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Kanon : crescendo en la majeur

Si l'animation japonaise crée parfois des animés épiques et à la démesure absurde, certains succès sont des histoires plus intimistes. Voyons ceci avec Kanon.  

Pour évoquer Kanon, il faut parler avant tout de deux studios qui ont contribué à sa création : le studio de jeux Key et Kyoto animation. Key est à l'origine un studio de visual novel créé en 1997 à Osaka. Voulant changer la forme classique de l'Eroge, il se lancera comme défi de développer des jeux moins tournés sur l'érotisme et mettant plus en avant le côté scénaristique de ce type d'œuvres. Au fil des années, le studio obtiendra une certaine renommée dans le milieu et plusieurs de ces titres seront adaptés en animés.

Des larmes au milieu des jeux pour adultes

Et justement, le premier de leurs jeux n'est autre que Kanon, œuvre écrite par un certaine Jun Maeda qui sera connu plus tard pour Clannad ou encore Charlotte, et produit deux fois pour le petit écran en 2002 par le studio Toei Animation (adaptation en 12 épisodes qui se fera très vite oublier notamment à cause de sa courte durée et la qualité discutable de ses dessins) et finalement en 2006 par le studio Kyoto animation. Kanon se fera remarqué principalement car il est l’un des fers de lance d’un nouveau genre de visual novel appelé le Nakige, titre donné au visual novel qui ont fait passer en premier plan le scénario avant le contenu érotique. Car, à l’époque de sa sortie, le monde du visual novel change, il n’est plus question d’offrir un jeu érotique mais bien une nouvelle forme de raconter une histoire intéressante. Dans ce domaine, Kanon a été le premier pas : bien qu’il contienne encore des scènes à caractère sexuelle, il met plus en avant son histoire (ces scènes seront supprimés dans les versions sur consoles et dans les rééditions d’ailleurs). Sans kanon, peut être que le visual novel n’aurait jamais bougé.

Ce jeu sera produit deux fois pour le petit écran en 2002 par le studio Toei Animation (adaptation en 12 épisodes qui se fera très vite oublier notamment à cause de sa courte durée et la qualité discutable de ses dessins) et finalement en 2006 par le studio Kyoto animation. Ce studio créé en 1985 faisait principalement de la sous-traitance avant 2003 ou il produira son premier animé, Mundo, avant d'exploser en 2006 avec deux animés : La mélancolie de Suzumiya Haruhi, Véritable OVNI en matière d'histoire et Kanon qui démontrera le talent de ses animateurs. Vous l'aurez compris, Kanon est une œuvre importante et charnière dans l'histoire de deux grands acteurs du divertissement, que ce soit du jeu vidéo ou de l'animation.

Les détails sous la neige

Kanon raconte l'histoire de Yûichi Aizawa. Étudiant normal à priori, celui-ci vient pour continuer ses études dans la ville (non nommée) où vivent sa tante Akito et sa cousine Nayuki. Alors qu'il vit sa vie, il va rencontrer plusieurs filles avec lesquelles il semble avoir lien créé lors d'une de ces visites qui remonte à il y a plus de 7 ans. Si certaines de ces histoires sont simples, d'autres sont plus complexes et même semblent dépasser la réalité tel qu'on la connaît.

Soyons clairs : aujourd'hui, Kanon peut sembler être assez banal et quelconque dans sa réalisation au vu des standards de qualité que s'imposent les studios d'animation aujourd'hui. Mais en 2006, c'était le haut du panier en termes d'animation. Certes, la représentation physique des personnages ne plaisait pas à tout le monde avec leurs très grands yeux (qui rappelaient pas mal les shôjos un peu clichés). Mais pour le reste, la ville dans laquelle évoluent les personnages était sublime, remplie de détails et d'effets de lumière qui forçaient le respect.

De plus, Kyoto animation avait introduit de petits détails inédits à l'époque : finis les personnages en arrière plan qui n'étaient que des silhouettes et qui se ressemblaient tous, chaque figurant dans Kanon bougeait, s'animait et faisait même souvent des actions complètes comme acheter quelque chose sur un stand, recevoir l'objet, et payer (ça n'a l'air de rien mais en 2006, c'était nouveau et novateur). En outre, il y avait également un certain soin apporté aux détails sur les personnages. À l'exception de l'uniforme scolaire et de leur manteau, les personnages ne portent que très rarement deux fois la même tenue et semblent vraiment être vivants et non "des personnages d'animés". Certains pourront dire que j'exagère mais clairement, cet animé a été une véritable claque en terme d'animation (il a d'ailleurs lancé la réputation du studio qui est devenu alors une sorte de mètre-étalon en la matière). Avec d’autres animés du même genre, on pourrait presque dire qu’il a fait partie d’une petite révolution en matière d’animation.

Conte hivernal  

Le scénario dans Kanon se veut assez particulier : l’histoire est divisée en plusieurs parties, chacune s’attardant sur un personnage en particulier. Si elle ne forme pas réellement un tout homogène (après son histoire, le protagoniste au centre de l’intrigue “disparaît” pour ne plus revenir ou presque), on prend un certain plaisir à parcourir chaque histoire et à découvrir les enjeux et les mystères à chaque fois. L'anime reprends ce qui fait d’ailleurs la force du jeu : Des personnages attachants avec des personnalités et des designs bien particuliers en plus de situations qui virent tantôt aux larmes et tantôt au drame.

Certes, il faudra entrer dans la formule qu’emploie Kanon pour raconter son histoire, à savoir un mélange de fantaisie digne d’un conte (où la magie et le surnaturel existent sans explications et ne semblent pourtant jamais vraiment surprendre personne), un mystère assez étrange et obscur, un humour très drôle basé sur la personnalité des personnages (notamment Yûichi) et des ruptures de ton assez secs (on passe très facilement du rire aux larmes d’une moitié d’épisode à une autre).

Le héros qui ne se laisse pas faire

Pour parler des personnages, il est bon de noter une grande différence avec certains stéréotypes notamment celui dont on suivra les aventures, Yûichi Aizawa. Ça n’a l’air de rien mais on a droit ici à un héros différent des clichés habituels : au lieu de bêtement protéger les héroïnes et de se laisser mener par le bout du nez par celles-ci, il s’amuse de très nombreuses fois à les faire tourner en bourrique pour le plus grand plaisir du spectateur qui ne se lassera pas de son inventivité.

Pour autant, il agit aussi dans l'intérêt de ses amies et cherchera malgré tout à les protéger. Les héroïnes sont, quant à elles, plutôt variées, attachantes et on finira toujours par apprécier l’une ou l’autre. Note d’ailleurs : aucune scène ecchi (cochonne) ou même de fan service ne pointe le bout de son nez dans cet animé.

Kanon est sûrement un animé qui accuse son âge. Et pourtant, il a été un excellent succès et une petite perle qui mérite qu’on s’y attarde malgré tout. Avec ses très beaux dessins, ses superbes musiques ou encore son scénario étrange mais attachant, Kanon séduira encore aujourd’hui les fans d’animations japonaises.

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