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Le géant de fer : un film d’animation « original » ?

Le géant de fer est considéré par certains comme un classique de l’animation malgré sa petite renommée. Pourquoi ?

Avec sa ressortie en version restaurée en décembre 2016, j’ai eu l’occasion de redécouvrir Le géant de fer  qui a toujours eu une place assez particulière dans mes souvenirs d’enfance. En effet, j’ai vu le film peu de temps après sa sortie en 1999 et je dois dire que près 18ans après sa sortie, le film n’a rien perdu de sa superbe. Réalisé par Brad Bird, à qui l’on doit aujourd’hui d’autres classiques de l’animation comme Les Indestructibles, Ratatouille  ou encore d’autres films en prises de vues réelles tels que Mission Impossible : Protocole Fantôme ou À la poursuite de demain.

Le film nous raconte alors l’histoire de Hogarth Hugues, jeune garçon qui vit avec sa mère dans la ferme familiale et qui, un beau soir, va trouver dans la forêt près de chez lui, un robot géant de 15m qui vient de s’écraser. Hogarth va alors garder contact avec le robot et finalement devenir ami avec lui, mais c’était sans compter sur l’intérêt du gouvernement pour « l’envahisseur Alien » qui va venir mettre son grain de sel dans l’histoire des deux personnages…

Libre adaptation de la nouvelle de Ted Hughes intitulée The Iron Woman, le film raconte une histoire assez sommaire et déjà vue de nombreuses fois dans d’autres films du genre (Le Dragon des mers, Quelques minutes après minuit, L'Histoire sans fin), et pourtant le film a connu un grand succès critique et est encore aujourd’hui considéré comme un classique. Alors qu’est ce qui fait sa particularité ?  

Un film qui sent bon les années 90

La première chose que l’on constate au visionnage de ce film, c’est qu’il sent bon les années 90, et dans le bon sens du terme. Comme dit précédemment, le film base son histoire sur l’amitié entre un petit garçon et un monstre géant, ce qui a déjà été vu dans de nombreux films mais il y a surtout un je ne sais quoi qui se dégage de ce film, qui aborde au final des thématiques souvent exploitées par les films des années 90 voir des années 80 (oui je pense à toi Les Goonies).

La thématique principale est bien sûr celle de l’enfance, avec un personnage principal qui rêve de devenir pilote d’avion et qui attache énormément d’importance à sa famille notamment avec la relation avec sa mère qui l’élève seule. Il s’agit d’un archétype de personnage assez classique auquel n’importe quel enfant peut s’identifier, que ce soit au travers de la rêverie permanente de celui-ci ou encore de son caractère de canaille puisqu’il est toujours prêt à braver les ordres de sa mère pour s’amuser et regarder ses émissions et films préférés à la télévision.  Il est intéressant de noter que l’absence du père sera comblée par le scénario du film, et de manière plutôt intéressante, montrant encore une fois qu’il obéit à un schéma narratif plutôt classique.

L’autre thématique essentielle est évidemment, celle de l’amitié qui va naître entre le robot géant et Hogarth. Il n’y pas grand-chose à dire cet élément du scénario, puisqu’il est exploité de manière assez classique mais ce qui fait l’originalité de ce film, c’est le contexte dans lequel cet élément s’insère.

Une histoire qui s’implante dans un contexte particulier...

La particularité de ce film est de traiter une période historique assez précise qui est celle de la Guerre Froide. Pour résumer de manière très schématique, il s’agissait d’une guerre idéologique entre les deux puissances entre 1945 et 1981 à savoir : les États-Unis et l’URSS. Les deux puissances avaient pour but de propager leurs idéologies dans des pays en crise, ne s’affrontant jamais directement. Le concept « d’équilibre de la terreur » est né durant cette période et désigne le fait que deux puissances qui se font face possèdent toutes deux une arme assez puissante pour détruire l’adversaire en cas d’attaque. Après la crise de Cuba et encore de nos jours cette arme est la bombe nucléaire.

Le film se déroulant en 1957, les deux puissances étaient encore dans une course à l’armement et à l’innovation (spatiale, militaire) assez dingue qui visait à être supérieur à l’ennemi. C’est là où l’histoire de notre film rencontre la réalité : le robot tombant de l’espace. Il a été détecté par les Américains qui envoient alors un agent du FBI pour essayer de le récupérer dans le but de posséder un avantage face à « l’envahisseur rouge ». C’est le personnage de Kent Mansley qui représente le mieux cet état d’esprit de l’Amérique des années 60. En apparence gentil et amical, Kent utilisera tous les moyens possibles et inimaginables afin de servir son pays, quitte à utiliser la force sur un enfant.
Véritable symbole d’une administration américaine paranoïaque, Kent, ainsi que tous les protagonistes de l’armée, représentent l’absurdité du monde adulte, un monde beaucoup trop sérieux qui ne voit dans la différence qu’un prétexte pour se haïr alors que Hogarth, lui, accepte cette différence et en fait une force.

Ce qui lui permet de brasser des thèmes originaux

C’est donc au sein de cette Amérique ultra-sécuritaire que Brad Bird nous emmène, dans une petite ville de l’État du Maine, où la population vit au rythme des actions militaires et idéologiques de l’État central. Petite bourgade tranquille, les habitants semblent vivre loin des préoccupations de l’administration américaine et se retrouvent très vite embarqués dans des évènements qui les dépassent. L’arrivée des militaires en trombe dans le dernier acte du film montre très bien cela. Les hélicoptères, les chars, les militaires sont filmés de manière ordonnée et imposante, terrorisant alors à la fois les personnages du film et le spectateur.

L’un des autres thèmes traités est celui du débat entre l’inné et l’acquis. En effet, on apprend très rapidement dans le film que le robot ne s’est pas écrasé sur Terre sans raison, il semble avoir été envoyé en tant qu’arme de destruction massive, et c’est seulement un coup sur la tête qui lui a fait perdre le sens initial de sa mission. Loin de l’image de destructeur des étoiles que l’on aperçoit durant le film, on découvre un être sensible qui admire la nature et qui ne se supporte pas que l’on fasse du mal aux êtres vivants (la scène avec les chasseurs en est le meilleur exemple). Le robot semble aussi développer des sentiments « humains », représentés par l’amitié avec Hogarth. Alors qu’est-il réellement ? Une arme de destruction ou un être libre qui s’affranchit de ce pour quoi il a été programmé au travers de son vécu ? Sans spoiler, cette réponse trouve un dénouement à la fin du film, délivrant alors pour le spectateur, qu’il soit un enfant ou un adulte, une vision optimiste de ce qu’est « être humain ».

Le géant de fer constitue pour moi ce que doit et devrait être un bon film d’animation pour enfants. Il traite à la fois de sujets universels pouvant toucher la corde sensible des enfants, tout en possédant une seconde lecture possible, notamment pour les personnes « adultes », c’est-à-dire des personnes avec un passif plus conséquent qu’un enfant et qui trouveront dans l’histoire des sous-textes ou d’autres manières d’interpréter le film. Ce genre se doit pour moi d’être intergénérationnel et intemporel, et c’est le cas du Géant de fer. Un classique à découvrir d’urgence !

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