Les Japonais aiment la France et en détournent souvent les personnages, les oeuvres littéraires et autres. Arsène Lupin ne fait pas exception.
Lupin III est un manga très populaire sorti au Japon en 1967. Je dirais même plus, c’est une oeuvre devenue carrément culte chez nos amis nippons car on le retrouve autant en romans, jeux vidéo, en pubs qu’en jeux de pachinko et j'en passe. Elle a été créée par le mangaka Kazuhiko Katô, alias Monkey Punch dont c’est l’oeuvre phare. En effet, il l’a remaniée à toutes les sauces.
On y découvre le petit fils d’Arsène Lupin qui a appris toutes les techniques de son grand-père au travers d’un carnet laissé après sa mort. Monkey Punch voulait au début dessiner les aventures du Gentleman Cambrioleur mais son éditeur trouvait ça trop planplan et convenu. C’est donc le petit fils qui a pris le flambeau.
Et comme d’habitude, vu que le manga a eu beaucoup de succès, il y a eu fatalement des adaptations animées. La première série, qui a été diffusée entre 1971 et 1972, a d’ailleurs été créée par Hayao Miyazaki et Isao Takahata, ces noms ont de quoi allécher quand même, non ? On va étudier ça de plus près ?
Une avalanche d’animes
Cette série a été et est toujours tellement populaire qu’il y a eu pas moins de 5 séries animées. D’ailleurs, on sait quelle saison on regarde en fonction de la couleur de sa veste : bleue, rose, verte ou encore rouge. Certes, on peut aussi faire la différence en fonction de la qualité de l’animation et du grain de l’image, mais ça aide.
Il y également la bagatelle de 25 téléfilms, 10 films (dont un de Hayao Miyazaki) et 6 séries d’OAV créées pour mettre en scène notre cambrioleur. Je ne citerai pas les films live de plus ou moins bonne qualité qui ont été produits, ça me mettrait hors sujet et franchement, ça n’a pas l’air de casser 3 pattes à un canard unijambiste, enfin bref...
Personnellement la vue de cette profusion me donne un peu le tournis, pas vous ? Bon, il faut vous prévenir que toutes ces productions ne sont pas égales et qu’il y a à boire et à manger dans le lot. Certaines sont plus alimentaires que qualitatives...
Lupin anti-héros en puissance
Si notre protagoniste est un cambrioleur capable de fuir n’importe quelle prison et de se déguiser à la perfection, il est aussi un anti-héros. On est loin du parangon de vertu et d’honneur qui sauve la veuve et l’orphelin à tous les coups.
En effet, déjà c’est un voleur et un escroc parfois sans foi ni loi qui n’hésite pas à supprimer ses ennemis s’ils se dressent sur son chemin. Il n’est pas du genre à s’embarrasser de scrupules inutiles.
Ensuite, son allure de grand escogriffe dégingandé, sa face simiesque, sa voix nasillarde, ses mains poilues ainsi que son caractère loufoque et pervers n’en font pas l’homme puissant et invincible auquel on rêve de s’identifier habituellement. Voyez le saut périlleux acrobatique olympique en literie avec déshabillage instantané qu’il effectue parfois...
L’humour potache, qui est un des points forts de la série et est assez omniprésent, contribue aussi à cette impression. Les gags s’enchaînent pour notre plus grand plaisir (ou pas, ça dépend des crus) avec un Lupin toujours espiègle et porté sur la chose.
Les personnages récurrents
Lupin III n’est pas seul pour mettre en place ses cambriolages et autres arnaques. Il a toujours avec lui 3 compères qui le suivent partout. Un quatrième larron vient se greffer à l’équation mais plutôt de l’autre côté de la balance.
Daisuke Jigen est une fine gâchette, a toujours la clope au bec, la barbichette fièrement pointée vers le ciel et le chapeau profondément enfoncé sur les yeux. Il est le compagnon le plus fidèle de Lupin. Toujours de son côté, il répond présent à tous les coups pour l’aider.
Goemon Ishikawa XIII est un samouraï peu dissert, très habile avec son sabre et qui vous fend en deux tout ce qui le gêne, que ce soit inanimé ou vivant. Il est le descendant d’un grand voleur japonais du même nom. Il tente au début de supprimer notre héros mais fait petit à petit plus partie du groupe qu’il n’en est l’antagoniste.
Un autre personnage a beaucoup de succès, la chérie de Lupin : Fujiko Mine. Très sexy, toujours sur les coups fourrés de notre cambrioleur préféré et pas toujours fidèle à sa parole, elle n’hésite pas à tourner sa veste si cela peut s’avérer avantageux pour elle. Elle est aussi une icône au Japon (à tel point qu’elle avait son propre jeu de pachinko, sorte de flipper).
Nous avons enfin le grand antagoniste de Lupin, toujours là pour essayer de lui mettre des bâtons dans les roues. Zenigata est un inspecteur qui ne trouvera pas de repos tant qu’il ne mettra pas le voleur sous les verrous. L’homme se fait toujours tourner en ridicule d’ailleurs. Mais au fil des aventures, un certain respect s’installe entre eux.
Le sexy est à l’honneur
Avec le cambrioleur de ces dames, qui s’avère être aussi un incorrigible coureur de jupons, je me dois de préciser que les images sont assez souvent plutôt sexy (même si ça l’est moins que dans le manga, le passage à l’écran a eu tendance à édulcorer les choses).
En effet, les jupes bien courtes, les poitrines opulentes sont dans la place. D’ailleurs, notre Fujiko Mine, quelles que soient ses différentes apparitions et couleurs de cheveux, se retrouve toujours avec des tenues courtes ou moulantes à souhait et avec les deux obus (passez-moi l’expression, mais c’est vrai, vous le reconnaîtrez. Non, je ne suis pas jalouse, merci du cadeau) qui lui servent de seins. Ils sont généralement mis très en valeur par un décolleté pigeonnant qui a tendance à déconcentrer notre Lupin III. Notre cambrioleur est un séducteur invétéré mais il faut reconnaître qu’il retourne malgré tout toujours auprès de sa belle infidèle. Il faut bien pimenter une relation...
La Musique au service de la série
Je tiens à parler du compositeur, Yuji Ôno, car il suit le projet depuis 1977 et n’a été évincé que pour deux films, ce qui est assez remarquable car je peux vous dire que sur tous les films, anime, OAV que compte la licence, ça se compte sur les doigts d’une main.
Lupin est ultra connu au Japon et beaucoup de Nippons se retrouvent avec le sourire et vous donnent le nom de l’anime dès la musique d’ouverture rien qu’en entendant les 3 premières mesures du morceau. Et pour ceux qui ne reconnaîtraient pas directement, un beau Lupin The Third ! est très audible après ces mesures et ça vous aide à la reconnaître sans faute.
Dans toutes les séries, on retrouve une version légèrement différente de la précédente, mais on garde tous les accords bien reconnaissables. Elle conserve ainsi sa petite touche rétro que j’aime beaucoup personnellement. Vous pourrez y goûter dès que vous aurez fini de lire ces lignes.
Un casting fait pour durer
Eh oui, depuis les débuts de la série, les seiyûs (doubleurs japonais) n’ont guère changé car s’il y avait des changements, les fans s’en offusquaient et boudaient l’oeuvre. Gare à celui qui avait le malheur de vouloir mettre du sang neuf là dedans, ça ne marchait pas. Malheureusement, le doubleur officiel de Lupin III, Yasuo Yamada qui a aussi doublé Clint Eastwood pour les Japonais, s’est éteint en 1995 et il a fallu lui trouver un remplaçant. C’est Kanichi Kurita, un seiyû, mais aussi un imitateur… (Vous voyez l’astuce ?) qui lui a succédé. Difficile de reprendre le flambeau, mais il semblerait que le changement ne se soit pas trop mal passé. Et puis il faut dire que les fans n’avaient pas vraiment le choix...
Kiyoshi Kobayashi, qui a doublé un des méchants de Cobra en la personne de Crystal Bowie (et non Boy en version française), est Jigen. Makio Inoue, qui a aussi doublé Captain Harlock lors de la première saison, est la voix de Goemon. Fujiko, qui a été doublée dans la première série par Yukiko Nikaidô, a, depuis, la voix d’Eiko Masuyama, qui a été aussi la voix de Honey Kisaragi dans Cutey Honey, vous savez la cyborg sexy qui se transforme en combattante ! Et enfin, pour l’inspecteur Zenigata, c’est Gôro Naya qui s’y collait. Mais à cause d’un cancer de la gorge contracté par le seiyû, les apparitions du traqueur de Lupin se sont juste faites moins nombreuses jusqu’à son décès, au lieu de lui trouver un remplaçant.
Tous ces seiyûs ayant atteint des âges respectables, voire canoniques, (dans les 80 ans) ou s’étant éteints, ils ont été remplacés à partir de 2011, je vous épargne une nouvelle énumération. Mais saluons la constance des voix et le respect des choix des fans (en même temps, sans fans, pas d’argent...).
Une oeuvre passée inaperçue dans l’Hexagone
Au début des années 80, les dessins animés japonais commençaient à peine à arriver en France (ne parlons pas des mangas qui étaient inexistants) et ils faisaient des entrées assez timides. Nous avons pu voir la deuxième série des aventures de notre coureur de jupons et de coffres-forts en 1985 sur FR3 (l’ancêtre de France 3) et encore de manière tronquée puisque nous n’avons vu que 52 épisodes sur les 155 que comptait l’anime.
En outre, nous n’avons pas vu ces épisodes sous le nom de Lupin III, mais d’Edgar de la Cambriole. POurquoi ? Pour deux raisons : le Japonais avaient piqué le nom sans jamais rien payer en droits d’auteur, pas bien. Déjà, le fait d’avoir utilisé le nom sans permission faisait partir les choses du mauvais pied. En outre, les Ayants-droits de Maurice Leblanc (le papa d’Arsène Lupin) ont refusé que le nom soit utilisé pour un personnage qu’ils trouvaient vraiment peu classieux et très ridicule.
Le nom a cependant pu être utilisé au Japon car les lois sur les droits d’auteurs sont différentes au Pays du Soleil Levant, mais les ayants-droits de Maurice Leblanc ont obtenu l’interdiction de l’utilisation du nom Lupin au moins en France où notre héros sera donc rebaptisé Edgar de la Cambriole. Cependant, en Allemagne et aux États Unis, il s’appellera Wolf.
Depuis 2012, les droits d’auteurs sur le nom de Lupin ne sont plus applicables. C’est donc dorénavant parfaitement légal d’utiliser le nom de notre cambrioleur préféré. 5 épisodes ont cependant été faits et ils ont eu droit à une version DVD pour les fans acharnés, vu que l’histoire n’est pas terminée.
Un projet fut envisagé...
Malgré ce peu de visibilité chez nous, une oeuvre du nom de Lupin VIII (Arsène et Cie en français) a failli voir le jour en 1982. On y aurait suivi les péripéties des descendants de nos héros dans le futur avec des histoires dans l’espace. Des changements ont été opérés car ce dessin animé était destiné à un public jeune. Donc, Lupin n’était plus voleur, mais détective, était toujours accompagné de ses trois acolytes habituels dont le physique ne changeait pas d’un poil d’une génération à une autre. Il avait en plus pour mentor le descendant de Sherlock Holmes.
La Tokyo Movie Shinsha s’était associée à la société française DIC (Les mystérieuses Cités d’or, Ulysse 31...) dans l’idée de produire cette série sous la direction du réalisateur Rintarô (Metropolis, Les Moomins…). Mais un petit problème allait enrayer le processus...
Car suite à ces fameux soucis de droits d’auteur qui posaient problème pour la diffusion en France, la série a tout bonnement été annulée chez nous. Elle aurait dû être diffusée au Japon en 8 épisodes, mais finalement ça ne se fit pas et la série devint un mythe. Elle fut intégrée en 2012 à un ensemble DVD nommé Lupin III Master File rempli d’infos, d’interviews des auteurs, du staff, des doubleurs etc. On y découvrait également le pilote et les épisodes, ainsi que des commentaires dessus.
L’Italie adore Lupin III
Si Lupin III est passé assez inaperçu dans nos frontières, il n’en est pas de même pour l’Italie, qui était à l’époque bien plus friande d’animation japonaise que nous. Là bas, tout le monde connaît le cambrioleur séducteur et les films passent tous au cinéma, contrairement à chez nous ou ils sont plutôt distribués directement pour l’usage privé. Le manga semble également être très populaire et avoir ses fans inconditionnels. À tel point d’ailleurs que des auteurs italiens se sont essayés à des bd sur notre cambrioleur Franco-japonais, c’est dire.
Pour rajouter à cet engouement des Italiens, il faut préciser qu’en 2015, une nouvelle série nommée L’Aventure italienne, qui a été diffusée d’abord en exclusivité en Italie, excusez-moi du peu, puis au Japon, a fait le plaisir de nos voisins latins. Vous pouvez donc vous rendre compte à quel point c’est populaire dans la Grande Botte ! Si vous souhaitez y jeter un oeil, l’anime a été diffusé chez nous grâce à la plateforme Wakanim.
Quelques films et téléfilms intéressants
S’il y a eu beaucoup de films, tous ne sont pas excellents. Je m’en vais donc vous faire une petite sélection toute personnelle afin de vous guider dans vos choix.
Le Château de Cagliostro est sans doute le film le plus connu chez nous, pour la raison principale qu’il a été dirigé par le grand Hayao Miyazaki (Princesse Mononoke, Totoro) lui-même. Lupin dérobe des billets dans un casino qui se révèlent faux. En enquêtant, il atterrit au Château de Cagliostro où une princesse détiendrait la clé d’un trésor...
Dans le Complot du clan Fuma, nous retrouvons Goemon dans le rôle principal alors qu’il va se marier ! Mais des voleurs (un comble) dérobent un vase précieux appartenant à la famille de la mariée. Il faut donc s’empresser de le récupérer !
Dans Nusumareta Lupin, notre ami doit travailler pour le ravisseur de Fujiko afin de la sauver. Le seul souci est que le bijou en question porte malheur aux voleurs. Comment contrer la malédiction ?
Nous avons aussi Lupin vs conan The Movie. Eh oui, deux héros bien connus s’affrontent dans ce film : Lupin III contre le jeune Conan Edogawa, le personnage de Gôshô Aoyama, s’affrontent. Lupon est soupçonné d’avoir volé une pierre précieuse et Conan décide de mener son enquête afin de l’arrêter.
Si vous ne connaissez pas cette oeuvre cultissime au Japon et en Italie, vous devez absolument réparer cette lacune. Procurez-vous des DVD, allez sur les plateformes qui en diffusent des épisodes. Je vous le garantis, vous ne le regretterez pas.
maritza
Le 03 février 2017 à 19:06bravo tjs bien documenté dommage que pour le physique je ne le trouve pas trop top lol
bouya
Le 07 février 2017 à 00:46Une des série de mon enfance que j'aimais beaucoup, mais que peu de monde connait, en tout cas de ma génération et celles d'après... comme tu le dis si bien, cette série est assez peu connue en France, dommage, donc ton article est une très bonne initiative de le faire connaitre :) (et on parle de ce générique ? ♥)
Mayla
Le 08 février 2017 à 14:10Bouya, ah le générique français reste l'un de mes préférés XD Ce dessin animé est vraiment passé inaperçu, c'est sûr qu'il aurait mérité d'être un peu plus connu. Mais bon, c'est la vie :)