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Fast and Furious - les Expandables décomplexés du volant

A l'approche du huitième épisode de la série, intéressons nous au changement d'angle adopté par la série de films d'action aux voitures tunées et aux intrigues policières.

Fast And Furious, ou Rapides et Dangereux chez nos amis québécois, est une série de films qui a connu un succès critique variable, mais qui a fait l'exploit d'aller toujours plus loin et d'augmenter ses recettes au box-office (sauf une fois avec Tokyo Drift) à chaque nouveau film. C'est justement à l'occasion des seize ans de la licence que va sortir ce qui sera peut-être l'ultime épisode de la série : The Fate of the Furious.

Avec les premières bandes annonces, une chose était claire et nette : les réalisateurs, malgré le décès de l'acteur Paul Walker en 2013 suite à un accident de voiture, ont décidé de pousser la barre encore plus loin. Si pour vous, une voiture estimée à 3,4 millions de dollars sautant entre deux gratte-ciel à Dubaï était le maximum dans la folie qu'accepte la licence, préparez vous avec la bande-annonce de ce huitième épisode : elle servira de base pour cet article.              

Faster Than Furious

La série des Fast and Furious débute donc en 2001. Si beaucoup de réalisateurs et de producteurs ont travaillé sur les films de la série, un homme est resté durant l'intégralité de la série : Neal H. Moritz. Producteur sur presque tous les films de la série grâce à son studio Original Film, mais également sur beaucoup de films souvent orientés sur l'action et parfois sensations extrêmes. On peut citer entre autres xXx, Furtif, les récents Passengers et 22, Jump Street. On est donc loin du film d'auteur, et plus dans le film sans prise de tête qui suit le bon archétype du blockbuster : divertissant avant tout.

Le premier film met en scène Paul Walker, Michelle Rodriguez et Vin Diesel, qui formeront le trio principal de la série, et surfe sur la mode du tuning et des courses urbaines : A cette époque des jeux comme Need For Speed Underground et Juiced, des évènements comme le Paris Tuning Show, ainsi que l'attrait des jeunes conducteurs pour l'émission Pimp My Ride et les silencieux de pot modifiés sont légion.

C'est sur fond d’enquête policière sur des braquages rappelant Point Break que Fast And Furious pose ses bases : placement de produits (marques de pièces automobiles, la bière Corona…), des automobiles modifiées avec des goûts… éclectiques, de jeunes demoiselles court-vêtues servant d'hôtesses pour appâter le chaland.

On passe la seconde

En surfant sur ce succès, un second film, nommé 2 Fast 2 Furious sort en 2003, avec toujours une enquête de flic infiltré dans le milieu des courses urbaines. C'est sa « suite », nommée Fast and Furious : Tokyo Drift sortie en 2006 qui crée la première sortie de route. En essayant de situer son intrigue au Japon avec un focus sur le Drift tout en y collant des criminels et moins de cascades, le film sort de la chronologie des précédents films, intègre de nouveaux personnages jeunes et ne donne pas le même résultat : on passe de 236 millions de dollars au box-office mondial à 158 millions pour Tokyo Drift, alors que les épisodes qui suivront iront de 300 millions jusqu’à 1 milliard de dollars pour le septième épisode.

Face à cet échec, les quatre films suivants (Fast and Furious 4, 5, 6, 7) font une sorte de remise à zéro de la série en reprenant ce qui faisait la qualité des deux premiers films, à savoir : des courses ponctuées de cascades, des répliques cultes pour de bonnes (ou mauvaises) raisons, quitte à faire passer le côté « tuning » à la trappe dont l’engouement semble être retombé. L’une des inspirations majeures et réciproques de la licence, à savoir les jeux vidéos Need For Speed, mettent désormais l’accent sur les courses contre les forces de l'ordre plutôt que la transformation visuelle des voitures.

Dans toute cette série de films, si l'on fait exception de Tokyo Drift, tous les films conservent le trio Walker - Rodriguez – Diesel en tête d'affiche, et n'hésitent pas à rajouter des têtes connues : on peut mentionner Dwayne « The Rock » Johnson, Gal Gadot, Jason Statham, Bow Wow, Kurt Russell et plus récemment Charlize Theron.

Par contre, beaucoup de réalisateurs, généralement habitués au genre du blockbuster d'action, se sont enchaînés : Rob Cohen (xXx), John Singleton (Shaft), Justin Lin (Star Trek : Beyond), James Wan (Saw), F. Gary Gray (Braquage à l'Italienne).

Les feux de la route

Fast and Furious, c'est l'histoire de « la famille », comme le dit si bien Dominic Toretto, incarné par Vin Diesel. Lui et ses amis, sont des férus d'automobile. Le matin c'est mécanique, le soir c'est pratique. Et quand sa bande n’est pas là pour ridiculiser les challengers locaux, ils attaquent des convois de livraison avec des voitures préparées et des équipements nécessaires. Malheureusement pour eux, la police de Los Angeles met sur l'affaire l'officier Brian O'Conner, un passionné d'automobile qui n'hésite pas à transgresser la loi pour approcher Toretto et faire la lumière sur ces attaques.

Même si Toretto éprouve une furieuse rivalité avec O'Conner qui est le seul lui tenant tête au volant, c'est Mia Toretto (Jordana Brewster), le love interest de Brian, qui va faire céder Dominic. Plutôt que de laisser son ego et sa réputation broyer Brian, il va accepter celui-ci dans sa « famille », qui se résume à ses amis, sa sœur, sa copine (Michelle Rodriguez), et sa passion pour la mécanique et les muscle cars américaines. Mais malgré l’aspect criminel, il reste un homme de principes : Sa famille passe avant tout, et n'hésitera pas à les protéger...ou les venger.

Don Corleone

Si on met de côté le deuxième film qui se concentre davantage sur O’Conner et le troisième film qui se rattache au chausse-pied dans la chronologie, le « reboot » de la série opéré depuis le quatrième épisode sort de cette imagerie tuning pour prendre un virage plus « action » et moins “exploitation du tuning”. On suit littéralement un gang de hors-la-loi luttant pour sa cohésion et son intégrité dans un milieu où le crime s'immisce là où on s'y attend le moins. Qu'il s'agisse de la disparition de Letty Ortiz (copine de Dominic), d'assurer la fuite face à un agent fédéral zélé et brutal, ou de combattre de dangereux cartels ou des ex-militaires, toute la série part peu à peu dans un crescendo d'action en allant à chaque fois de plus en plus loin.

Il faut quand même se remettre dans le contexte : au début, ils volaient des appareils électroniques avec des voitures et quelques grappins. Le septième film leur fait affronter un ex-membre des forces spéciales disposant d'une milice et qui ose toucher à « la famille ». En sept films, on est passé de courses urbaines à une bande de pilotes effectuant des opérations dignes de James Bond. C'est ce grand écart, ponctué d'autant de répliques cultes et de blagues souvent délivrées par le comic relief du groupe qui font que Fast and Furious, en adoptant une démarche fun et divertissante avant tout, à su entretenir son succès.

La bande à Dominic

S'il y a bien une chose qu’il faut désormais prendre en compte pour Fast and Furious, c'est la direction prise par les scénaristes : Toujours plus loin, plus fort, que ce soit pour les cascades, pour l'intrigue et dans les dialogues. On est passé d'une attaque de convoi à Dwayne Johnson sortant de son 4x4 lancé à pleine vitesse sur la glace pour dévier une torpille de sous-marin à mains nues. Vous avez bien lu, et ce n'est pas une phrase du Kamoulox. Et bien sûr, comme par magie, dès que Toretto parle, tout le monde le suit. C'est le boss, mais c'est Vin Diesel quand même : y'a ce quelque chose qui le rend sympathique ou hilarant, au choix.

Ce même Vin Diesel qui initie Kurt Russell à la Corona, la bromance et rivalité virile qu'il entretient avec The Rock, Tyrese Gibson en comic relief à la grande gueule qui se fait aussi bien remballer sur le plan tactique que sentimental, un bénédicité à la gloire de la mécanique que les War Boyz de Mad Max : Fury Road ne renieraient pas, et la liste est loin d'être finie. Depuis le début, Fast and Furious possède des éléments drôles dans toute cette action, et même si le film garde ce socle familial bourré de bons sentiments, c'est impossible de rester sérieux dans cette surenchère.

Un Diesel qui roule au Gasoil

Après tout, Fast and Furious c'est quand même l'histoire d'hommes et femmes, qui sont tous pilotes professionnels et également doués à l’usage d’armes à feu et au combat à mains nues. Ce sont des super-héros de la route, des dieux et déesses de la boîte manuelle. Sauter d'un cargo avec des voitures de sport dotées de parachutes, affronter une voiture dont la carrosserie permet de retourner n'importe quel véhicule, échapper à une pluie de voitures tombant d'immeubles ; Votre suspension d'incrédulité risque à un moment ou à un autre de lâcher en vous disant que soit ce n'est pas possible, soit c'est du cinéma, mais une chose est sûre, vous aimerez ça. Par exemple, le film parodique Superfast 8, réalisé par l’équipe derrière Spartatouille et The Starving Games, à très bien cerné la dualité action / fun et l’utilisation fréquente de comic reliefs de la série.

C'est justement cette folie assumée, ce sérieux qui contraste avec des anti-héros qui semblent être là par hasard dans des conflits qui les dépassent, qui rendent les personnages sympathiques. Certes, il y a toujours des passages émotion avec la vie de famille de Brian O'Conner, l'instant familial de Dominic qui rappelle que « la famille c'est sacré » avec son gimmick du bénédicité (vous aussi, priez pour vos filtres à injection et votre V8), mais à un moment, il y en a toujours un pour se dire « Eh mais les mecs, c'était mieux quand on faisait la course en ville, non ? » C'est ce contraste, sublimé par cette surenchère d'action nous intimant d'éteindre notre cerveau qui rend Fast and Furious divertissant, et de ce fait une série de films d'action réussis.

16 ans après, Fast and Furious continue donc de rouler, à pleine vitesse, sur l'autoroute des succès au box-office. Cette folle virée mécanique et explosive repousse à chaque fois les limites du vraisemblable, en redoublant d'ingéniosité pour proposer un spectacle, qui à su sortir de la mode « tuning » pour emprunter la voie de l'action débridée avec des personnages aux dialogues et punchlines hilarantes. La route est souvent la même, mais Fast and Furious est un plaisir coupable de cinéphile, avec qui l'on ferait bien encore quelques tours de piste sans hésiter.

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