A la fin des années 90, Marvel va mal, très mal. L'éditeur a évité de peu la faillite et loué les droits cinématographiques de plusieurs personnages à de grands studios comme Sony et la Fox pour renflouer les caisses. Créativement, la décennie écoulée a accouché d'oeuvres médiocres (personnellement je sauve Age of Apocalypse du naufrage). La meilleure décision à cette époque est l'embauche du scénariste Brian Michael Bendis pour lancer une nouvelle série en 2000 : Ultimate Spider-Man.

C'est le début d'une longue et fructueuse collaboration qui va bouleverser Marvel. L'auteur va attirer de nouveaux lecteurs grâce aux aventures modernes d'un Peter Parker vivant dans un univers alternatif. Mieux, Bendis relance avec brio les Avengers dans la série New Avengers, initiant ce qui va devenir un rouleur compresseur, les crossovers des années 2000 (House of M, World War Hulk, Civil War, Secret Invasion, Siege, Fear Itself, AvX, Secret Wars....). S'il n'écrit pas tout, l'auteur devient l'architecte de l'univers classique de l'éditeur, entrainant avec lui un nombre impressionant de scénaristes qui justifieront de nouveau le surnom La Maison des Idées. L'entreprise retrouve un succès commercial impressionant, ce qui va permettre la naissance de Marvel Studios, puis le rachat par Disney. 

Si Bendis n'est plus celui qui orchestre toutes les histoires chez Marvel, il est resté depuis quelques années une tête d'affiche pour l'éditeur qui le met en avant à chaque relaunch (Les Gardiens de la Galaxie, All-New X-Men, Jessica Jones). Le départ de nombreux scénaristes clés (Brubaker, Fraction, Hickman, Gillen) était en partie masqué par sa présence, en compagnie bien sûr de Jason Aaron ou Dan Slott. Néanmoins, les lecteurs ne sont plus aussi unanimes à son encore et ses séries ne sont plus des succès francs et massifs.

Aujourd'hui, une page se tourne pour celui qui pendant presque 20 ans donné le ton dans l'industrie. Brian Michael Bendis quitte en effet son cocon chez Marvel pour son rival, son concurrent direct, DC Comics. C'est un énorme coup médiatique pour l'éditeur qui cherche un nouvel architecte depuis le New 52 et l'échec de Geoff Johns, jusqu'à lors considéré comme l'équivalent de Bendis en matière de gestion d'univers, désormais plus proche de la branche cinéma. Ce mouvement intervient alors que DC Comics retrouve actuellement l'adhésion des fans et du public. Les ventes sont meilleures et certaines histoires sont saluées. Si la route est encore longue pour réellement rattraper le leader du marché des comics, l'éditeur a sans aucun doute obtenu l'attention des lecteurs de Marvel qui tenteront au moins le premier comic-book publié par Bendis dans son nouvel univers. A conditon que ce transfert ne soit pas, comme dans le sport, celui d'une gloire sur le déclin cherchant à se relancer dans une nouvelle équipe sans y parvenir...