Débutée en 1997, la saga Harry Potter semblait avoir pris fin en 2011 à la sortie du dernier film. Personne n'y croyait et l'année 2016 marque le retour en force d'un univers bien plus profond que celui qu'on connaît.
C'était un secret de polichinelle : la Warner, studio derrière les films Harry Potter, n'allait pas laisser le filon se tarir. Si J.K. Rowling, auteur des romans, avait décidé de tourner la page pour passer à d'autres aventures, la firme d'Hollywood ne pouvait mettre de côté une telle manne financière. Toute l'industrie attendait, avant même la sortie du dernier film, l'annonce d'un nouveau projet. Mieux, le public était réceptif, comme toute personne en manque d'amour, prête à prendre tous les risques pour obtenir ce qu'elle désire tant.
Avant de se plonger dans cette nouvelle aventure magique, il est bon de revenir rapidement sur ce qu'était le phénomène Harry Potter. Éclipsé depuis quelques années au cinéma par la folie super-héros ou le retour de Star Wars, cette saga a profondément marqué les années 2000 de son empreinte et s'est imposée comme une licence globale sur-occupant l'espace médiatique à chaque nouvelle sortie.
Un succès phénoménal
Je vais la faire courte, car vous connaissez certainement déjà tous ces chiffres. 7 romans, plus de 450 millions de copies vendues dans environ 70 langues, cela vous pose une franchise. Le succès a été progressif, chaque média se nourrissant de l'autre pour faire croître son public. Si tous les lecteurs se sont transformés en spectateurs, chose habituelle pour une adaptation populaire, dans le cas de Harry Potter, de nombreux fans convertis par les premiers films se sont mis à lire les romans, ne pouvant attendre la sortie du prochain opus au cinéma.
À sa sortie, le premier tome se vend bien et bénéficie d'un bouche à oreille, majoritairement scolaire, qui rabat de plus en plus de jeunes lecteurs. Phénomène inédit à l'époque, la saga séduit également leurs parents. Généralement, c'est l'adulte qui est prescripteur et propose à sa progéniture une lecture. Dans le cas de Harry Potter, la relation est inversée et le parent y trouve son compte. Si la lecture des romans est rapide, grâce à un style simple et efficace, elle offre aussi plus de détails et plonge le lecteur dans un monde merveilleux et sombre.
C'est avec la sortie du 4ème roman que le marketing s'empare de la saga et la propulse dans une toute autre dimension. La Warner prépare alors le premier film, qui sortira en 2001, et cherche déjà à élargir la base de fans. La folie médiatique conquiert le monde, avec les journaux télévisés, émissions et magazines qui présentent aux familles ce phénomène d'édition en passe de faire ses débuts au cinéma. L'univers parle à tout le monde et les films vont cartonner.
Aujourd'hui, le dernier film est classé 8ème de l'Histoire en terme de recettes mondiales au cinéma. La saga Harry Potter a rapporté plus 7,7 milliards de dollars dans les cinémas du monde, sans compter les sorties en DVD, les diffusions télévisées et la myriade de produits dérivés, des déguisements aux jeux vidéos. C'est l'époque de l'explosion des téléphones portables, donc des sms et des réseaux sociaux, ce qui facilite la propagation des modes auprès des jeunes. Celle de Harry Potter atteint des proportions inouïes, faisant de son auteur une milliardaire décorée par la Reine d’Angleterre. Jolie succès pour une jeune mère divorcée vivant dans une situation précaire à la sortie de son premier roman.
Toujours en vie
En 2011, la fin de la saga au cinéma est saluée comme il se doit par ses millions de fans. La tristesse se mêle à la joie d'avoir atteint la fin de la route, un sentiment pas toujours partagé par les lecteurs (coucou Game of Thrones). JK Rowling ayant décidé de ne pas écrire de suite, les fans vont tant bien que mal assouvir leur passion.
Les entreprises vont ainsi tout faire pour préserver la flamme de la passion autour de cet univers. Un site web officiel gère la communauté qui produit encore aujourd'hui de nombreuses fan-fictions, dessins et multiples contenus non officiels. Il y a des regroupements dans la vie réelle, le meilleur exemple étant la fédération de Quidditch, chose un peu ridicule je trouve vu qu'il est impossible de recréer les sensations de ce sport…
Fort heureusement, Rowling n'abandonne pas ses lecteurs. Elle distille quelques nouvelles sur le site et, miracle, relance l'aventure en écrivant une pièce de théâtre. Au départ, l'artiste est claire : c'est juste une histoire, qui se déroule en plus 20 ans plus tard. L'univers tourne encore autour de Harry et son entourage, mais on perd le rythme de l'année scolaire pour se concentrer sur une intrigue assez sombre, avec des relations familiales différentes.
Cependant, rares sont ceux qui peuvent assister à cette pièce, que ce soit les habitants de Londres (et du pays) ou tout simplement les millions de fans à travers le monde. L'éditeur des romans propose donc de publier le texte joué sur les planches. C'est rapide, simple et ça va rapporter beaucoup d'argent. Malheureusement, de nombreux fans négligents ou mal informés s'attendent à une réécriture du texte par l'auteur, ce qui n'est pas le cas et ce qui n'est pas plus mal, de grands récits du passé sont connus sous ce format.
Avec cette sortie à l'été 2016, on a l'impression que la folie Harry Potter reprend du service, ce n'est pas vraiment le cas, le souffle étant clairement moins fort qu'à l'époque des films. De toute façon, cette nouvelle aventure du sorcier à lunettes n'est plus la priorité de la licence. En effet, un nouveau héros va reprendre le flambeau.
Le retour au cinéma
La pièce n'est qu'un projet artistique, qui va rapporter de l'argent à tout le monde mais ne fait que rallonger un peu l'histoire du héros de la saga. C'est une impasse créative car l'auteur ne semble pas vouloir, pour l'instant, trop tricoter autour de ses personnages. Avec une pièce et non un film, elle a pu contrôler l'intrigue et le jeu des acteurs. La Warner doit donc avancer ses propres pions. Comme prévu depuis des années, un nouveau film va relancer l'univers Harry Potter.
Deux pistes s'offrent au studio : un remake de la saga ou une histoire inédite, chose plus excitante. Dans le premier cas, ce n'est pas compliqué à produire et malgré les critiques, cela rapporterait beaucoup comme l'ont prouvé de nombreuses licences, super-héros en tête. Cependant, la Warner peut la jouer intelligemment en proposant quelque chose d'inédit qui serait aussi plus sous son contrôle. L'adaptation en deux parties du dernier roman Harry Potter avait divisé la communauté des fans.
Cette fois, le studio adapte un livre sans rapport direct avec la saga : Fantastic Beasts and Where to Find Them. Assez court, il a été publié par Rowling en 2001. C'est un spin-off qui se veut être une reproduction d'un livre éducatif existant dans l'univers Harry Potter. Il catalogue les monstres existants dans ce monde magique et, chose assez fun, la version publiée appartient aux héros des romans, avec leurs gribouillages et notes de bas de page.
Le nouveau film, qui reprend le même nom et se nomme en France Les Animaux Fantastiques, s'intéresse à l'auteur de ce livre , un certain Newton Scamander, qui a publié l'ouvrage sous le pseudo Norbert Dragonneau. Inconnu du public, mais aussi des lecteurs des romans Harry Potter, ce sorcier va offrir aux fans, mais aussi à la nouvelle génération pour qui cet univers existe depuis leur naissance, une toute nouvelle aventure. Habitué à traverser le monde à la recherche de créatures, il va vivre une expérience fantastique à New York.
Un projet ambitieux
Dès 2013, l'annonce de « l'adaptation » est faite par Rowling elle-même, démontrant son implication dans le projet. Elle va scénariser ce film et compte bien surveiller que tout se passe selon sa vision des choses. En effet, en 2003, elle insinuait dans une interview qu'elle n'était pas satisfaite par l'exploitation de la licence. Est-ce pour cela qu'elle a tout stoppé à la sortie du dernier roman ?
Rowling n'a pas scénarisé les films Harry Potter, mais elle a travaillé sur les deux derniers, comme si ses rapports avec les producteurs s'étaient améliorés. La présence du réalisateur David Yates y est sûrement pour beaucoup, lui qui a fait des quatre derniers films des œuvres plus sombres, plus exigeantes, probablement plus en accord avec la vision de l'auteur.
Si on regarde bien l'équipe créative du film Les Animaux Fantastiques, on retrouve les personnes clés du succès de la première saga. David Yates donc, mais aussi Steve Kloves, qui a scénarisé 7 des 8 films, et David Hayeman, le producteur attitré. Notons aussi le retour de l'équipe chargée des effets spéciaux. Avec l'implication de Rowling, la licence est entre de bonnes mains, surtout que le casting annoncé est alléchant.
Le bal des acteurs
Le héros est incarné par Eddie Redmayne (Les Piliers de la Terre, Une Merveilleuse Histoire du Temps, The Danish Girl et bien sûr Jupiter Legacy). Un acteur oscarisé, ce qui change des enfants de la saga Harry Potter. Surtout que le reste du casting est du même acabit. Colin Farrell a ses détracteurs (Alexandre, Minority Report, Bons baisers de Bruges, True Detective Saison 2) mais il est capable de sortir d'excellentes performances.
Ron Perlman (Hellboy, Alien 4), Jon Voigt (Heat, Mission Impossible), Samantha Morton (John Carter et Cosmopolis), Ezra Miller (le prochain Flash) et bien d'autres, il y a de tout dans ce casting qui, ne l'oublions pas, va évoluer au fil des épisodes. Quand on sait que Johnny Depp a été annoncé pour le second opus, l'ambition est de mise. Notons que les personnages secondaires entourant le héros sont portés par des acteurs relativement inconnus, probablement pour laisser le focus sur Redmayne.
Une saga qui promet
Ce qui était au départ attendu comme un seul film est rapidement devenu une trilogie. Mieux, cet automne, Rowling a révélé que ce n'était pas moins de cinq films qui allaient être produits pour cette nouvelle saga. Autant dire que ce premier opus n'est qu'une introduction, une relance de la fabrique à sorciers, pour faire de nouveau rêver les fans. Attention, un livre va sortir, mais ce ne sera que la retranscription du scénario. Le marketing est plutôt sage pour l'instant, avec très peu de produits dérivés, le studio attendant sûrement la sortie pour que le public se prenne d'affection pour ces nouveaux personnages.
En effet, tout est à faire avec Les Animaux Fantastiques. Déjà, la dynamique est différente avec de nouveaux acteurs plus âgés. Fini aussi le rythme annuel lié au retour à l'école. Les héros vont pouvoir voyager à travers ce monde magique, à une autre époque qui plus est, bien plus dangereuse. Du côté des moldus, on sort de la Première Guerre Mondiale et se dirige vers la Grande Dépression.
Ah oui, au fait, l'histoire est aux USA, soit une toute nouvelle société de magiciens, l’Europe étant au cœur de l'histoire de Harry Potter. Autre époque, autre région du monde, et autres dangers. Ce sera un ton bien différent, avec une nouvelle ambiance qui doit faire oublier la précédente, même si rien n'empêchera les fans de rechercher le moindre lien possible avec les Harry Potter...
Harry Potter a fait son temps. Son aventure n'est plus d'actualité, la pièce de théâtre s'intéressant en priorité à la nouvelle génération et aux relations père-fils. C'est donc l'heure pour un nouveau héros de hanter nos rêves magiques. Place à Newton Scamander, qui a la lourde tâche de conquérir le monde pour que la Warner déverse de nouveau sa myriade de produits dérivés sur le marché.
Sora
Le 15 novembre 2016 à 17:31Je t'attendais au tournant
Sora
Le 15 novembre 2016 à 18:10(L'autre partie du message est pas partie)... Mais c'est un bon article. Faut juste préciser que si, les lecteurs connaissent Dragonneau puisqu'il est l'auteur des manuels des Animaux Fantastiques que Harry et ses camarades possèdent à l'école. De plus Dumbledore et Grindelwald devraient être liés à l'intrigue...
Farid
Le 15 novembre 2016 à 21:46C'est ce que j'explique quand je présente le héros ;) J'espère vraiment qu'on verra ces deux personnages, mais il faut d'abord bien établir les nouveaux. Il y a moyen, avec 5 films et vu le point de départ, de couvrir une époque bien sombre chez les Moldus et donc pourquoi pas aussi chez les sorciers