Depuis près de 35 ans, nos ordinateurs, consoles et téléphones nous permettent d’incarner nos héros Marvel favoris. Mais quelle est l’histoire de ces divertissements interactifs ?
Les adaptations de comics en jeux vidéo ont réussi à gagner en réputation ces dernières années notamment, grâce à la série des Arkham. Mais, du côté de Marvel, moins de titres se démarquent. Pourquoi ? C’est ce que nous allons tenter de comprendre après un historique des adaptations, puis une analyse des jeux actuellement sur le marché.
Les débuts
Bien que les jeux vidéo existent depuis plusieurs dizaines d’années, le premier soft Marvel n’apparaît qu’en 1982, avec Spider-Man sur Atari 2600, développé par Parker Brothers (ça ne s’invente pas). Dans ce jeu, Spidey devait escalader des immeubles pour stopper le Green Goblin. Bien évidemment, pour arriver au sommet les bâtiments, ne comptez pas sur les capacités adhésives de notre Tisseur, il doit se servir de ses toiles pour monter. Le but étant que la toile s’attache à un mur (et pas à une fenêtre) et qu’elle ne soit pas stoppée par un malfrat.
Vint ensuite une série de 3 jeux nommés Questprobe. Ces jeux d’aventure en texte, façon Zork, mettaient en scène Hulk, Spider-Man et deux des Fantastic Four. Ils étaient censés faire partie d’une série de 12 jeux, jusqu’à ce que l’éditeur fasse faillite. Le 4ème opus était d’ailleurs en cours de développement et était centré sur les X-Men. En plus de ces jeux, des comics associés furent publiés. Ces titres étaient d’ailleurs édités dans l’optique de renforcer l’expérience utilisateur. On pourrait presque parler déjà de « second écran »…
Le jeu suivant adaptant une propriété Marvel est, lui aussi, lié à un autre produit, et pas des moindres. Souvenez-vous… En 1986, George Lucas produit le premier film basé sur les aventures d’un personnage Marvel. Howard the Duck ! Et oui, ce film – considéré comme un des pires films au monde – a eu une adaptation en jeu vidéo, par Activision (oui oui, ceux qui vous resservent Call of Duty régulièrement). Le jeu fut considéré comme moyen par la presse spécialisée.
Capitaliser sur les succès
Après cette période de démarrage, les studios comprirent que les licences les plus fructueuses à adapter étaient les plus connues. On obtint alors un nombre impressionnant de jeux X-Men et Spider-Man. En effet, pendant les années 90, une quinzaine de jeu sur chacun de ces univers virent le jour.
C’est à cette période que Marvel collaborera avec le célèbre studio Capcom (Street Fighter) pour donner naissance à des jeux de plate-forme, des beat’em all, mais surtout à des jeux de combat. On notera d’ailleurs l’émergence de jeux cross-over entre les licences Marvel et les licences Capcom. Après X-Men vs Street Fighter, on arriva finalement au célèbre Marvel vs Capcom, série de jeux encore publiée récemment. On notera d’ailleurs que chez la Distinguée Concurrence, on a récemment eu le droit à la reprise du concept, mais avec l’éditeur de Mortal Kombat, donnant plus tard naissance à Injustice.
Mais, si un jeu est à retenir de cette décennie c’est, sans aucun doute, le jeu X-Men, publié par Konami (Metal Gear Solid, Pro Evolution Soccer), sorti en 1992. Ce jeu d’arcade, pouvant accueillir jusqu’à 6 joueurs sur certaines bornes, mettait en scène les personnages suivants : Cyclope, Wolverine, Colossus, Tornade, Dazzler et Diablo. Ce jeu a, depuis, été porté sur des consoles plus récentes, telles que la Playstation 3 et la Xbox 360 puis, sur mobile (iOS et Android). Il est également intéressant de noter que, à une époque où le jeu vidéo était encore considéré comme un divertissement à destination des enfants, plusieurs jeux mettant en scène le Punisher ont été publiés.
Dans l’ensemble, ces softs n’étaient pas des jeux « à histoire », mais plus des gros défouloirs. On conserve cependant les personnages qui font les succès des créations Marvel et des histoires originales. Il y a par contre quelques exceptions, comme Spider-Man : Maximum Carnage, qui adapte le récit du même nom.
Hollywood, « game changer »
Les années 2000 marquent un tournant pour les propriétés Marvel. En effet, presque chaque année, un ou plusieurs films mettant en scène ces héros sortent au cinéma. Et, comme de nombreux blockbusters avant eux, ces films avaient le droit à leur adaptation en jeux vidéo. Ainsi, Blade, Daredevil, Elektra et Ghost Rider eurent le droit à leur jeu vidéo dédié, aux côtés de Spider-Man, des X-Men et des Fantastic Four. Généralement, ces jeux étaient accueillis de façon mitigée, n’exploitant pas assez bien les possibilités de tels personnages.
Par la suite, les héros de la phase 1 du Marvel Cinematic Universe eurent aussi leurs jeux vidéo. Dans le même temps, Marvel participa à des suites de jeux à succès, ce qui donna notamment Marvel vs Capcom 2 puis 3, ainsi qu’à la création de nouvelles séries de jeux plus axés scénarisées, comme X-Men : Legends, Marvel Ultimate Alliance, etc… Ces nouvelles séries de jeux offraient généralement des histoires plus recherchées que leurs prédécesseurs de la décennie antérieure. En effet, les jeux sortent désormais sur des consoles plus puissantes, avec des supports bien plus larges au niveau mémoire, permettant des cinématiques poussées et des mondes bien plus grands.
Il est à noter que, parmi tous ces jeux, seul Marvel Ultimate Alliance 2 reprend une histoire provenant des comics : le célèbre crossover Civil War. Ce jeu a d’ailleurs été très apprécié par la critique, en mettant en scène bon nombre de héros et vilains Marvel. Il n’est pas rare d’entendre des demandes d’un troisième opus de la série Ultimate Alliance.
Durant cette période, un autre jeu se base réellement sur la continuité des comics. C'est Spider-Man : Shattered Dimensions. Son histoire a été écrite par Dan Slott, Mr Spider-Man en personne, et mêle l’histoire de 4 Spider-Men : le Spider-Man « classique », Ultimate Spider-Man (Peter Parker à l’époque), Spider-Man Noir et Spider-Man 2099. Les voix des différents héros sont d’ailleurs réalisées par les quatre acteurs ayant déjà prêté leurs voix à Spider-Man dans les dessins animés, notamment Neil Patrick Harris (que vous connaissez certainement grâce à How I met your mother).
Il est intéressant de noter que le concept de ce jeu a donné l’idée à Dan Slott du cross-over comics Spider-Verse, publié quelques années plus tard. Spider-Verse aura d’ailleurs des répercussions sur pas mal de jeux plus récents, mais nous y reviendrons. Ce soft a eu une suite, Spider-Man : Edge of Time, mettant uniquement en scène Spider-Man « classique » et Spider-Man 2099 dans une aventure basée sur l’effet papillon. En effet, chaque action réalisée dans l’époque « normale » impacte le futur. Il est cette fois scénarisé par Peter David, créateur de l’univers 2099 dans les comics.
Utilisation des nouveaux modes de gaming
En 2012, Marvel Studios rencontre la consécration dans les salles avec The Avengers. Niveau jeux vidéo, Marvel initie un premier projet qui va faire des émules. En effet, 2 mois avant la sortie en salle du film, Playdom (une filiale de Disney) sort le jeu Marvel : Avengers Alliance sur Facebook, et devient une des applications les plus rentables du réseau social. Ce soft met alors en scène une vingtaine de personnages Marvel. Près de 3 ans plus tard, il compte près de 150 personnages jouables. Ce jeu est le premier de Marvel qui va profiter de mises à jour régulières, utiles pour la promotion croisée. Mais, me direz-vous, qu’est-ce que la promotion croisée ?
Jusque-là, chaque film avait son jeu vidéo. Désormais, grâce aux applications Facebook et aux jeux mobiles, ce n’est plus le cas. En effet, ces softs ont des fonctionnements freemium (possibilité d’avoir accès à plus de choses en payant). Faire des mises à jour est bien plus facile que de sortir un nouveau jeu. Ainsi, Avengers Alliance intègre, à chaque nouveau film de la franchise, des costumes alternatifs ou intègre même un nouveau personnage dans le jeu. Il en va de même pour Marvel Future Fight et Marvel Contest of Champions (qui tourne en parallèle de la série de comics). Sur PC, on retrouvera la même approche pour le MMO : Marvel Heroes.
Il arrive également que la promotion croisée soit mise au service des comics. En effet, certains jeux vont mettre en scène des personnages inédits au format papier, ou créer des événements basés sur un événement à venir dans les comics. Ainsi, on a eu la promotion des sagas Infinity, de Totally Awesome Hulk, d’Old Man Logan dans certains jeux. Et bien sûr, l’événement comics qui a été le plus réutilisé récemment : Spider-Verse.
Reprise de concepts existants
En effet, non seulement Spider-Verse a été l’excuse pour introduire plusieurs personnages dans des jeux, mais le concept a donné naissance à une application mobile en particulier : Spider-Man Unlimited. Ce jeu, proche de Temple Run dans le concept, vous fait courir à travers des niveaux en évitant des obstacles. Vous pouvez grâce à ça recruter de nouveaux personnages (tous dérivés de Spider-Man) et créer une équipe avec des capacités spéciales. On découvrira des personnages et costumes exclusifs, tels que le nouvel uniforme de Spider-Woman.
Enfin, un autre jeu est sorti pour accompagner le film Avengers : c'est Avengers Battle For Earth. Ce soft pour Kinect reprend l’histoire de Secret Invasion, avec même les dessins du comic-book. Cependant, intégrer une histoire et des dessins de comics ne suffisent pas pour faire le succès d’un jeu. En effet, la reconnaissance de mouvements n’était pas très au point et on avait juste l’impression de bouger comme un idiot devant son écran. En plus de ces œuvres, on notera l’intégration des personnages Marvel dans le mastodonte Disney Infinity (qui n’a jamais rêvé de confronter Spider-Man à Darth Vader ?) ainsi que les jeux mettant en scène la version Lego de l’univers Marvel.
Dans les titres récents ou à venir, Lego Marvel’s Avengers semble une bonne adaptation – avec humour – des films Marvel, en droite ligne de son prédécesseur. Sur mobile, Avengers Academy permet de créer une université avec des versions ados des héros Marvel. Dans le futur, on aura bientôt Marvel : Avengers Alliance 2 sur mobile, qui reprendra un mécanisme proche du premier jeu mais avec des graphismes en 3D.
Amusez-vous bien.