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Gintama : samouraï et extraterrestres, entre futur et tradition

Venez découvrir le manga le plus barré de la planète dans lequel les extraterrestres ont envahi le monde et où le seul héros capable de sauver le code d'honneur des samouraï est diabétique.

Écrit et illustré par Hideaki Sorachi depuis 2003, la série Gintama est aujourd'hui l'une des licences les plus juteuses du Weekly Shonen Jump, magazine où il côtoie One Piece et consorts. Classé par les japonais comme le 3ème meilleur manga de tous les temps du Jump, derrière DragonBall et One Piece, Gintama possède une histoire peu banale. Lors de sa création, le titre ne connaît pas un franc succès, notamment parce que il est éclipsé par un autre manga culte de l'époque : Death Note. L'humour déjanté – et très pipi-caca - déroute plus d'un lecteur étant donné le caractère essentiellement humoristique voulu par Sorachi.

À l'origine, Hideaki Sorachi, tout juste arrivé dans les locaux du Weekly Shonen Jump, voit son éditeur lui demander de réaliser un manga historique sur le Shinsengumi (célèbre milice des années 1850 au Japon). Vu le succès de Kenshin le Vagabond plusieurs années auparavant, il n'est pas étonnant que le magazine ait voulu réitérer l'exploitation de l'histoire japonaise dans un manga. Sorachi souhaitant initialement faire une histoire sur la magie, il décide cependant de reprendre le script de son éditeur à sa sauce. Le résultat donnera Gintama où les samouraïs vont côtoyer la technologie du XXIème siècle et les extraterrestres, pour le meilleur, comme le pire.

Quand votre sabre japonais fait aussi lecteur MP3

Le monde de Gintama prend place durant l’Ère Edo, époque des samouraïs. Les extraterrestres ont conquis la Terre et l'ont dépouillé de nombreuses ressources, mais ils ont aussi apporté la technologie aux habitants. C'est dans ce contexte que démarre l'histoire de la rencontre entre Gintoki, ancien samouraï qui porte encore le sabre alors qu'il est interdit dans le pays, et Shinpachi, jeune adolescent otaku vénérant une star de la j-pop appelée Otsu. Après des déboires, ils croisent le chemin de Kagura, une extraterrestre de la race des Yato qui possède une force surhumaine et un appétit qui met à l'épreuve les humains. Ce petit groupe crée alors leur agence à tout faire : les Yoruzuya Gin-san. Mais ce travail ne rend, vraiment, vraiment, pas riche.

Au fur et à mesure de leurs aventures, le groupe rencontre de nombreux alliés, notamment dans le quartier de Kabuki où Gintoki habite. On y retrouve Katsura, ancien compagnon du héros lors de la guerre contre les aliens, qui se considère comme terroriste « modéré » et recherché par la police. Cette dernière, appelée le Shinsengumi, deviendra petit à petit une véritable allié pour notre équipe de héros malgré les rivalités apparentes entre les membres. Ainsi, Gintoki et Hijikata, vice-commandant démoniaque de l'organisation se détestent autant qu’ils se ressemblent, alors que Kagura et Okita, commandant de la première division se livrent une guerre sans merci depuis que ce dernier a détruit le scarabée de combat de l’adolescente. Ambiance garantie.

Mais les Yoruzuya font face à des ennemis redoutables. Les extraterrestres, appelés Amanto dans la série, vont progressivement devenir des adversaires dangereux, sans oublier Takasugi Shinsuke, un autre ancien camarade de Gintoki durant la guerre contre les Amanto qui a créé une organisation terroriste, le Kiheitai, dont l’objectif est de détruire la terre. Ainsi, entre des jobs misérables et des situations périlleusement drôles, Gintoki devra aussi faire le travail de tout bon héros de shonen : sauver la Terre.  

Uchronie des temps passés et futurs

Si le synopsis de base et l'humour à base de fiente ne peuvent pas plaire à tout le monde, la série déboulonne petit à petit son univers avec son lot de personnages loufoques mais aussi de situations bien plus sérieuses. Le mangaka a pris son temps pour développer un univers déjanté, mais il n'oublie pas de raconter une histoire autour de personnages forts. Les arcs sérieux ne font plus place aux rires mais tirent leur force des clichés que Sorachi réutilise au mieux de leur capacité. Bluffant tant les personnages qui nous donnent en permanence la banane réussissent à nous émouvoir aux larmes.

Cependant, ne vous détrompez pas : le manga est clairement à portée humoristique la majorité du temps. L'auteur multiplie les références à l'histoire japonaise, la pop culture - le manga n'hésite pas à parodier ses consorts du Weekly Shonen Jump ! - et à la culture japonaise en général. Ce qui, pour le public francophone que nous sommes, représente un gros handicap de base. Comment saisir toute la portée de chaque vanne balancée par les héros quand on n’est pas nippon ?

C’est aussi sur le thème de l’uchronie que la série se place, mélangeant habilement l’environnement traditionnel de la culture nippone au space-opéra avec ses vaisseaux traversant le ciel d’Edo, mais aussi des planètes dont sont issues les personnages. Un univers gigantesque en somme, mais profondément marqué par la culture japonaise et sa place dans le monde. L’auteur délivre un tableau très juste de la société qui se cherche, entre tradition et renouveau.

Faites attention aux personnes avec des parapluies

La principale force de Gintama réside dans ses personnages qui portent la série sur leurs épaules. Notre trio fera connaissance avec nombre d'alliés mais aussi d'ennemis. Le Shinsengumi, ce fameux groupe militaire dont Sorachi aurait dû saisir la biographie romancée en manga, fait finalement partie des personnages principaux de la série. Tournés en ridicule dès le départ mais surtout opposés à Gintoki, ils se révèlent très vite être des alliés indéfectibles défendant la paix dans Edo.

Les extraterrestres Amanto représentent les étrangers qui avaient tenté de s'imposer sur le sol japonais dans les années 1850, déclenchant une guerre où modernité et tradition se sont entrechoquées. Dans Gintama, ils représentent la majorité des antagonistes et sont souvent dessinés sous forme d'animaux, pour marquer leur différence mais aussi la perception des habitants d'Edo envers eux. Les seuls qui bénéficient d'une représentation humaine sont les Yato, peuple dont Kagura fait partie. Par leurs habits chinois, ils représentent la Chine, pays voisin du Japon.

Gintama fait parfois face à des critiques, notamment pour ses parodies d'autres séries comme Dragon Ball, One Piece, Bleach ou même Hokuto No Ken pour la version animée de par un générique qui ne fera pas toujours plaisir aux fans, mais pas seulement. Régulièrement, l’éditeur du manga et TV Tokyo, la chaîne de télévision qui diffuse la série, sont raillés par les personnages en se plaignant notamment des coupes de budget. La série trolle aussi son public comme cet épisode annoncé comme le dernier de l'anime où les personnages s'excusent à tour de rôle pour la fin.

La voie du samouraï, pour toujours

Si le manga ne décolle pas sur le sol français, c'est en partie pour son retard de publication, une vingtaine de tomes d'écart, mais aussi sa difficulté à atteindre le public français avec des références que Kana peine à retranscrire dans notre langue. En revanche, l'adaptation en dessin animé, réalisée par Sunrise, studio japonais derrière la réalisation des dessins animés de la licence Mobile Suit Gundam mais aussi de Code Geass ou Cowboy Bebop connaît un franc succès.

Débutée en 2006, et avec différentes interruptions, celle-ci compte plus de 300 épisodes à l'heure actuelle. Et il faut l'avouer, cette version se révèle tout bonnement excellente, dopée par un casting formidable et une qualité d’animation irréprochable. En effet, l'une des raisons du carton de l'anime, c’est sa capacité à avoir retranscrit fidèlement l’univers de Gintama sans avoir dénaturé ni même censuré des éléments polémiques. Graphiquement et techniquement, la série affiche une qualité assez exceptionnelle pour un anime aussi long, même si les différentes pauses de diffusion en sont le résultat. Enfin, le dernier point qui a façonné le succès de Gintama, c’est son casting.

Dotée de célèbres seiyuu (comédiens de doublage au Japon, on vous présente ce monde ICI), la série réussie le pari d’être incroyablement drôle – encore plus que le manga ! – par le jeu d’acteur des comédiens. Dans le rôle de Gintoki, on retrouve Tomokazu Sugita, qui a doublé également Kyon dans La mélancolie d'Haruhi Suzumiya et fut la voix de Subari Sumeragi dans l'adaptation anime du manga des Clamp : X1999. Kagura est doublé par Rie Kugimiya, voix de Alphonse Elric de FullMetal Alchemist ou plus récemment Juuzo Suzuya dans Tokyo Ghoul (on vous en parle ici). Enfin, Shinpachi est doublé par Daisuke Sakaguchi, connu pour son rôle de Yohei Sunahara dans Clannad mais aussi d'être la voix enfant de Ace, le grand frère de Luffy, héros de One Piece. Plus récemment on l'a entendu dans Kekkai Sensen dans le rôle de Leonardo Watch.

Les scènes dramatiques ne sont pas en reste avec une performance exceptionnelle où le spectateur passe du rire aux larmes par la maîtrise des personnages. De ce fait, le succès de la série repose en grande partie sur son adaptation en dessin animé même si il faut rendre à César ce qui est à César : Hideaki Sorachi reste le créateur de l'univers de Gintama et l'anime ne fait que reprendre fidèlement le manga.   

Gintama est une série culte avec des personnages incroyables, un humour décapant mais aussi de situations plus sérieuses qui font avancer l’intrigue entre deux gags. Le manga est rentré dans sa dernière ligne droite depuis 2015 et il est édité chez Kana dans nos contrées. L’anime lui est licencié par Crunchyroll depuis l’année dernière. Une chose est sûre : on aimerait que ça se ne termine jamais.

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2 commentaires

  1. cKei
    Le 27 février 2016 à 18:52

    J'ai essayé plusieurs fois de me mettre à ce manga auquel certains vouent un véritable culte, mais trois fois j'ai échoué. Le volume 1, puis 2, puis 3 ne m'ont pas convaincus. Et ce n'est un problème ni de références (je me targue de connaitre suffisamment bien la culture et l'histoire japonaise à force de lectures et jeux), ni d'incompatibilité avec l'humour employé (DragonBall n'était pas fin à son époque non plus, pas plus que les autres oeuvres de Toriyama). Non, c'est juste qu'à chaque fois que j'essaye de le lire, je trouve l'histoire peu originale, l'humour tombe à plat et le tout est assez fade, en fait. Je ne comprends d'ailleurs pas bien ce que les gens lui trouvent de particuier, même à la lecture de ton article ;) Quant aux personnages, le casting ne m’intéresse pas des masses. Peut-être est-il développé sur le long terme, mais comparé à d'autres séries qui permettent de s'y attacher très vite (en fait la plupart des shonen qui marchent le font très bien et c'est en partie ce qui explique leur succès), ici rien ne m'y incite. Je me demande si je ne ferais pas mieux de commencer par l'anime (qui au moins a l'air bien réalisé), contrairement à mes habitudes, histoire qu'il crée dans mon cerveau une certaine émulation avant de revenir au support papier. Et c'est vraiment dommage parce que j'aimerais vraiment prendre du plaisir à le lire. J'imagine que j'essayerai quelques volumes de plus un jour ou l'autre.

  2. Elesia
    Le 27 février 2016 à 19:25

    Franchement je conseille l'anime pour débuter, tout simplement car la qualité est au rendez-vous ! Le manga est bien plus difficile d'accès et puis le côté "pas sérieux" tente pas des masses au départ oui :/ Personnellement je m'y suis mise très très tard au manga ; en fait lorsque l'anime a eu une pause et puis depuis un an lorsque l'auteur a annoncé que le manga rentrait dans son final. Merci de ton commentaire :)

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