck, New World Entertainment produit un film Punisher qui sortira en salle en 1989. Dans le rôle-titre, nous avons Dolph Lundgren qui commençait à sérieusement percer à l’époque. Petit souci, l’anti-héros ne portait pas le fameux crane blanc, soit son signe distinctif. Les gens n’ont donc pas forcément fait le lien avec le personnage, et le film fut de nouveau un échec. Marvel décide alors de retenter l’aventure Captain America pour une troisième fois. Comme pour Punisher, c’est une sortie directe en vidéo. Cette fois, on retrouve le Captain America de la Seconde Guerre Mondiale qui se bat contre Crane Rouge. Ce qui n’empêchera pas les mauvaises critiques et l’échec du film. L’apothéose est finalement un film qui ne sortira pas : Fantastic Four. En effet, Roger Corman en avait les droits, et risquait de les perdre si aucun film n’était fait. Du coup, un film fut rapidement réalisé avec des acteurs de seconde zone, mais dont le but était de ne jamais sortir, mais juste de garder les droits. Ce que toute l’équipe de tournage ignorait. Avi Arad (fondateur de Marvel Studios, on y arrive) essaya d’ailleurs d’acheter toutes les copies pour les détruire. On finira vite fait ce chapitre de l’histoire de Marvel avec deux téléfilms. Sorti en 1996 sur la Fox, le premier se nomme Generation X, et se base sur l’équipe de mutants existant aussi dans les comics. On y retrouve les personnages d’Emma Frost et Banshee entre autres, et l’Ecole Xavier se trouve dans le même bâtiment que les premiers films X-Men. Le second téléfilm est Nick Fury: Agent of S.H.I.E.L.D., qui est sorti en 1998 toujours sur la Fox. On y suit le fameux personnage, un espion retraité, qui reprend du service pour lutter contre la menace HYDRA. Fury est joué par David Hasselhoff, et la réception du film fut assez mitigée.

La naissance de Marvel Studios

Le début des années 90 est une période dure pour les comics, et principalement pour Marvel. En plus de tous ces échecs d’adaptation, ses dessinateurs les plus populaires ont démissionné pour créer Image Comics. C’est la crise dans le petit monde du comics, et Marvel risque la faillite. L’éditeur va donc passer des accords avec ToyBiz et avec New World Entertainment, en en revendant notamment de grosses parties. Avi Arad, à l’époque à la tête de Marvel Films et de ToyBiz, participe à la création de Marvel Studios en 1996, et s’y retrouve à la tête. Les affaires peuvent alors reprendre, sauf que cette fois-ci, Marvel Studios est coproducteur des films réalisés avec leurs licences. En revanche, Marvel ne cherche pas à imposer un contrôle créatif poussé, les studios de tournage sont globalement libres de faire ce qu’ils veulent avec leur licence. Le premier film à voir le jour est Blade en 1998, en coproduction avec New Line Cinema. C’est le début d’une nouvelle ère pour les adaptations Marvel. On retrouve Wesley Snipes dans le rôle du chasseur de vampires, dans un film plutôt violent. Malgré des lacunes, l’adaptation est plutôt réussie, et rencontre un certain succès. Il aura le droit à deux suites : Blade II en 2002 (avec Guillermo del Toro à la réalisation) et Blade : Trinity en 2004. En parallèle, des projets se mettent en place. Parmi eux, les films Prince Namor et Mort the Dead Teenager qui ne furent jamais produits.

Marvel Studios collabore ensuite avec la 20th Century Fox pour développer un film X-Men. Il sort en 2000 avec Bryan Singer à la réalisation, et notamment Patrick Stewart, Hugh Jackman, Ian McKellen, Halle Berry, Famke Janssen et James Marsden dans les rôles principaux. C’est un succès à la fois critique et commercial. Vous connaissez la suite de l’histoire. La suite, X2, très proche du premier notamment par l’équipe de tournage, arrive dans les salles en 2003, et rencontre encore un beau succès critique et commercial. En 2006, le troisième opus, X-Men: The Last Stand, a désormais Brett Ratner à la réalisation (Singer est parti sur Superman), et certains changements ne sont pas forcément au goût des amateurs. Cependant, la franchise va continuer au cinéma. Nous aurons notamment X-Men Origins: Wolverine en 2009, un film centré sur le personnage. Plusieurs autres projets sont lancés en parallèle de celui-ci dans le but d’étendre l’univers. Par exemple, un film X-Men Origins: Magneto était envisagé. Cependant, après les critiques virulentes sur le film Wolverine, c’est finalement un retour aux sources, et un semblant de reboot qui voit le jour avec X-Men: First Class en 2011. Le casting est totalement nouveau hormis une rapide apparition d’Hugh Jackman, et la réalisation est de Matthew Vaughn. La Fox décide ensuite de faire un univers partagé pour regrouper et donner une cohérence à tous les films X-Men. Un autre film sur Wolverine sort en 2013, The Wolverine, qui fait suite à l’ancienne trilogie X-Men. Et c’est dans X-Men: Days of Future Past, avec le retour de Bryan Singer à la réalisation et de l’ancien casting, accompagnant les nouveaux de First Class, que tous les films sont unis dans un seul et même univers. Sur ces nouvelles bases, le prochain film de la licence sera X-Men: Apocalypse et arrivera en salle en 2016.

Revenons au début des années 2000, juste après le succès de Blade et X-Men. Marvel désire alors proposer les licences de 15 de ses personnages, Captain America, Thor, Black Panther, Iron Fist et Deadpool, au studio Artisan Entertainment, qui venait de rencontrer le succès avec Le Projet Blair Witch. On pouvait compter à l’époque 24 projets en développement. Avi Arad est ambitieux, et veut capitaliser sur le succès de ces films. Mais Artisan ne pouvait clairement pas gérer ce genre de projets, et fut racheter par Lions Gate Entertainment quelques mois après, faisant tout capoter. La prochaine licence à finalement être adaptée au cinéma en 2002 est bien entendu Spider-Man. La production revient à Columbia Pictures, une branche de Sony. La réalisation est de Sam Raimi et on a au casting Tobey Maguire, Willem Dafoe, Kirsten Dunst et James Franco. Le succès est au rendez-vous, et le film est bien reçu par la critique. Là encore, vous connaissez la suite. Un Spider-Man 2 arrivera en 2004, puis le 3 en 2007, avec toujours Raimi à la réalisation. Malheureusement, des conflits avec la production durant le dernier opus a amené l’équipe à stopper. Cependant, Sony refuse de perdre les droits et relance la franchise avec une équipe totalement différente, et Andrew Garfield dans le rôle-titre. The Amazing Spider-Man sort en 2012 et sa suite en 2014. L’accueil est plutôt mitigé, surtout pour le second opus. On aura le droit à un nouveau reboot de la franchise pour 2017.

Parmi les autres films que sortira Marvel par le biais d’un autre studio, il y a Daredevil en 2003 par la Fox, comme pour les X-Men. Les critiques sont peu emballées, mais le film fait un résultat honorable, suffisamment en tout cas pour avoir une « suite ». Elektra sort donc en 2005, débarrassé des principaux acteurs de Daredevil que sont Ben Affleck, Michael Clarke Duncan et Colin Farrell. Le film a des mauvaises critiques, et le résultat au box-office est le pire pour un personnage Marvel depuis Howard the Duck. Universal récupère les droits pour Hulk, et choisit un auteur, Ang Lee, pour réaliser l’adaptation qui sort en 2003. Au casting, nous avons principalement Eric Bana et Jennifer Connelly. Avec des critiques partagées, ce sera le seul film avec un personnage Marvel produit par Universal. Du côté de Lionsgate, on récupère les droits du Punisher. Une tentative de reboot sort en 2004, et malgré la présence de John Travolta et du crâne blanc, les critiques sont plutôt négative, et le film rapporte peu au box-office. Pourtant, Lionsgate n’abandonne pas et ressort un reboot en 2008 appelé Punisher: War Zone. Là c’est un échec commercial, car malgré son budget plutôt correct, il n’arrive pas à le rembourser. On imagine que c’était la dernière tentative de relancer la franchise au cinéma. Autre franchise importante que la Fox possède est celle des Fantastic Four. Le premier film sort en 2005 avec Ioan Gruffudd, Jessica Alba, Chris Evans (le futur Captain America) et Michael Chiklis dans les rôles principaux. Si les critiques sont mitigées, le film est un succès commercial, et sa suite arrive en 2007 et introduit le Surfeur d’Argent et Galactus. Les critiques le trouvent meilleur que le précédent, même si pas exceptionnel. Il n’y aura pas de suite, mais un reboot du nom de The Fantastic Four, prévu pour cet été 2015.

Enfin, on commence à arriver au bout avec la licence Ghost Rider que possède Columbia/Sony. Le premier sort en 2007, et le second, Ghost Rider: Spirit of Vengeance, en 2012. Les deux avaient Nicolas Cage dans le rôle principal, et ont reçu des critiques assez négatives, malgré un box-office correct. Enfin, dernière adaptation, Lionsgate sort Man-Thing sur la chaine SyFy en 2005 avec un petit budget. Ce fut un échec critique et commercial. On finit cette partie rapidement avec deux séries TV coproduites par Marvel Studios. La première est Mutant X, une série inspirée des X-Men, produite par Fireworks Entertainment à partir de 2001. D’ailleurs, la Fox qui détient les droits des X-Men avait porté plainte. La série s’est terminée au bout de 3 saisons, lorsque Fireworks a fermé ses portes, la laissant avec un cliffhanger non résolu. L’autre série est Blade: The Series diffusée dès 2006, faisant directement suite à la trilogie Blade au cinéma. Malgré un gros succès, il n’y eut pas de seconde saison.

Le développement du Marvel Cinematic Universe

Faisons un peu le point sur les films de super-héros Marvel à cette époque. Blade, X-Men et Spider-Man ont lancé un véritable Age d’or pour les adaptations Marvel. Mais vers 2007, Blade a fini sa trilogie et sa série est stoppée, X-Men et Spider-Man ont eu un troisième volet qui a divisé le public. Les autres films sont ou médiocres ou tout juste corrects. Mais Marvel voit plus loin. En effet, dès 2004, le studio met en place un plan dans le but d’autoproduire ses propres films. Sur l’initiative de David Maisel, Marvel Studios passe un accord avec la banque Merrill Lynch, garanti par les droits de 10 personnages Marvel. Ils récupèrent 525 millions de dollars pour réaliser un maximum de 10 films sur 8 ans. Ces 10 personnages ou groupes de personnages sont Ant-Man, The Avengers, Black Panther, Captain America, Cloak & Dagger, Doctor Strange, Hawkeye, Nick Fury, Power Pack et Shang-Chi. En novembre 2005, Marvel récupère les droits d’Iron Man qu’avait New Line Cinema jusque-là, puis ceux de Hulk en 2006. Sony leur cède Thor en 2006 aussi, et Lionsgate Black Widow, en abandonnant le film en projet depuis 2004. En 2007, David Maisel se retrouve à la tête de Marvel Studios, Kevin Feige devient président de la production, et le film Iron Man est mis en chantier.

Ce film Iron Man sort en 2008, et c’est la première auto-production de Marvel Studios. Le risque était assez énorme à l’époque. Robert Downey Jr n’était pas l’acteur qui avait la meilleure réputation à Hollywood, notamment due à ses problèmes d’addiction. Mais il était soutenu par des acteurs plus surs comme Jeff Bridges ou Gwyneth Paltrow. Le film est un gros succès, et les critiques sont plutôt bonnes. Les films de super-héros Marvel reviennent sur le devant de la scène. L’autre idée très audacieuse de Marvel a été de mettre une scène post-générique. On y voit Samuel L. Jackson en Nick Fury parler d’une équipe de super-héros qu’on devine être les Avengers. C’était très fort pour deux raisons. D’abord, Samuel Jackson avait servi de modèle pour la version Ultimate de Nick Fury, et c’est impressionnant de voir un acteur de cet acabit accepter le rôle et de faire juste une apparition de quelques dizaines de secondes. Ensuite, avec cette scène, Marvel montrait ses ambitions de réaliser d’autres films, avec un univers partagé. Le côté négatif, c’est que c’est un engagement qui met en jeu la réputation de tout le studio. Le film suivant arrive la même année, il s’agit de The Incredible Hulk qui relançait le personnage au cinéma, avec cette fois Edward Norton dans le rôle-titre. Bien que le succès soit moindre que pour Iron Man, les retours sont plutôt bons. Les promesses d’un univers partagé sont tenues, même si ça reste léger. On parle surtout de Stark Industries dans le film. Là aussi, il y a une scène post-générique avec cette fois Robert Downey Jr qui rencontre Bruce Banner.

Fin 2009 marque une nouvelle ère pour Marvel avec son rachat par Disney au prix de 4 milliards de dollars. Cependant, les contrats en cours ne sont pas perturbés, et tout continue comme avant. Lorsque ceux-ci se termineront, Disney distribuera les films Marvel, c’est-à-dire à partir de 2012. 2009 est la seule année sans film entièrement produit par Marvel Studios pour le moment. En 2010 sort Iron Man 2. Un nouveau personnage Marvel important y est introduit : il s’agit de Black Widow jouée par Scarlett Johansson. De plus, le film développe ce qu’on appelle le MCU (Marvel Cinematic Universe) en lui donnant un passé avec le père de Tony Stark, et en développant la super-police qu’est le SHIELD. La scène post-générique va annoncer l’arrivée d’une nouvelle licence au cinéma : Thor. Son film arrive en 2011 et introduit donc le Dieu du Tonnerre joué par Chris Hemsworth dans le MCU. S’il semblait logique et facile de rendre crédible des personnages comme Iron Man et Hulk, pour Thor, c’est une autre histoire. C’est pourtant une réussite tant critique que commercial. Des acteurs renommés sont présents comme Natalie Portman et Anthony Hopkins, et Tom Hiddleston est introduit dans le rôle de Loki. On peut aussi apercevoir brièvement Jeremy Renner dans le rôle de Hawkeye. La même année que Thor arrive dans les salles un nouveau film Captain America. On repart de zéro, et on raconte les origines du personnage. Chris Evans récupère le rôle principal. Le film a l’audace de se dérouler quasi-intégralement dans les années 40. Le passé du MCU est donc exploré, on y voit même le père de Tony Stark. Ici encore, Marvel fait appel à des acteurs renommés comme Tommy Lee Jones et Hugo Weaving. Et surtout le film se termine avec ce qui annonce l’arrivée du film The Avengers l’année suivante.

Nous y sommes, l’apothéose des films Marvel Studios : The Avengers. C’est le premier crossover aussi important de l’histoire du cinéma, puisque six héros sont regroupés, dont quatre ont eu leur propre film : Iron Man, Thor, Captain America, Hulk, Hawkeye et Black Widow. On retrouve les mêmes acteurs dans les mêmes rôles, sauf pour Hulk, cette fois incarné par Mark Ruffalo. Du coup, The Avengers a un casting impressionnant, de nombreux personnages, mais un background déjà bien en place. C’est un challenge difficile, et Marvel le propose à Joss Whedon, qui est plutôt apprécié des amateurs de comics. Le film est un succès colossal, et les recettes le placent en troisième position des films ayant le plus rapportés de tous les temps. Le pari est donc réussi pour Marvel Studios, qui a désormais acquis la confiance du public pour la suite des films. D’ailleurs, The Avengers en donne rapidement un aperçu avec l’apparition de Thanos. Il donne une conclusion à ce qui est appelé la phase 1 des films Marvel Studios lancée avec Iron Man. C’est aussi le premier film à être distribué par Disney. La phase 2 se lance aussi par un film Iron Man, mais le troisième opus cette fois. C’est la première trilogie pour le studio, et c’est un énorme succès, le deuxième après The Avengers. Le film sort en 2013, et est suivi plus tard dans l’année par la suite de Thor. Mais cette fois-ci, Marvel décide d’arrêter les chiffres après le titre, et le film s’appellera donc Thor: The Dark World. Le lien avec Thanos y est développé puisqu’on y parle des Gemmes de l’Infini. 

En parallèle, la même année 2013 voit arriver la première série lié au MCU. En effet, en 2010 est créé Marvel Television, une division de Marvel Studios pour la TV. Plusieurs projets se mettent en place : une série The Incredible Hulk par Guillermo Del Toro et AKA Jessica Jones pour ABC, Cloak and Dagger pour ABC Family, The Punisher pour la Fox et Mockingbird. Mais tout ça tombe à l’eau hormis AKA Jessica Jones qui arrivera finalement sur Netflix. Mais ABC, qui est la propriété de Disney, montre de l’intérêt pour une série TV lié au MCU. C’est ainsi que Marvel’s Agents of SHIELD voit le jour dès la rentrée 2013. On y voit notamment les retombées du deuxième film Thor. La série ne fait pas de record d’audience, mais la qualité augmente au fur et à mesure des épisodes. On y suit l’Agent Phil Coulson, qu’on a pu découvrir dans les films, et une équipe du SHIELD. Coulson meurt avant le début de la série, dans The Avengers, et on découvre donc comment il a survécu. En 2014, un nouveau film Captain America voit le jour, et c’est le premier à se dérouler dans le présent. Il introduit le Soldat de l’Hiver, ainsi que le Faucon joué par Anthony Mackie. On notera la présence de Robert Redford, mais aussi et surtout, une scène de fin nous présentant les jumeaux Maximoff, qui auront un rôle à jouer dans le prochain film Avengers. Mais 2014 voit aussi arriver une nouvelle licence, et un nouveau risque pour Marvel. Les Gardiens de la Galaxie est le premier film cosmique de Marvel Studios. On ne trouve quasiment aucun lien avec les autres films du MCU. Nous avons tout de même la présence du Collectionneur (joué par Benicio del Toro) introduit dans Thor 2, et de Thanos (joué par Josh Brolin), mais les héros sont beaucoup moins connus que les Avengers. Pourtant, c’est aussi un succès, ce qui donnera confiance à Marvel pour préparer sa phase 3.

Le dernier film Marvel Studios vient tout juste de sortir. La suite de The Avengers est sortie dans les salles sous le nom d’Avengers: Age of Ultron. Si le succès commercial semble au rendez-vous, les critiques sont bien plus divisées que pour le premier opus. De plus, le film ne marquera pas la fin de la phase 2. En effet, cet été sortira Ant-Man qui lui est la véritable conclusion de cette phase. Il s’agit d’une nouvelle licence, mais les premières images semblent prometteuses. Nous aurons Paul Rudd dans le rôle de Scott Lang, et Michael Douglas dans celui de Hank Pym. Marvel Studios est désormais extrêmement confiant en ce qui concerne l’avenir, et a dévoilé son programme jusqu’à 2019. En 2016 arriveront dans les salles Captain America : Civil War, avec la présence de Robert Downey Jr aux côtés de Chris Evans, et Doctor Strange, avec Benedict Cumberbatch dans le rôle principal. En 2017, ce seront Guardians of the Galaxy 2, Thor : Ragnarok et Black Panther qui arriveront sur nos écrans de cinéma. Trois films aussi prévus en 2018 avec Avengers : Infinity War part 1, Captain Marvel et Inhumans. Enfin, en 2019 il y aura au moins Avengers : Infinity War part 2. Un retournement de situation a aussi eu lieu concernant Spider-Man dont les droits appartiennent toujours à Sony. Une collaboration s’est mise en place avec Marvel Studios dans le but de lier le personnage au MCU. Un reboot est donc prévu pour 2017, et le personnage devrait apparaitre dans de prochains films de Marvel Studios, les rumeurs laissant penser à Captain America : Civil War, ce qui serait sensé.

Dernier point concernant les séries TV. Lors de la pause hivernale 2015 de la série Agents of SHIELD, ABC a diffusé la nouvelle série Agent Carter se passant après les évènements survenus dans le premier Captain America. De plus, Marvel Studios est en collaboration avec Netflix pour sortir 5 séries TV. La première, Daredevil, est sortie début avril 2015, et a rencontré un beau succès critique. La prochaine est en cours de tournage, il s’agit d’AKA Jessica Jones, et elle devrait arriver d’ici la fin de l’année. L’année prochaine, le service de VOD proposera Luke Cage, et les deux dernières n’ont pas de date de sortie, mais on sait que ce sera Iron Fist et The Defenders. Bien que semblant plus indépendantes aux autres films et séries, on nous garantit que ces séries sont liées au MCU.

L’histoire de Marvel à la télévision et au cinéma est très riche, et seul un résumé vous est présenté ici. Nul doute que des centaines de pages peuvent être écrites dessus. Malgré les échecs, l’éditeur a tenu, a frôlé la banqueroute, mais a su redressé la barre. Aujourd’hui le succès de Marvel Studios est indéniable. Cependant, l’avenir est risqué. Les contrats avec les acteurs sont limités et approchent de leur fin, et difficile d’imaginer le visage du studio après la phase 3. Aura-t-on plusieurs acteurs sous le même rôle comme pour Hulk ? De plus, certains reprochent le studio d’être trop dirigiste, et tenir la production avec une poigne de fer. Sans oublier les envieux, et les nombreuses adaptations de comics qui risquent de créer une overdose du marché. Bref, l’histoire est loin d’être terminée !