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Faut-il détester Brian Michael Bendis ?

Brian Michael Bendis est souvent apprécié par les lecteurs, mais régulièrement vilipendé en ligne et dans les comics shops. Cette haine est-elle légitime ?

Si vous lisez des comics Marvel datant de ces dix dernières années, il y a un nom qui revient régulièrement : Brian M. Bendis. Mais, qui est cet auteur si prolifique ? Comment est-il devenu un des architectes principaux de la Maison des Idées ?

Ses débuts dans les comics indépendants

Avant de démarrer chez Marvel Comics, Brian Bendis a été publié par deux compagnies d’importance moindre : Caliber et Image (laquelle était bien plus modeste en ampleur qu’aujourd’hui). Ses premiers travaux chez Caliber – entre 1993 et 1996 – étaient des polars, qu’il écrivait et dessinait. Parmi ces titres, on peut retenir Jinx et AKA Goldfish. Ces comics, comme ses autres publications se déroulent toutes dans le même univers, permettant ainsi à Bendis de réutiliser des personnages à travers les histoires.

Au bout de 3 ans de collaboration avec Caliber, Bendis se tourne vers Image Comics. Là-bas, il continue d’écrire Jinx, puis participe à la création de spin-offs au célèbre comics de Todd McFarlane : Spawn. Il commença par écrire sur le duo de détectives Sam & Twitch dans une histoire éponyme, puis écrivit un comics intitulé Hellspawn. Ces deux créations non originales permirent à Bendis de montrer sa capacité à manipuler une continuité préexistante et de participer à un univers partagé par plusieurs auteurs.

Lors de sa carrière dans l’industrie des comics indépendants, Bendis fit la rencontre de plusieurs artistes avec qui il se lia d’amitié. Parmi eux, Michael Oeming et David Mack, avec qui il collaborera sur certaines de ses œuvres (Powers avec Oeming et Alias avec Mack).

Un succès critique

Alors que la série Sam & Twitch démarrait chez Image, Joe Quesada – éditeur chez Marvel Comics – contacta Bendis. Il lui proposa de travailler sur un comics Nick Fury pour la ligne Marvel Knights qui était en train de se mettre en place. Ce projet ne porta cependant pas ses fruits, mais mena à un conseil de Quesada à Bendis : Arrêter le dessin et se consacrer à l’écriture.

En 2000, Bendis démarre la publication de deux séries : Powers chez Image avec Michael Oeming, et Ultimate Spider-Man chez Marvel avec Mark Bagley. La première lui permet de recevoir son deuxième Eisner Award (après celui de « talent à suivre » en 1999 pour ses travaux chez Caliber) pour la meilleure nouvelle série.

Sur les années qui suivent, Bendis prend de plus en plus d’importance au sein de la Maison des Idées, devenant rapidement exclusif (Powers est alors édité par la section « indépendants » de Marvel : Icons). Pour commencer, il contribue énormément à la mise en place de tout l’univers Ultimate – créant les séries Ultimate X-Men et Ultimate Fantastic Four – en collaboration avec Mark Millar.

Dans le même temps, Bendis collabore avec Alex Maalev sur Daredevil qu’il écrira pendant cinq ans, de 2001 à 2006, (ce qui lui vaudra même d’avoir son nom cité dans le film Daredevil), et aide à la mise en place de la ligne MAX de Marvel. Cette ligne est une version beaucoup plus adulte des aventures de l’univers Marvel, et Bendis crée alors le personnage de Jessica Jones pour la série Alias, qu’il écrit entre 2001 et 2004. En 2002 et 2003, Bendis fut récompensé pour ses quatre séries régulières par le Eisner du meilleur auteur. Il reçut également celui de la meilleure série en cours en 2003 pour Daredevil.

Les clés du royaume

Fort de ces succès, Brian Michael Bendis fut chargé de reprendre la série Avengers, alors en perte de vitesse. En effet, sur l’espace de deux ans, Bendis était le quatrième auteur de la série, après Kurt Busiek (Marvels, Astro City), Geoff Johns (Justice League, Green Lantern, Flash) et Chuck Austen (X-Men, Action Comics). En démarrant au numéro 500 de la série, Bendis décida de faire table rase du passé. Son run démarra alors immédiatement par un « event » : Disassembled.

Cet événement alors anodin est en réalité la première pierre de l’édifice que Bendis établie. En effet, par ce biais, l’auteur a la possibilité de mettre en place une toute nouvelle équipe d’Avengers : les New Avengers, contenant beaucoup de personnages populaires, mais encore inédits à la franchise, tels que Wolverine et Spider-Man. Dans le même temps, Bendis prépare les prochains événements de la continuité Marvel (House of M et Secret Invasion).

C’est à ce moment que la communauté des fans de comics se retourne contre ce créateur. La raison pour beaucoup ? Son contrôle créatif est trop fort, et il peut donc faire ce qu’il veut des personnages qu’il écrit. De plus, beaucoup pensent qu’il n’exploite pas assez les traits « personnels » des membres des Avengers. Il est cependant compréhensible que rédiger des moments individuels dans un titre d’équipe n’est pas évident, surtout quand la majorité des Avengers ont leurs aventures solos en parallèle.

Après Secret Invasion, Marvel entra dans l’âge Dark Reign, permettant à Bendis d’utiliser un autre casting pour sa nouvelle série « principale », Dark Avengers. Dans le même temps, il continua de raconter l’histoire des New Avengers, une équipe désormais dans l’illégalité. Bendis arrêta d’écrire les séries sur les Avengers en 2012, après l’événement Avengers vs X-Men, qui conclut en grande partie tout ce qu’a fait Bendis sur la franchise pendant ces huit ans.

D’autres équipes à gérer

Au lancement de Marvel Now!, Bendis reçu la charge de la franchise X-Men avec 2 titres : Uncanny X-Men et All New X-Men. Dans le même temps, il remet en lumière les Gardiens de la Galaxie, qu’il avait ramenés lors de son run sur Avengers Assemble, en écrivant une série éponyme. Sur ces deux franchises, son approche est assez différente de celle sur Avengers. En effet, que ce soit les X-Men ou les Gardiens, peu (voire aucun) membre de l’équipe n’avait sa propre série au lancement. Bendis eut alors la voie libre pour écrire les histoires sans se télescoper avec les autres lignes narratives.

En écrivant ces titres, Bendis put introduire de nouveaux personnages dans l’univers Marvel. Tout d’abord, il amena les X-Men d’origine du passé. Cette intrigue, à première vue assez classique, fut bien accueillie, et contient plusieurs éléments intéressants. Dans le même temps, en collaboration avec Neil Gaiman, il amena Angela – un personnage créé pour l’univers de Spawn – dans l’univers Marvel. Elle fit ses débuts dans le dernier numéro de Age of Ultron, avant de devenir un personnage membre des Gardiens de la Galaxie, puis d’obtenir sa série solo.

Après Secret Wars, Bendis arrêta d’écrire les aventures des X-Men et se pencha sur un personnage qu’il avait longtemps utilisé dans ses séries Avengers : Iron Man. Il commença par la série Invincible Iron Man, qui introduisit les 2 héritiers au titre : Riri Williams et Victor Von Doom. Dans le même temps, il écrivit International Iron Man – série qui raconte les origines de Tony Stark. En effet, au cours du volume précédent, on découvrait que Tony n’était pas le fils d’Howard Stark. Il part donc à la recherche de ses vrais parents, tout en croisant des personnes de sa jeunesse (notamment une ancienne petite amie devenue terroriste internationale).

Travail en dehors des comics

En plus de travailler sur des comics, Brian Michael Bendis a – au cours de sa carrière – travaillé pour d’autres médias. Deux s’en détachent rapidement.

Tout d’abord, la télévision. En effet, Bendis a été le consultant sur la série animée Spider-Man du début des années 2000. Il a cependant abandonné le projet après avoir écrit le pilote, n’ayant pas assez de liberté sur ce projet. Il réitérera cependant l’expérience 10 ans plus tard, lorsque Marvel produira Ultimate Spider-Man, série basée en grande partie sur le comics de Bendis. Plus récemment, il a travaillé sur l’adaptation en série télévisée de son comics Powers, disponible sur le Playstation Network.

En parallèle à son travail sur les séries animées Spider-Man, Bendis participa à l’élaboration de plusieurs jeux vidéo pour Marvel. Le premier est Ultimate Spider-Man, basé sur la saga Venom du comics du même nom. Ensuite, il y a Marvel Heroes, MMORPG sur PC, basé sur une intrigue exclusive. Plus récemment, il a participé à la rédaction des intrigues Marvel du jeu Disney Infinity 2.0.

Ses créations les plus emblématiques

En plus de 15 ans au sein de Marvel, Brian Michael Bendis introduisit de nombreux personnages dans l’univers Marvel. Certains ont même déjà fait leurs débuts au cinéma ou à la télévision.

Tout d’abord, il y a Jessica Jones. Ce personnage, introduit au départ dans une série « adultes » a réussi à trouver son chemin dans l’univers Marvel classique, devenant peu à peu centrale dans l’œuvre de Bendis. Le succès récent de la série Netflix qui lui est consacrée est la preuve qu’elle est devenue iconique. Grâce à cette création, on a ainsi pu voir apparaître Danielle Cage, la fille de Jessica avec Luke Cage. Ensuite, on a Maria Hill et les Secret Warriors de Nick Fury. Ceux-ci ont trouvé leur place dans les comics, mais aussi dans le Marvel Cinematic Universe, que ce soit dans les films, ou dans les séries télévisées. On peut citer Daisy Johnson, incarnée depuis 4 ans par Chloe Bennett dans Agents of SHIELD.

Suite à de nombreux bouleversements dans l’univers Ultimate, Bendis a pu introduire un nouveau Spider-Man dans cet univers : Miles Morales. Ce jeune homme, mi Afro-Américain, mi Porto Ricain, est désormais une figure importante de l’univers Marvel. En effet, il est récemment apparu dans le cartoon Ultimate Spider-Man, et a trouvé une place au sein des All New All Different Avengers. Dans la même veine d’héritage, dans les pages d’Invicible Iron Man, on a pu assister à l’apparition de Riri Williams. Cette jeune femme afro-américaine de 15 ans, surdouée, a créé sa propre armure inspirée de celle de Tony Stark. Elle prend d’ailleurs sa relève après les événements de Civil War II.

Il est vrai que Brian Michael Bendis n’a pas écrit que des chefs d’œuvre, mais certaines de ses créations font désormais partie des pierres fondatrices de l’univers Marvel. Une phrase permettant de décrire au mieux son travail est : « Il ne fait pas toujours de l’or, mais l’or qu’il produit est supérieur à la moyenne ».

3 commentaires

  1. Farid
    Le 15 novembre 2016 à 21:47

    Pour moi, Bendis restera à jamais le scénariste qui a profondément marqué l'univers Marvel à coup de crossovers, et fait des Avengers les vrais défenseurs de la Terre. Si ses séries solos sont très bonnes (son Moon Knight est mésestimé), ses runs sur les X-Men et surtout les Gardiens sont dispensables

  2. Bart
    Le 16 novembre 2016 à 09:21

    Je pense que Bendis est juste sur le déclin comme l'a été Geoff Johns à la fin de son run sur Green Lantern par exemple. Ses débuts sur les Avengers était vraiment bons mais pour moi, ça a commencé a décliner après Siege. Je sais pas si ça vient du fait qu'on lui ait enlevé le monopole des gros crossovers, mais ça coincide. Ses titres d'équipe actuellement sont vraiment pas top et ses séries solo baissent aussi en qualité, il suffit de regarder Ultimate Spider-Man et la série Spider-Man avec Miles maintenant.

  3. Khesis
    Le 17 novembre 2016 à 02:21

    Trop de blabla, trop d'émotions, trop de niaiseries ... C'est souvent ce que j'ai lu chez Bendis. A cause de lui, je ne touche plus au cosmique Marvel et je lui en voudrai toujours pour ça.

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