Si je vous dis que le créateur de Qui veut gagner des millions a donné naissance à un Gangs of New York anglais situé après la Première Guerre mondiale et que c'est génial, vous me croyez ?
Peaky Blinders est une série télévisée britannique diffusée depuis 2013 sur la chaîne BBC Two et 2015 sur Arte. À l'heure actuelle, la première des deux saisons est aussi disponible sur le service Netflix. Chacune contient 6 épisodes loués pour leurs qualités, aussi bien par la critique que par le public.
Parfois comparée à Boardwalk Empire ou Gangs of New York, Peaky Blinders présente l’ascension d'un gang britannique au début du 20ème siècle. La série connaît une popularité grandissante et, à l'approche de sa troisième et peut-être dernière saison, il est temps de vous en parler.
À la rencontre d'une famille de déglingos
Peaky Blinders se concentre sur un gang ayant réellement existé, les Peaky Blinders. Ce nom fait référence au fait que les membres utilisaient leur casquette pour blesser, voir aveugler, leurs victimes et les voler. Cette ingéniosité (coudre une lame de rasoir sur son chapeau pour échapper aux fouilles) ne doit pas cacher l'extrême violence utilisée par ces criminels, la série ayant tendance à minimiser cet aspect pour rendre acceptables ses héros. On les voit plus affronter d'autres gangs ou des policiers corrompus que réellement s'attaquer à des innocents en difficulté.
Les Peaky Blinders sont nombreux et la famille Shelby est son pilier. Arthur est l'aîné de la fratrie, mais ses excès de violence et son alcoolisme poussent son ambitieux frère Thomas à gérer les affaires. Il y a aussi John, le troisième frère, et Polly, la tante stratège, ainsi que Grace, la sœur qui pose des problèmes par ses fréquentations. Le gang contrôle dans son secteur les paris sportifs liés aux courses de chevaux. Pour augmenter ses revenus, Thomas cherche à élargir l'influence des siens en s'attaquant à la concurrence.
Depuis leur pub, les Peaky Blinders, mi-irlandais mi-gipsy, affrontent donc les autres gangs d'une ville de Birmingham surpeuplée. La violence est omniprésente dans cette Angleterre profonde et minière de l'après Première Guerre mondiale. Les frères sont revenus du front et, comme bien des hommes, cela les a changés. Sans les choix avisés de leur leader, les Peaky Blinders seraient depuis longtemps en prison ou morts. Certains membres sont perdus depuis leur retour et ont bien besoin de l'aide de Thomas pour ne pas devenir fous, l'alcool n'étant pas la meilleure des bouées de secours.
Néanmoins, l'ambition du leader du gang se heurte aux ordres de la police irlandaise venue de Belfast pour mater les criminels irlandais et aussi les terroristes de l'IRA. Il faut donc trouver des armes, contrôler les trafics et défendre son territoire. Dans ces conditions, la famille est la plus grande force, mais aussi la plus grande faiblesse de Thomas. Rajoutez une liaison amoureuse dans l'affaire et sa vie devient infernale, le poussant à calculer plusieurs coups à l'avance pour se sortir de nombreux pièges.
Un casting sobre mais efficace
Steven Knight est le créateur de Peaky Blinders. Il se fait connaître en scénarisant la parodie de série policière The Detectives (1993-1997) sur BBC One créée et interprétée par Jasper Carrott, une star britannique de l'humour et de la télévision. En 1998, Steven Knight devient le co-créateur d'une émission qui bouleverse le monde de la télévision : Qui veut gagner des millions ? Suite à cet immense succès, il revient à la fiction en scénarisant Dirty Pretty Things (2002) de Stephen Frears et les Promesses de l'ombre (2007) de David Cronenberg. Désormais, il réalise des films comme Crazy Joe (2013) avec Jason Statham et Locke (2014) avec Tom Hardy.
Peaky Blinders est lancée à cette époque et le créateur choisit des réalisateurs ayant déjà participé à divers shows britanniques. Pour la première saison, c'est Ottho Bathurst (Arnaqueurs VIP, Black Mirror) qui dirige les 6 épisodes. La seconde saison est répartie entre Tom Harper (Misfits, War and Peace) et Colm McCarthy (Doctor Who, Ripper Street, Sherlock). Quant à la prochaine saison, c'est Tim Mielants (des épisodes de Tunnel) qui est en charge.
Du côté des acteurs, la série se repose sur un duo de comédiens ayant une certaine notoriété et les entoure d'une galerie d’artistes talentueux. Ainsi, pour les Shelby, il y a Cillian Murphy (28 jours plus tard, Batman Begins, Sunshine, Inception), Helen McCrory (Harry Potter, Skyfall), Paul Anderson (Doctor Who, Sherlock Holmes 2, The Revenant) et Sophie Rundle.
En face ou autour d'eux, il y a Annabelle Wallis (The Tudors, Annabelle), Iddo Goldberg (Journal intime d'une call girl, Red Tornado dans Supergirl), Noah Taylor (Vanilla Sky, Game of Thrones, Edge of Tomorrow), Ned Dennehy (Luther) et surtout Sam Neill (Jurassic Park, Merlin, The Tudors) et Tom Hardy (Bronson, Inception, Batman The Dark Knight Rises, Mad Max, The Revenant). Ce dernier a travaillé sur plusieurs films avec Steven Knight ces dernières années, son apparition dans la deuxième saison est donc logique et vient muscler l'opposition à Thomas Shelby.
Une recette éprouvée qui devient jouissive
Si l'on met de côté le fait que cette série transforme des criminels implacables en héros au grand cœur, on y trouve les qualités typiques des productions anglaises. Tout d'abord, un incroyable travail est effectué sur la photographie qui n'a rien à envier aux films américains. L'utilisation massive de décors naturels y est pour beaucoup et la reconstitution historique est bluffante pour une production qui n'a pas un budget pharaonique à sa disposition.
Un autre point fort est le son, entre musiques endiablées et accents délicieux des acteurs britanniques. On s'y croit avec ces ouvriers, barmans, dockers, petits voyous et autres gens du peuple essayant de survivre dans ce monde en pleine mutation. Les comédiens parviennent à retranscrire parfaitement la violence incroyable de l'époque, mais aussi la folie embrumant de nombreux hommes revenus du front. Le rythme de la série est élevé et cela est facilité par le court nombre d'épisodes.
On ne perd pas son temps dans des sous intrigues inutiles ou des épisodes de remplissage. Le scénario évite plusieurs clichés et parvient à surprendre le spectateur à de nombreuses reprises. Si l'ensemble repose grandement sur les épaules de Thomas/ Cillian Murphy, de nombreux personnages parviennent à apporter leur voix et leurs problèmes au déroulement de l'histoire.
Enfin, la bonne idée du créateur de la série est de réellement clôturer chaque saison, s'assurant ainsi de ne pas fruster les fans si elle n'était pas renouvelée, ce qui n'est pas le cas jusqu'à maintenant, la chaîne ayant annoncé juste après la diffusion du dernier épisode que Peaky Blinders reviendrait. Problème, la saison 3 se fait attendre. Au lieu de l'habituelle diffusion en octobre, elle est absente de la grille de la chaîne en 2015.
Les épisodes ont déjà été tournés mais à l'heure où cet article est publié, nous n'avons pas encore une date précise de diffusion. Espérée au début de l'année, on envisage maintenant le retour du gang avant cet été. L'arrivée sur Netflix de Peaky Blinders lui offre une plus grande exposition, ce qui devrait accélérer sa diffusion et permettre aux Shelby d'étendre encore plus leur domination sur le monde criminel du Sud de l'Angleterre.
Une famille soudée, des ennemis partout et une histoire d'amour toxique, Peaky Blinders nous plonge dans les bas-fonds de l'Angleterre d'après-guerre. Une virée explosive qui mérite de continuer au moins une saison tant la qualité est au rendez-vous. Si vous ne connaissez pas encore, il est temps de rejoindre le gang !
Pierr7ck
Le 05 avril 2016 à 20:28Une vraie pépite ! Si seulement on pouvait avoir encore 2 ou 3 autres saisons !!
Farid
Le 06 avril 2016 à 14:44Tout va dépendre je pense des acteurs, qui ont d'autres sollicitations. C'est déjà bizarre de ne pas avoir encore de date de sortie de la saison 3, donc je vais savourer celle qui arrive sans rien espérer
Khesistos
Le 06 avril 2016 à 21:05Excellente série. Je l'ai découverte quelques mois plus tôt. La saison 1 est un peu prévisible mais tout est bien fait.