Mazinger Z est un manga et un animé qui ont révolutionné la culture japonaise populaire au début des années 1970. Go Nagai y posait les bases de ce qui allait devenir un succès intemporel : la trilogie Mazinger, conclue par le célèbre Goldorak !!!
Article initialement publié en juin 2014 dans le magazine Pop Fixion #3
Il est impossible de parler de Mazinger Z sans évoquer le parcours de l’artiste derrière cette série. Go Nagai s’est rapidement fait connaître dans le métier à la fin des années 1960 avec des petites histoires comiques dans le magazine Bokura de Kodansha. Mais dès 1968, et sous l’impulsion de l'éditeur Shueisha, qui lui propose d’écrire une des premières séries publiées dans son désormais célèbre Shonen Jump, l’artiste est propulsé sur le devant de la scène. Il ose inclure de l’érotisme dans le manga avec Harenchi Gakuen, ouvrant ainsi une nouvelle ère pour le manga, dont la perception par la société japonaise change radicalement. Il devient le symbole de toute une génération.
Le succès de cette œuvre lui permet de fonder sa propre société de production, et l’arrivée des années 1970 voit l’auteur prendre la direction de la science-fiction et de l’horreur. Mais dès la fin 1972, il entame ce qui deviendra l’un des projets les plus importants de sa carrière via sa société de production : Mazinger Z. Le manga voit le jour dès le 2 octobre 1972… l’attente d’une version animée ne sera cependant pas longue puisque dès le 3 décembre de la même année, Mazinger Z débarque sur les écrans japonais via Fuji TV !
Un concept inédit
Pour la première fois, un concept nouveau fait son apparition : les robots géants habités par des hommes, que l’on appelle communément aujourd’hui méchas. Et comme toutes bonnes idées, c’est à partir du quotidien qu’il a tiré cette dernière. Ayant toujours aimé Tetsuwan Atom (Astro Boy) et Tetsujin-28-go (un manga dans lequel un enfant contrôle un robot géant), il a rêvé depuis lors de pouvoir créer son propre dessin animé de robot. Mais il ne trouvait pas de concept intéressant. Et un jour, alors qu’il observait un embouteillage, il a pensé que les conducteurs tout à l’arrière de la ville rêveraient d’un moyen leur permettant de dépasser tout ce monde. C’est alors qu’il a eu l’idée d’un robot qui pourrait être contrôlé de l’intérieur, exactement comme une voiture.
Dans ses premiers concepts, le pilote accédait au robot par une moto s’enfonçant dans le crâne de ce dernier. Cependant, le phénomène Kamen Rider apparu au même moment l’a forcé à modifier ses plans et il décida de remplacer la moto par un hovercraft.
Souhaitant créer un robot à identité forte, il a très vite décidé que ce dernier évoquerait un Dieu Démon (Ma, 魔 = démon, Jin, 神 = dieu). La série animée, diffusée de 1972 à 1974, a atteint son pic de popularité entre octobre 1973 et mars 1974, époque durant laquelle tous les épisodes étaient vus par 25-30% des spectateurs devant leurs écrans. Son plus haut est atteint le 17 mars 1974 avec 30,4% de part de marché. La série a d’ailleurs fait l’un des meilleurs audimats de tous les temps.
Un succès phénoménal
Il est maintenant temps d’expliquer son succès, et autant dire que l’intelligence d’écriture de Go Nagai n’est pas étrangère à tout cela. A l’instar d’un Stan Lee dans les comics, celui-ci se détache des auteurs de sa génération par une écriture très efficace qui va tout de suite à l’essentiel, des concepts simples mais forts, et des personnages juste assez développés pour accrocher les téléspectateurs. En premier lieu, il est évident que le succès de la série tient beaucoup au manichéisme exacerbé de la série, qui est d’ailleurs une constante dans énormément de productions nippones encore aujourd’hui. Mazinger Z, c’est la lutte entre le bien et le mal, si le robot a été créé par le Professeur Juzo Kabuto, ce n’est qu’à cause de la menace que représente le terrible Dr Hell, accompagné de ses bêtes mécaniques. L’histoire opposant ces deux-là remonte à loin puisqu’ils ont fait partie plus jeunes d’une équipe d’archéologue qui a découvert le fait qu’une civilisation (basée Mycènes et ses habitants) ancienne grecque utilisait des titans d’acier de 20 mètres de haut. Dr Hell en a d’ailleurs découvert un prototype, et découvrant leur potentiel sur un champ de bataille, il tue toute l’équipe, à l’exception de Kabuto qui parvient à s’enfuir.
Il parviendra à créer Mazinger Z, mais meurt des mains d’un des hommes de main du Dr Hurt, heureusement, il parvient à donner toutes les informations nécessaires à son petit-fils Koji avant d’expirer son dernier souffle. Et c’est bien entendu Koji Kabuto que nous suivrons durant les 92 épisodes de la série animée. Il est bien sûr l’une des pièces maîtresses du succès de la série, car si la lutte entre le bien et le mal fonctionne toujours, il faut absolument que le premier soit représenté par un héros capable de retenir le téléspectateur.
Koji est donc un jeune japonais typique de son époque, un héros typique que les jeunes téléspectateurs vont pouvoir considérer un peu comme un grand-frère. Durant la série, il ne manquera pas de faire des erreurs, mais ces dernières lui permettront de progresser. Nous avons là un héros japonais tout à fait classique, que l’on rencontrait déjà avant cette série, et que l’on rencontre encore aujourd’hui. Pour l’anecdote, Koji Kabuto ne vous est en fait pas étranger si vous avez vu Goldorak… Eh oui, il s’agit en fait d’Alcor, le héros super cool qui apparait dès les débuts de la série et viendra prêter main à forte à de maintes reprises à Actarus.
Le robot en lui-même y est pour beaucoup dans le succès de la série. Il faut avouer qu’il a un design franchement efficace avec ses allures de démon. C’était d’ailleurs plutôt original pour l’époque de faire incarner le bien par un robot ayant une apparence un peu démoniaque. Cela dit, l’auteur impose encore une fois sa marque puisque parmi les nombreuses séries s’inspirant de son travail, plusieurs mettront en scène des robots géants représentant le bien, mais ayant des allures démoniaques. Bref, Mazinger Z a une apparence qui attire, tout un attirail d’armes disponible et se met en marche lorsqu’un pilote entre dans son crâne à bord d’un hovercraft… Le potentiel pour la création de produits dérivés est certain, et sera bien entendu fortement exploité jusqu’à aujourd’hui. En effet, à l’heure actuelle sortent encore de nouvelles collections de figurines ou statues des robots et/ou personnages de la trilogie Mazinger.
Au final, Go Nagai a créé en 1972 avec Mazinger Z plus qu’un simple manga, il a créé un style et proposé un concept innovant qui bercerait la jeunesse des générations à venir.
Les Descendants de Mazinger
1974 : Getter Robo
1979 : Gundam
1982 : Macross
1989 : Patlabor
1994 : Vision d’Escaflowne
1995 : Neon Genesis Evangelion
2006 : Code Geass
2007 : Tengen Toppa Gurren Lagann