L’industrie du jeu vidéo termine cette année 2017 avec de nombreuses polémiques. L’une d’elle est centrée sur le réel prix d’un jeu vidéo pour le consommateur. Cette industrie est arrivée à maturité après plus de 30 ans d’évolution, dépassant désormais le cinéma en chiffre d’affaires mondial. L’un des critères de cette mutation est paradoxale : cette génération de consoles est la première à ne pas augmenter le prix affiché d’un jeu à sa sortie.
En effet, si l’on considère les consoles de salon, le coeur des ventes, la doublette PS4/Xbox One a conservé le prix maximum de 70€ qui avait été atteint à l’époque des PS3/Xbox 360. Pour schématiser, à l’époque de la PSOne, un jeu valait 50€ à sa sortie. La génération suivante, celle des PS2/Xbox, a franchi la barre des 60€. La logique aurait voulu que la génération actuelle propose un prix d’origine de 80€. Toutefois, plusieurs faits ont empêché cette augmentation.
Tout d’abord, tous les acteurs de cette industrie ne sont pas dans cette tendance. Sur PC, 50€ est le prix maximum considéré. C’est aussi le prix des jeux Nintendo, à l’exception de certaines sorties phares. Enfin, le jeu sur consoles portables et sur mobiles ont considérablement réduit le prix moyen. Sans oublier tous ces fameux jeux indés ou uniquement dématérialisés qui sont proposés entre 20 et 40€. En y ajoutant les soldes, la baisse des prix très rapides et le marché de l’occasion (qu’on a essayé de tuer, remember l’E3 2013), les éditeurs ne peuvent plus augmenter le prix de base d’un jeu sans subir un violent discrédit.
La conséquence logique est de trouver d’autres revenus pour des jeux qui coûtent de plus en plus cher. Le budget d’une production vidéoludique constitue un débat à lui tout seul, entre volonté du public d’avoir de meilleurs produits et croissance interne des coûts de production. Dans les faits, il y a eu une généralisation de la vente de jeux à 70€ suivie d’une automatisation des frais supplémentaires, avec des DLC quasi-obligatoires pour obtenir l’expérience complète (ce qui n’est pas la même chose qu’une extension). Il faut donc débourser encore 30 à 50€, notamment pour les jeux multijoueurs qui nécessitent une homogénéisation des joueurs. Sans compter l’abonnement mensuel ou un renouvellement constant de l’achat à travers des micro-transactions.
Aujourd’hui, voici donc le vrai prix d’un jeu de premier plan : 120€. Cela implique deux choses : une concurrence plus féroce entre les jeux à leurs sorties pour capter les joueurs et une nécessité absolue de maîtriser son budget de production pour être rentable. Rien n’est figé, car il y aura toujours des joueurs prêts à dépenser beaucoup et d’autres assez patients pour acheter l’édition complète à prix malin deux ans plus tard. Cependant, en face, des studios ne peuvent plus trouver leur place sur le marché et des licences sont mises en péril par des choix commerciaux. Bienvenue à l’âge adulte, cher jeu vidéo.