Le cinéma est un médium lié à l’évolution technologique. Après la révolution visuelle de la couleur, c’est peut-être au tour de l'IMAX, la 3D étant dans les choux.
C’est au Canada qu’il faut chercher les origines du format IMAX, où un groupe de réalisateurs s’est décidé à créer une expérience de projection sur un écran hors normes en 1967 à l'aide de neuf projecteurs. Quelques années plus tard à Osaka pour l’exposition universelle de 1970, la technologie était prête et le premier film IMAX fut diffusé, enchaînant sur l’ouverture de la première salle en 1971 à Toronto. C’est à ce moment que les bases de l’IMAX ont été définies en contrôlant toute la phase de production d’un film, de la caméra au format de projection du film. Un film IMAX c’est avant tout une image qui ne correspond pas au format classique dit Cinémascope (2,40 :1). En effet en IMAX l’image est beaucoup plus haute et moins rectangulaire (1,43 :1), ce qui implique une projection sur des écrans adaptés de grandes tailles.
Ce format d’image associé à ces écrans gigantesques permet d’apporter une immersion dans le film bien plus importante qu’avec le cinéma classique, notre champ de vision étant bien plus occupé par le film. Pour améliorer l’expérience IMAX, chaque salle est étudiée avec précision pour bien placer l’écran par rapport aux spectateurs, leur assurant un bon angle de vision où qu’ils soient dans la salle, ceci étant accentué par une légère courbure de l’écran et une disposition des sièges plus dégradée. Le travail effectué dans les salles ne se limite pas à l’image, puisque l’IMAX garantit aussi un des meilleurs sons obtenus au cinéma. Le système sonore est ainsi positionné soigneusement dans ces salles IMAX conçues dès le départ en pensant à l’acoustique, le tout étant renforcé par des systèmes de contrôle « live » du son à chaque séance.
Pellicule contre Disques Durs
Au moment où a été inventé l’IMAX, les caméras numériques n’existaient pas encore. Il a donc fallu inventer un système pour filmer et obtenir ce format élargi 1,43 :1. La caméra IMAX fut donc créée en ayant comme particularité d’utiliser des pellicules 70mm, à l’inverse du format classique 35mm, qui sont parfaites pour obtenir des images Haute Définition de très grande qualité colorimétrique et avec le format adéquat. Toutefois, ces nouvelles pellicules devinrent une contrainte, étant bien plus grandes que du simple 35mm, les caméras IMAX sont massives et lourdes leur conférant un aspect peu pratique pour filmer. Les bobines sont elles aussi biens plus grandes et posent des problèmes de stockage et des difficultés de projection, le projecteur doit ainsi être adapté et il est quasi impossible de réaliser un film très long en IMAX tant les bobines prendraient de place. Par exemple une copie de film IMAX format pellicule pèse environ 80Kg, tandis qu’un système numérique de disque dur ne pèse que quelques dizaines de grammes.
La production d’un film IMAX est donc sur le papier soumise à de nombreuses contraintes techniques qui augmentent drastiquement le prix d’un tournage. Pendant plusieurs dizaines d’années, la majorité des films IMAX fut donc des documentaires destinés à des salles spécialisées, dites IMAX DOME, pouvant les diffuser plusieurs années durant. Le développement de l’IMAX pour les films hollywoodiens s’est fait avec l’apparition du numérique. Tout d’abord IMAX a inventé un système permettant de transformer un film tourné en format classique en un film au format IMAX, c’est la Remasterisation Numérique dites DMR. Cela a permis de développer de grosses productions au format IMAX à moindre coût, le premier test fut effectué avec le film Apollo 13 en 1995. C’est ensuite la production directe d’un film IMAX qui a évolué avec l’apparition des premières caméras IMAX numériques sonnant le glas de la pellicule 70mm qui est aujourd’hui très rarement utilisée. Tout est maintenant stocké sur des disques durs pouvant être branchés directement sur des projecteurs numériques.
Mais un petit problème existe avec cette transition entre la projection analogique via pellicule et numérique via disque dur, les projecteurs numériques utilisés en majorité ne sont pas capable de projetter dans le format IMAX originel 1.43. Un vrai souci lorsqu'on sait que toute la technologie se base sur cette fameuse image exclusive. Ces projecteurs numériques ont, pour la majorité, une construction semblable à des projecteurs classiques et possèdent une résolution maximale 2K. Du coup, impossible d'obtenir une réelle image IMAX dans la grande majorité des salles, et un format intermédiaire est proposé, le 1.85.
L’IMAX et la 3D
Ces dernières années, Hollywood a tenté d’imposer le format 3D pour de nombreux films, différentes technologies existant avec chacune leurs qualités et défauts. IMAX a donc décidé d’utiliser sa propre technologie 3D, dans le but d’offrir la meilleure expérience 3D possible aux spectateurs. Une initiative ayant pour but d’apporter une exclusivité supplémentaire aux salles IMAX qui doivent attirer le plus de spectateurs possibles pour être rentables.
Le format IMAX 3D a donc été créé en se basant sur une technologie passive, c’est-à-dire que la 3D est permise par l’utilisation de projecteurs spéciaux et de lunettes polarisantes pouvant répartir une partie de l’image à l’œil gauche et une autre à l’œil droit. Pour se démarquer des autres techniques 3D, IMAX a investi sur les projecteurs, ils sont en effet utilisés par paires lors d’une projection en 3D, un pour chaque œil contrairement à une 3D classique utilisant un unique projecteur. L’IMAX 3D possède ainsi une bien meilleure définition de l’image rendant la 3D encore plus efficace. Ce doublement de projecteurs n’étant pas la seule amélioration apportée par l'IMAX puisque les projecteurs en eux-mêmes sont différents de ceux utilisés habituellement, en y incorporant des lampes très puissantes améliorant grandement la luminosité de l’image. Ces apports technologiques permettent à IMAX de s’implanter sur le créneau 3D tout en proposant un produit bien différent des films projetés en 3D classique.
Les Cinéastes qui aiment l’IMAX
Si l’IMAX arrive à se développer depuis quelques années c’est aussi grâce à la volonté de certains réalisateurs qui ont décidé de tourner en IMAX. L’ambassadeur de cette technique est Christopher Nolan qui a refusé la 3D sur sa trilogie Batman au profit de séquences tournées en IMAX. D’autres grands noms ont utilisé des caméras IMAX, James Cameron toujours à la recherche de nouvelles techniques pour filmer ou encore J. J. Abrams qui a fait profiter Star Trek du format IMAX. Bien que ces réalisateurs militent pour plus d’IMAX au cinéma, le développement de films en IMAX est toujours difficile.
De nombreux pays ne sont pas ou peu équipés en salles IMAX, et le tarif élevé pour les séances freine les spectateurs à supporter ce format, bien qu’il soit très majoritairement apprécié par tous ceux qui ont pu voir un film IMAX. Les cinéastes doivent aussi faire face à la disparition de la pellicule 70 mm au profit des caméras numériques qui pour certains ne sont pas à la hauteur et ne permettent pas filmer du vrai IMAX. Le format argentique 70mm étant abouti, avec une très grande définition d’image et des rendus de couleurs et de contrastes très riches. Le numérique, lui, est toujours dans une phase de recherche technologique, en particulier pour augmenter la définition de l’image et obtenir une meilleure captation de la lumière. Ainsi les normes évoluent constamment pour la prise d’image ou sa projection, avec aujourd’hui la 4K comme meilleure technologie digitale. Au final les films tournés nativement au format IMAX sont très peu nombreux sur le marché du fait de ces contraintes, 2 à 3 films par an est le rythme maximum, la plupart des films projetés en IMAX étant des conversions grâce au système DMR.
Ces dernières années, les films tournés en IMAX ont été : la Trilogie Batman de Nolan, Mission Impossible Ghost Protocol de Brad Bird, Star Trek Into Darkness de J.J. Abrams et Hunger Games - L’embrasement de Francis Lawrence. Pour chacun de ces films, seule une partie des images a été tournée en IMAX pour des questions de coûts et d’intérêts artistiques : 25 minutes pour Mission Impossible, 50 minutes pour Hunger Games, 66 minutes pour Interstellar, 75 minutes pour Batman The Dark Knight Rises. Le record de durée d’images tounées en IMAX pour un film est détenu par Transformers, l’âge de l’extinction, avec 94 minutes natives de ce système.
Aujourd’hui IMAX est une multinationale ayant un chiffre d’affaire proche de 300 millions de dollars, détenant la marque IMAX et toutes les technologies qu’elle a pu développer. Son avenir semble plutôt radieux avec toujours plus de films projetés dans les salles IMAX, et un développement croissant à l’international, comme l’atteste la sortie en 2012 du premier film Européen dans les salles IMAX : Sur la Piste du Marsupilami.
Il y a peu, l’annonce des premiers films tournés intégralement en IMAX a d’ailleurs été faite, les élus seront les deux parties de Avenges Infinity War. Pour faire cela, une toute nouvelle caméra tournant en 65 mm sera utilisée, l’ALEXA 65. Sa première utilisation a d’ailleurs été sur le film Captain America : Civil War, avec 14 minutes de plans filmés.
Néanmoins, beaucoup de points sombres entachent cette ascension, le format IMAX étant plébiscité par le public, mais la très grande majorité des films IMAX ne sont pas de vrais films IMAX, ils ont été simplement convertis dans ce format. Le faible soutien d’Hollywood envers la production de films tournés nativement en IMAX n’arrange pas les choses, d’autant plus que les nouveaux systèmes entièrement numériques proposés par la firme ne conviennent pas aux quelques réalisateurs qui les soutiennent, ni aux spectateurs les plus exigeants attachés à la pellicule. Il ne reste plus qu’à espérer que cette technologie ne devienne pas un simple gadget, qui possède pourtant de sérieux atouts pour devenir incontournable.
L’IMAX du futur ou presque
Pour rester leader dans le monde de l’image, la société IMAX doit continuer sans cesse de proposer des innovations dans son format. Avec des industriels du secteur qui se jouent une course à la meilleure résolution d’image et des acheteurs qui sont facilement séduits par des logos pleins de promesses, il fallait opérer un vrai bond technologique. Les projecteurs IMAX étant encore aujourd’hui des projecteurs classiques améliorés, ils continuent de projeter des images à l’aide d’un système de miroir et de lampes au xénon.
C’est donc en 2014 que la compagnie IMAX a dégainé les armes en installant ses tous premiers projecteurs IMAX Laser dans sa ville d’origine, Toronto. Cette nouvelle technologie a ainsi modifié la source de lumière, mais aussi le système de projection. On passe ainsi d’un système d’éclairage au xénon à des projecteurs utilisant une centaine de lasers comme lumière. De plus, au niveau de l’optique, il n’y a plus de prisme, une partie par laquelle était diffusé le faisceau lumineux. Cette partie est remplacée par un système de plaques transparentes en Invar, un nouveau matériau créé par la société, censé être thermiquement stable. L’organisation de ces plaques au sein du projecteur est aussi plus ouverte, permettant à la lumière de traverser moins de structures.
Le résultat de tous ces changements est fortement lié à l’utilisation de lumières laser. En effet un laser est une lumière pure qui peut avoir un spectre lumineux extrêmement réduit. Ainsi, on peut obtenir des couleurs bien plus vives et diversifiées. Si, par exemple, on doit projeter à l’écran un sabre jedi à l’aide d’une lumière laser, et bien il sera possible de n’envoyer que le spectre lumineux bleu et précis voulu, alors qu’une lampe, elle, aura toujours une émission de rayons lumineux de couleur indésirable. Le laser associé à cette nouvelle architecture permettrait donc d’obtenir des contrastes supérieurs et une précision d’image extrême par rapport aux anciens projecteurs IMAX. Leur résolution est, de plus, bien supérieure en pouvant établir une image 4K. Pour enfoncer le clou concernant l'interêt de l'IMAX Laser, il est maintenant redevenu possible de projeter des films dans le vrai format IMAX 1.43, grâce à ce gros travail fait sur la lumière et la résolution de l'image. Ce qui est peut-être le plus grand apport de cette nouveauté, après des années de tout numérique sans forcément beaucoup d'avantages.
Cette nouvelle norme d’image a aussi été l’occasion pour IMAX de s’occuper de la partie sonore de ses salles. En effet avec le développement de la technologie Dolby Atmos, qui permet une meilleure spatialisation du son en salle par la mise en place d’enceintes sur tous les murs ainsi qu’au plafond, a engendré un retard de la part d’IMAX à ce niveau. Pour ne pas laisser ce terrain du sonore à ses concurrents, il a donc été ajouté aux salles IMAX Laser 6 nouveaux canaux : deux au plafond et quatre sur les côtés. Ainsi, ce système permet d’avoir 12 voies sonores réparties sur tous les côtés d’une salle et donc de proposer une alternative à la solution made in Dolby.
L’apparition de cette nouvelle technologie est aussi le moyen pour IMAX d’en promouvoir une autre, la 3D. Si elle a aujourd’hui moins d’adeptes, il faut conserver à l’esprit qu’elle reste largement utilisée à Hollywood, pour des raisons notamment financières. Le surcoût des places étant un moyen assez simple de rentabiliser un film. L’IMAX Laser permet donc de projeter deux images en résolution 4K grâce à une association de deux projecteurs. Il y a donc pour chaque œil une image de très haute définition, ce qui, associé à la luminosité importante du laser, permet d’obtenir un rendu pour le spectateur plus confortable et efficace. Le dédoublement d’image étant censé disparaître grâce à la haute définition, et le phénomène de couleurs ternes et d’ambiances sombres étant, lui aussi, réglé par le laser.
Cette technologie en est donc à ses tout débuts, elle vient d’ailleurs d’arriver en France à La valette du Var et à Montpellier, qui accueillera le plus grand écran de France pour un cinéma.
En conclusion on peut se dire que le format IMAX répond aux attentes des spectateurs qui veulent payer pour vivre une expérience riche en émotions au cinéma. Le gigantisme des salles, le format cherchant la verticalité et le son bien étudié de cette technique sont de réels atouts. Toutefois, pour convaincre les cinéphiles, il faut encore faire des efforts pour palier la disparition de la pellicule aux multiples qualités graphiques. Si la société a tendance à vouloir se développer massivement sans forcément régler les problèmes de sa technologie numérique depuis quelques années, on peut penser qu'elle va essayer de rectifier sa direction pour rester une référence technologique au service des films.
Les salles IMAX en France
Région Parisienne : Gaumont Disney Village / Écran de 25,33x14,8 mètres
Pathé Quai d’Ivry / Écran de 21x11 mètres
Rouen : Gaumont Grand Quevilly / Écran de 21,50x10,90 mètres
Région Lyonnaise: Pathé Carré de Soie / Écran de 17,90x9,88 mètres
Toulouse : Gaumont Labège / Écran de 24x12 mètres
Région Toulonnaise : Pathé la valette (Salle IMAX Laser) / Écran de 25x14 mètres
Montpellier : Gaumont Multiplexe Odysseum (Salle Imax Laser) / Écran de 26x14 mètres
Différentes salles IMAX (type DOME) projetant des documentaires et autres attractions : le Futuroscope à Poitiers avec Kinepolis, La Géode à Paris, la Cité de l’espace à Toulouse