Quand un générique, un casting, un pitch et une écriture vous réjouissent, c’est peut être que vous tenez là une série parfaite ! Voici ma déclaration d’amour envers Kimmy.
Depuis maintenant quelques mois, beaucoup de personnes parlent de Netflix en bien. Cette plateforme payante permet de visionner séries TV, films et documentaires moyennant quelques euros. Jusque-là rien de particulièrement innovant, et pourtant, elle a permis de faire découvrir un certain nombre de séries aux français que nous sommes, malgré quelques réticences de notre part. Ces productions exclusives à cette plateformes sont en fait les arguments de vente du service, et si pour le coup Netflix m’avait forcé à passer le pas grâce à l’arrivée de séries estampillées Marvel, c’est bien une autre de ses pépites qui m’a rendu amoureux de cette entreprise, enfin de sa série pleine de rousseur : j’ai nommé Kimmy Schmidt. Et oui, ils sont forts ces américains, car oui il faut le dire ce genre de série on ne l’imagine absolument pas fabriqué par des français.
Ces lignes sont donc là pour vous parler de cette série atypique, qui m’a rendu la foi en ce médium. S’il existe peut-être un peu d’exagération dans mes propos, il faut dire que je ne suis pas un grand sérivore, oui on pourrait croire qu’on parle de gâteaux dit comme ça, et que ma référence absolue reste Scrubs. Une série médicale qui avait su me faire veiller la nuit sur M6 pour voir des épisodes de manière erratique à deux heures du matin. Pourquoi une telle admiration ? Et bien, car elle possédait toutes les caractéristiques qu’il fallait à mon sens, de l’humour en pagaille et diversifié, de l’émotion vraie, des acteurs attachants et un format court qui ne court pas après les rebondissements et les intrigues à suivre minutieusement. Et là, bien des années plus tard, Kimmy est arrivée, elle est sortie de son trou et dès la première minute, on comprend rapidement qu’on va faire face à une évidence totalement décalée.
♫Unbreakable, they alive Dammit, it’s a Miracle ! ♫
Soyons sérieux quelques lignes, Kimmy Schmidt qu’est-ce que c’est ? Je devrais même dire Unbreakable Kimmy Schmidt ça raconte quoi ? En fait, cette série part d’une situation très rare dans le monde réel mais surtout terriblement sordide : 4 femmes enfermées pendant 15 ans dans un bunker sous l’emprise d’un gourou manipulateur. Vu comme ça, on peut se dire que la rigolade est loin, et pourtant ce postulat de départ va être expédié dès la première minute de la série, qui voit ces femmes être libérées et un voisin légèrement rappeur créer face camera le générique plein d’énergie de la série.
La série va donc suivre la renaissance de Kimmy, elle qui a été kidnappée au début des années 90 et qui, de ce fait, est totalement déconnectée de la société actuelle. Mais pour bien montrer que c’est une battante et créer des situations cocasses, le lieu central de la série est en fait New York, la ville qui ne dort jamais et qui sera celle de la nouvelle Kimmy. Nous avons ainsi tous les éléments pour raconter des histoires avec en leur centre le choc culturel entre le monde citadin et cette femme « taupe » bloquée 15 ans en arrière.
Bien entendu, Kimmy va se créer d’autres relations, va chercher un travail car il faut bien gagner de l’argent et même parfois s’occuper de ses anciennes camarades de bunker qui elles aussi font face à la liberté. Toutes ses rencontres importantes ont un point commun, ce sont des personnages attachants mais complètement défaillants. C’est ainsi qu’une dynamique se créée avec notre pétillante Kimmy qui va constamment essayer de leur montrer que leurs difficultés sont surmontables, après tout c’est une rescapée. Sa seule arme étant sa joie de vivre et son absence de repères, lui permettant de parler sans filtres et de proposer nombres d’idées farfelues.
Vous avez des problèmes ? Ils en ont plus que vous !
Si Unbreakable Kimmy Schmidt est une série à suivre, c’est bien à cause de ses personnages. Une brochette de profils névrosés ou stéréotypés poussés à l’extrême et qui, de ce fait, fonctionnent parfaitement en tant que spectateur. Les auteurs de la série ont utilisé un ton très décomplexé pour définir les identités des quatre principaux personnages. Il y a donc Kimmy le jeune femme qui voit tout du bon côté, Titus l’homme appartenant aux minorités étant homo, noir et enrobé, Liliane la propriétaire très étrange et coincée dans son passé, et enfin Jacqueline la femme riche et névrosée en quête d’identité.
Cette galerie d’hommes et de femmes va ainsi faire face à des défis paraissant insurmontables. Kimmy a raté toute une partie de sa vie, elle doit donc rattraper tout ce retard en arrivant à créer des relations amicales, en travaillant et en étudiant, tout cela pour arriver à s’intégrer dans ce monde si différent. La confrontation entre son langage daté et celui de 2015 est un levier humoristique permanent, tout comme ses goûts vestimentaires et ses références culturelles. Oui, Kimmy aime le fluo et les cassettes audio mais elle assume, ce qui lui donne une puissance de caractère rarement vue. On va ainsi adorer rire de toutes ses références passées mais sa force vive arrive au fond à nous toucher. C’est une femme qui a vécu le pire et qui, par miracle, a réussi à avoir une nouvelle chance, son retour sur Terre doit donc à son sens être utile à elle-même et aux autres, tous les obstacles lui paraissant petits par rapport à son enfermement.
Titus, lui, est ainsi la première personne qu’elle va sauver en lui enlevant, un petit peu, sa désillusion concernant ses rêves. Alors oui, mettre au centre de l’histoire, un noir homosexuel aux attitudes efféminées, à la voix suave et aigüe et, qui plus est, est un fan de mode et de comédie musicale, ça peut paraître particulièrement cliché et contre productif. C’est pourtant, au final, la force du personnage, qui assume complètement ses stéréotypes tout au long de sa vie. De plus, le fait d’exagérer très fortement tous ces traits de caractère, permet à la série de gagner en folie. Un personnage qui assume autant permet de l’embarquer dans des situations extravagantes, comme faire une ode au Pinot noir ou bien de se mettre dans la peau d’une ancienne Geisha japonaise. Mais au final, le véritable défi qu’il devra accomplir sera de faire face à l’amour.
Jacqueline est, quant à elle, un personnage bien plus simple à appréhender : elle est entretenue par son mari, s’occupe d’elle constamment et pense parfois qu’il faut demander à quelqu’un de s’occuper de son fils. Une véritable femme accomplie, qui va comprendre dans une illusion totale qu’en fait elle n’existe pas réellement en tant que personne construite. Mais difficile de passer du frigo rempli de bouteilles jetables à une maison vide. Cette femme totalement en dehors des réalités va ainsi comprendre qu’elle doit se réaliser par elle-même et que oui la vie est difficile. Si, sous ses apparences superficielles, elle n’hésite pas à droguer son fils pour le calmer ou à acheter un tableau de valeur juste pour se faire remarquer, elle cache en fait une véritable complexité intérieure qu’elle dévoile à chaque épisode lors de courts instants de lucidité.
Liliane, les éclairs de génie, elle ne connaît pas, enfin si mais à sa manière. Elle est disjonctée, il faut le dire, même si malgré tout elle reste une vraie femme de cœur envers ses amis et son quartier. Ses paroles sont imprévisibles et peuvent vite devenir effrayantes en quelque sorte. C’est un peu la maman de Kimmy et Titus, ou plutôt la vieille tante bizarre qu’on cache dans un coin. Pourtant la voir parler de sexe, pester contre les hipsters et rester dans la rue sur ses marches d’escalier nous fait toujours sourire tant elle le fait de manière surprenante.
Vous reprendrez bien un peu de Pinot noir ?
Une galerie de personnages à laquelle on s’attache est forcément liée à ses acteurs, et sur ce point Unbreakable Kimmy Schmidt fait fort en nous apportant un casting peu connu mais clairement talentueux. Il faut déjà rendre un hommage appuyé aux deux révélations de la série : Ellie Kamper aka Kimmy et Tituss Burgess aka Titus. Ces deux acteurs jouent les deux personnages les plus extrêmes dans leur comportement au sein de la série. En effet, Kimmy souligne toutes ses émotions et particulièrement sa joie avec de très larges sourires. Son incompréhension du monde qui l’entoure lui fait souvent aussi un effet d’étonnement et de dégoût mais à la manière Kimmy. Titus, lui, est très maniéré et incarne une personne qui doit avoir toujours une certaine prestance, son levé de bras accompagné d’un regard la tête haute ou encore sa bouche pincée restent pour lui des marques de fabrique. Ces deux acteurs sont dans un surjeu complet, mais au final c’est cette expressivité outrancière qui nous permet de les apprécier pleinement. Ils poussent tellement loin des personnages peu crédibles qu’ils en deviennent possibles.
Carol Kane et Jane Krakowski sont, quant à elles, des actrices plus expérimentées mais qui n’ont jamais connu leur heure de gloire. Jane a déjà réussi à être récurrente dans deux séries à succès Ally Mc Beal et 30 Rock, mais n’aura pourtant pas réussi à marquer les esprits quand on en parle. Tandis que Carol a réussi à se faire une place dans le circuit hollywoodien en ayant toujours des rôles au cinéma ou en série, mais en étant que très rarement en tête d’affiche. Dans la série, elles incarnent Jacqueline et Liliane, des personnages qui, en quelque sorte, sont biens plus normaux. En effet, on a tous à l’esprit l’image de femmes superficielles et névrosées, ou encore un peu à l’ouest et semblant avoir quelques neurones qui ne sont pas tous en bon état. Le talent de ces deux actrices est donc de nous montrer concrètement cette vision qu’on a de ce type de personnes. Jane montre très bien cette façon de faire des choses absurdes de la manière la plus évidente qui soit, et Carol arrive à utiliser une gouaille donnant une réelle consistance à son côté timbré.
Marcia, Andrea ou Tina ?!
L’amour que je porte à Kimmy et que vous devriez aussi avoir est dû à quelques personnes qui ont réussi à créer cet univers barré. Une personne importante est d’ailleurs à la barre, l’actrice Tina Fey qui est d’ailleurs bien plus que cela. Notre chère Tina est effet détentrice de deux Golden globes et deux Emmy Awards pour son jeu dans la série 30 Rock, mais aussi pour son scénario sur cette série. Car oui, Madame est aussi scénariste et créatrice de cette série comique qui a marqué la télé américaine pendant les années 2000. Forte de ce succès elle a donc lancé un autre projet comique avec Unbreakable Kimmy Schmidt.
Pour cela, elle s’est accompagnée de Robert Carlock, son comparse de 30 Rock qui a aussi travaillé sur Friends il y a quelques années. Pleinement impliquée, elle a donc créé les 13 épisodes de la saison un pour NBC, qui après plusieurs mois d’attente a revendu les droits de diffusion à Netflix. Malgré ce changement de plateforme, la série a tenu le cap, et Tina à même fait en sorte d’apparaître en tant qu’actrice dans son bébé. Elle incarnera donc Marcia, une avocate totalement incompétente à la coiffure improbable mais aussi Andrea, une psy probablement plus atteinte psychiquement que ses patients avec un dédoublement de personnalité fort et appréciant l’alcool. Ses apparitions mais aussi son expertise d’un humour assez absurde auront permis à la série de jouer sur des répliques devenant rapidement cultes.
Au final, Unbreakable Kimmy Schmidt est un petit bijou d’absurdité qui n’hésite pas à aller toujours plus loin. Les personnages et leurs vie sont toujours décrits dans un excès d’émotions et avec des attitudes tranchées. C’est une série qui cherche à faire rire et elle réussit facilement cet objectif sans se soucier d’autre chose, mis à part les petites leçons de vie de Kimmy qui, telle une enfant, positive et apprend des difficultés de la vie.
Farid
Le 24 juin 2016 à 01:08Je me suis souvent foutu de toi Daft Venom pour cette série, mais si Tina est derrière ce truc, je vais avoir du mal à résister encore longtemps et ne pas au moins tester...Meme si j'avoue que les passages parodiques sur les histoire de filles dans 30 Rock étaient ceux que je préférais le moins.
DaftVenom
Le 25 juin 2016 à 01:07T'aurais pu l'appeler "Tina" depuis le temps! Il fallait pas se laisser installer un froid comme ça dans votre relation ;)
Bouya
Le 18 janvier 2017 à 02:50L'enregistrement du podcast m'a rappelé que je n'avais point commenté sur ce superbe article de cette superbe série, mon coup de cœur 2015 qui s'est bien entendu poursuivie en 2016 ! j'adore, si tu ne l'as toujours pas tenté (Farid ou toi autre lecteur de ce commentaire) FONCE ! Tous ceux à qui je l'ai recommandé n'ont pas regretté de s'être lancé ! :D Merci pour cet article Daft :)
DaftVenom
Le 19 janvier 2017 à 15:00Merci Bouuuuya!! Et en plus maintenant, la magnifique chanson Peeno Noir est disponible dans l'article ;)