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Millar et Vaughn, le nouveau duo magique du cinéma ?

Le comics Kick-Ass a secoué le petit monde des films de super-héros en 2010. L'association entre le réalisateur Matthew Vaughn et le créateur du comics, Mark Millar, avait conquis le public. Cinq ans plus tard, le duo est de retour pour Kingsman.

L'aventure Kick-Ass a couronné le succès de Mark Millar. Qui est donc cet écossais ? Une star de l'industrie des comics. Sa carrière est émaillée de coups d'éclat, de provocations et de déclarations fracassantes. En s'associant à Matthew Vaughn, le scénariste s'était assuré un rôle de producteur qui lui a permis de contrôler l'adaptation de son œuvre. 

LE PRINCE DES COMICS

Mark Millar fait partie de la vague des artistes britanniques qui ont envahi l'industrie américaine des comics à la fin des années 80. Après un passage dans le célèbre magazine anglais 2000 AD, il s'associe à Grant Morrison pour écrire la série Swamp Thing. Il enchaîne ensuite avec son compère sur plusieurs titres phares de DC Comics, notamment JLA et Flash. Le nouveau millénaire marque un tournant dans sa carrière. Après avoir échoué à convaincre l'éditeur, en compagnie de plusieurs artistes, de lui filer le destin de Superman pour lui faire subir une révolution nécessaire, le scénariste s'émancipe en imposant son propre style. Il reprend en main la série Authoriy après le départ de son créateur, Warren Ellis. Celui-ci avait secoué le monde des super-héros en présentant une équipe atypique. Politique, médias people et violence assumée, c'est le cocktail gagnant de cette série Wildstorm. Millar pousse encore plus loin le concept et s'assure un joli succès.

Parallèlement à ce premier coup d'éclat, le scénariste propose Superman Red Son. Devenu un best-seller, cette histoire présente une réalité alternative où Superman aurait atterri enfant en URSS, devenant ainsi le champion des soviétiques. C'est le style Millar : partir d'un concept simple et alléchant pour le développer avec un cocktail d'humour, de violence et de provocation...

En 2001, Mark lance Ultimate X-Men, une relecture des aventures des enfants de l'atome dans le monde Ultimate. Cet univers offre une liberté créative totale car la continuité est différente des comics Marvel publiés depuis les années 60. Libre d'exprimer ses idées les plus folles, Millar frappe un autre grand coup dès 2002 avec Ultimates, qui est considéré par beaucoup comme son chef-d’œuvre. C'est cette version moderne des Avengers qui a inspiré le Marvel Cinematic Universe. Vont suivre Marvel Knights Spider-Man, Ultimate Fantastic Four (avec les fameux Marvel Zombies) et surtout Civil War. Ce crossover, dont l'idée a été proposée par Bendis, a changé à jamais l'avenir de Marvel. Écrasant la concurrence, il a redéfini la ligne éditoriale de l'éditeur qui a multiplié les publications de ce genre en 10 ans.

Là où Millar fait fort, c'est qu'il s'intègre à l'histoire tissée par Bendis depuis Avengers #500 tout en y intégrant sa propre folie créatrice. Ses détracteurs se moquent de son style, direct et parfois vulgaire, Millar réutilisant très souvent les mêmes ficelles scénaristiques. Il faut comprendre que cet artiste à un principe : réaliser ses rêves d'enfant. Il écrit des histoires qui le fascinait quand il était jeune, et son MillarWorld en est la meilleure preuve. Chacune de ses histoires, et donc de ses héros, sont des concepts très simples. Et si les méchants avaient gagné et dirigeaient le monde en secret ? Wanted. Peut-on devenir un super-héros dans notre réalité ? Kick-Ass. Qui gagne entre le meilleur flic du monde et le plus grand criminel ? Nemesis. Et si des super-héros faisaient un braquage ? Supercrooks. Qu'est devenu Flash Gordon en vieillissant ? Starlight.

Ainsi, Millar développe un semblant d'univers, le MillarWorld (il tisse des liens un peu fumeux, par exemple à travers des posters dans la chambre d'un personnage) qui lui offre une liberté éditoriale et des bénéfices colossaux. Que ce soit au sein du label Icon chez Marvel ou en étant publié par Image Comics, Millar conserve la propriété de ses œuvres, et donc leur exploitation, notamment au cinéma. Il travaille toujours sur l'univers Marvel (Old Man Logan ou un retour dans l'univers Marvel) mais se fait rare, conservant son aura sulfureuse pour des projets événementiels. Tout est basé sur la communication chez Millar. Il écrit des histoires courtes (pas plus de 8-10 numéros) pour ne pas s'écarter du pitch initial. Il cherche la compagnie de dessinateurs stars pour former des duos de chocs, là encore un argument de vente. Et il est souvent en retard comme le dit Bart. Millar a bien cerné le fonctionnement de l'industrie des comics, mais il souhaite maintenant conquérir Hollywood.  

LE GARS QUI MONTE

Matthew Vaughn a deux ans de moins que Millar. Anglais, il a travaillé avec Guy Ritchie, produisant notamment Arnaques, Crimes et Botanique ou Snatch en 2000. Fort de ces succès, Vaughn se lance dans la réalisation avec Layer Cake en 2004. Daniel Craig et Tom Hardy sont les têtes d'affiche. Succès au Royaume-Uni, il ne convainc pas dans le monde malgré de bonnes critiques. Vaughn enchaîne en 2007 avec Stardust, une adaptation du roman de Neil Gaiman, célèbre scénariste de comics. C'est un échec aux USA, là aussi malgré des bonnes critiques (38 millions de dollars sur un budget de 70).

Le réalisateur ne se décourage pas. Il a la confiance des studios et est même envisagé à la direction du film Thor. Si le deal ne se fait pas, le réalisateur rencontre un artiste qui sort d'un gros succès : Mark Millar, qui vient de publier Civil War. Le scénariste raconte sa prochaine histoire, un truc nommé Kick-Ass. Le duo s'entend bien et chacun travaille sur une version du scénario, Vaughn adaptant légèrement le scénario pour le cinéma (par exemple, dans les comics, Kick-Ass est un looser alors qu'au cinéma, il choppe la fille).

Le film a du mal à se monter. Sony refuse ce projet trop violent, et les autres studios veulent modifier les personnages, notamment Hit-Girl, trop jeune. Le financement est donc indépendant. Avec un budget de 30 millions de dollars, Kick-Ass s'attaque aux festivals geek et parvient à décrocher un distributeur, Lions Gate. Rapportant 48 millions de dollars aux USA, et autant dans le reste du monde, le film est un succès qui va marquer ses spectateurs, devenant rapidement un film culte dans son milieu. La suite en 2013 rapporte autant que son budget, soit 28 millions de dollars aux USA, et 32 dans le monde. Ce n'est donc pas la folie Avengers, mais les différents acteurs de l'industrie comprennent le potentiel du duo Millar & Vaughn.  

SAUVONS LA FOX

Un des studios Hollywoodiens l'a bien compris et propose à ces artistes de reprendre en main la partie de l'univers Marvel qui leur appartient. Depuis les années 2000, la FOX possède les droits de production des films X-Men et Fantastic Four. Cependant, après trois films X-Men, la franchise est dans un sale état. Le dernier film a été une boucherie, dans tous les sens du terme. Il reste très peu de personnages de premier plan en vie, et la qualité n'est plus au rendez-vous. C'est encore pire pour les Quatre Fantastiques. Après deux films, plus personne ne pense pouvoir sauver ces héros. Ne parlons pas de Daredevil, à la réputation calamiteuse, qui sera exfiltré par Marvel Studios en échange d'un délai supplémentaire accordé à la Fox pour produire un nouveau film FF.

Matthew Vaughn va surprendre le public en 2011 avec X-Men le Commencement. Il relance la franchise en proposant un film de qualité qui parvient à offrir un semblant de logique à la continuité des films mutants. C'est le renouveau des X-Men, et l'attente autour du film suivant, Days of Future Past, est logiquement énorme. Malheureusement, après avoir sauvé cette franchise, Vaughn se voit débarqué du projet par le réalisateur des deux premiers films, Bryan Singer, qui souhaite reprendre en main son bébé. Vaughn se console en retournant du côté du MillarWorld pour réaliser Kingsman, le nouveau projet de son compère écossais. Cependant, il participe cette fois activement à la création de cette histoire, étant même crédité dans les comics. La FOX n'abandonne pas pour autant son poulain. Elle le promeut producteur du reboot des Fantastic Four, et embauche même Mark Millar pour chapeauter l'univers Marvel au sein du studio. Le duo a donc tout le loisir de créer de nouvelles histoires tout en surveillant le destin des super-héros Marvel. Que demander de plus ?

Avec Kingsman, Millar et Vaughn proposent leur vision des aventures de James Bond. Le budget est cette fois conséquent avec 80 millions de dollars. Si le succès est au rendez-vous, on espère voir le duo sur des films plus spectaculaires, notamment Starlight ou Jupiter’s Legacy.

2 commentaires

  1. Lapin
    Le 18 février 2015 à 00:18

    Matthew Vaughn n'a pas été débarqué de days of future past pas Singer, il est parti de son plein gré car il voulait réaliser kingsman qui lui est plus personnel par rapport au x-men.

  2. Farid
    Le 18 février 2015 à 17:51

    Il a lui même expliqué qu'il voulait réaliser DOFP mais que la Fox voulait capitaliser sur le succès du film et de Marvel Studios, ne lui laissant pas le choix. Singer rodait depuis l'échec de Superman et Walkyrie, il a saisit l'occasion et Vaughn, pour ne pas perdre la face, s'est plongé dans un "projet perso", Kingsman, alors que la suite de SA trilogie X-Men était le choix logique. C'est le même problème qu'avec X-Men 3 ;)

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