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The 100, tout sauf une série mielleuse

La série télévisée américaine The 100 cache bien son jeu. Sous couvert d'adapter une énième saga pour ados basée sur la survie de jeunes amoureux dans un monde détruit par les adultes, elle ose prendre des risques et s'éloigne de son support d'origine.

Soyons clairs : quand j'ai entendu parlé de cette série lors de sa première diffusion l'an passé, je me suis de suite fait la réflexion suivante : une série CW ? Ce n'est pas pour moi ! Il faut dire que cette chaîne, propriété du groupe Warner (Harry Potter, DC Comics) s'est bâtie une certaine réputation depuis sa création en 2006. Pour concurrencer les quatre autres networks américains (que l'on sépare des chaînes du câble), la CW a misé sur des séries ciblant les ados. Des shows comme Gossip Girl, les Frères Scott ou The Vampire Diaries ont rendu folles des millions d'ados. Cependant, cela serait faire preuve d'étroitesse d'esprit. La CW diffuse aussi Supernatural et tout le filon TV DC Comics avec Smallville et maintenant le duo Arrow/Flash. Il suffit donc juste de sélectionner ses visionnages.

Néanmoins, il y a quelque chose qui me rebutait chez The 100 : le fait que ce soit une adaptation des romans de Kass Morgan. Visant clairement un public ado, cette saga cherche d'abord à exploiter les romances et secrets des personnages. Beurk, je n'avais pas envie de perdre mon temps dans des amourettes inutiles... Toutefois, la série télévisée allait s'avérer radicalement différente pour une raison précise : elle a été développée alors que le premier roman était encore en écriture. Cela signifie que les scénaristes du show se sont basés sur les personnages et l'univers inventés par Kass Morgan, mais ont eu toute la liberté nécessaire pour proposer leur propre scénario. Et cela a tout changé.  

HUNGER GAMES + SA MAJESTE DES MOUCHES

Le concept derrière The 100 est simple et pas franchement original. Il y a 97 ans, l'humanité a été décimée dans une guerre nucléaire. Fort heureusement, elle survie depuis dans l'espace sur une Arche née du regroupement de douze stations spatiales (douze, comme dans Hunger Games). Les ressources étant limitée, les lois sont très strictes et la prison locale est remplie. Cependant, tout adulte commettant un crime est exécuté en étant balancé dans l'espace. Seuls les mineures croupissent en prison. C'est alors que le chancelier de l'Arche a la géniale idée, pour sauver ses 2236 concitoyens, de vérifier si la Terre est de nouveau habitable. Que fait-il ? Il envoie sur Terre une navette avec 100 prisonniers, presque tous des ados. S'ils survivent, ce sera le signal d'un retour au sol pour l'humanité.

Voilà, le premier épisode est super simple. On découvre les différents personnages, des ados condamnés par les dirigeants de l'Arche. Comme par hasard, plusieurs ados sont les enfants de ces dirigeants, de jeunes délinquants de la bourgeoisie dira-t-on, mélangés aux gens normaux. De fortes têtes émergent : la belle blonde mais intelligente Clark qui veut sauver tout le monde (sa mère est le médecin en chef de la station) : les frangins maudits Bellamy (l'enfoiré de service) et sa sœur Octavia (la belle brune qui allume tous les hommes et n'a peur de personne); Finn, le brun ténébreux casse-cou qui est trop cool ; les deux potes marrants Jasper et Monty ; le chancelier Thelonius et son conseiller Marcus ; et ainsi de suite...

UN CASTING QUI CHANGE TOUT

Sincèrement, les premières minutes font croire que l'on s'apprête à enchaîner 13 épisodes mielleux (et 16 dans la seconde saison qui vient de se conclure aux USA). Ce serait lourdement se tromper sur le travail de Jason Rothenberg, le créateur du show. Tout d'abord, le casting est franchement réussi. Outre ces jeunes ados beaux et convaincants (c'est le minimum pour ce genre de show), l'équipe a recruté trois acteurs pour offrir une certaine crédibilité à leur univers. Ce sont des têtes qui vous seront familières. Il y a déjà la mère de Clarke interprétée par Paige Truco, qui a eu une carrière agitée sans réel rôle de premier plan (April O'Neil dans Les Tortues Ninja 2 et 3).

Le chancelier est joué par Isaiah Washington, célèbre pour son rôle de docteur Preston Burke dans Grey's Anatomy (les premières saisons, quand c'était LA série). Enfin et surtout, un acteur qui a marqué l'univers des séries avec son rôle de Desmond dans Lost : Henry Ian Cusick. Ces acteurs ne sont pas des stars, mais ont suffisamment de rôles pour avoir un minimum de métier et de talent. Ce sont des seconds rôles très efficaces qui vont crédibiliser la série. Ajoutez-y la fraîcheur des acteurs principaux qui ne sont pas ados (25, 28 ou 30 ans) et vous aurez-là un casting convenable.  

UN SCENARIO EFFICACE QUI FRANCHIT LES LIMITES ATTENDUES

C'est une bonne base, mais le réel apport de la série par rapport au roman se situe dans les nouveautés et modifications apportées. On ne parle pas d'un simple changement de couleur de cheveux ou d'ordre d'apparence d'une scène comme dans Games of Thrones. Non, ici, c'est toute la dynamique de l'histoire qui est profondément bouleversée. Dans les romans, on pose 100 gamins dans une forêt et on les laisse se débrouiller, en attendant la fin du premier tome pour présenter des indices sur la population indigène.

C'est complètement différent dans la série TV. Commençons par les personnages. Chacun s'affirme et n'est pas uniquement un pion dans les triangles amoureux, qui sont certes présents mais qui ne font nullement avancer l'histoire. Clarke et Octavia, les deux filles mises en avant, sont des femmes fortes qui vont prendre en main le groupe chacune à sa manière. Bellamy, le plus âgé des 100 et celui qui possède la force, et donc l'autorité, n'a pas la vie facile face à ces deux femmes. Saluons aussi la création d'un personnage, Finn, qui va remplacer un autre personnage dans le triangle amoureux autour de Clarke. Ce même Finn entraîne la création d'un autre personnage resté sur l'arche qui sera d'une grande utilité par la suite. La présence de Jasper et Monty est aussi inédite et apporte des personnages secondaires utiles pour étoffer le casting.

Quant à cette Arche, elle joue un rôle prépondérant dans la série. Alors que les romans se focalisent sur les ados en rappelant régulièrement qu'ils ont quitté un enfer pour un autre, la série s'attache à ne pas présenter des personnages manichéens. On nous propose AUSSI de suivre la vie de l'Arche et les adultes ont leurs propres problèmes. On pense à la série Battlestar Galactica et la nécessité de contrôler la vie d'une communauté dans l'espace.

Passons à l'histoire générale en elle-même. Bien sûr, tout commence comme dans tout trip ado sans adultes : la Terre c'est fun, faisons les fous, personne nous dit quoi faire, on se dirige nous nous même, etc.... Et puis rapidement, le scénario va confronter les ados aux rares terriens qui ont survécu aux radiations. Ce sont des clans à la Mad Max, sauvages et belliqueux, qui vont poser de graves problèmes aux 100. C'est dire si les triangles amoureux passent au second plan, refaisant seulement surface pour régir les comportements de chacun. Ils ne sont pas au cœur du scénario. On découvre au fil des deux saisons cette Terre post-apocalyptique où chacun doit mettre de côté sa morale pour survivre. C'est bien plus violent, excitant et dynamique que ce que l'on pouvait imaginer. Ce n'est pas juste des ados rattrapés par la réalité comme souvent. Non, ici, la réalité transforme ces ados.

C'est là toute la saveur de cette série. La saison 2 semble acter l'indépendance du show par rapport aux romans. Sans spoiler le final de la première saison, les choses ont énormément changé. L'apparition d'un véritable générique surprend, comme si les producteurs avaient compris le potentiel de la série et lui offrait un écrin différent. On explore encore plus ce monde et les personnages vont faire des choix qui vont radicalement les éloigner du côté clair de la Force afin de survivre. La surprise ne vient pas des actes commis par ces héros, mais par le fait qu'ils soient présents dans une série télévisée diffusée sur une chaîne ciblant les adolescents.

Plusieurs fois, le spectateurs se demande si le personnage bluffe ou va réellement franchir la ligne rouge, et c'est le cas ! De plus, pas besoin d'attendre toute une saison pour qu'une situation se débloque, on avance toujours rapidement et les événements s’enchaînent sans se perdre en discours longuets. Alors que la saison 2 s'est achevée sur un nouveau cliffhanger annonciateur d'une nouvelle dynamique, il me tarde de découvrir le sort réservé à ces personnages dès l'automne prochain.  

Si cette présentation vous a donné envie de tester cette série, je vous conseille de réservé votre avis jusqu'à l'épisode 4. Vous aurez alors une bonne idée de la dynamique du show et des pistes envisagées. Ce n'est pas la série incontournable de la décennie mais elle va vous divertir convenablement en attendant le retour de vos sagas préférés. La leçon à retenir ? Toujours tester une série avant de se faire un avis sur celle-ci !

2 commentaires

  1. Derek182
    Le 15 mars 2015 à 13:25

    Excellente série, comme dans ta review au début quand je l'ai découvert l'année dernière les 3 premiers épisodes laissait présager un truc mielleux qui finirait comme les derni��res saisons de Vampire Diaries, donc bof (alors que la première était géniale !). Puis arrive l'épisode 4 et on comprend clairement que non, la série part dans une autre direction. J'ai essayé de la faire découvrir à une collègue, elle s'est arrêté aux 2 premiers épisodes... erreur que je lui ai dit, il faut persévérer et laisser sa chance à la série. La saison est encore meilleure, surtout après le Cliffangher de fou façon LOST sur lequel se terminait la saison 1 ! Cette saison 2 arrive avec un générique qui n'est pas sans rappeler celui de Game of Thrones (sans égaler la série, mais le clin d'oeil est appréciable). Cette Terre dévaster à d'autre chose à nous faire découvrir. Et Clarke. Mais quelle classe son personnage, à force de s'affirmer, de gagner le respect de chacun avec des choix souvent difficile à faire. May be you are the Chanceler, but I'm in charge. Tout est dit.

  2. Farid
    Le 15 mars 2015 à 19:10

    Merci Derek182 ! Je suis complètement d'accord avec toi (même si je n'ai pas vu Vampire Diaries, d'où mon côté snob au début de l'article, j'ai fais exprès de jouer le gars qui ne regarde pas la CW...alors que maintenant entre Flash et The 100 je suis addict). Lost est clairement une inspiration, la fin de la saison 2 se termine encore plus sur une influence Lost ! Et c'est vrai que là où d'autres histoires avec des ados ne sont pas du tout crédibles (quoi ? Les adultes vous écoutent), ici on accepte que ce soit les ados qui connaissent mieux ce nouveau monde, donc sont en meilleure position pour prendre des décisions. Encore merci d'avoir lu cet article et surtout de l'avoir commenté !

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