Les comics et leurs personnages sont aujourd’hui de véritables icônes de la Pop Culture et ont réussi à s’infiltrer dans tous les médias existants. La bande dessinée en premier lieu avec les dizaines de publications mensuelles aux Etats-Unis, le cinéma avec les fameux films de super héros à gros budget, Internet qui regorge de sites plus ou moins amateurs sur le sujet… Il reste pourtant un domaine qui a du mal à donner ses lettres de noblesse au genre super héroïque : la Télévision et ses séries.
Bien que de nombreux héros soient régulièrement adaptés sur le petit écran, il faut reconnaître que peu de séries ont marqué l’histoire. Wonder Woman est restée dans les esprits de par son actrice ou encore Smallville qui a su capter une génération d’adolescents avec un réel concept pendant dix longues saisons. Depuis quelques années tout s’accélère, la fin de Smallville a laissé un vide et le succès retentissant des films Marvel et DC au cinéma a obligé les studios à trouver des nouveaux héros à présenter. DC reste incontestablement leader dans ce domaine en proposant plusieurs nouveautés depuis quelques années, tandis que Marvel essaye de s’ancrer dans la lucarne après des années de retard. Oui mais voilà, ces nouvelles séries sont loin d’être incontournables : Arrow est un succès mais n’arrive pas atteindre la popularité d’un Game of Thrones, Flash réessaye le genre Smallville, Gotham ne fait pas beaucoup parler, Constantine est annulée au bout d’une saison et Agents of SHIELD de Marvel reste tout de même assez aléatoire dans la qualité de ses épisodes.
Fort de son succès au cinéma, Marvel a donc décidé de créer un univers partagé avec des séries télévisées diffusées via la plateforme de vidéo à la demande Netflix. Un pari osé pour la firme peu habituée à ce médium, qui plus est via une plateforme n’étant pas développée partout dans le monde et qui n’est pas à proprement parler une chaîne de télévision. Daredevil débarque donc partout dans le monde en avril 2015, voulu comme un évènement, cette série était attendue au tournant pour vérifier si le Marvel Cinematic Universe allait réussir à s’installer pleinement au sein d’une série. Pour cela, deux hommes ont été choisis, Steven S. DeKnight et Drew Goddard, l’un étant le créateur de la série Spartacus et l’autre ayant scénarisé World War Z, Cloverfield ou encore la série Lost. Deux personnes qui avaient un bagage loin de l’image comique des autres productions Marvel, tout cela pour montrer qu’il était possible de d’adapter les héros Marvel sans passer par la case blague et popcorn.
L’histoire
L’histoire de Daredevil est simple, un petit garçon vivant seul avec son père boxeur et loser qui, percuté par un camion transportant des produits chimiques, devient aveugle et vois ses sens devenir hyper développés. Devenu adulte, il utilise ses talents pour combattre le crime sous le costume de Daredevil, le justicier sans peur, ou bien à l’aide son véritable métier, à savoir avocat, en tant que Matt Murdock. La série Netflix respecte totalement ce cahier des charges, mais ne va pas s’évertuer à nous raconter épisodes après épisodes tous ces évènements. En réalité cette première saison est bien une Origin Story : celle de Daredevil. En 13 épisodes on va donc suivre la transformation de Matt Murdock en Daredevil, on le verra aussi enfant, avocat, justicier masqué mais tout ça ne servira qu’à la création de Daredevil.
Le parti pris de la série est de nous plonger directement au cœur de la ville, en montrant les différentes couches de la société et les habitants du quartier de Hell’s Kitchen, on ne va pas simplement suivre les différentes missions de Daredevil. C’est la connexion entre cette ville et Matt Murdock qui permettra d’expliquer sa transformation, il n’a pas comme maxime un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. Non, il va devenir le défenseur de ce quartier car il a vu comment vivaient les différents habitants et su analyser leurs actes, en soit le fait de développer le passé de Matt et l’origine de ses pouvoirs est donc assez peu utile au vu de l’angle abordé.
Il est d’ailleurs intéressant de noter que la création de Daredevil est due à un seul homme son némésis Wilson Fisk alias le Caïd. En effet, c’est Fisk qui tout au long de la série va amener l’avocat Matt Murdock à se transformer en justicier masqué pour vaincre un seul et unique homme, on est loin des super héros « naturels » comme Superman et ses pouvoirs divins, Spider-man et ses pouvoirs tombés du ciel ou encore Batman qui décidera de se battre contre le concept de crime suite à la mort de ses parents. Ce duel Fisk-Murdock est ainsi le fil rouge de la série, néanmoins c’est le récit de la vie des habitants qui créé la richesse de la série. Beaucoup de temps est ainsi utilisé pour développer les mafias locales, les journaux, les habitants des quartiers pauvres, les policiers… Bien entendu tous ces protagonistes auront plus ou moins un lien avec Murdock ou Fisk, mais cela montre bien que l’histoire de Daredevil n’est rien sans son quartier.
Réalisation et Narration
Aujourd’hui les séries télé lorgnent de plus en plus vers le cinéma pour proposer des réalisations travaillées et un effort graphique que le spectateur remarque, on est loin des sitcoms des années 90. Daredevil n’échappe pas à la règle et possède une vraie identité visuelle, dans les teintes, dans les plans de caméras et les chorégraphies de combat. La série se veut sombre et l’assume, l’action y est donc essentiellement nocturne, et les nombreux lieux visités sont eux aussi peu lumineux. Le choix se justifie pleinement, c’est Hell’s Kitchen qu’il faut mettre en image. Ce quartier est pauvre et gangréné par le crime, il ne faut pas s’attendre à ce que l’ambiance d’une usine de drogue ou d’un garage sous terrain soit des plus joyeuses. Les quelque moments de lumière vont se situer dans des endroits plus institutionnels et riches, galerie d’art, tribunal permettant de montrer le contraste social au sein de ce quartier. Il est intéressant de se dire que le personnage de Daredevil n’est pas impacté par la luminosité du fait de sa cécité. En effet, il agit la nuit et même dans des endroits totalement dépourvus de lumière et cela se justifie pleinement ici dans cette réalisation.
La caméra doit ainsi s’adapter à cet univers sombre et propose des choses réellement intéressantes pour illustrer les combats. Ces scènes sont rapides et pleines d’intensité, le combat est physique et sert à chaque fois à éliminer des personnages en utilisant plusieurs techniques notamment la boxe. Pour illustrer tout ça, l’objectif peut rester dans un couloir et avancer de pièces en pièces sans y entrer, laissant simplement l’imagination du spectateur à l’œuvre, guidée par les bruits de coups et quelques projections de criminels hors de ces pièces. Il n’hésite pas à montrer les coups et les blessures pour justifier l’intensité des affrontements, voire même à les mettre en valeur pour créer d’une certaines manière des plans iconiques. Daredevil se relevant le visage ensanglanté en fait partie. La narration quant à elle suit la mouvance actuelle, 13 épisodes d’une cinquantaine de minutes, un format de plus en plus apprécié aujourd’hui avec des saisons relativement courtes. Le choix le plus notable est d’avoir une unité de temps réduite sur toute la série, en effet la création du héros Daredevil et la montée en puissance de Wilson Fisk se fait rapidement, en quelques jours, quelques semaines tout au plus. Chaque épisode apporte des éléments permettant de se rapprocher de la confrontation finale, ils sont d’ailleurs parfois sans aucunes coupures l’arrêt de l’un correspondant au début du suivant.
Bien que le parcours combiné du duo Matt Murdock/Wilson Fisk soit au centre de la narration, il est important de noter que l’ensemble des personnages portés par un très joli casting subit une véritable évolution au cours de la série. Et même si le destin du héros reste un des moteurs de l’histoire on se prend à suivre avec intérêt le parcours de trois personnages secondaires : Le journaliste Ben Urich, la rencontre amoureuse de Fisk et son bras droit. Ces rôles sont au cœur de l’intrigue et permettent d’amener une profondeur bienvenue à une série dites super héroïque qui aurait pu se contenter de proposer un héros charismatique aux combats riches en action.
La mythologie Daredevil
Une série adaptée d’un comics est toujours observée d’un point de vue adaptation pour voir si l’univers du personnage est respecté, et on peut clairement dire que de ce point de vue Daredevil est une réussite totale. Premièrement tous les personnages importants sont présents : Foggy Nelson, son meilleur ami avocat qui permet d’apporter un peu d’humour et de fraicheur, Karen Page en secrétaire du duo d’avocats mais gardant sa part d’ambigüité dans son comportement et ses relations avec eux, Ben Urich le journaliste isolé mais toujours en quête d’une grande affaire, Wilson Fisk le némésis exerçant un contrôle tentaculaire sur la ville, l’infirmière de nuit et ses soins apportés au cœur et au corps, Stick son formateur et Jack son père en boxeur loseur. Il y a ensuite des environnements et attitudes qui permettent d’enrichir l’univers de Matt Murdock, la boxe en est le parfait exemple. Ce sport est au centre des épisodes et permet de rappeler régulièrement les racines de Matt, il est le fils d’un boxeur qui lui a transmis des valeurs fortes et qui n’abandonne pas. Daredevil encaisse donc les coups comme personne, comme son père le faisait avant lui. Une belle de façon de montrer cet héritage à l’écran.
La religion est aussi bien présente. Oui, Matt Murdock est un homme catholique qui à besoin de l’appui d’un prêtre pour guider ses décisions. Il est intéressant d’avoir conservé cet aspect du personnage dans une série grand publique, les scènes dans l’église permettent d’apporter une ambiance un peu différente voir même plus légère de par la relation créée entre le prêtre et Matt. Enfin le milieu de la justice est lui aussi bien présent, Matt Mrudock et Foggy Nelson sont de tout jeunes avocats il leur faut donc des clients. Quelques affaires sont ainsi présentées, elles permettent à la fois de montrer ce côté justicier au grand jour de Daredevil mais surtout de faire avancer l’intrigue générale sur Wilson Fisk. La série n’oublie pas que Murdock peut aussi se battre avec la loi et qu’il est bien plus qu’un simple super héros.
On pouvait d’ailleurs se demander comment seraient représentés les « pouvoirs » de Daredevil, ses fameux sens hyper développés. Alors ici point de radar, mais une exploitation de l’ouïe et du toucher très présente. Des sens qui lui serviront à développer un côté analyste comportemental et psychologique, notamment dans la détection de mensonges. Rien de spectaculaire donc, mais suffisamment représenté pour montrer que Matt Murdock n’est pas un homme comme les autres. Outre ses sens développés, Daredevil est aussi connu pour utiliser des bâtons comme projectiles, et c’est effectivement le cas. Néanmoins, étant donné qu’on assiste à la construction du héros, les projectiles utilisés sont variés en fonction de l’environnement de combat, permettant d’amener du dynamisme sans tomber directement dans l’accessoire indispensable.
L’univers Partagé
Daredevil est une série faisant partie de l’univers partagé Marvel, si on connait leur univers installé au cinéma, on ne connaît pas encore celui des séries Netflix, pourtant des références existent bien dans la série. On le sait l’action de Daredevil se situe à New York, il est donc normal de voir les évènements des films Marvel intégrés aux épisodes de la série. Ainsi, des touches sont parsemées avec mesure tout au long de la série, il fallait tout de même qu’elle reste indépendante de ce qui se passe au cinéma. Le film Avengers est le principal lien avec l’univers partagé Marvel, L’invasion d’extraterrestres avait en partie détruit New York et c’est Hell’s Kitchen qui a été principalement touchée d’après les discours dans la série. Le quartier est donc en reconstruction et permet de servir de belle manière l’intrigue avec Wilson Fisk. Ces évènements majeurs développés au cinéma sont relatés de manière indirecte et logique par Ben Urich. Il est journaliste est forcément a pu écrire des articles sur le sujet, et ce sont justement ces papiers que l’on peut apercevoir dans ses bureaux, mettant en avant Hulk ou encore les Avengers. Pour le reste les références ne vont guère plus loin, quelques petites phrases sur les autres super héros existent mais elles restent anecdotiques.
C’est dans la construction des futures séries Netflix que Daredevil est plus généreux en pistes, en particulier envers une série : Iron Fist. En effet, Les mafias ont un grand rôle dans la série, en particulier les asiatiques qui sont finement développées. Deux pistes menant à Iron Fist sont ainsi visibles, la première assez claire tandis que la deuxième reste de l’ordre des possibilités. Dans Daredevil, la mafia chinoise a pour principale activité le trafic de drogue qui est conditionné dans des petits paquets taponnés d’un serpent, le logo d’un célèbre ennemi d’Iron Fist. L’attitude de la femme en tête de ce réseau est d’ailleurs tout à fait en adéquation avec les personnages teintés de mysticisme et de sagesse de l’univers d’Iron Fist. On peut aussi noter la présence d’un personnage clairement différent d’un simple humain agissant dans l’ombre en association avec Stick. La mise en scène, la physiologie du bonhomme et tous les préceptes développés par Sitck font penser là aussi à un personnage en lien avec Iron Fist. D’autres pistes sont ouvertes pour le futur de Daredevil qui aura une saison deux, une jeune grecque est ainsi citée laissant la porte ouverte à l’apparition du personnage d’Elektra. La Main semble aussi être présente via les Yakusas et leur chef, cette organisation japonaise maléfique n’est aucunement citée mais il se pourrait qu’elle soit développée dans le futur étant donné que c’est un adversaire récurrent de Daredevil.
Daredevil est donc une série riche dans ses personnages parfaitement développés dans ses intrigues. Bien que possédant quelques références à d’autres œuvres Marvel, la série se veut indépendante et accessible à tous en touchant plusieurs genres : polar, action, comédie noire… Il ne faut donc pas hésiter à regarder ces épisodes ambitieux qui permettent d’avoir un autre regard sur les super héros.
Bart
Le 11 mai 2015 à 14:50J'ai pas spécialement accroché à la série, j'ai trouvé qu'il y avait des longueurs par moment, je dois dois être trop formaté aux épisodes de 40min. J'ai trouvé aussi que ça manquait de procédures, on voit Foggy et Matt traiter 2 affaires, c'est assez peu
Daft Venom
Le 11 mai 2015 à 16:23Moi la série me plais beaucoup parce que pour moi on a rarement aussi bien adapté un perso de comics. Ensuite pour le format moi j'aime bien le côté court et auto contenu de la série, on est pas floué à la fin de la saison toutes les réponses sont données.
Bart
Le 11 mai 2015 à 17:43C'est un ressenti global car en soit le perso me plait et est bien adapté. Mais c'est juste que j'ai vraiment peiné à aller au bout. Pour comparer, je peux m'enfiler sans pb une saison d'Orange is The new black sans souci alors que c'est le même format, mais j'ai l'impression qu'il s'y passe bcp plus de choses, surement à cause des multiple personnages (idem pour GoT)
Daft Venom
Le 11 mai 2015 à 19:28Je déteste la narration de Game of Thrones, je trouve qu'il se passe très peu de choses sauf dans les 5 dernières minutes de manière très intense pour t'obliger à regarder le suivant. Bref que des grosses ficelles de cliffanger à chaque fin d'épisode, je préfère la continuité d'une série à la Daredevil ou à la Sherlock on construit l'histoire progressivement en appréciant les épisodes pour ce qu'ils sont, on n'est pas dans la narration par à coup.
Bart
Le 12 mai 2015 à 08:53C'est surprenant, car c'est exactement ce qui me dérange dans Daredevil, où je trouve justement qu'il y a cette construction basée sur les cliffhanger pour la première moitié de la saison et c'est cette partie avec laquelle j'ai eu vraiment du mal. Le seconde partie (à partir de l'épisode 8) est mieux construite je trouve.
Farid
Le 12 mai 2015 à 18:55J'ai dévoré cette première saison alors que je n'attendais strictement rien ! L'acteur jouant daredevil est bon, mais clairement on a avec Wilson Fisk un personnage hors-norme qui est parfaitement mis en scène. Et là je me dis "mon dieu ce qu'aurait pu être Agent Of Shield !!"