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Muscleman, le catcheur qui carbure à l’ail

Si Muscleman a connu une diffusion avortée en France, il est considéré au Japon comme une oeuvre culte.

Muscleman (Kinnikuman en japonais) est un manga de type shônen originellement à forte tendance burlesque créé par Yoshinori Nakai et Takashi Shimada qui sévissent sous le nom professionnel de Yudetamago (traduction : les oeufs durs…). Il est paru dans le magazine Weekly Shônen Jump entre 1979 et 1987. Une nouvelle série est en cours depuis 2012 chez le même éditeur. C’est la première oeuvre du duo et aussi leur plus grand succès.

Kinnikuman, un “héros” va naître

Il était une fois un prince qui voyageait dans le vaisseau de ses parents royaux. À cause d’une malheureuse confusion (ses parents l’ont quand même pris pour un porcelet…) il a été balancé dans le vide ordures alors qu’il était encore un bébé et dégagé avec le tout dans l’espace aux abords de la planète Terre. Notre ami Kinnikuman se retrouve alors au Japon, adopté par une famille du cru.
Plusieurs années plus tard, un petit bonhomme du nom de Mitsu (Alexandria Meat en japonais) débarque en lui expliquant qu’il est un prince. Kinnikuman, Subaru de son nom japonais, va alors refuser de rentrer (en même temps qui voudrait d’une famille qui l’a balancé aux ordures, même par erreur, hein ?) et tenter de devenir un super héros. Mais c’est un pleutre et un faible. Il lui faudra donc trouver la force cachée qui est en lui (et dans l’ail…).

Vont alors s’enchaîner de nombreux combats de catch dans des rings pour décider de l’avenir de la Terre et de l’univers contre des super héros de toutes origines aux noms tous plus particuliers les uns que les autres… Ramenman en étant un exemple flagrant.

Du muscle, du catch, des super héros, du n’importe quoi

Le truc assez original dans ce concept est que l’on a affaire au monde du catch (version un peu plus libérale cependant avec des coups autorisés qui ne le sont pas dans le monde des lutteurs masqués), mélangé à celui des super héros. En gros les lieux de combat ne sont pas de grandes plaines désertiques ou des villes animées, mais des rings. Des rings de catch avec les surfaces blanches, les cordes élastiques et les acrobaties qui en découlent.

Ensuite, c’est une comédie, il y a donc pléthore de situations burlesques et ridicules qui ne manquent pas de nous faire sourire ou rire aux éclats dans le cas des Japonais qui ont un humour plus enfantin et scathologique (ce n’est pas une critique, c’est une constatation issue de longues années d’observation).

Nous suivons les aventures de l’anti-héros par excellence : pas beau, voire même ridicule, pleutre et qui a une passion dévorante pour l’ail (d’ailleurs il y a un jeu de mots là-derrière, notre héros s’appelle Kinnikuman (littéralement Muscleman), l’ail c’est ninniku, je dis ça je dis rien…). Franchement, l’haleine ne doit pas être fraîche le matin, mais passons.

Le tout va subtilement dériver au cours de la production afin de changer un peu le  concept de base pour dériver vers des sujets un peu plus sérieux. Comme quoi, tout peut évoluer...

Une parodie d’Ultraman

Le nom d’Ultraman ne va peut-être pas trop vous faire tilter, vous les Français, car on n’a pas eu sa série par chez nous. Mais au Japon, ce super héros issu des séries dites Tokusatsu (super héros avec des super pouvoirs ainsi qu’une superbe tenue avant-gardiste et moulante... le tout soutenu par de superbes effets spéciaux) est juste mythique et et existe toujours depuis 1966, date de sa création. Il a je ne sais combien de versions et les gamins en bas âge de là bas l’adorent tous ! (Les un peu plus grands aussi d’ailleurs).

Et si vous vous penchez sur le physique de notre anti-héros en puissance, vous trouverez des similitudes flagrantes : le slip (même si Ultraman est quand même un peu plus habillé), et la crête. La fameuse crête qui fait cool (?) sur ultraman et complètement ringard sur Kinnikuman.

Mais si cela avait commencé comme un manga complètement parodique, à partir du 28ème chapitre, le ton va changer et devenir plutôt une sorte de manga sur les arts martiaux. Et c’est là que l’histoire a vraiment décollé et obtenu le succès qu’on lui connaît aujourd’hui.

Nous avons d’ailleurs droit à un énorme clin d’oeil au sentaï dans le manga, puisqu’un héros à la tenue quasi identique et du nom d’Uldraman et sous celui d’Uttraman dans l’animé (la faute à des problèmes de copyrights) va faire son apparition.

Des héros inspirés de catcheurs, d’autre créés par les fans

Alors pour la petite histoire, la plupart des héros-catcheurs que nous rencontrons sont des stéréotypes des pays d’où ils viennent et en présentent les caractéristiques : par exemple Ramenman vient de Chine. Il a les longues moustaches, les yeux hyper bridés, porte la tenue traditionnelle et ses attaques ont un certain rapport avec les nouilles (il tue un méchant en le transformant en plâtrée de ramen pour tout vous dire).

Il y a aussi deux choses importantes qu’il faut savoir. La première est que beaucoup des personnages de ce manga sont inspirés des catcheurs qui avaient le vent en poupe à l’époque de sa création. Je peux citer par exemple un certain Hulk Hogan qui se présente sous les traits de Neptuneman ou encore Peter Maivia (le grand papa d’un certain The Rock alias Dwayne Johnson) qui inspire le personnage de Steve Maivia, un catcheur hawaïen.

Il y a aussi des concours qui ont été régulièrement organisés auprès des fans pour la création de certains personnages. On pourrait presque dire que c’est une oeuvre participative. Ce n’est pas une mauvaise idée, car les fans se sentent bien plus impliqués et addict s’ils savent que les mangakas se soucient de leur avis. C’est ainsi que nous avons vu des catcheurs au design assez spécial fleurir entre les pages du manga : en forme de vis, de montagne, de magnétoscope (l’ancêtre du DVD, vous savez, ces trucs qui mangeaient des cassettes vidéo), l’imagination n’a pas de limites dans cette oeuvre.

Culte au Japon, mis sur la touche en France

Au Japon, Kinnikuman est un manga culte auquel on fait souvent référence. La preuve en est qu’une nouvelle série est éditée depuis 5 ans et qu’elle continue toujours. L’humour, le style, le physique particulier du héros sont une part importante de ce succès.

En France, il a été diffusé dans l’émission désormais culte du Club Dorothée, le mercredi après-midi si je me souviens bien. Mais chez nous, la sauce n’a pas pris pour l’anime (à l’époque les mangas n’avaient pas encore pénétré nos frontières). Pourquoi donc cela n’a-t-il pas pris ? D’un parce que le CSA a trouvé que c’était une série absolument débile (mais bon, ça on le sait mais c’est ce qui fait son charme) mais la coupe a été pleine avec un personnage précis.

En effet, apparaît un personnage au début antagoniste du nom de Brocken Jr dont le père a été tué par Ramenman et qui vient chercher vengeance. Il est porteur d’un dessin plus qu’ostentatoire, puisqu’il s’agit d’un symbole nazi. Outre le “joli” motif qu’il arbore, il n’y a aucune équivoque quant à son inspiration : il est Allemand, il nous sort des “Heil Brocken” dans la version japonaise et nous fait un superbe salut avec un bras levé…

Bon, à la rigueur, que l’on fasse d’un personnage comme le sien le fils d’un méchant qui est tout aussi méchant, cela aurait pu passer. Mais quand notre cher Brocken Jr a décidé de se ranger du côté des gentils tout en gardant tout l’attirail (mais je crois que même en le laissant de côté, ça aurait quand même jeté un froid), là la pilule n’est pas du tout passée. Bref, normal donc que chez nous, on se soit insurgé et que le dessin animé soit passé à la trappe. Il faut dire pour la défense des Japonais que la croix gammée n’a pas le même sens chez eux que pour nous. Je tiens à préciser que le design de Brocken Jr a évolué. Mais bon, le mal était fait.

Des gags stupides, mais...

Alors ne vous y trompez pas, si Kinnikuman était passablement débile avec ses gags très très pipi-caca (navrée de vous décevoir mais c’est l’humour japonais qui veut ça, je suis très objective), vous devez savoir que la série a pas mal évolué, ce même si elle garde l’humour nul, ne serait-ce que dans le design des héros.

En effet, les personnages se blessent et peuvent même mourir . Nous avons droit à de belles envolées lyriques avec des promesses d’amitié éternelle, dans la franche et belle camaraderie masculine. Tout cela illustrant qu’il n’y a pas de plus beau sacrifice que celui d’offrir sa vie pour ses amis.

Car, comme je vous l’ai dit plus haut, si la série devait à la base être une parodie, elle a évolué pour devenir une série d’action basée sur le catch et pour mettre ce sport à l’honneur. En fait, on pourrait dire que c’est un peu comme Saint Seiya et le tournoi pour gagner l’armure d’or. Sauf que là, c’est du sérieux car c’est pour sauver le monde.

Qui dit succès dit pléthore d’oeuvres

Alors vu que c’est un succès au Japon, il y a bien sûr plein de choses qui sont sorties sur notre héros “crêtu”. Il y a eu par exemple sept films de sortis entre 1981 et 1984.

Il y a eu une série nommée Kinnikuman Nisei, à savoir Kinnikuman deuxième du nom, qui a aussi eu droit à sa petite série animée à lui. Et comme je vous l’ai dit plus haut, la série à repris en 2012 et est toujours éditée à ce jour.

Il y a également eu une tripotée de jeux vidéos sur le thème. Je ne veux pas vous donner une liste complète de tout ce qu’il y a, ça ne serait pas intéressant. Mais sachez seulement que ça fait beaucoup.

En outre, des événements de catch on rendu hommage à notre ami amateur d’ail. En effet, en 2009 pour les trente ans de la série, Toei Animation a organisé le  Kinnikumania, un vrai tournoi de catch où un catcheur portant le masque de notre héros affronte de vrais catcheurs. Chacun ses lubies. Bref.

Les auteurs de Kinnikuman ont eu le nez fin en se penchant sur le monde du catch. Cela a créé une oeuvre un peu différente sur un thème pourtant assez basique. Loufoque, barré, plein de costumes hilarants, Kinnikuman est culte au Japon. En France, il reste plutôt synonyme de scandale.

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