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Sun Ken Rock : de la bouffe, du cul et de la baston !

Ken est un looser qui a quitté le Japon, chose assez rare pour être soulignée, pour la Corée du Sud. Il pensait conquérir le cœur d'une fille et s'est retrouvé au final à la tête du gang le plus puissant du pays. Tout en restant puceau bien sûr !

Instant confession : il est parfois plaisant de lire un manga un peu honteux, que ce soit pour sa violence extrême ou sa perversité sexuelle. Vous le lisez avec précaution dans les transports en commun ou devant votre famille, cachant la jaquette et surtout le contenu intérieur de peur de les voir vous accusez de perversité (ce que vous êtes au final, un bon petit pervers, avouez-le!). Le manga Sun Ken Rock fait partie de cette catégorie d’œuvres qui fait bouillonner votre sang à la moindre page, sans pour autant verser dans la débauche outrageuse. L'histoire navigue parfaitement entre baston et anatomie féminine, sans trop en faire, et surtout sans dépasser les limites de la moralité. Au contraire, l'artiste en profite pour glisser plusieurs messages plutôt intelligents, entre deux scènes de fan-service bien sûr !  

QUI EST BOICHI ?

Mujik Park, surnommé Boichi, est un artiste coréen né en 1973. Après un début de carrière dans son pays, il rejoint l'eldorado japonais en 2004. La production coréenne, appelée manhwa, ne rivalise pas avec les mangas japonais mais parvient à proposer quelques œuvres de qualité. Sun Ken Rock est donc un manga, mais il se déroule en Corée et est réalisé par un coréen. Sa passion pour la photographie transpire dans ses planches (il organise de nombreux repérages pour illustrer Séoul et ses alentours).

Après quelques histoires érotiques (déjà sa marque de fabrique), il publie le one-shot Space Chief Caïsar. On y retrouve déjà sa passion pour le triptyque bouffe/cul/baston. Il développe ces idées au fil de ses histoires. Que ce soit le recueil de science-fiction Hotel, la série fantastique Sanctum en cinq tomes, HE The Hunt for Energy en trois tomes ou actuellement Wallman (l'histoire d'un tueur à gages), Boichi aime produire plusieurs histoires en parallèle de sa série à succès, Sun Ken Rock.

Débuté en 2006, ce manga est un seinen (chaque tome est interdit au moins de 15 ans et est enfermé sous cellophane). Cela signifie qu'il vise un public adulte, à la différence des shonen (type DBZ) qui cible en priorité les jeunes garçons. Logiquement, cette classification autorise une violence accrue, plus réaliste, et bien sûr une plus de liberté en matière de sexe ou de perversité des relations humaines. Sun Ken Rock est publié dans le magazine Young King Ours. Ce magazine, édité toutes les deux semaines par Shonen Gahosha (un éditeur mineur au Japon), n'est pas très connu. On lui doit cependant les mangas Hellsing, Trigun et Excel Saga. Sun Ken Rock n'est clairement pas une des stars de l'industrie, mais il a son petit succès. Il faut dire que ses lecteurs, une fois convaincus, lâchent difficilement l'affaire malgré les défauts de l’œuvre, l'artiste sachant parfaitement offrir quand il faut les scènes attendues. C'est le principe du fan-service.  

UN HEROS COMME LES AUTRES

Comment définir Ken Kitano si ce n'est de la manière suivante : le héros typique des mangas de baston. Il peut être d'une crédulité sans borne, mais aussi d'une sagesse illimité. Schizophrénie typique des héros de ce genre d'histoire, Ken est un bosseur acharné quand il faut s'entraîner, mais c'est une feignasse quand aucun combat n'est à l'horizon. Il n'a pas de plan particulier pour sa vie, si ce n'est conquérir l'élue de son cœur. Toutefois, il est prêt à tout pour aider les plus faibles et ses proches. Sa gentillesse éclate au grand jour quand il faut faire preuve de magnanimité. Il ne cherche ni la gloire ni le pouvoir, juste à faire les bons choix. Ce monstre physique au cœur énorme parvient à séduire les plus grands voyous, qui sont prêts à mourir pour l'aider dans sa tâche. Charismatique et idéaliste, il change radicalement de comportement quand il faut se battre.

Tout au long du manga, Ken et ses amis vont progressivement faire main basse sur le milieu du crime coréen. Ken est le visage public, le leader charismatique, mais il ne recherche pas cette quête du pouvoir. Donnez lui un bon plat et une bonne baston et il sera heureux ! Il ne profite même pas de sa position pour s'offrir les plus belles filles. Non, il ne pense qu'à Yumin, la fille qu'il a rejoint dans ce pays ! Fidèle et altruiste, il représente la vertu dans ce monde criminel.  

DE L'IMPORTANCE DE L'ENTOURAGE

Yumin est la fille du plus grand chef yakuza du Japon. Elle a quitté le pays et intégré les forces de police coréennes. Bombe sexuelle, elle est capable de terrasser n'importe quel homme (ou presque) de par ses techniques martiales. Souvent envoyée en mission d'infiltration, c'est l'occasion pour Boichi de nous faire rigoler tout en dessinant la belle à moitié dénudée, celle-ci se retrouvant toujours dans des situations loufoques. Yumin ne se doute pas que Ken est le boss du nouveau gang à la tête du pays. Leurs rencards, qui ne sont pas amoureux, sont semblables à la relation entre Lois Lane et Clark Kent. Ken ne veut pas révéler à la belle ses activités mafieuses et se cache derrière une société de production de jeu vidéo.

Plusieurs voyous vont se battre aux côtés de Ken. Tao-Soo est le grand manipulateur de l'équipe. Quand il découvre la puissance de Ken, il décide de se mettre à son service afin de manipuler pour gagner du pouvoir. Il aime profondément Ken mais a bien compris que ce dernier n'agit que par bonté d'âme. Il l'utilise donc pour former le gang le plus puissant du pays, espérant un jour changer le destin de celui-ci. Ken le laisse faire, assumant le vrai rôle de leader quand les poings se mettent à pleuvoir. 

Chan est un géant entièrement dévoué à Ken suite à leur premier combat. Il y a aussi la Pioche, qui se bat avec cet outil, et Marin, un gars pas très bavard mais assez puissant. Il est fidèle à Tao-Soo et fait partie de ces nombreux gangsters qui vont développer les activités du gang en toile de fond. Nous ne sommes pas témoins de cette partie-là car le manga se concentre sur la vie de Ken. Cependant, tout lecteur avisé comprendra que ce héros n'est qu'une vitrine pour les activités mafieuse de Tao-Soo. Ken se bat presque pour lui en cherchant à protéger les faibles et les victimes des autres gangs, et Tao-Soo profite de la victoire pour élargir la puissance et l'influence de la Sun Ken Rock Team. C'est Ken qui choisit les combats, mais Tao-Soo en profite toujours.

D'autres personnages comme la dangereuse (et nymphomane) Kae-Lyn ou le dragueur italien Benito rejoindront le gang au fil des aventures. En face, les ennemis ne sont pas tous des brutes assoiffées de pouvoir. Boichi s'amuse à présenter le passé de certains d'entre eux, montrant par exemple les effets de la crise économique asiatique ou des crises militaires des pays environnants. Nombreuses sont les victimes d'une société inégalitaire, et Ken ne peut s'empêcher de chercher en eux une lueur de rédemption.  

LES RECETTES DU BONHEUR

Le manga Sun Ken Rock repose sur trois piliers : la bouffe, le cul et la baston. Boichi nous présente dès que possible les plats traditionnels coréens. Il faut dire que ses personnages ont besoin de se nourrir souvent et en très grande quantité vu leur corps et les combats qu'ils mènent. Tel un guide touristique, le mangaka fait découvrir à son héros japonais les mets et saveurs de son pays. Une fois rassasié, il est temps de passer à la baston !

Chose importante : les membres de la Sun Ken Rock Team ne sont pas des clodos. Ils se battent habillés en costume de marque, car il faut savoir rester classe dans toutes les situations. Les voitures de luxe servent à marquer le pouvoir croissant du gang qui ne cherche pas les combats de rue, mais les bastons contre les groupes les plus puissants du pays. Chaque membre de l'équipe est capable de prouesses assez impressionnantes, surtout après le traditionnel camp d’entraînement. Ken reste cependant le personnage le plus fort, de part son physique mais aussi grâce à son mental. Les combats sont nerveux, toujours lisible et plutôt réalistes.

Chose assez rare, Boichi assume sa volonté de dessiner des filles dénudées et régale les lecteurs dès que possible. Que la fille soit une combattante ou une simple serveuse, il y aura toujours un sein, une fesse ou une culotte qui traîne en arrière-plan ou carrément en pleine page (allez lire cela dans le métro...). Plus le manga avance, plus l'auteur verse dans la quasi-pornographie pour se refréner par la suite. La violence sexuelle est bien sûr présente, notamment dans l'arc situé dans l'industrie musicale, plus pour dénoncer les pratiques des dirigeants qu'autre chose. Ces scènes sont faites pour dégoûter le lecteur et ne doivent pas être comparées aux moments de légereté ou quand une fille cherche à coucher avec Ken, lui qui ne pense qu'à Yumin.

Enfin, si l'humour se fait assez rare, il est quand même présente mais il n'est pas forcément bien exploité. Boichi est bien meilleur quand il se veut sérieux, notamment en présentant l'histoire récente de son pays. Il détaille ainsi parfaitement les relations douteuses entre l’État, l'armée et la mafia. La Corée du Sud est un petit pays qui survit grâce à la main mise d'une élite. Boichi fustige cela, mais il est aussi capable de faire un détour par l'industrie musicale pour nous exposer l'envers du décor, les chanteuses coréennes étant produites à la chaîne. L'occasion pour Ken d'exposer sa naïveté, que ce soit envers les requins du milieu ou les jeunes filles prêtes à tout pour obtenir sa protection. Soit fort Ken, réserve-toi pour Yumin !!! 

Le manga Sun Ken Rock est entré dans le dernier arc de son histoire. Avec bientôt 22 tomes au compteur, il est temps pour Boichi de conclure les aventures de Ken. On s'est attaché à ces personnages, on a admiré les scènes de combat et profiter des instants érotiques. On espère maintenant que tout cela se termine par une grande bouffe pour Ken, avec celle qu'il aime et tous ses amis !

2 commentaires

  1. Gardy
    Le 10 février 2015 à 19:09

    Un de mes mangas préférés qui est malheureusement pas connu (du tout) dans mon entourage ! Ca fait du bien que quelqu'un en parle enfin ! Il y a aussi Wallman de Boichi qui vaut vraiment le détour :D

  2. Farid
    Le 10 février 2015 à 22:58

    Je n'ai pas encore lu Wallman, j'ai beaucoup de mal avec le design du héros sur la cover du premier tome. Bon, j'avais le même problème avec Luffy avant de lire One Piece :D va falloir que je teste quand même.

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