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Michael Keaton, tout sauf un miraculé

Le retour de Michael Keaton, couplé à l'incroyable succès du film Birdman qui a obtenu quatre Oscars, fait penser à un nouveau conte de fée made-in-Hoolywood. Pourtant, cette histoire n'est pas celle d'un miraculé.

L'histoire du cinéma est truffée d'acteurs connaissant les fameuses « traversées du désert » pour renaître tels des phénix. C'est toujours charmant, mais cela cache souvent des choix douteux, des problèmes personnels ou tout simplement une chance inouïe. Dans le cas de Michael Keaton, l'histoire est plus simple. C'est celle d'un homme qui a refusé le star-system pour profiter de la vie avant de revenir regonflé à bloc sans se prendre la tête.

LA CHOSE DE TIM BURTON

À 63 ans, Michael Keaton peut se retourner et admirer une carrière bien remplie. Les plus jeunes ne connaissent pas cette star des années 90. Cet acteur débute sa carrière par des comédies : Les Croque-morts en folie (de Ron Howard en 1982), Mister Mom, Johnny le dangereux et Gung Ho (de nouveau avec Howard en 1986).

Ces premiers films vont lui permettre d'obtenir le rôle principal pour le second film d'un certain Tim Burton : Beetlejuice. Cette comédie d'horreur nous présente un couple de mariés qui viennent de mourir et qui vont se mettre à hanter leur maison pour chasser les nouveaux propriétaires. On retrouve au casting Alec Baldwin et Geena Davis. Sorti en 1988, il devient rapidement culte et propulse le réalisateur au rang d'artiste à suivre. Bonne chose pour la Warner, il a été choisit dès 1986 pour diriger le film Batman. Dix ans après les débuts de la saga Superman au cinéma, le Chevalier Noir va littéralement exploser le box office après une série télévisée culte dans les années 60.

Il faut bien comprendre que Batman est un personnage à plusieurs facettes, qui a souvent évolué dans les comics depuis ces débuts. Les années 80 sont pour lui sombres, Frank Miller imprimant sa marque dans ses célèbres comics, notamment The Dark Knight Returns. Le public veut un super-héros sérieux, violent, à l'opposé du personnage interprété par Adam West à la télévision. Si Tim Burton a une image d'artiste gothique, Keaton est un acteur comique. Il est donc tout sauf le choix idéal pour des millions de fans qui vont protester à l'annonce du casting. Nous connaissons bien ce phénomène car il est encore appliqué aujourd'hui quand certains acteurs sont choisit pour incarner des super-héros au cinéma. La folie de Burton s'exprimera autour du Chevalier Noir, avec par exemple le Joker qui symbolise la créativité du réalisateur.

Batman en 1989 et sa suite Batman Le Défi (Batman Returns en VO) en 1992 sont d'incroyables succès. Michael Burton est sacralisé par de nombreux fans et il a prouvé qu'il peut varier son jeu. Un troisième film est envisagé, mais quand Burton refuse le poste, Keaton se désiste à son tour. Il a bien fait. C'est sûrement le meilleur choix de sa carrière car il va échapper au scénario de Joel Schumacher qui pour beaucoup va détruire le travail de Burton. On n'est pas là pour parler des tétons de l'armure de Batman, non ?

UN BESOIN D'AILLEURS

Michael conserve son aura de super-héros, mais il a poursuivi ses aventures cinématographiques entre les deux films Batman. Cependant, ces œuvres ne seront pas à la hauteur de son talent. Une journée de fous (1989), Fenêtre sur Pacifique (1990) et Un bon flic (1991) ne vont pas marquer sa carrière. Deux drames et une comédie, c'est le moyen pour le public de ne pas oublier que Keaton n'est pas que Batman, mais ce n'est pas suffisant.

Dès 1993, Michael Keaton apparaît dans deux films par an en essayant de capitaliser sur sa célébrité pour prendre des risques. Toutefois, le public ne va jamais oublier Batman et l'acteur ne saurait jamais se trouver dans le bon wagon. Beaucoup de bruit pour rien de Kenneth Branagh a son succès en 1993, mais le casting y est pour beaucoup. Le Journal, Chérie vote pour moi, Mes Doubles ma femme et moi, Les années rebelles, rien de bien folichon. L'acteur ne s'est pas enfermé dans des rôles d'action comme de nombreuses stars, mais il n'arrive pas à trouver le film qui va donner un nouveau souffle à sa carrière. Qui se souvient de lui dans Jackie Brown ? Non, pour tout le monde, Michael Keaton, c'est Beetlejuice et Batman. C'est déjà beaucoup pour un acteur, mais pour un artiste, c'est rester bloqué dans le passé.

Les années 2000, c'est pas de gros succès, des choix douteux et pas beaucoup de projets au final. Un but pour la gloire, Un tueur aux trousses, Des étoiles plein les yeux...Sérieux, qui a vu ces films ??? La sanction tombe en 2006 quand The Last Time sort directement en DVD, tout comme Killing Gentleman en 2008. C'est la fin pour Keaton, qui fait tout de même des voix pour Pixar (Cars en 2005, Toy Story 3 en 2010), participe à une série TV remarquée (En direct de Bagdad) ou joue un petit rôle dans le film Very Bad Cops. Ce ne sont plus que des apparitions, et Batman disparaît dans les ténèbres d'Hoolywood.

LE PARFAIT MOMENT POUR REVENIR

Michael Keaton vit alors dans son ranch situé dans le Montana. Il s'occupe de son fils né en 1983, profite de la vie, de ses passions et de ses économies. Il a passé le cap de la soixantaine, n'a rien à prouver mais n'a pas réussi à trouver un second souffle à sa carrière 20 ans après Batman. Il aurait pu s'arrêter là, fort de son statut de vielle gloire, mais ce serait mal comprendre le bonhomme. Depuis sa collaboration avec Tim Burton, Michael Keaton à avant toute chose privilégié les projets qui lui plaisait, là où d'autres stars (Bruce Willis, Liam Neeson) gobent tout ce qui se présente. Ces échecs ont paradoxalement protégé son image, si fortement attaché aux films de Burton. En effet, pour le public, Keaton s'est fait discret pendant 20 ans car ces films n'ont pas attiré grand monde. Il n'a donc pas de casseroles à son actif, là où un John Travolta ou Nicolas Cage traînent des bouses immondes.

Il a aussi et surtout atteint un âge qui lui ouvre les portes de nouveaux rôles. Sa vieillesse est un atout à Hoolywood. Si on ajoute son aura de vielle gloire, il est une caution parfaite pour certains producteurs. En ne choisissant pas de tourner dans n'importe quel blockbusters, Keaton a préservé son crédit et peut désormais relancer sa carrière. Robocop ? Il est la caution années 80-90 pour les geeks, il est là pour les rassurer. Même chose pour Need For Speed, où il incarne le vieil homme qui tire les ficelles dans l'ombre.

Bon, on se demande tout de même s'il n'a pas accepté ces rôles pour l'argent, mais cela le remet sur le circuit grâce à deux projets médiatiques. Nous sommes en 2014, et son troisième film n'est autre que Birdman, un film pensé, écrit, produit pour lui. Keaton fait toujours ses choix. Travailler avec Inarritu, mais aussi faire un drame en 2015 ou bosser avec John Lee Hancock (The Blind Side) en 2016. Voilà, Keaton n'a pas changé, c'est juste Hoolywood qui s'est souvenu qu'il existait. Le début d'une seconde carrière pour lui.

Birdman est sorti en France hier. Michael Keaton ajoute un nouveau rôle culte à sa filmographie et renforce ainsi sa volonté de choisir ses rôles, là où d'autres acteurs enchaînent les mauvais films pour ne pas tomber dans l'oubli. Il est libre Michael, mais son vol n'est pas achevé.

1 commentaire

  1. vince L.A.
    Le 13 avril 2016 à 01:03

    I really enjoy reading yours articles.Merci et à bientôt pour une prochaine lecture....

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