16 millions d’unités vendues en cinq jours, c’est le nouveau record absolu pour un jeu vidéo. Les records, la série GTA en a fait son crédo et le dernier opus, 5ème du nom mais 15ème de la saga si on compte tous les épisodes, ne déroge pas à la règle. Avec son budget de 200 millions de dollars, marketing compris, GTA fait figure de blockbuster, voire d’épouvantail pour le reste de l’industrie. Pour les concurrents du studio Rockstar Games, comment sortir un jeu vidéo à la rentrée quand tous les indicateurs montrent depuis des mois que les gamers n’auront plus le temps pour jouer à autre chose d’ici noël ? Analyse de la sortie événement de la rentrée.
Article originalement publié en septembre 2013 dans POP FIXION #0
GTA, c’est un principe simple lié au terme de « bac à sable » : vous jouez un voyou laissé à son propre sort au milieu d’une ville gigantesque. A vous de faire ce qu’il vous plaît : voler des voitures, tuer des innocents croisés dans la rue, braquer un commerce, utiliser les services d’une prostituée… Néanmoins, les mêmes activités peuvent être traitées sous un angle totalement différent : conduire librement en ville, combattre des voyous, trouver un travail, se divertir en faisant du sport…C’est le joueur qui décide quel code moral il va suivre. Vous stoppez un voleur dans la rue : allez-vous rendre l’argent à la victime ou tuer celle-ci et son agresseur pour le plaisir en les détroussant au passage ? A vous de voir, vous êtes libre de jouer comme vous voulez au fil des nombreuses rencontres que vous allez faire. Certaines sont scriptées au sein d’un scénario rocambolesque alors que d’autres sont totalement aléatoires. Ainsi, deux joueurs n’auront pas la même expérience de jeu. GTA, c’est aussi et surtout une relation sulfureuse entre les joueurs et les médias. La communication, millimétrée et progressive si on la compare aux autres blockbusters de l’industrie, éveille la curiosité de tous.
Symbole d’un divertissement total où l’imagination définit le comportement du consommateur, cette saga a toujours été pointée du doigt, non sans raison, pour sa violence exacerbée. L’effet est bien connu : plus on interdit, dénigre ou stigmatise une chose, plus l’intérêt est fort auprès des plus jeunes. La société aurait-elle peur de son propre reflet ? Au lieu de sortir dans la rue pour se défouler, votre manette vous attend pour assouvir vos plus basses pulsions. Toutefois, derrière l’efficacité diabolique de ses mécanismes de jeu favorisant l’anarchisme, GTA a su se muer au fil des épisodes pour devenir le digne héritier des grands films de mafieux. L’histoire, prépondérante, narre les aventures d’individus désespérés ne pouvant trouver le bonheur malgré leur réussite sociale. Tel Scarface, adulé pour les mauvaises raisons par une majorité du public qui n’y décèle pas la critique de l’esprit mafieux et la tristesse du sort de son héros, GTA offre un défouloir jouissif pour mieux dépeindre des individus certes hilarants mais qui cachent des vies bien tristes et peu enviables. Dans GTA, la violence ne paye pas, elle ne vous apporte que des problèmes supplémentaires. Le pire, c’est qu’aucune lecture supplémentaire n’est nécessaire pour comprendre l’ironie et on se doute que ceux qui crient au loup n’y ont pas joué. Ainsi, une scène de torture dans GTA 5, assez éprouvante pour le joueur de par son réalisme, est immédiatement critiquée par un des personnages. Encore faut-il y joueur pour avoir l’avis des développeurs sur la torture aux USA.
LE ROI DE LA COLLINE
Liberté totale et scénario de qualité, c’est un excellent cocktail mais cela ne suffit pas. Pourquoi les gamers attendent vraiment ce jeu comme des drogués depuis la sortie de GTA 4 en 2008 ? Depuis plus de 10 ans, une foule de concurrents potentiels ont été produits mais aucun n’a réellement su dépasser, voir tout simplement égaler GTA, la référence absolue en matière de bac à sable mafieux. On retiendra tout de même la série True Crime, devenue Sleeping Dogs, qui permet d’incarner un policier ; Saint Row, qui joue la carte de l’humour avec des activités complètements décalées et une gestion du gang poussée ; Mafia, qui s’intéresse à la première moitié du 20ème siècle et enfin, The Gateway qui déloca-lise l’action dans une Londres fidèlement retranscrite. Pourquoi ces jeux n’ont pas détrôné GTA ? C’est simple : l’immersion. Techniquement, GTA propose une myriade de détails nécessitants des années de travail minutieux par une équipe gigantesque (plus de 250 individus) pour donner vie à la ville qui nous sert de terrain de jeu. Quartiers de la ville disparates et vivants, radios avec des shows loufoques enregistrés pour l’occasion, émissions de télévision parodiques à visionner dans le jeu comme dans la vie réelle, multiples secrets cachés sur la carte, réactions crédibles des habitants de la ville à la moindre de nos actions, police qui s’améliore au fil des épisodes, présence d’un catalogue varié et plaisant de véhicules en tout genre (de la moto à l’avion de chasse) avec une conduite réaliste mais accessible, personnages hors-normes aux répliques surprenantes…
La barre est si haute que Rockstar construit chaque nouvel opus sur les fondations des précédents, alors que ses concurrents cherchent encore à reproduire la bonne formule. Le retard semble impossible à combler et cette évolution progressive trouve son apogée avec GTA 5, mix entre l’univers des GTA et les évolutions en termes de gameplay apportés par Red Dead Redemption et Max Payne 3, notamment au niveau des gunfights. Phénomène marketing et artistique, ce jeu est le messie tant attendu par les gamers. Cette attente peut donc sembler étouffante mais Rockstar aime surprendre son public.
3 NOUVEAU PERSONNAGES
GTA 5 présente les aventures de 3 nouveaux personnages aux caractères bien différents. Premier personnage jouable (après le prologue), Franklin, moins de 30 ans. Ce jeune voyou vit dans la banlieue pauvre de Los Santos. Dans la droite lignée du héros de GTA 3 San Andreas, CJ, Franklin est membre d’un des gangs de la ville. Avec son pote Lamar, ils volent des véhiculent vendus à crédits mais Franklin estime que ces arnaques ne valent pas le coup et qu’ils ont intérêt à quitter cette vie minable. Très bon pilote et assez malin, il va enfin trouver avec Michael un mentor digne de ce nom dans le milieu du banditisme. Ce dernier se considère comme un jeune retraité et nous fais penser à Tommy Vercetti, le héros de Vice City. Placé dans le programme de protection des témoins, ce célèbre braqueur de banque officiellement mort vie un enfer entre sa femme infidèle toujours insatisfaite, son fils fainéant devenu un nolife et sa fille prête à tout pour devenir célèbre. C’est dire si le retour de son ancien ami, Trevor, surement le plus grand cinglé de la franchise GTA, ne l’enchante pas. Trevor est un nid à emmerde, un fou furieux qui abat ses rivaux sur un coup de tête, même s’il faut les attaquer tout seul. Pilote réformé de l’Air Force qui rêvait de larguer la bombe nucléaire, Trevor a un code moral qui lui est propre. Le scénario du jeu va progressivement nous immerger dans la vie de chacun avec des missions à 3 mais aussi en solo. A vous de choisir, une fois les 3 personnages disponibles, dans quel ordre vous souhaitez découvrir les nombreuses missions, principales, secondaires et aléatoires.
REPOUSSER LES LIMITES
Avec GTA 5, Rockstar doit relever de nombreux défis. Le premier, c’est de mettre d’accord tout le monde sur la qualité de son nouvel opus. GTA 4 était un excellent jeu vidéo mais, après le chef d’œuvre que fut GTA 3 San Andreas, le 4ème épisode n’a pas su proposer un personnage et une aventure aussi marquante. Ce fut certes pour le développeur une avancée au niveau du moteur de jeu, du gameplay et de la scénarisation mais il manquait un supplément d’âme, ou l’effet de surprise. L’éditeur se devait de peaufiner sa copie et c’est avec les deux DLC au jeu qu’il va finalement totalement convaincre le public à l’époque, même si tout le monde n’y a pas joué. Au final, les fans ne peuvent s’empêcher de juger le 4ème opus dans son ensemble pour réellement l’inclure dans le débat sur le meilleur épisode de la série. Rockstar se devait donc de proposer un 5ème opus fédérateur dès sa sortie. Pour cela, une importante décision a dû être prise : attendre la nouvelle génération de consoles de salon, plus puissante, ce qui permet de repousser les mécanismes du jeu et le réalisme, ou rester sur la génération actuelle qui a vu la sortie de GTA 4, Red Dead et Max Payne 3, les trois jeux utilisés pour créer GTA 5. C’est la seconde solution qui a été choisie, pour deux raisons simples. Tout d’abord, le parc de consoles de current-gen (PS3 et X-Box 360) vendues est énorme. En fin de cycle, il est incomparable au futur parc des consoles next-gen qui mettront deux à trois ans avant de réellement pénétrer la majorité des foyers des gamers.
La current-gen en fin de cycle, c’est aussi des ventes mécaniques car les joueurs sont en manque de jeu de haut calibre. En effet, qui dit fin de cycle dit développement de nouvelles licences pour la next-gen en priorité pour soutenir son lancement et son développement. Voir GTA 5 débarqué sur sa PS3, cela permet de ne pas débourser 400 euros en plus du jeu. Enfin, fin de cycle signifie moteur de jeu totalement maîtrisé. Après 7 ans de bons et loyaux services, ces consoles de jeu sont parfaitement connues des développeurs. Les jeux sont donc plus stables, plus faciles à produire et logiquement meilleurs. Ainsi, la PS2 a vu accueillir en fin de cycle des titres mémorables comme God of War, MGS 3 ou Shadow of The Colossus. Des titres aboutis techniquement qui proposaient de vrais évolutions en termes de gameplay, les développeurs n’ayant plus à « lutter » avec la console de jeu. Ce phénomène se répète à chaque fin de cycle et les jeux repoussent toujours les limites de chaque génération de console tandis que la nouvelle génération se débat encore avec des jeux pas toujours adaptés. Dernier défi, et pas des moindre : concilier l’expérience solo bluffante avec le défouloir habituel de la série qui serait cette fois transcendé grâce au online.
GTA ONLINE
En effet, la PS3 et la X-Box 360, c’est la génération de console bâtie pour le jeu online. Ces consoles ont enfin rattrappé le retard sur le jeu en ligne des PC. Habitués à l’écran splitté, les consoles ont su proposer des serveurs en ligne efficaces (mais bridés comparé au PC) et GTA 4 proposait déjà des modes de jeu online jouissifs. Red Dead a introduit dans la série le concept de RPG online avec un personnage accumulant de l’expérience dans une copie de la carte du jeu solo. Enfin, Max Payne 3 a concrétisé le système de crew de Rockstar en impliquant fortement son Social Club, le site web de la communauté. Sur ces bases, GTA 5 propose un unique mode online, sobrement intitulé GTA Online. Toutefois, au lieu d’en faire un mode distinct, le développeur va renforcer le réalisme en proposant au joueur d’inclure son personne online dans sa partie solo. Ainsi, avec une simple touche déjà utilisée pour switcher entre les héros du scénario du jeu, le joueur peut accéder quasi-instantanément à son personnage online. L’impression de partager la même ville s’annonce extrême. Le jeu sauvegarde ainsi votre profil à la fin de chaque partie et, à la prochaine connexion, vous apparaissez avec tout votre historique au milieu des autres joueurs. Le jeu, déjà chronophage, passe un nouveau cap dans l’identification au héros.
Alors que jusqu’à là on dirigeait le destin de personnages définis, désormais, on forge sa propre carrière criminelle et on se défoule quand on le souhaite avec ses amis. Envie de faire une ballade avec son meilleur pote ? C’est parti. Sur le trajet, vous apercevez un superbe véhicule. Hop, votre ami commet un vol et la police le prend en chasse. Vous décidez alors de l’aider et vous êtes à votre tour recherché. L’action est aléatoire et les possibilités sont infinies sachant que tous les modes de jeu habituels (entre autres les deathmatch, courses et missions scénarisés) sont inclus et accessibles à tout moment dans la ville. Pendant des années, les joueurs s’échangeaient leur manette pour jouer ensemble à GTA. Désormais, ce sont les crew, c’est-à-dire les gangs, qui vont rythmer vos parties à distance, avec si possible un micro pour communiquer.
LA SERIE GTA
GTA et les joueurs, c’est une longue histoire depuis 1997. Le premier opus sorti en 1999 a le droit à deux extensions situées à Londres dans les années 60. Quelques mois plus tard sort GTA 2 sur la Playstation et sur PC avec une vue de dessus dans une ville modélisée en 3D. Il faut attendre 2001 et GTA 3 pour que le jeu passe entièrement en 3D avec une vue à la 3ème personne. Le héros, Claude, ne parle même pas dans le jeu ! Il faut attendre 2002 et Vice City pour avoir enfin un héros réellement charismatique avec Tommy. Pour l’occasion, le jeu se délocalise dans l’équivalent du Miami des années 80. L’atmosphère unique de la ville et de cette époque va en faire un épisode culte, mais la prochaine extension, San Andreas, va repousser les limites du jeu en 2004. Situé dans une Californie fictive, le jeu présente les aventures de CJ. Ambiance années 90 et culture Hip-Hop, le jeu permet de faire de la musculation, de prendre soin de son corps à travers sa nutrition, introduit les vélos et les sauts en parachute et se rend aussi célèbre pour son mode de jeu lié aux relations sexuelles. Rockstar profite du succès pour sortir une préquelle à chacune de ces deux extensions. C’est en 2008 que sort enfin GTA 4. Retour à Liberty City, la ville de GTA 3, et introduction d’un nouveau héros, Niko Bellic (à prononcer en accentuant les consonnes et rallongeant les voyelles). Cet ancien soldat des Balkans a immigré vers les USA dans l’espoir d’une vie dorée avec son cousin, qui a pas mal menti sur sa situation. Niko se retrouve au milieu d’emmerdes et découvre le rêve américain. Ce 4ème épisode aura le droit à 2 contenus téléchargeables : The Ballad of Gay Tony et The Lost and Damned. Entre temps, Rockstar produit un épisode pour la Nintendo DS, Chinatown Wars, qui apporte de nombreuses nouveautés en terme de gameplay en 2009. Depuis, le studio s’est concentré sur d’autres sagas, jusqu’à la sortie de GTA 5.
WHERE IS MY MONEY ?
Quels sont les jeux qui attirent actuellement le grand public ? Les FPS (Call of Duty et Battlefield) et les jeux de sports aux sorties annuelles ainsi que les MMORPG, en free-to-play ou payant comme l’ogre WoW. C’est un revenu constant pour les éditeurs de ces jeux aux coûts toujours plus importants. Avec GTA, Rockstar a participé à l’abolition de la notion de game over puis, avec ses extensions et les DLC, a su relancer périodiquement l’intérêt des joueurs pour sa franchise entre deux opus. Toutefois, au vu du marché actuel, une fois le jeu acheté, il faut monétiser sa longévité sous peine de perdre une opportunité de gain. L’industrie est actuellement vérolée par les micro-transactions et pass payant. Est-ce que Rockstar est capable d’innover sur ce point ? Encore une fois, le développeur choisit de ne pas révolutionner le genre mais propose une offre à même de satisfaire le plus grand nombre. Ni un MMORPG, ni une suite de DLC, ni un hôtel des ventes ou un shop à microtransactions, GTA Online semble se diriger vers un modèle du type banque virtuelle.
En gros, le développeur propose au joueur de payer pour acquérir de l’argent virtuel, base du système de jeu. Dans GTA, vous êtes un voyou qui accumule les fonds pour se payer les villas, véhicules et armes qui ne peuvent être volées (les modèles de luxe en gros). Toutefois, pour éviter le phénomène du « pay to win », c’est-à-dire payer pour aller plus vite et devenir plus fort que les autres joueurs qui ne déboursent aucun centime, le jeu bloque l’accès initial à ces éléments de luxe. Pour les débloquer, il faut jouer aux missions du mode online, passer du temps sur le jeu et faire monter en expérience son personnage. Les objets deviennent alors enfin accessibles et c’est à ce moment-là qu’on peut se faciliter la vie en les achetant directement. Sinon, il faut travailler un peu plus pour gagner l’argent nécessaire. Plutôt réaliste pour un simulateur de criminalité, non ? Ainsi, Rockstar s’assure de rentrées d’argent régulières dans un modèle respectable. Le joueur se voit ainsi assurer de la livraison de nouveaux éléments de jeu de manière régulière alors que l’éditeur finance son développement continu et gonfle ses gains.
NEXT-GEN AVANT L’HEURE
Si on résume, GTA 5, c’est le concentré du savoir-faire de Rockstar Games sur cette génération de consoles. C’est un jeu très solide, ultra-complet et fourmillant de détail avec la touche de folie unique aux productions Rockstar. Si on compare à la next-gen, hormis une qualité graphique plus élevée, que manque-t-il ? Pas grand-chose. Mieux, si on compare aux jeux next-gen déjà annoncés et les nouveaux opus des grosses franchises qui seront inévitablement produits, GTA souffre-t-il de la comparaison ? On peut penser que non. Cet été, à l’E3, le plus grand salon de jeu vidéo, les présentations de jeu next-gen ont majoritairement fait émerger un élément : à l’avenir, les jeux seront tous des open world. Fini les couloirs sans fin qui encadrent les joueurs, les niveaux séparés par des cartes assez grandes mais somme toute limitées, à l’avenir le joueur pourra explorer comme bon lui semble le monde qui s’offre à lui. Ce qui est déjà le cas dans de nombreux jeux en fait…
Attention, il ne faut pas confondre open world et bac sable. Dans le premier cas, toute la carte du jeu est accessible immédiatement au joueur (sauf limitation temporaire liée au scénario). Dans le second cas, le joueur pour avoir un impact important sur le monde qui l’entoure en testant toutes les combinaisons et mouvements qu’il souhaite. Or GTA est depuis toujours la série qui maîtrise à la perfection ces éléments, notamment l’open world. Qui plus est, Rockstar a toujours su contourner les limitations techniques des consoles de jeu. Ses cinématiques, toutes in-game, brise la dichotomie habituelle entre les phases de jeu et la découverte du scénario (pour l’animation de haut-vol, Final Fantasy 13 ou The Last of Us ont montré que la différence entre pré-calculé et temps réel s’estompe). La claque visuelle d’un GTA, c’est sa direction artistique et sa capacité à générer des milliers d’éléments simultanément. GTA n’a jamais eu besoin d’afficher en ultra HD son univers. GTA n’a pas besoin de la next-génération pour briller et ses concurrents, comme l’ont prouvé tous ceux qui se sont déjà essayés à détrôner la saga, doivent avant tout miser sur les mécanismes de jeu, l’atmosphère et la durée de jeu plutôt que sur la puissance du processeur et les capacités d’affichage.
Dans ces conditions, les joueurs ne sont pas pressés de changer de console de jeu. Toutes les licences majeures seront sur les deux générations pour les trois ans à venir, et les nouvelles licences ou opus comme Watch_Dog, le retour de Metal Gear Solid ou Titan Fall, la nouvelle sensation du FPS, seront disponibles sur la current-gen. GTA enfonce le clou et relance même les ventes de PS3 et X-Box 360, qui coûtent 3 fois moins cher qu’à leur sortie et deux fois moins cher que la next-gen. Dans ces conditions, Rockstar ne prend aucun risque et s’assure d’une longévité importante pour son business model. Au pire, avec le système de personnage online, les joueurs peuvent migrer à terme sur les consoles next-gen sans perdre des centaines d’heures de jeu.
A PARTIR DU 1ER OCTOBRE
Dès le 1er octobre, le jeu, déjà phénoménal, passe dans une nouvelle dimension complètement folle avec l’ouverture du mode online. Outre la création de son propre personnage, voici certaines activités qui vont vous rendre addict :
- Création de votre crew (avec organisation interne) à partir du site web Social Club de Rockstar pour jouer avec vos amis, même si vous pouvez les retrouver alors qu’ils n’appartiennent pas à votre gang
- Missions dédiés au mode online avec cinématiques et enjeux dignes du solo
- Création par le joueur de contenu (pas disponible au lancement) similaire à celui du scénario
- Modes deathmatch, capture de drapeau, etc.. pour affronter les autres joueurs
- Course dans la ville, dans les airs et sur mer
- Activités sportives : tennis, golf, bras de fer…
- Braquages en équipe avec possibilité de dépouiller une autre équipe ou de ne pas répartir équitablement l’argent entre les braqueurs
- Achat de propriétés, véhicules, actions en bourse
Rockstar a annoncé 16 joueurs maximum par partie, avec possibilité de créer une partie privé pour soi et ses camarades. La rumeur veut que la probable adaptation du jeu sur PC propose 32 joueurs, tout comme sur les consoles next-gen mais rien n’a été confirmé par le développeur.
ET SI ON PARLAIT DE GTA 6 ?
Vous l’aurez compris, difficile de ne pas attendre ce jeu. Difficile aussi de ne pas devenir accro à cet opus après y avoir joué comme des malades ces derniers jours (pas facile de boucler le magazine dans ces conditions). GTA 5 est très très bon, et notre rédaction attend de pied ferme le mode online pour former son gang même si on se méfie de possibles décisions économiques contestables. Toutefois, avec un peu de recul, on s’aperçoit que la franchise est amenée à évoluer sous peine de se répéter et de passer son temps à rafraichir sa formule. Certes, de nombreux jeux ne font pas cet effort mais, venant d’une saga aussi innovante, on s’attend à une remise en question permanente. Voici donc 3 pistes à explorer pour GTA 6 (si Rockstar ne suit pas Blizzard dans l’exploitation abusive du jeu comme WoW qui existe depuis 10 ans déjà). On se doute que nos idées ont peu de chances de parvenir aux oreilles des écossais mais, au cas où, on n’est pas jaloux et on les laisse les exploiter. Toute d’abord, pourquoi ne pas réduire la taille de la map pour que le joueur ait un impact plus important sur son univers ? L’objectif serait ici de dépeindre la vie d’un quartier et non d’une ville, avec tout ce que cela comporte de criminalité ordinaire et de personnages excentriques. A défaut de mobiliser une carte gigantesque, le développeur s’attarderait sur chaque bâtiment, rendant l’accès total au moindre recoin de la carte. Chaque appartement, chaque élément de l’univers, chaque personne croisée dans le jeu aurait un background. Un travail de fourmis plus proche de la réalité, moins ambitieux sur la forme mais plus sur le fond. Un PNJ qui meurt, une maison qui brule, et ce sont des pans du scénario qui disparaissent. Deuxième piste, déjà abordée par la concurrence et en quelque sorte traitée par GTA Online, la création de son propre personnage que l’on fait évoluer comme tout gangster en créant son empire criminel.
GTA, c’est les initial pour GRAND THEFT AUTO, c’est-à-dire voleur de voiture, la base du gameplay du jeu. Les aspects gestions de gang ont été effleuré dans San Andreas, tout comme le sera l’utilisation du crew en online. Dans GTA 5, on incarne avant tout une bande de braqueurs. Pourquoi ne pas voir plus grand en installant son propre empire du crime ? Recruter des hommes de mains, attaquer d’autres gangs comme dans San Andreas, gérer un réseau criminel…Enfin, dernière proposition elle aussi issue de la concurrence mais avec le savoir-faire de Rockstar : jouer un policier. Il faudrait faire ses gammes en patrouillant dans la rue en début de partie, puis infiltrer un gang et pourquoi pas à terme gérer la police de la ville ? Le sentiment de contrôle serait terrible, avec possibilité d’être corrompu, d’abuser de sa force ou à l’inverse rendre la vie impossible aux divers voyous et gangs. Dans tous les cas, GTA 5 est déjà un énorme succès et un nouvel épisode, d’ici 5 ans au moins, est à prévoir (on espère avoir Red Dead Redemption 2 entre temps). La longévité de l’opus actuel ne va pas permettre de créer le vide puis l’attente, il faudra donc vraiment proposer une nouveauté marquante pour reproduire un tel engouement. Dans le cas contraire, GTA et Rockstar seront toujours des cadors de l’industrie mais ils seront à la merci d’un concept révolutionnaire susceptible de leur ravir le trône. D’ici là, on a de longues heures de jeu devant nous avant de se lasser, si cela est humainement possible.