L'industrie du cinéma d'animation n'existerait pas sans le court-métrage. Format privilégié par les étudiants et les festivals d'animation, il est enfin de retour depuis quelques années au cinéma en prélude aux longs-métrages.
Si vous avez assisté à une projection au cinéma des derniers films Pixar (Monsters University) et Disney (Big Hero 6), vous avez eu la chance de visionnier avant le début du film en lui-même un court-métrage d'animation. C'est une expérience rafraîchissante, surprenante même, car les artistes sont libres d'explorer leur imagination pour produire un court moment de grâce. À quand remonte cette pratique ? Tout simplement à la création du cinéma d'animation. Depuis, un studio comme Walt Disney n'a jamais arrêté de produire des courts-métrages, même si on note dès les années 1960 un basculement au profit des longs métrages. L'année 1970 voit aussi la major ne produire que deux courts, alors qu'un certain Tim Burton réalise pour Disney en 1982 Vincent en stop-motion. Pendant les années 1990, c'est Walt Disney Television Animation qui utilise ce format. Notons la production de quatre courts-métrages pendant les années 2000 initialement destiné à former un troisième film Fantasia. Puis en 2007 How to Hook Up Your Home Theater est diffusé au cinéma avant le second film live Benjamin Gates. Il met en scène Dingo, et c'est une petite révolution de voir revenir en salles ces courts-métrages Disney. Il faut dire que son principal concurrent de l'époque, Pixar, racheté un an plus tôt, en avait fait sa marque de fabrique.
L'ECOLE PIXAR
Dès la création de Pixar, les courts-métrages ont été un moyen de promouvoir la qualité des productions maisons tout en testant certaines techniques, révolution informatique oblige. En choisissant de passer au format long, le studio a dû mettre en pause cette pratique. Ainsi, en 1995, c'est le raz-de-marée Toy Story. Néanmoins, Pixar décide dès son film suivant, 1001 Pattes, d'associer cette sortie à celle d'un court-métrage. Au cinéma, on doit d'abord attendre que la salle se remplisse, puis on se farçit un tunnel de bande-annonces et de pubs avant le lancement du film en lui-même. Chaque minute compte, car de la longueur d'un film dépend sa rotation dans une journée. Il y aura plus de séance pour une copie d'un film qui dure 1h30 que celui qui dure 3 heures. C'est donc un détail stratégique. Voir 5 minutes occupées par un court-métrage n'est donc pas une chose annodine. Presque chaque film sorti en salles du studio sera accompagné d'un court-métrage d'animation. Le bonus non négligeable, c'est de concourrir aux Oscars, et donc d'améliorer la réputation de Pixar. Ces films sont aussi présentés lors des nombreux festivals d'animation, notamment celui d'Annecy.
Tout commence donc avec 1001 Pattes qui est précédé de Geri's Game. Il y a un enjeu artistique : animer une être humain, ce qui n'était pas le cas dans les deux premiers films du studio qui mettait en scène des jouets et des insectes. C'était aussi l'occasion de tester une technique d'animation qui allait s'avérer utile pour les prochains films. Une avant-première est même organisée en Californie. Cerise sur le gâteau, Geri's Game remporte un Oscar en 1998. Ces films sont des laboratoires pour Pixar, et son réalisateur Jan Pinkava sera aux commandes d'un des plus grands succès du studio dix ans plus tard : Ratatouille ! Quant à la productrice de Geri's Game, elle remportera un nouvel Oscar en 2001 pour le court métrage For the Birds qui précéde la diffusion en 2000 de Monsters, Inc en salles. Après Boundin' en 2003 qui est associé à The Incredibles, nous avons One Man Band en 2005 lors de la sortie de Cars. Un de ses deux réalisateurs, Mark Andrews, dirigera en 2012 le film Brave. Le studio tente des choses artistiquement, teste ses artistes et concourre aux Oscars à chaque fois. En 2006, il choisit Lifted de Gary Rydstrom pour accompagner Ratatouille. Ce réalisateur sera choisit par George Lucas pour diriger son film d'animation Strange Magic, sorti en début d'année 2015.
En 2008, Presto est un hommage aux cartoons. C'est l'occasion d'offrir le poste de réalisateur à Doug Sweetland, présent chez Pixar depuis Toy Story. On retrouvera cet artiste en 2016 du côté de la Warner pour le film Storks, mélengeant animation et prise de vues réelles. 2009 fut l'année de Partly Cloudy, un film qui a rencontré un certain succès public. Que devient son réalisateur Peter Sohn ? Il finalise le Pixar de cette année, The Good Dinosaur ! Je pense que vous avez compris que chez Pop Fixion, on aime bien retracer le parcours des artistes qui commencent souvent par des projets secondaires ou moins médiatiques avant de passer aux choses sérieuses. Passons mainteannt à Day & Night qui a été associé à Toy Story 3. Cette fois, Pixar mélange la 2D et la 3D, une première pour le studio. Son réalisateur serait actuellement au travail sur un film Pixar pas encore dévoilé. Enfin, n'oublions pas La Luna en 2011 avec Brave et The Blue Umbrella en 2013 avec Monsters University.
LE RETOUR DE DISNEY
2007 est donc l'année du retour des courts-métrages d'animation Disney au cinéma. En 2008, Clago's Guest par Chris Williams est prévu pour accompagner la sortie de Volt. Cependant, il semble que le film ne convenait pas aux audiences tests, ce qui a fait changer d'avis Disney qui a attendu la quatrième semaine de diffusion en salles pour projeter un court-métrage Cars en prélude de Volt. Clago's Guest a quand même ouvert à Chris Williams le poste de directeur du film Big Hero 6 diffusé en 2014 aux USA.
Les changement intervient réellement en 2011 pour Disney. À l'occasion de la sortie du film Winnie The Pooh, le studio diffuse en prélude The Ballad of Nessie, un film lui aussi en 2D. Depuis, à chaque sortie d'un film d'animation Disney en salles, un court-métrage lui est associé. La resortie en 3D de La Belle et la Bête est accompagnée de Tangled Ever After. C'est l'occasion de retrouver les personnages de Tangled (Raiponce), ce qui montre une certaine différence par rapport à Pixar qui produit bien sûr des spin-off ou suites en court-métrages (Toy Story notamment) mais réservés à la télévision. Toujours en 2012, le sublime Les Mondes de Ralph est précédé du non moins époustouflant Paperman. Son réalisateur John Kahrs utilise une technique mélengeant 3D et rendu 2D, comme à l'époque des productions à la main, ce qui lui vaudra un Oscar.
2013, c'est le méga-carton Frozen. Le truc fou, c'est que le court-métrage choisit est Get a Horse, un hommage aux court-métrages Mickey Mouse des années 20 ! De plus, c'est Lauren MacMullan qui dirige, ce qui est la première fois en solo pour une femme chez Disney. On retrouvera Frozen en 2015 avant la diffusion du film live Cinderella dans le court Frozen Fever. Enfin, Big Hero 6 est précédé par Feast, le court-métrage de Patrick Osborne qui a en plus travaillé sur Big Hero 6. Il est aussi à l'origine d'un nouveau processus chez Disney qui récolte les pictch des employés pour de futurs courts-métrages. Avec seulement sept mois pour réaliser Feast, il a réussi à délivrer un film qui a remporté un Oscar. Une tradition est née.
Pixar va diffuser Lava et Sanjay's Super Team cette année en compagnie de ses long métrages Inside Out et The Good Dinosaur. Vous êtes prévenus : ne soyez pas en retard à vos séances !