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Un Thème des Œuvres #83 : Moins machiavélique, tu meurs !

On connaît des œuvres dans lesquelles les gentils ont le mot de la fin et celles où l'on voit les héros perdre. Dans d’autres, c’est le plus réaliste qui survit.

Écrit par Khesistos.

Le collectif vous propose chaque quinzaine un nouveau numéro de la rubrique Un Thème des Oeuvres. Le concept est simple : vous faire (re)découvrir des œuvres que nous apprécions sous l'angle d'un thème précis. N'y voyez pas là une sélection parfaite ou la liste des indispensables. Ce sont plus des coups de cœurs qui méritent votre attention et vos remarques, en essayant d'équilibrer la liste avec des situations variées. Nous souhaitons vous présenter des œuvres différentes, venant de nombreux médias et visant un large public. Bonne lecture ou visionnage et surtout, n'oubliez pas : l'important, c'est de prendre du plaisir !

Eyeshield 21 (Manga)

Eyeshield 21 a pour thème le football américain et met en scène Sena, un jeune lycéen prodige capable de courir très vite et qui rejoint une équipe : les Deimon Devil Bats. Le héros n’est pourtant pas attiré par un sport aussi violent, c’est avant tout la lâcheté qui lui donne des ailes. C’est pourquoi, quand il est poursuivi par trois voyous et qu’il se met à courir à une vitesse incroyable, il attire l’attention d’Hiruma, le quater back démoniaque qui recrute de nouveaux membres dans son équipe, composée de seulement deux joueurs, lui compris. Il le capture donc, le ligote et l’oblige à adhérer. Tout au long du manga, Hiruma usera de méthodes immorales pour recruter de nouveaux équipiers comme par exemple son “cahier des menaces” qui regroupent des dossiers sur les individus qu’il souhaite faire chanter. Il utilisera également des plans machiavéliques pour gagner ses matchs tout en jouant sur la psychologie de ses adversaires. Il peut demander à ses joueurs de s’évertuer à utiliser une tactique qui ne fonctionnera pas jusqu’à ce que leur adversaire s’y habitue pour tout à coup leur donner de nouveaux ordres et surprendre l’adversaire. Le machiavélisme, c’est aussi utiliser ses joueurs comme des pions en leur demandant d’aller jusqu’à la blessure pour gagner. La fin justifie les moyens. Pourtant, comme souvent dans les manga, on finit par s’habituer au méthodes immorales du personnage parce qu’il est dans le camp des gentils. Mais, vers la fin de la bande-dessinée, lorsque les devil bats affrontent les “Dinosaurs” menés par un quater back au style de Yakuza qui utilise son lineman pour brutaliser les joueurs adverses, quitte à ce que ces derniers finissent blessés à vie, l’oeuvre donne l’impression que les devil bats sont des tendres. Le public est en effet indigné par le style des Dinosaurs. Pourtant, quand le quater back demande à Hiruma s’il ferait pareil pour gagner avec un tel joueur dans son équipe, celui-ci confirme: “Bien sûr.” En effet, pendant ses deux premières années au lycée, le leader des Deimon Devil Bats avait des joueurs de seconde zone dans son équipe. Ne pouvant compter sur la force de lion de ses coéquipiers, Hiruma a misé sur son seul atout : la ruse du renard.

Gagner la guerre (Roman)

Qu’arrive-t-il à Ciudalia quand elle gagne la guerre ? Les victorieux se disputent le butin. Les divers camps politiques de la République s’affrontent publiquement pendant qu’en interne ils vivent des désordres menés par des sénateurs qui ont leurs propres intérêts à défendre. Benvenuto Gesufal, le héros du roman, est un assassin au service de l’un de ces seigneurs ambitieux, Leonide Ducatore. Ce dernier donne un rôle de plus en plus politique et diplomatique à son coupe-jarret qui se voit alors mêlé à des intrigues qu’il aurait préféré éviter. Benvenuto tente vaille que vaille de comprendre les objectifs qui se cachent derrière chacune des manoeuvres des différents protagonistes qui l’entourent afin d’assurer sa propre survie. En effet, il se méfie des ennemis de son patron, des alliés de son patron, mais également, et peut-être plus encore, de son propre patron. Il sait qu’il est un pion qui, s’il devenait gênant, serait sacrifiable. Il a d’ailleurs bien failli mourir lors de sa première mission diplomatique. L’avantage de cette oeuvre est de ne pas se limiter à une caste quand il s’agit de présenter des personnages capables de faire preuve d’intelligence. Au-delà des seigneurs rusés, Benvenuto peut croiser un aubergiste qui pose beaucoup de questions ou un barbier qui aime bien se tenir au courant des intrigues des puissants. Outre ces personnages machiavéliques, le roman fait référence à Machiavel presque directement. En effet, un personnage répondant au nom de Corvilio est cité comme étant l’auteur de “les Principes des gouvernements assujetties” alors que Machiavel a écrit “Il Principe” (en italien). On trouve pour point commun également aux deux intellectuels d’avoir été d’ancien diplomate et conseiller de chefs d’Etat. Enfin, Ciudalia est inspiré de l’Italie de la renaissance dont est originaire Machiavel.

Les Soprano (Série TV)

Les politiques ne sont pas les seuls se disputer le pouvoir, les mafieux en sont tout aussi adeptes et la série les Sopranos le démontre. Tony Soprano, mafieux quadra, est un capitaine. Si on reprenait le vocabulaire du monde de l’entreprise pour situer le personnage dans la hiérarchie, on dirait qu’il n’a qu’un n+1 au-dessus de lui. Sauf que le n+1 meurt d’un cancer, qu’il faut le remplacer et que Tony est tout à fait apte à reprendre le poste. Il a de l’expérience et beaucoup d’intelligence. C’est en tout cas ce que pense tous les membres de sa famille. Mais son oncle veut la place de chef et Tony est prêt à la lui laisser. En effet, il considère que le poste de parrain apporte beaucoup d'ennuis. Vous devenez la première cible du F.B.I, vous devez trouvez des solutions à tous les problèmes, etc … Il laisse donc généreusement la place à son oncle qui sert finalement d’épouvantail pendant que les autres capitaines préfèrent suivre discrètement les ordres de Tony. Voici l'un des nombreux stratagèmes qu’utilise le mafieux pour protéger ses intérêts. Il évite la confrontation quand c’est nécessaire, utilise la voie diplomatique quand il le faut et la violence comme voie subsidiaire. Un de ses amis le compare à un aigle. Il voit les problèmes arriver de loin et peut ainsi anticiper les dangers ou créer des opportunités à partir de situation a priori désavantageuses. Tony n’est pas obnubilé par des ambitions aussi futiles que celles d’être parrain. Il s’évertue à trouver un compromis entre ses intérêts économiques et éviter la prison. Plutôt que son ancêtre Machiavel, c’est Sun Tzu auquel se réfère le chef de famille officieux. Il essaiera d’appliquer les principes de l’art de la guerre pendant quelques épisodes.

Le trône de fer (Roman/Série)

Game of Thrones, c’est les sopranos dans l’univers du seigneur des anneaux”, disent les équipes derrière la série TV. Le trône de fer est aujourd'hui bien connue du grand public. Le roi meurt et plusieurs prétendants revendiquent la couronne. L’oeuvre a plusieurs mérites qui tiennent en partie à la diversité des personnages, des méthodes et des entités machiavéliques proposées. Vous avez ceux qui veulent le trône par ambition personnelle comme Cerceï, la femme du roi défunt qui entre dans un rapport de force avec tous ceux qui l’entourent, alliés comme ennemis, et qui cherche uniquement à servir son ambition personnelle : le pouvoir. On trouve également des personnages qui cherchent avant tout à assurer la perpétuation du royaume ou à en protéger les intérêts comme Varys et Tyrion mais qui utilisent des méthodes sournoises pour y arriver : espionnage, manipulation et sacrifice. Il existe également diverses entités qui cherchent leurs intérêts. On peut découvrir les religions qui s’affrontent entre elles et qui cherchent à étendre leur influence, ou encore la banque de Braavos qui cherche à développer ou retrouver ses intérêts économiques. Enfin, il reste le personnage de Roose Bolton qui ne participe qu’au jeu des trônes pour son divertissement. Toutes ces créatures imaginée par George Martin savent une chose: “Quand on joue au jeu des trônes, soit on gagne, soit on meurt”. Ceux qui ne connaissent pas cette règle trouvent bien souvent une fin funeste.

Mount and Blade (jeu vidéo)

Mount and Blade est une autre manière d’apprécier les méthodes de Machiavel. Dans ce jeu, vous êtes abandonné au milieu d’une terre qui fait l’objet d’un conflit entre cinq royaumes. A vous de déterminer ce que vous voulez faire : du commerce, du pillage ou devenir roi. Pour parvenir à vos fins, vous pouvez prendre le parti d’un souverain puis vous rebeller, ou entrer directement en conflit avec les autres royaumes en revendiquant la première ville ou forteresse que vous trouvez, ou encore en prenant le parti d’un héritier légitime. Vous pouvez également entretenir des relations amicales avec d’autres seigneurs qui ne l’oublieront pas le jour où vous aurez besoin de leur armée pour prendre une ville ou, à l’inverse, vous laissez partir sans vous livrer bataille alors que son roi vous a déclaré la guerre. Le plus difficile commence lorsque vous vous déclarez souverain et donc que vous souhaitez conquérir l’ensemble du territoire. Il vous faudra avoir suffisamment de fiefs à donner à vos vassaux lesquels seront très souvent mécontents lorsqu’ils n’obtiendront pas ce qui leur semble dû. Chaque victoire suscite donc les convoitises de vos alliés lesquels peuvent devenir hostiles s’ils n’obtiennent pas ce qu’ils veulent. Au-delà de leurs intérêts, vous devez penser aux vôtres. Qui doit recevoir le fief ? Celui qui dispose d’une grande réputation et de beaucoup d’hommes et dont vous souhaitez gagner les amitiés ou votre compagnon le plus fidèle qui ne vous a jamais abandonné et dont la loyauté est déjà assurée ? Dans le roman Gagner la guerre on dit “plus le gâteau est gros, plus on a les crocs”. Dans Mount and Blade, vos plus grandes victoires ne feront qu'aiguiser l’appétit de vos vassaux. Mais avant de penser partage des terres l’attribution des terres, il vous faut les conquérir. Il est donc indispensable d’avoir une réflexion stratégique en plus de l’esprit tactique. La prise d’une ville vous coûtera des hommes, serez-vous capables de la défendre après vos pertes ? La qualité de votre armée peut vous permettre de vaincre un adversaire deux ou trois fois plus nombreux. Mais quand quatre rois veulent prendre la ville et que chacun d’entre eux dispose d’environ mille hommes, comment défendrez-vous votre nouvelle conquête ? Vous comprenez alors l’idée d’Hegel: à partir d’une certaine quantité, “la quantité devient qualité”.

Si ces oeuvres ne vous suffisent pas, nous aurions pu aussi vous parler du manga Ad astra qui raconte l’affrontement entre Hannibal et Rome, ou encore le roman les Rois Maudits qui retrace la fin de la lignée des capétiens. N'hésitez pas à laisser en commentaires vos propres choix. Rendez-vous dans quinze jours pour un nouveau sujet et d'autres œuvres !

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