Ou comment je vous présente les games jams, ce que c'est et comment ça se passe. J'avais aussi envie de vous en dire quelques vérités, d'expérience.
Vous savez ce que c’est un jam ? Mais si vous savez, « On va se faire un jam », c’est souvent comme ça que les musiciens commencent leur soirée quand ils sont entre eux. Y en a qui commence à jouer un petit truc à la guitare, un autre l’accompagne, jouant ce qu’il veut mais s’accordant avec le premier. Le bassiste arrive, apprécie ce qui se fait et rejoint la musique. Le batteur se contente d’un petit tam-tam ou tout objet pouvant servir de percussion. Et voilà.
Avant même que vous ayez fini votre fond de bière tiède, vous avez devant vous un « jam » de musiciens. Maintenant, remplacez la première guitare par un crayon et un carnet, la seconde par une tablette et un style. À la place de la basse, imaginez plutôt un synthé et au lieu de la percussion, un clavier d’ordinateur usé et avec des touches aux couleurs distinctes. Donnez un PC à chacun d’entre eux. Voilà, vous avez une Game Jam et ne me demandez surtout pas pourquoi on est passé au féminin entre temps.
Une game jam est un événement organisé où les participants créent un jeu jouable dans un laps de temps donné. Beaucoup de variantes existent mais pour l’essentiel, c’est cela. Pour parler un peu histoire, on établit la première game jam à mars 2002. Les développeurs Chris Hecker (il a bossé sur le jeu Spore) et Sean Barrett inventent un moteur de jeu pouvant créer et gérer de nombreux sprites . Au cas où : les sprites sont des éléments graphiques en deux dimensions de petites tailles. Ils composaient tous les jeux de l’ère NES et Super NES. Ils voient que ça marche plutôt bien et décident d’inviter quelques développeurs indépendants pour créer des jeux en utilisant ce moteur. Cette petite réunion se répétera et deviendra peu à peu l’Indie Game Jam. Ça, c’était pour la petite partie histoire.
Ce qu’il vous faut
Voyons maintenant dans les faits, comment une game jam typique se déroule. Elle se déroule le weekend, du vendredi soir au dimanche soir. Vendredi soir 18h, les participants sont tous dans une salle. Les organisateurs s’agitent encore peu. Les participants qui sont venus entre amis restent entre eux ; les autres essayent de se fondre dans la masse. 19h, le sujet de la game jam tombe. Car oui, pour ceux qui ne le savent pas et comme disait André Gide : « L’art naît de contraintes, vit de luttes et meurt de liberté. ». Si la dernière partie est un peu extrême pour une game jam, le reste est totalement vrai. Vous ne verrez que très rarement une jam où les organisateurs disent : « Bon bah… faites ce que vous voulez. Allez à Dimanche !».
Nous reviendrons sur la nécessité des thèmes, mais dans tous les cas, 19h, le sujet tombe et les visages sont déconfits. Bien que tout le monde sache qu’il y aura un thème, sa découverte est toujours un grand moment et donne le vertige. 19h01, les équipes se forment. Là aussi, beaucoup de variantes : les groupes sont ou imposés par les organisateurs, ou libres, et non, jamais personne n’est laissé sur le carreau, même celui qui est venu sans connaître personne.
Globalement, nous comptons quatre spécialités dans le domaine de la création de jeu vidéo : game design (les règles du jeu, les interactions avec le jeu), les graphismes (ce que vous verrez), le sound design (ce que vous entendrez) et programmation (le fait que vous puissiez jouer au jeu). Bien sûr, une personne peut toucher à plusieurs domaines. Toujours est-il qu’un groupe formé comprendra un minimum de capacités dans ces quatre domaines.
Il est 9h, le jammeur pianote
19h30, l’assemblé s’est un peu calmé ; chaque groupe est dans son coin et les premières propositions de concepts sont faites. Jusqu’à 23h voire 0h00, la soirée s’est divisée entre propositions d’idées et pause repas. À partir de là, quelque chose d’intéressant se profile : ceux qui restent pour la nuit et ceux qui annoncent rentrer chez eux pour la nuit. Vous les avez probablement vues, ces photos de game jams où l’on voit les participants dormir dans des positions improbables et dans des lieux non-destinés à cela. C’est vrai, nous égratignerons un peu ce cliché mais c’est une réalité.
Samedi 8h, c’est la pause petit-déjeuner. Samedi 9h, les premiers éléments solides pointent le bout de leur nez : concepts arts, thèmes musicales, schémas incompréhensibles et déplacements sommaires d’un personnage abstrait apparaissent sur les écrans des participants. Ce n’est probablement pas clair pour vous, néophytes, mais pour nous, c’est le début de l’émerveillement.
Samedi 15h et un repas plus tard, le premier prototype voit le jour. Un joli personnage à moitié animé dans un décor vide sur fond d’un unique thème musical, il peut néanmoins se déplacer, attaquer une forme abstraite et accomplir une action qui en appellera une autre. Ici ou un peu après, les créateurs partagent ce qu’on appelle de manière totalement officieuse le syndrome de Frankenstein. Ce moment où nous voyons le retour de nos efforts. Cet instant où tout ce qu’on a fait jusqu’ici donne lieu à quelque chose, où notre création prend vie.
Pourtant, samedi 20h, ce syndrome semble bien loin. Notre création, elle est chiante. Elle est défigurée et a plein de problèmes. On parle de tout ce qui ne va pas autour des claviers, en mangeant un repas qu’on ne savoure pas. Dans moins de 24h, c’est la fin. Dimanche 0h00 et malgré l’heure, on est un peu dans le métro de 18h00 à Paris. Le bruit n’a pas désempli, les gens s’agitent ; on se rue d’un PC à un autre en tenant entre ses mains une clef USB comme si sa vie en dépendait. « C’est qui qui a la dernière version ? » crie celui-là, « Tu peux me le refaire en 128 par 128 et en .png ? » demande celui-ci.
« Pas de boogie woogie avant de faire vos prières du soir ! »
Dimanche 03h00, enfin le calme s’est abattu. Quelques téméraires sont encore éveillés et les plus courageux pianotent comme si de rien n’était alors qu’ils sont « cernés comme des châteaux-forts ». Ils ne doivent surtout pas relever la tête de leur écran car sinon ils verraient des corps assoupis sur leur clavier et des duvets remplis. On ne dort pas en game jam : on sieste. Dimanche 05h00, il y a une drôle d’ambiance. Les visages se croisent mais personne ne peut dire si celui-là se réveille ou va dormir.
Dimanche 09h00, le petit-déjeuner est pris mais on est loin des croissants et des pains au chocolat chauds : un gobelet de café qu’on boit en se brûlant la langue et c’est reparti. Dimanche 13h00 : « -Cette bouffe n’a vraiment pas de goût. - Oui non mais je te disais, si on divisait plutôt le niveau deux en deux parties distinctes ? » est un dialogue qui résume bien la situation : on est fatigué et pourtant, il faut en finir.
Dimanche 15h et contrairement à ce qu’on pourrait croire, il y a une sorte de relâchement. Les game designers se relâchent un peu : le gros de leur travail est fini, ils cherchent maintenant à aider ailleurs. Les graphistes finalisent les derniers décors quand les musiciens enlèvent leur casque pour la première fois du weekend. Les développeurs, eux, sont par contre toujours en train de suer sang et café sur leur clavier.
Dimanche 17h00, le jeu a des airs de fini. Tout le monde s’est au moins reposé une fois à ce stade-là de l’aventure. Amusés et fiers, on fait essayer le jeu aux amis. Dimanche 18h00, c’est la catastrophe totale : les quelques tests ont mis en avant une constellation de bugs et de problèmes. On se retrousse les manches et on s’y remet : « It’s the final countdown ! » comme dit la chanson.
Dimanche 18h45, un nouveau problème est survenu : « Qu’est-ce qu’on fait ? On règle celui-là ou on finit de réparer celui-ci ? ». Les clefs USB volent et les doigts frôlent le froissement de muscles. J’exagère à peine. Dimanche 18h58 : « M**** ! Il faut upload notre jeu ! ». Alors, dans la précipitation, un .exe est créé. Pas moyen de savoir de quelle version il découle ou s’il est jouable : on a plus le temps.
Dimanche 19h00, les derniers uploads se finissent. 19h01, tout le monde s’applaudit et on parle d’aller boire de bonnes bières fraîches tous ensemble. 19h30, tout le monde s’est écroulé sur son lit, au calme, loin de tous et entame sa première vraie nuit de sommeil : car demain, lundi 08h00, il faut aller bosser.
The big one
Ça, c’était pour les grandes lignes. Mais maintenant, j’aimerais vous faire mieux connaître les game jams et surtout, revenir avec vous sur quelques clichés. Votre humble serviteur que je suis a en effet déjà participé à des game jams, par trois fois, voire quatre si on compte un cas particulier, et n’a pas prévu de s’arrêter là.
Déjà, un petit point sur la logistique que représente une game jam, notamment sur ceux qui organisent ça. J’exagérerais à peine si je disais qu’il y a autant de cas de figure que de game jam. Prenons par exemple celle qui a lieu la semaine prochaine : la Gobal game jam. L’initiative part du collectif qu’est la global game jam, formée par Susan Gold, Gorm Lai et Ian Schreiber. L’idée de la global game jam est de proposer une jam mondiale.
Partout à travers le monde le temps d’un même weekend (en comprenant les fuseaux horaires), des équipes vont créer des jeux sur le thème donné par le collectif. Ces jeux ainsi crées seront mis en ligne sur le site de la jam pour être partagés et critiqués. Il n’y a pas de classement dans la global game jam. Mais cela ne s’arrête pas là ; la global game jam doit se faire dans un lieu spécifique, sous le couvert d’une association. Ladite association se charge de trouver des locaux et de nourrir les participants le temps de la game jam, moyennant 10€ pour le participant.
Par exemple, lorsque j’ai participé à la global game jam de 2014 à Montpellier, l’association qui s’est (très) bien occupée de nous est Le Baptême du jeu et avait trouvé un accord pour nous avoir des salles à l’Université de Montpellier II. Ainsi, chaque ville à travers le monde a son association qui se charge d’accueillir les participants de la Global game jam, de l’Argentine à la Zambie. Pour la petite anecdote et si j’en crois le compte officiel Twitter de la jam, les trois pays qui accueillent le plus de lieux destinés à la jam sont les Etats-Unis, le Brésil et le Royaume-Uni. La France arrive en cinquième position, juste après l’Égypte.
Une infinité de game jams
Ce n’est pas toujours si compliqué pour l’organisation d’une game jam. La Game Pratic, petite game jam crée l’année dernière par le collectif montpelliérain Anti-thèse, est localisé à Montpellier et uniquement à Montpellier. Il est en partenariat avec la région Languedoc-Roussilion, l’Université Paul Valéry et le lycée Georges Frêche, où se déroule d’ailleurs la game jam. Les contours sont nets, précis, tout est physiquement sous contrôle.
Parlons d’un cas encore plus simple : la Lundum Dare. C’est une jam online. Pour les quelques anglophobes de l’assemblée, il s’agit d’une jam uniquement en ligne – comprendre sur internet pour ceux qui ont vraiment du mal. Tous les six mois en moyenne, le site annonce les sélections d’un thème. Sur les réseaux sociaux, chacun peut voter pour son thème préféré parmi ceux proposés. Quand le thème est choisi et que les dates sont arrêtées, chacun est libre de participer, sans aucune inscription. Le « en ligne » intervient ici : la jam se fait de chez soi. Vous avez bien lu : vous pouvez participer à une jam en pantoufle et robe de chambre, depuis chez vous, avec votre bon café fait par vous. Certains trouveront peut-être ça étrange mais une jam est avant tout prétexte à faire un jeu.
Un thème défini et 48h plus tard, un jeu est né et c’est cela que beaucoup de gens recherchent avant tout avec les game jams : cette stimulation, donné par ces deux restrictions que sont le thème et la durée. A noter enfin que le nombre de participants par équipe est libre : vous pouvez aussi bien être seul qu’à cinq. Nous sommes rarement plus de 7 pour une jam de 48h ; au-delà, des problèmes d’organisation s’invitent.
De 24h à des mois
La durée d’ailleurs, parlons-en. Traditionnellement, une jam dure 48h. Là aussi, quelques variantes existent. La Game Challenge (là aussi, game jam uniquement montpelliéraine) dure 54h (Lundi 10h-Mercredi 16h). Existe aussi les game jams de 72h (aucun en exemple en tête, sachez simplement que ça existe) et de 24h (idem), bien que beaucoup plus minoritaires. Une game jam dépasse rarement les 72h ; créer un jeu est une activité mentalement et psychologiquement épuisante (si si) et tenir au-delà n’est tout simplement pas sain, ni pour le créateur, ni pour le jeu. En outre, faire tenir une jam sur une durée de trois jours grand maximum permet une condensation du travail de création. Au-delà de trois jours, il y a une sorte de relâchement ; on ne travaille pas à fond dès le début car on a la pensée fatidique de « bwarf, j’ai le temps, je verrai ça plus tard. ».
Enfin, il existe plus classiquement des concours de créations de jeux. Je pense notamment à la Game à niaque, concours proposé dans le cadre du Toulouse Game Show. Deux mois avant la tenue du salon, le site de l’événement propose les modalités du concours (thème, durée exacte, modalités de rendu, etc.) et les finalistes sont invités à venir présenter leur jeu durant le salon.
Aussi, un petit mot pour vous signalez que si par tradition, c’est un jeu vidéo que l’on crée en jams, certaines acceptent des rendus plus extravagants : jeu de cartes, de plateau ou même expérimentation, il est parfois possible de proposer autre chose.
La liberté et la contrainte !
Je vous l’ai dit, les thèmes sont une nécessité dans les game jams. J’ai déjà usé ma citation de Gide pour me la péter, donc maintenant je vais essayer de vous le dire avec mes mots. Je comprends que de prime à bord, les thèmes sont mal connotés : « Oh mais ça va me restreindre, c’est nul ! ». Dans un sens, vous n’avez pas tort sauf que ce n’est pas nul.
Imaginez un seul instant : vous êtes entourés de cinq personnes que vous ne connaissez pas il y a encore une heure et vous devez créer un jeu avec eux pour dans 48h. Diable, où aller ? Que faire ? Quel sujet aborder ? Vous allez perdre au bas mot 12h à vous connaître, à trouver des ressemblances, des accords pour finalement avoir des débuts de concepts. Mauvais, très mauvais. Cela serait une bonne chose si vous avez une semaine devant vous mais voilà, vous le n’avez pas cette semaine et si une game jam est l’occasion de faire des rencontres, vous êtes avant tout là pour faire un jeu.
En réalité, même tout seul, le problème reste le même et dans l’absolu, cela est vrai pour chaque création artistique : d’un court-métrage à une peinture, l’esprit humain est une belle et complexe machine qu’il est compliqué de dompter de soi-même. Un thème, ce n’est pas une restriction, c’est une première direction à suivre. C’est le noyau de votre première réflexion, celui sur lequel tout le monde sera d’accord parce que hey, c’est le thème de la game jam, ce n’est pas vous ni moi qui l’ai choisi ; il est imposé, ce n’est pas négociable.
Alors maintenant, arrêtez de tergiverser, deal with it et c’est ti-par ! Et puis, vous voulez un secret : le thème est fait pour être dépassé, presque ignoré. Faites un petit jeu : allez sur des sites de partages de jeux de jams comme Global Game Jam, Lundum Dare ou même itch.io, essayez des jeux en devinant le thème de la jam. Le résultat vous surprendra.
« Ne mangez pas en dormant » comme ne le dit aucun dicton
Maintenant, j’aimerais égratigner quelques clichés. D’abord, le dodo. J’avoue en avoir un peu usé pour ma description de game jam mais en réalité et accrochez-vous : on dort en game jam ! Oui oui oui ! Déjà, essayez de travailler et ne pas dormir pendant 48h, ce n’est pas tant que ça impossible, c’est juste que tout ce que vous ferez sera d’une qualité moindre. Mais surtout et sans surprise, on est infiniment plus efficace en ayant dormis quelques paires d’heures. Il ne s’agit pas nécessairement de rentrer chez soi et dormir 9h dans son lit sous sa couette. Ceci étant dit, arrêter toute activité et aller s’allonger ailleurs que devant son PC est un bon moyen de tout mettre au plat avant de mieux reprendre. De vous à moi, à chaque game jam de 48h, j’ai toujours au moins dormis 12h au total.
Alors oui, ça peut être culpabilisant de rentrer dormir quand ses coéquipiers travaillent encore, mais il faut se dire que demain matin, quand vous reviendrez, vous serez d’attaque quand les autres seront en train de baver sur leur clavier. On pourra vous dire : « Mais non, c’est pour donner un avant-goût du monde du travail et du crunch ! » mais nous reviendrons sur cela. Toujours est-il que quand vous voyez une photo d’un jammeur en train de dormir affalé sur son clavier, dites-vous qu’il y en a deux qui sont allés s’allonger et peut être même dormir chez eux.
Autre chose lié de près au sommeil, c'est l’alimentation. Fréquemment, les repas sont servis par l’association organisatrice : l'association le Baptême du Jeu nous a nourrie matin, midi et soir à grand renfort de salades de pâtes et de sandwichs. Grâce au partenariat d’Anthi-thèse et du lycée Georges Frêche, nous mangions au réfectoire du lycée (une merveille). Dernier cas de figure : la Game Challenge nous a fournis les gâteaux au petit-déjeuner et un repas froid pour le midi.
Enfin, tout le temps, avec toutes les jams, sachez qu’il y a toujours du thé et du café à volonté. La qualité des repas est variable. Pourtant, c’est très important une alimentation saine et équilibrée. On va sortir un peu de mon terrain mais l’alimentation est primordiale pour garder la forme et cela, on le perd un peu en game jams. Là aussi, vous avez sûrement vu des photos de jams avec des piles de cartons à pizza et des pyramides de canettes de boissons énergisantes. Pourtant, idéalement, on n’abuse pas de la junk food : oui, un paquet de bonbons peut être réconfortant quand on vient de passer une heure à résoudre un bug mais se nourrir de ça et de boissons à la caféine, c’est courir à la défaite.
Cela, on le voit à merveille dans le film Indie Game : The Movie ; les participants que le documentaire suit font leur jam en amenant légumes et fruits pour se faire leur propre repas, sain et équilibré. Bien sûr, il n’est toujours évident d’organiser cela à son échelle, mais l’idée est là.
Un avant-goût du travail pour un résultat pro ?
Pour finir sur les clichés, les soi-disant « bien faits » d’une jam. Alors soyons clairs et limpides comme du cristal poli : les jams, c’est bien. C’est cool. Vous apprenez beaucoup en jams. Vous en apprenez beaucoup sur la création d’un jeu et beaucoup sur vous-même, votre positionnement par rapport à l’autre. En jam, vous rencontrez des personnes et vous avez une fierté personnelle à créer votre jeu : fierté parfois même récompensée. Donc je le redis, les game jams, c’est cool. Mais...
Mais comme disait ma maman « Tout excès est mauvais » et il ne faut limiter la création d’un jeu uniquement aux jams. Les jams sont autant cool qu’éreintantes. Même si vous êtes dans de bonnes conditions (pièce chauffée, amis autour de vous, bonne bouffe, le café de grand-mère, etc.), vous créez un jeu sous des contraintes (temps, thème imposé, alimentation moyenne, fatigue, etc.). Comme dit, certains argumentent que c’est pour donner un avant-goût du travail, ce rush permanent de la création. Je ne connais pas le monde du travail mais je peux dire une chose : il ne faut pas que votre esprit associe systématiquement création de jeu et contraintes.
Si vous faites toutes les jams possibles, à votre portée, vous ne ferez plus que créer sous la contrainte et ça, c’est mauvais. Il faut que votre esprit garde cette frivolité volatile, un peu vagabonde, ce qui ne sera plus le cas à force d’enchaîner les jams. Entre deux, il est bon de créer un jeu pour soi, sans thèmes ni contraintes de thèmes, dans la plus pure liberté.
Avant de nous quitter, une note plus légère en vous parlant de quelques jeux de jams que vous pouvez croiser au hasard en vous baladant sur les stores (Steam, Humble Store, etc.). Car oui, si la plus part des jeux qui sont faits en jams sont voués à rester sagement dans leur coin de disque dur pour le restant de leurs jours, certains ont tellement inspiré leur créateur qu’ils se voient pourvus d’une sortie commerciale et donc d’une finition plus aboutie que celle d’une jam.
Goat Simulator, par exemple, est issu de la Coffee Stain Studios Jam 2014. Plus poétique, le Titan Souls vient d’une Lundum Dare, la 28, dont le thème était « You only get one ». Broforce aussi vient d’une Lundum Dare, la 23 « Tiny World ». Encore une Lundum Dare mais je tiens à le citer car il est français et trop peu de gens le savent : Evoland ! Sébastien Vidal a créé ce jeu lors de la Lundum Dare 24 « Evolution ».
J’espère vous avoir un peu éclairé sur les games jams, ce que c’est et de quoi il retourne. C’est un milieu particulier. Je ne dis pas qu’il plaira à tout le monde, ce milieu. Cependant, faites-vous une faveur : tendez l’oreille et si autour de vous, quelqu’un parle de faire une game jam, accompagnez-le. Observez votre ami, sans participer. La création est toujours quelque chose d’admirable ; les games jams le sont donc.