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Outcast : retour aux sources de la possession et l'exorcisme

Un comics risqué, différent, prenant, mais surtout excellent. Outcast est une série horrifique avec le papa de Walking Dead aux commandes. 

Outcast parle d'exorcisme et de possession sortis tout droit de l'imagination d'un auteur bien connu qui se lance un nouveau défi « horrifique », en laissant tomber ses zombies pour des monstres plus démoniaques et religieux, moins vivants et pourtant beaucoup plus dangereux. Que vous y croyez ou non, vous ne pouvez rester insensible en tournant les pages de ce comic-book et je vais vous expliquer pourquoi.

ROBERT KIRKMAN EST DE RETOUR...

Scénariste le plus rentable dans le monde des comics, Robert Kirkman est considéré comme un maître de cet univers. C'est en effet en 2000 que l'auteur se lance dans ce monde accompagné de Tomy Moore (dessinateur et ami d'enfance) avec Battle Pope (parodie de comics de super-héros). Si cette histoire n'obtient pas un grand succès, son écriture est, elle, remarquée. Et c'est très rapidement qu'en 2002 avec Invincible, puis en 2003 avec The Walking Dead qu'il se fait une place dans le cœur des fans de comics en étant récompensé en 2010 avec sa série de zombies qui est l'un des romans graphiques le plus vendus aux USA.

Très proche de la maison d'édition Image Comics, il en devient même partenaire en juillet 2008, mais Kirkman n'hésite cependant pas d'aller voir chez la concurrence avec, par exemple, Marvel Zombie qui, comme son nom l'indique, est publié chez Marvel en 2005. Si aujourd'hui il pourrait se contenter de compter ses droits d'auteurs, Robert Kirkman reste un auteur très prolifique. Si certaines critiques décrivent ses travaux comme « trop mainstream » ou encore « inégaux », on peut cependant lui reconnaître une imagination, certes très cruelle, mais plus que débordante. Et encore une fois Kirkman a beaucoup de choses à nous raconter puisqu'il est de retour avec une série : Outcast, qui revient au source de l'horreur : la possession et l'exorcisme.

… AVEC OUTCAST, UNE NOUVELLE SERIE EFFRAYANTE…

« Kyle Barnes est touché par une malédiction depuis sa plus tendre enfance. Il est persuadé d'être possédé par un démon qui s'attaque à tous ses proches. Devenu adulte, il veut absolument trouver les réponses à sa damnation, et surtout s'en débarrasser … Mais ce qu'il découvre alors pourrait bien être à l'origine de la fin de toute vie sur Terre … Kyle Barnes est-il vraiment l'instrument de l’apocalypse ? »

Qui de mieux que son auteur pour nous parler de sa nouvelle série ? À la fin du comics, l'édition française (Delcourt) a publié une lettre de remerciement de Robert Kirkman expliquant le but, l'histoire et compare son dernier né avec son autre gros titre : The Walking Dead. Il explique que l'on ne se trouve cette fois pas dans un monde apocalyptique, un futur détruit, mais qu'au contraire tout se passe aujourd'hui, dans notre monde et c'est cela, qui rend cette histoire aussi effrayante. Et l'effrayant, on le ressent dès les premières pages. L'atmosphère est pesante, lugubre et les dessins de Paul Azaceta représente des décors sombres et froids.

Ce jeune artiste américain avait à ses débuts commencé pour Marvel, mais a travaillé sur des petites histoires avec peu d'importance sur l'Univers de base (on le retrouve sur des personnages comme Spider-Man, Punisher ou encore Conan). Il préfère donc se tourner vers la maison d'édition Image espérant obtenir un projet à long terme. Passionné par le genre « horrifique », il n'hésite alors pas lorsque Robert Kirkman lui propose de travailler avec lui sur le projet Outcast. Il pourra ainsi se poser et laisser libre court à son style. Et cela est une réussite ! On ne voit quasiment aucune différence entre les scènes se déroulant la journée et les autres de nuit, rendant l'atmosphère très pesante. Il nous donne des frissons et on s'inquiète de ce qu'on va découvrir en tournant les pages.

Les personnages sont aussi superbement représentés, on peut citer le révérend Anderson (partenaire dans les séances d'exorcisme de Kyle Barnes) mis en scène dans des soirées pokers, cigarette à la main, qui comme les autres personnages n'a pas besoin de dialogues pour qu'on comprenne et ressente ses émotions. Azaceta est en parfaite union avec son collègue auteur et donne vie avec réalisme aux sombres fantasmes de ce dernier (je vous invite d'ailleurs à lire l'interview qu'il a accordée cette année au FIBD d'Angoulême pour en apprendre un peu plus sur ce jeune dessinateur très prometteur). Pour revenir à la plume de Kirkman, on retrouve le thème de l'exorcisme et de la possession remis au goût du jour et est très prenant. On ne peut pas rester insensible devant certaines scènes, appuyées par des dialogues et des personnages complexes et torturés, dont un ressort plus particulièrement.

OU KYLES BARNES EST UN HEROS TORTURÉ

On retrouve la même construction que sur ses autres séries : Kirkman se focalise sur très peu de personnages et se concentre plus particulièrement sur un être à qui, il a fait et fait encore subir des épreuves insupportables dans le but de le faire sortir du lot. Ce personnage c'est Kyle Barnes, un héros traumatisé, torturé et très complexe. Très vite on veut le comparer à Rick Grimes (Walking Dead), mais tout aussi vite on les différencie. Au départ Kyle apparaît comme un lâche, on le voit abandonner, renoncer, se cacher face aux épreuves que lui impose son auteur. Et pourtant, au final se sont ces mêmes épreuves qui vont révéler notre héros et le construire pour lui donner un pouvoir hors norme : un « pouvoir » pour l'exorcisme.

Ce pouvoir est-il un don ? Ou plutôt une malédiction ? Si Kyle pense qu'il s’agit d'un mal qui détruit les personnes qu'il aime et l'entoure, il lui offre la possibilité de se confronter aux démons qui l'ont fait souffrir pendant toute son enfance et ont continué encore et encore pendant sa vie d'adulte, l'obligeant à faire des choses et des choix horribles. On se demande comment notre homme peut encore continuer à se battre pour avoir la vie sauve et si on le compare encore une fois avec Rick Grimes, on se dit que ses démons à lui sont bien pires que des zombies sans cervelle...

Et comme pour Walking Dead, tout ça va sortir des pages du comics pour prendre vie sur notre petit écran. Dans tout les cas, on ne peut rester insensible face à tout ce qu'endure ce personnage. Kirkman ne l'épargne pas, et nous nous sentons simplement impuissant. Surtout quand on comprend que le personnage vit tout ça dans notre monde actuel, et que peut-être cet homme existe …

UNE ADAPTATION QUI REPOSE SUR LE SUCCES DE SON AUTEUR ?

Avant même que le premier numéro de ce comics ne soit publié, le groupe HBO (chaîne concurrente de AMC qui diffuse Walking Dead) a signé un contrat avec Robert Kirkman pour sa nouvelle série. Le premier épisode a été diffusé le 4 juin, et ce dernier a reçu un très bon accueil et des bonnes critiques qui ont continué tout au long de la diffusion de la saison une qui compte 10 épisodes. Ce qui est tout à fait compréhensible, déjà grâce aux acteurs choisis pour interpréter les deux personnages principaux, Patrick Fugit dans le rôle de Kyle Barnes et Philip Glenister dans la peau du Révérend Anderson, qui collent parfaitement à l'image qu'on se faisait de ces héros dans les comics. Mais on peut aussi féliciter la réalisation, qui a su reprendre avec brio l'univers effrayant et très « envoûtant » qui m'avait séduit d'entrée dans la série. L’histoire quand à elle colle au départ aux comics, mais par la suite s'écarte un peu de ce que l'on a pu lire, prenant de très bonnes initiatives pour rendre sa série plus rythmée et accrocheuse.

On peut vraiment dire que la chaîne a eu le nez creux (elle a réservé la série depuis 2011) car aujourd'hui, le style horrifique est très à la mode sur petit écran (Penny Dreadful, American Horror Story, Ash vs Evil Dead, etc.) et s'est beaucoup démocratisé. Maintenant, les chaînes n'ont plus peur de présenter des épisodes avec des interdictions supérieures à « -12 ans » car elles savent qu'elles ont un public pour ce genre-là. Et comme nous le dit Kirkman, il a été agréablement surpris de voir que les commandes du premier numéro de Outcast aient été supérieures aux ventes du dernier tome de The Walking Dead.

Comment expliquer ce succès ? Car Kirkman a signé le comics ? Ou alors serait-ce que les possessions démoniaques sont ancrées dans notre réalité, que ce soit par toutes les adaptions cinématographiques qu'on retrouve chaque année ou par certains faits divers inexpliqués parlant de « possession » et rendant le thème de l'exorcisme si réel et à la mode ? Je pense que Outcast doit son succès à ces deux choses. Oui, sûrement que 50% des ventes reposent sur les fans de l'auteur, mais il y a beaucoup de chance pour que les 50% restants soient des fans de ce genre. Et à l'arrivée, tout le monde a dû être satisfait. Les deux artistes de la série ont su faire des recherches pour appuyer leur travail dans ce genre-là et le résultat est qu'Outcast est une grande réussite.

Outcast nous captive, nous envoûte et permet de prouver que Robert Kirkman peut encore nous surprendre, se renouveler et qu'il n'en a pas encore finit avec le succès. La série permet aussi de révéler un très jeune artiste, Paul Azaceta, qui pour moi a un talent certain, et se voit déjà propulsé sur petit écran. Et il est certain que l'on n'a pas fini d'entendre parler de possession et exorcisme.

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