La franchise Yu-gi-oh! fête ses 20 ans, l’heure de faire un bilan sur cette série populaire et ses innombrables dérivées.

1996 ne marque pas seulement la naissance des Pokemon. Cette même année, Kazuki Takahashi lance lui aussi un phénomène planétaire qui trouve ses racines dans un manga qui continue de prospérer aujourd’hui. Il s’agit de Yu-Gi-Oh!, que l’on peut traduire par Roi du jeu. Cette série est prépubliée dans le fameux Weekly Shonen Jump, qui a vu défiler dans ses pages des titres comme Dragon Ball, Saint Seiya ou encore One Piece, toujours publié actuellement. Là où le titre se distingue des shonen habituels, c’est qu’il n’y a pas de gros affrontements physique entre combattants, mais seulement des personnages jouant à différents jeux.

Par la suite, d’autres séries ont pris la relève avec de nouveaux personnages, à de nouvelles époques, mais toujours avec les mêmes enjeux : sauver le monde en utilisant des cartes qui font apparaître des monstres. La franchise a su se développer, et si voir un anime n’a pas surpris grand monde dans l’industrie japonaise du manga, le succès des cartes à jouer est très certainement ce qui fait encore vivre la licence aujourd’hui.

La première série : Yu-Gi-Oh!

La première série Yu-gi-oh! a été publiée de septembre 1996 à mars 2004 et comprend 38 tomes, qui ont aussi édité en tome double. L’histoire suit Yugi Muto, le héros, accompagné de ses amis Anzu Mazaki, Katsuya Jonouchi et Hiroto Honda. Quoi ? Ces noms ne vous disent rien ? C’est normal si vous avez découvert Yu-Gi-Oh! avec la série animée en France puisque les noms ont été francisés. Ainsi, Anzu est devenu Héan, Jonouchi se transforme en Joey et Honda s’appelle désormais Tristan. On y trouve aussi Seto Kaiba, qui entretient avec Yugi une relation comparable à celle de Son Goku et Végéta.

Si au début, il y a avait des affrontements avec différents jeux comme des monstres en capsules, à partir du tome 8, c’est véritablement un jeu de cartes en particulier, nommé le Duel de monstres, qui est régulièrement mis en scène. Mais derrière ce qui semble être une simple distraction, on découvre le jeu des ombres qui permettent de mettre la vie de quelqu’un en danger, pouvant même conduire à la mort. Il y a aussi une dimension mystique avec les objets millénaires éparpillés dans le monde, notamment le Puzzle qui est possédé par Yugi et qui renferme l’âme d’un pharaon. Cela sera développé dans un arc narratif où l’on apprendra que le Duel de Monstres était déjà pratiqué, dans une forme différente, en Egypte Ancienne.

Forte de son succès, le manga a eu le droit à une adaptation en anime par le célèbre studio de la Toei (Dragon Ball). Malheureusement, cette première tentative fut un échec et ne dura que de d’avril à octobre 1998 et couvrit les 7 premiers tomes du manga. Cette série n’arriva jamais en France. Le second anime est produit par le studio Gallop (Eyeshield 21, Transformers : Robots in Disguise) qui totalement axé sur le jeu de cartes et nommée Yu-Gi-Oh! Duel Monsters, a eu un bien meilleur accueil et durera d’avril 2000 à septembre 2004, soit 5 saisons et 224 épisodes. Si certaines saisons reprennent les événements du manga, d’autres non comme l’arc consacré à Noah, le frère de Seto Kaiba.

Ce premier manga a eu un spin-off nommé Yu-Gi-Oh! R qui a été publié de 2004 à 2008 et compte 5 tomes, publiés en France. On y voit Yugi et ses alliés tentant de contrer les plans de Yakô Tenma qui tente de s’emparer de la Kaiba Corp en s’en prennant à Anzu. Cette série est scénarisée par le créateur de la licence, Kazuki Takahashi, et est dessinée par Akira Itō. Ce spin-off n'a pas eu d'adaptation animée.

Entretenir la licence

La franchise marchant bien, des suites sont mises en place après l’arrêt de Yu-Gi-Oh! Duel Monsters. Les séries vont s’enchaîner à la télévision de manière hebdomadaire tandis que les différentes versions papiers, sortant moins souvent (une fois par mois) vont se chevaucher, ce qui rend la lecture peu facile.

Suite au succès de sa première série, aussi bien en anime qu’en manga, la licence a donc continué à vivre grâce à des spin-off. La première d’entre elles est Yu-Gi-Oh! GX. Celle-ci prend place dix ans après la série précédente. Le Duel Monsters prend une bien plus grande place dans la vie de tous les jours, si bien que Seto Kaiba a fondé une académie de duel. C’est donc la vie de certains étudiants que l’on va suivre, notamment Judai Yuki (Jaden Yuki) et les amis qu’il va se faire : Sho Marufuji (Syrus Truesdale) , Daichi Misawa (Bastien Misawa) et Asuka Tenjôin (Alexia Rhodes). Là encore, il aura aussi un ami-ennemi en la personne de Jun Manjôme (Chad Princeton).

Il n’y a pas de gros enjeux dans cette série, mais le côté mystique est toujours présent avec des duellistes cherchant des cartes ayant des esprits. Elle a été publiée 9 volumes entre décembre 2005 et mars 2011. Le scénariste du manga est toujours le même, mais les dessins sont de Naoyuki Kageyama. L’adaptation animée cours sur quatre saisons et 180 épisodes diffusés entre octobre 2004 et mars 2008 au Japon. D’ailleurs, la saison 4 de la série n’a jamais été traduite et diffusée en France. Cette fois, les intrigues de l’anime ne correspondent absolument pas à celle du manga. Dans quelques épisodes, on peut apercevoir des personnages du précédent  animé comme Yugi, Seto ou Pegasus, le créateur du Duel Monsters.

Nous passons ensuite à Yu-Gi-Oh! 5D's qui est détachée complètement des séries précédentes, cela étant du à l’absence du créateur de la licence, remplacé par Satou Masashi, dont c’est le premier travail. On est encore plongé un peu plus loin dans le futur, et dorénavant les duel de monstres se jouent principalement sur des motos appelée Duel Runners. Le personnage principal de cette série est Yusei Fudo, accompagné de personnages comme Crow, les jumeaux Lua et Luka ( Luca en VF), Jack Atlus (Jack Atlas) et Akiza Izinski.

Encore une fois l’intrigue du manga ne transparaît pas dans l’anime. Le seul point commun est le lien mystique qui existe entre Yusei, Jack, Luca et Akiza. Comme pour GX, l’anime a débuté avant le manga. La version animé compte 154 épisodes diffusés au Japon d’avril 2008 à mars 2011. En France, elle a d’abord été diffusée sur NT1, puis sur Mangas et Canal J. Le manga compte 9 tomes publiés entre août 2009 et janvier 2015. Chez nous, le dernier tome de la série est publié ce mois-ci (mars 2016).

Des spin-off encore et encore

La succession de séries consacrées au Duel de Monstres continue. En décembre 2010, c’est Yu-Gi-Oh! Zexal qui débarque au Japon. Pour la première fois depuis la série originale, c’est le manga qui est lancé avant l’anime. Il se finira en juin 2015 au Pays du Soleil Levant après 9 tomes. En France, la série est publiée depuis 2013 et le dernier tome sortira en juin, chez Kana. L’anime de son côté a été diffusé d’avril 2011 à septembre 2012. Une seconde série animée faisant directement suite à la première et nommée de façon très originale Yu-Gi-Oh! Zexal II a été diffusée d’octobre 2012 à mars 2014. Chacune des deux séries se compose de 3 saisons. Les deux dernières sont inédites en France, et le resteront sûrement étant donnée que la diffusion de la série suivante a déjà débutée.

Les intrigues du manga et du premier anime sont assez similaires. Le but du héros, Yuma Tsukumo, est d’aider Astral, un être venu d’une autre dimension, à réunir les fragments de sa mémoire contenu dans certaines cartes. Le héros est épaulé par beaucoup plus de personnages que dans les saisons précédentes, et il y a cette fois-ci deux personnages qui ont le rôle de rival. Le deuxième animé a une intrigue liée à une autre dimension que celle d’Astral et une guerre entre ces deux dimensions. Dans cette génération, les duels se font à l’aide de lunettes de réalité augmentée, ainsi les passants ne voient pas les duels s’ils n’activent pas leur lunette.

On arrive enfin à la série actuelle, Yu-Gi-Oh! Arc-V, qui est, à mon sens la plus intéressante depuis GX. Pour cette série, on ne peut pas savoir dans quel temporalité se situer. En effet, au niveau des duel, on ressent une certaine régression puisqu’on repart sur des constructions holographiques, même si les joueurs peuvent interagir avec leurs monstres. Les duels sont aussi devenus une discipline artistique et certaines écoles enseignent celle-ci.

C’est de nouveau la série animée qui a débutée avant la version manga, en avril 2014, et diffusée un an plus tard dans nos contrées sur Gulli. Le manga a débuté par un one-shot (un numéro avec une histoire auto-contenue) en juin 2014. La publication mensuelle n’a commencée qu’en août 2015 et est dessinée par Naohito Miyoshi. On y suit des élèves de l’école “You Show”, Yuya Sakaki, Yuzu Hiragi (Zuzu Bolye en VF), Sora Shiunin (Sora Perse) et  Noburo Gongenzaka (Gong Strong). L’histoire va tourner autour d’un championnat (comme souvent) mais on va rapidement nous montrer l’existence de Terres parallèles à celle de la série, chacune rappelant une des séries précédentes, mais nous reviendrons sur ce point dans la partie suivante.

Et les cartes dans tout ça ?

Jusqu’à présent, j’ai très peu parlé du jeu de cartes en lui même alors que cette licence se prête parfaitement aux produits dérivés. Le succès de la série est tel que les cartes utilisées dans les mangas et les animes ont eu le droit à une sortie physique. Les gens ont pu goûter au plaisir d’invoquer un Magicien Sombre ou un Dragon Blanc aux Yeux Bleus, cartes mythiques des protagonistes du premier manga. Pour préciser les règles de base, chaque joueur peut se faire un deck d’au moins 40 cartes, et un extradeck de 15 cartes maximum avec des monstres à invoquer spécialement. Les duellistes commencent avec 8000 points de vie, et le premier à 0 ou qui ne peut plus piocher à perdu. Pour se construire un deck, il y a deux moyens, comme pour tout jeu de cartes à collectionner, soit acheter un paquet préconstruit et prêt à être utilisé (on sait à l’avance ce qu’il y a dedans), soit acheter des boosters (des paquets de cartes aléatoires).

Si au départ, il y avait peu de sorte de cartes pour construire un deck, chaque nouveau spin-off en a amené une nouvelle. Ainsi, au début il y avait les cartes de magie (à fond vert), les cartes de piège (à fond rose), les monstres normaux (jaune), à effet (orange) et, bien que très peu utilisés, les monstres fusions (violet) et rituels (bleu). GX a démocratisé les monstres fusions en facilitant leur invocation, puisque avant cette série, il y avait qu’une carte pour fusionner les monstres, et les fusions étaient très restreintes, il fallait des monstres précis. Avec GX, plusieurs nouvelles cartes permettent les fusions et les conditions d’invocations sont plus facilement réalisables, on passe d’un monstre à un type de monstre. L’arrivée de 5D’s met au placard les fusions et les remplace par des invocations de monstres synchro (à fond blanc). Pour cela, il faut un monstre synthoniseur et un ou plusieurs autres monstres dont le niveau total doit égaler celui du monstre que l’on veut invoquer. Zexal balaie les monstres synchro et introduit les monstre Xyz (prononcez ixyze) à fond noir. Cette fois, pour en invoquer un, il suffit d’avoir deux monstres ou plus d’un même niveau.

Arc-V (la série actuelle) arrive ensuite, et contrairement à ses prédécesseurs, on peut dire qu’elle embrasse son héritage. Ainsi, en plus d’ajouter une nouveau type de carte, les cartes Pendule à fond orange et vert, donc à la fois monstres à effet et carte magie, la série réutilise tous les autres types de cartes. C’est en cela que je la trouve plus intéressante puisque tous les types d’invocation peuvent être utilisés et on arrête de prendre les gens pour des idiots qui ne peuvent pas comprendre les règles. Cela est expliqué dans la série avec les différents univers. La dimension Standard est celle où vit le héros, Yuya et qui pourrait être considérée comme la nôtre. Elle existe avec trois autres dimensions représentant les trois spin-offs précédents : la dimension Fusion (GX), la dimension Synchro (5D’s) et la dimension Xyz (Zexal) et chacune de ces dimensions communiquent entre elles. Ces dimensions contiennent d’ailleurs des personnages des précédentes séries, ce qui explique l’absence des monstres fusions de Zexal, par exemple. C’est la série que je vous conseille car même si vous ne connaissez pas les règles, tout est expliqué vu que l’on suit des élèves d’une école de duel.

Lire, voir, jouer : Yu-Gi-Oh! Special Edition

Au niveau lecture, ce n’est pas trop dur, tout est sorti chez Kana, à part YuGi-Oh! Arc-V qui devrait, je pense, arriver en fin d’année. Les séries Yu-Gi-Oh! et Yu-Gi-Oh! R sont les plus dures à trouver mais tout est commandable sur le net. Les tomes simples sont à 6,85€, les tomes doubles de Yu-Gi-Oh! sont à 9,40€.

Une multitude de jeux vidéo consacrés à la franchise est sorti en 20 ans. S’il fallait faire une sélection, je conseillerai sans aucune hésitation la série des Tag Force. Il y en a 6 au total qui couvrent les séries GX et 5D’s. Ils reprennent le mieux l’aspect cartes à collectionner, puisque qu’on y incarne un joueur qui doit se faire son deck. Du coup, on fait des duels (simples ou en équipe), on gagne des points pour s’acheter des boosters de cartes, on améliore son deck. On y croise les personnages de l’anime, avec qui on peut se lier d’amitié, pour qu’ils acceptent de rejoindre notre équipe afin de disputer des duels.

Sinon, vous pouvez aussi jouer dans le monde réel avec des vraies cartes. Chaque année, il sort au moins un deck préconstruit pour commencer à jouer et plusieurs extensions pour renforcer son deck. Comme le jeu est considéré pour les enfants, il ne faut pas avoir honte d’aller les chercher au rayon jouets  des grandes surfaces. Vous pouvez aussi vous fournir dans des boutiques spécialisées où le jeu est considéré à égal avec Magic : The Gathering et d’autres jeux équivalents.

Enfin, le plus compliqué, comment regarder Yu-Gi-Oh! ? La série a, encore une fois, été considérée pour les enfants, du coup, les deux premières séries ont été diffusées sur M6, dans M6Kid. 5D’s a été diffusé sur NT1 aux côtés de Saint Seiya : Hadès, ce qui a permis de redorer un peu le blason de la franchise. Malheureusement, les deux derniers spin-off sont diffusés sur Gulli, ce qui a fait remonter le côté gamin de la licence alors que la série ne l’est pas du tout. L’anime est d’ailleurs édulcoré par rapport au manga, bien plus sombre, peu importe la série. Et ce n’est pas la peine d’essayer de trouver les DVD parce que même à ce niveau, la série a été maltraitée.

Yu-Gi-Oh! est sortie en intégralité en DVD, mais à coup de DVD contenant 3 ou 4 épisodes, il y en a plus d’une dizaine par saison. GX a eu le début de sa première saison collectée, mais pas plus, et ce n’est pas la peine de chercher les autres spin-off. Je n’en ai pas parlé mais il y a eu trois films qui sont “sortis”. Les deux premiers concernent Yu-Gi-Oh! mais ne sont absolument pas à retenir. Le dernier en date, Yu-Gi-Oh! Reunis au delà du Temps, met en scène les héros des trois premiers anime et n’est pas trop mal. Il servait surtout à fêter les 10 ans de la franchise. Pour fêter les 20 ans, un nouveau film d’animation, centré sur Yugi et Kaiba, sortira dans l’année et s’intitule The Dark Side of Dimensions.

La franchise Yu-Gi-Oh! a été bien malmenée au cours de son histoire, que soit concernant la diffusion française ou le retard entre le manga et l’anime. Cependant, je vous conseille de la tester pour vous faire votre propre opinion sur une licence injustement traitée comme une licence pour enfant.