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Deadman Wonderland : un Disneyland horrifique

Quand des condamnés à mort sont jetés en pâture comme figurants d’attractions toutes plus sanglantes les unes que les autres…

Deadman Wonderland est un manga de Jinsei Kataoka et Kazuma Kondou, tous deux auteurs du manga Eureka Seven. La série a été publiée dans le Monthly Shônen Race de 2007 à 2013 et compilé en 12 volumes édités par Kana. En 2011, le manga est adapté en série animée de 12 épisodes licenciés par Dybex. Bien que le manga soit considéré comme un shônen au Japon, Kana l’a édité dans sa collection Dark Kana destinée à un public de jeunes adultes.

Le manga débute lorsque Ganta, 14 ans, est accusé d’avoir massacré toute sa classe. Incapable de s’expliquer, il est envoyé à Deadman Wonderland, une prison où les condamnés à mort jouent leur vie : ils sont tous les participants aux attractions morbides du parc du même nom. Le seul moyen de garantir leur survie est de réussir les épreuves mortelles qui pavent leur route. Désemparé, Ganta se lie d’amitié avec Shiro, une enfant étrange, et tous deux tentent de s’entraider dans un milieu où le moindre faux pas mène à une mort certaine.

S’amuser avec la vie des morts ?

Le postulat de base de la série est que, suite à un tremblement de terre à Tokyo, une prison privée fut créée, non seulement pour enfermer les criminels mais également pour servir d’attraction touristique pour la population. L’objectif pour la capitale est de récupérer des fonds pour la restauration de la ville grâce au parc d’attraction. On se demande comment la population peut accepter de telles atrocités : eh bien, elle n’est pas consciente que les participants aux attractions sont au coeur de réels jeux mortels.

En effet, les attractions sont diffusées à la télévision et présentées comme des spectacles grand public sans que ce dernier soit conscient que ce qui se passe à l’écran est réel et que des personnes meurent durant ces attractions morbides. Mais c’est ce qui fait la popularité de Deadman Wonderland qui possède sa mascotte et fonctionne, de loin, comme Disneyland. Sauf qu’à la place de la parade, c’est comme si les personnages Disney se mettraient à s’entretuer pour le plaisir.. Ambiance.

Combats à mort et pouvoirs de super héros

Revenons à Ganta, notre héros. Pleurnichard et peureux, il est aussi très naïf et ne se méfie absolument pas des autres pensionnaires de Deadman Wonderland. Autant dire qu’on a envie de lui coller quelques baffes pour lui faire comprendre à quel point il risque la mort rien qu’avec son comportement. Il doit d’ailleurs compter sur Shiro pour réussir diverses épreuves avant de découvrir son pouvoir : il a la capacité de manipuler son propre sang pour créer des armes dévastatrices. En effet chaque personnage possède un pouvoir et sont appelés des Deadmen.

Les combats du manga virent donc vite en affrontements meurtriers où les pouvoirs de chaque personnage sont au coeur des attractions. D’ailleurs, chacun d’entre eux possède un nom de code, utilisé durant les combats à mort, censés être simulés derrière un écran… Ganta devient le Pic-Vert, Senji Kiyomasa, d’abord rival puis ami de Ganta, le Corbeau et Nagi Kengamine, chef d’un groupe de rebelles au sein de Deadman Wonderland, le Hibou. Et on s’arrêtera là, pour ne pas vous gâcher le plaisir de découvrir les redoutables criminels de cette prison pas comme les autres.

Deadman Wonderland et ses règles

À leur arrivée à Deadman Wonderland, les prisonniers sont équipés d’un collier spécial qui leur injecte un poison dans les veines. Pour éviter de mourir, ils doivent utiliser des bonbons faisant office d’antidote. Mais pour récupérer bonbons, vêtements, nourriture, etc. ils doivent gagner des Cast Points, sorte de points de fidélité qu’ils obtiennent en remportant des combats ou en survivant à différentes compétitions.

En dehors des épreuves destinées à massacrer le plus de criminels possibles, le parc organise le Carnival Corpse où de riches personnes paient pour voir des criminels s’entretuer joyeusement. Les gagnants remportent d’ailleurs de grosses récompenses en Cast Points alors que les perdants obtiennent un lot de consolation…. en fait une roulette russe déterminant quelle partie de leur corps ils vont céder à la prison.

L’homme en rouge et la folie d’un homme

Le thème principal du manga est la folie, sous toutes ses formes. La folie, aussi bien dans la conception de Deadman Wonderland et de ses morts atroces que le public adore, que celle des criminels qui, pour survivre, n’hésitent pas à utiliser toutes les bassesses de l’humanité. Certaines scènes sont particulièrement difficiles, pas tant par leur violence visible mais plutôt dans leur contexte. L’univers ne laisse pas de place à l’espoir, notamment pour Ganta, notre jeune héros.

Cependant, en rencontrant de nouveaux rivaux et alliés potentiels, il va aller à la recherche de la vérité derrière le massacre de ses camarades et du fameux Homme en rouge responsable du carnage, ainsi que de ses pouvoirs. L’intrigue ne s'essouffle jamais tout au long des 12 tomes et il est difficile de parler plus du scénario sans vous dévoiler des pans entiers de ce dernier.

Deadman “Écran noir” Wonderland : l’anime de la honte

Le projet d’adapter Deadman Wonderland en anime se fait en 2011 alors que le manga est toujours en cours de publication. En France, la série animée bénéficie du simulcast gratuit de Dybex sur Dailymotion. Cependant, au Japon, la violence de la série passe mal avec une censure très marquée sur les passages les plus trash. Dès le premier épisode, le massacre de la classe de Ganta se déroule sous un fond noir où l’on entend simplement les hurlements du héros.

Et absolument tout l’anime subit une censure lourde où chaque passage gore se déroule sous un fond noir sans oublier quelques scènes où des fondus blancs/noirs et taches noires cachent les blessures des personnages. Honteux. Et si le manga ne fait pas dans la dentelle sur certaines scènes, on se demande bien l’intérêt de l’adapter en anime. D’autant plus que la version DVD/BR l’est aussi, seulement quelques passages furent allégés de la censure.

Une oeuvre complexe aux thématiques d’actualité

Au delà de son adaptation ratée, celle-ci véhicule paradoxalement un des grands thèmes du manga : la propagande et les artifices pour un public ignorant. Après tout, la censure est un outil destiné à cacher ce qui ne doit pas être vu pour un certain public. Merci le troll gratuit diront les défenseurs de la morale bien pensante mais Deadman Wonderland raconte aussi comment une propagande réussit à transformer des massacres en jeux auprès de la population et les circonstances d’une telle supercherie.

Les catastrophes sont, pour le grand public, des difficultés à gérer psychologiquement. Derrière le parc Deadman Wonderland, on trouve une représentation d’une cruauté sadique faisant oublier les horreurs vécues tout en assouvissant un plaisir malsain de voir des morts. Certes fictives pour le grand public mais il est intéressant de faire le lien avec la saga Hunger Games où l’on retrouve cette mise à mort réelle de personnes pour divertir le public.   

Deadman Wonderland est une oeuvre complexe, au scénario ficelé qui comblera les amateurs du genre. À découvrir d’urgence !

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