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Valiant Comics : de Jim Shooter au reboot de 2012

Il y a ces moments où l'on se dit que telle BD, manga, série TV nous gonfle, parce que l'histoire tourne en rond, parce que l'histoire se répète, parce que ça finit jamais etc... Et il y a ce moment où on découvre la pépite méconnue qui nous occupe pendant des semaines ou des mois, quitte même à déclencher une passion. Aujourd'hui, on va parler d'une de ces pépites méconnues dans le comics, surtout en France, à savoir l'univers Valiant.

Parmi les éditeurs de comics américains, Marvel Comics (Avengers, X-MenSpider-Man) est régulièrement en tête des ventes, mais il est suivi de près par DC Comics (Batman, Superman, Justice League). En troisième position, il y a Image Comics, qui se démarque par ses comics indépendants dont les droits appartiennent entièrement aux auteurs, ces derniers montant alors leurs labels au sein d’Image comme Robert Kirkman avec Skybound (Walking Dead, Invincible). Citons aussi Vertigo, appartenant à DC Comics et qui s’oriente plutôt vers des récits adultes. IDW se démarque par ses grosses franchises comme Tortues Ninjas, Transformers et la plupart des licences de Cartoon Network. Il existe tout plein de petits éditeurs, mais l’un d’eux sort du lot et il n'a débarqué en France que très récemment : Valiant Entertainment.

L'HOMME À L'ORIGINE DE TOUT

Tout commença par un homme en particulier : Jim Shooter. Il est né à Pittsburgh en Pennysylvanie (aux USA, les mecs, révisez votre géographie sérieux) en 1951 dans une famille issue d’immigrés polonais. Tombant en plein début de l’âge d’argent des comics, il lut au départ du DC Comics mais fut aussi intéressé par Marvel, qui cartonnait à ce moment là avec ses personnages modernes et son univers tout récent. Jim dessina et écrivit de nombreux comics dans son coin et à l’âge de 13 ans, il envoya quelques uns de ses travaux mettant en scène la Légion des Super Héros à DC Comics… qui l’appela huit mois plus tard en février 1966 pour lui acheter ses histoires et lui proposer d’écrire des comics sur l’univers de Superman ! Mort Weisinger, éditeur chez DC Comics à cette époque, lui proposa même de venir à New York pour travailler et observer leurs bureaux durant quelques jours ! Cependant, Jim Shooter tenait à terminer son année scolaire d’abord et finit par déménager avec sa famille à New York. Celle-ci galérait financièrement à ce moment-là, car son père travaillait sur les grattes-ciels en tant que sidérurgiste, ce qui rapportait peu. Jim Shooter, âgé alors de 14 ans, voyait dans la possibilité d’écrire des comics le seul moyen de sortir sa famille de la misère. Alors, comme prévu au départ, Jim écrivit des histoires sur l’univers de Superman chez DC Comics, notamment dans Action Comics et Adventure Comics. Il travaillait aussi sur La Légion des Super Héros et créa de nombreux personnages, comme Karate Kid, personnage qui est un des tout premier super héros utilisant les arts martiaux (avant la mode des héros asiatiques dans les années 70). Il écrivit même la première histoire qui vit Superman et Flash s’affronter sur une course de vitesse.

Après le lycée, Jim fut engagé par Marvel en tant que scénariste et assistant éditeur. Cependant, au bout de trois semaines, il quitta son poste à cause de complications financières et retourna alors à Pittsburgh. Par la suite, il écriva plusieurs comics à droite et à gauche, fit plusieurs jobs d’illustration et ce ne fut qu'au milieu des années 70 que les Big Two lui proposèrent de nouveau chacun du travail. Il choisit cependant d’aller travailler chez DC Comics parce que ces derniers lui demandèrent de réécrire les titres Superman et Légion des Super Héros. Il écrivit quelques temps sur ces titres, mais les relations professionnelles entre lui et les directeurs artistiques n’étaient pas aisées étant donné qu’il devait régulièrement réécrire ses scripts. En décembre 1975, Marv Wolfman, l'éditeur en chef de Marvel à cette époque, l’appela pour lui proposer de revenir travailler chez eux sur un poste éditorial. Il accepta, démissionna de chez DC Comics et redémarra chez Marvel en tant qu'assistant d’édition et scénariste.

Chez la Maison des Idées, l’éditeur en chef changeait régulièrement de tête (turn-over dans le langage des entreprises) et Jim en profita pour gravir les échellons… et devint lui aussi Editeur en Chef en 1978, à la suite d’un certain Roy Thomas qui souhaitait se consacrer à plein temps à l’écriture de scénarii (d’Amazing Spider-Man notamment). Stan Lee profita de cette promotion pour déménager en Californie pour superviser tout l’aspect adaptation des comics Marvel (souvenez vous de la série TV Hulk) et laissa un contrôle artistique total à Jim. A la tête de Marvel Comics, Jim corrigea de nombreux problèmes liés aux deadlines, restructuera la hiérarchie, mit en place de nouveaux systèmes, ajouta de nombreux comics au catalogue et surtout, recruta de nouveaux talents. Parmi les succès des titres qu’il lança, citons le fameux run de Chris Clairemont sur Uncanny X-Men, la majorité du travail de l’artiste John Byrne, l’impact de Walter Simonson sur The Mighty Thor, les histoires de Roger Stern sur Avengers et Amazing Spider-Man et surtout les très apréciés épisodes de Daredevil par Frank Miller que nous conseillons très fortement chez Pop Fixion. De plus, Jim est le scénariste du tout premier crossover majeur de Marvel, à savoir Secret Wars.

Jim lança aussi le comics Dazzler en 1981, spin-off des séries X-Men où l’héroïne était apparue pour la première fois. Ce titre a failli avoir le droit à un traitement particulier : surfant sur la vague disco des années 80, Marvel a essayé de créer une “cross-promotion” avec des maisons de disques. Il y eut aussi un film de programmé, ainsi que des clips musicaux et des vinyles. Mais, pour des raisons obscures, les projets traînèrent en longueur car les différents producteurs ne croyaient pas trop dans le potentiel de ce personnage, à l'inverse de Jim Shooter et Stan Lee. Le comics était très attendu avec 400 000 pré-commandes pour le premier numéro mais, malgré la présence de Roger Stern, Tom DeFalco et John Romita Jr. dans l’équipe de création, la série reçut des critiques très mitigées. Elle sera toutefois publiée jusqu’en 1985 et annulé au numéro 38.

La politique éditoriale de Shooter avait un revers à la médaille : dû à de nombreux conflits éditoriaux (notamment sa politique très stricte de deadlines), financiers et de droits d’auteurs (notamment sur les revenus faibles des auteurs comparés au très fort volume de vente), de nombreux artistes et scénaristes, dont ceux cités plus hauts (et même Marv Wolfman, qui l’avait recruté, rappelons le !), finissèrent par quitter Marvel pour travailler chez la Distinguée Concurrence et d’autres éditeurs de comics. De plus, lors des 25 ans de Marvel Comics, Jim a lancé une lignée de comics, le label New Universe, qui parlait d’un univers alternatif totalement déconnecté de l’univers Marvel. Les ventes furent catastrophiques et tous ces problèmes, compilés à de nombreuses plaintes, ont mené Marvel à virer Jim Shooter en 1987.

LA CRÉATION ET LE DÉVELOPPEMENT DE VALIANT COMICS

En 1988, Marvel Comics galérait un peu financièrement dû aux conséquences des derniers mois de Jim Shooter en tant qu’éditeur en chef. Deux principaux groupes d’investisseurs ont alors débarqués pour racheter la Maison des Idées : le premier, mené par un certain Ronald Perelman, un milliardaire chauve philanthrope, et le deuxième mené par Jim Shooter justement ! Cependant, l’offre de Ronald était bien plus importante que celle de Jim Shooter… Ce dernier, dégoûté, réfléchit alors à une alternative pour de nouveau travailler dans les comics… Alors, au lieu de tenter de racheter une boîte ou d’essayer d’y bosser, il crée la sienne. C’est alors qu’il créa avec Steven Massarsky (manager de plusieurs groupes de musique) l'entreprise Voyager Communications, une grosse boîte spécialisée dans la télécommunication. Il met en place une branche spécialisée dans l’édition de comics, Valiant Comics. Pour marquer le coup, Jim recruta pas mal d’anciens auteurs (comme Bob Layton qui a longtemps écrit sur Iron Man ou encore David Lapham). Au départ, Valiant édita des comics mettant en scène de très vieux personnages, mais ils seront vite abandonnés au profit de créations originales. Cc’est durant 1992 que sortirent les titres Harbinger (l’équivalent des X-Men chez Valiant, avec des psioniques et des pouvoirs concentrés plus sur un aspect mental et télékinésique), X-O Manowar (l’histoire d’un wisigoth transposé dans notre époque moderne grâce à une armure Alien surpuissante), Rai (super samurai du futur, qui doit protéger le Japon du 4ème millénaire) et Shadowman (sorte de Dr. Strange mais avec une lance et des histoires plus orientées vers l’horreur).

Saluée par la critique et en voyant les ventes grimper, Valiant publia le tout premier crossover intitulé Unity, divisé en 18 parties dans les séries de l'époque ainsi que deux one shots, Unity #0 et Unity #1. Deux nouvelles séries apparurent durant cet event Valiant : il s’agit d’Archer & Armstrong (sorte de “buddy movie” où un immortel, Armstrong et un ado, Archer, capable de reproduire et d’assimiler n’importe quel mouvement/technique de combat, affrontent des sociétés secrètes tentant de gouverner le monde dans l’ombre) et Eternal Warrior (spin off de Archer & Armstrong, centré sur le frère d’Armstrong, Gilad, lui aussi immortel et qui est un guerrier ayant combattu dans les plus grandes guerres auquel l’humanité a participé.). Elles se sont bien vendus. Durant cette période jusqu’en 1992, tout se passait bien et la compagnie avait carrément atteint les 5% de parts de marché (ce qui était monstrueux pour une maison d’édition indépendante pour l’époque avant qu’Image Comics ne débarque).

Cependant, Jim Shooter imposait des directives contradictoires pour la société, ce qui ne plurent pas aux actionnaires majoritaires. Il fut alors gentiment remercié et viré dans la gratuité la plus total sans aucune forme de pitié. Après ce départ, Valiant lança de nombreuses modes inédites dont certaines sont encore employées aujourd’hui : une vague de titres spéciaux orientés “origin story” avec des numéros #0 (exemple : X-O Manowar #0, Harbinger #0 etc…), des logos dorés et réfléchissant ou des couvertures entièrement chromées. Le succès étant au rendez-vous, Valiant Comics créa encore plus de nouveaux titres : Bloodshot (super soldat ayant des nanites dans son corps lui donnant des capacités surhumaines), H.A.R.D. Corps (sorte de super équipe d’élite du gouvernement américain, exécutant des missions top secrètes), Ninjak (mercenaire ninja suréquipé), Dr. Mirage (une médium capable de parler aux morts), Solar (super héros radioactif racheté à Gold Key Comics), Turok (un chasseur de dinosaures), Geomancer (spin-off d’Eternal Warrior, personnage capable de communiquer avec la Terre et qui en tire son pouvoir), Armorines (des Marines équipés d’armures high tech pour des missions secrètes gouvernementales), Psi-Lords (descendants des H.A.R.D. Corps à l’époque de Rai) et Timewalker (centré sur Ivar, troisième frère d’Armstrong, capable de voyager dans le temps). Bref, c'était la folie.

LE RACHAT PAR ACCLAIM ENTERTAINMENT

En 1994, l’entreprise de développement et d’édition de jeux vidéos Acclaim Entertainment racheta Voyager Communications et donc Valiant Comics par la même occasion. Fondé en 1987, Acclaim se focalisait beaucoup sur le marché des salles d'arcades, très en vogue lors des années 80 et 90. Elle s'est par la suite spécialisée dans l'adaptation de ces jeux d'arcade vers les consoles de salon dès la Megadrive jusqu'à la Playstation 2. Parmi les licences édités par cette boîte, on peut citer les cultes Mortal Kombat, Crazy Taxi, Les Simpsons et pas mal de jeux de catchs (gros contrat de partenariat avec la WFF). Pour marquer le coup lors de l'achat de Valiant, Acclaim annula tous les comics de l’univers pour rebooter toutes ces licences afin de les rendre plus adaptable au format jeux-vidéoludique. De 1996 à 2002, elle construisit un véritable univers crossmedia, avec des jeux vidéos Shadowman, Turok et même un crossover entre X-O Manowar et Iron Man, avec un certain succès. Le personnage Magnus Robot Fighter (racheté à Gold Key Comics) apparut dans l’univers Valiant. Cependant, à partir de 2003, Acclaim génère beaucoup moins d’argent et établit des politiques commerciales diminuant la diversification des licences. La volonté de créer des comics plutôt orientée pour les jeux vidéos est souvent critiquée et reste encore aujourd’hui pointée du doigt. Malheureusement, en 2004 Acclaim tomba en banqueroute.

Comment cette entreprise très prolifique s'est rapidement trouvée à déposer le bilan moins de vingt ans après sa fondation ? Et bien l'histoire a commencé en 2002, avec de nombreuses plaintes et des procès dû à des royalties non versées à plusieurs propriétaires des licences édités et développés par Acclaim. La chute foudroyante du marché de l'arcade n'aidant pas aussi à l'affaire. Concernant la branche comics, le début marchait pas trop mal, mais les titres ne sont jamais dans le top 250 des ventes. En effet, c'est durant ces quelques années qu'Image Comics a débarqué en force. Alors avec ça cumulé à la montée en puissance de Dark Horse (les licences Alien et Star Wars) et bien sûr les habituels titres Marvel et DC, le marché était totalement saturé, rapportant au final que peu de bénéfices. Les lecteurs avaient aussi criés au scandale, préférant l'ancien univers Valiant au reboot d'Acclaim qui dressait des scénarii et des versions de personnages trop destinés à promouvoir les licences de jeux vidéos. Parmi les jeux liés à Valiant, le jeu ayant le mieux marché était Shadow Man, vendu à plus d’un million d’exemplaires sur toutes les consoles en 1999. Salué par la critique, il eut une suite sur Playstation 2. Cependant, à part la magie vaudou, très peu de détails lient ce jeu au comics du même nom. Turok a aussi eu son moment de gloire.

ET MAINTENANT, VALIANT ENTERTAINMENT

En 2005, un nouveau groupe d’investisseurs menés par Dinesh Shamdasani et Jason Kothari (deux investisseurs médias) débarquèrent chez Acclaim Entertainment pour racheter la librairie Valiant. Ils acquièrent ainsi les droits de tous les personnages, sauf ceux qui n’étaient pas des créations originales Valiant, comme Turok, Solar et Magnus qui furent rachetés par Dark Horse. L’entreprise renait alors sous le titre de Valiant Entertainment. Les deux compères deviennent alors chefs créatifs de Valiant et Jason PDG jusqu’en 2013, où la place de PDG reviendra alors à Dinesh qui restera tout de même chef créatif. Jason conservera sa chaise à la table des principaux actionnaires et est considéré comme le second de l’entreprise. A partir de 2008, Jim Shooter fut de nouveau engagé pour écrire des histoires courtes (sous le titre Valiant Universe : Again !) et de nombreuses rééditions avec plus ou moins de succès sont parues. Quand à Jim, il restera dans la boîte jusqu’en 2009 et partira chez Dark Horse… pour travailler sur Magnus, Solar et Turok ! Toujours en 2009, Marvel fut racheté par Disney pour la modique somme de quatre milliards de dollars, rien que ça. A ce moment-là, Peter Cuneo, qui a été chef créatif et vice-président de Marvel, quitta la boîte pour fonder un fond d’investissement avec son fils Gavin. Il cible Valiant et finit à son conseil d’administration pour participer aux réunions créatives. 

Bien en place dans ses crampons, Valiant lança alors la première édition en 2012 d’un rendez-vous annuel devenu important pour les fans de Valiant Comics : Summer of Valiant. Cette année-là, l’été fêtait le reboot de l’univers de Valiant, 20 ans après sa création. Quatre titres furent alors lancés à partir de mai 2012 : X-O Manowar par Robert Venditti (qui écrit Green Lantern et Flash actuellement) et Cary Nord (illustrateur sur Conan le barbare), Harbinger par Joshua Dysart (Le Soldat Inconnu et BPRD) et par Khari Evans (Carbon Grey), Bloodshot par Duane Swierczynski (Iron Fist) et Manuel Garcia (Iron Man Noir) et Archer & Armstrong par Fred Van Lente (Marvel Zombies, Amazing Spider-Man) et Clayton Henry (X-Men, Exilés). Ces titres furent publiés dans cet ordre à un mois d’intervalle. 

X-O Manowar parle d’un wisigoth, Aric de Dacia, qui combattait l’empire romain au cinquième siècle en Europe. En étant témoin de l’assassinat de ses parents par un haut gradé romain, il décide de consacrer sa vie à la lutte contre cet empire. Cependant, il fut kidnappé par des extraterrestres, les Vines, et resta pas loin de sept ans à bords en tant qu’esclave. Sur place, Aric, et un petit groupe, arrive à tuer leurs gardes avec des armes faites main durant une mutinerie, et se dirigèrent alors vers l’armurerie. Une fois sur place, Aric découvrit l’armure X-O Manowar, vénérée par les Vines et dotée d’une conscience propre. Ses compagnons étant morts, l’armure se greffe à lui et il s’échappa alors du vaisseau, direction la Terre. Mais dû à la dilatation du temps et de l’espace par la vitesse de la lumière exercée par le vaisseau Vine, pas loin de 15 siècles se sont écoulés et il débarque à notre époque. Par la suite, Aric doit apprendre alors à s’adapter à son temps et il rencontrera de nombreux ennemis sur sa route ainsi que d’autres héros de Valiant. On peut comparer ça à un mélange d’Iron Man (pour l’armure), de Superman (parce que le mec est quand même le gars le plus puissant de l’univers Valiant) et de Captain America (pour le décalage temporel entre son époque et la notre). Il s’agit du fer de lance actuel de Valiant, le seul titre encore en lisse depuis le reboot et la meilleure vente en terme de volume cumulée pour plus de 35 numéros. C’est la série préférée des lecteurs et de l’auteur de cet article. Ce comics est un véritable blockbuster d’action et de science fiction, bourrée de bonnes idées pas forcement recyclée des anciens comics des années 90. Robert Venditti assure le scénario depuis le départ de manière très inspirée et ne s'essouffle pas. Panini Comics a sorti quatre tomes actuellement. Le premier tome est à cinq euros tandis que les autres avoisinent les 15 euros.

Harbinger est une version moderne du concept du mutant chez Marvel, appelé “psionique” chez Valiant. L’histoire part du principe qu’il existe une infime partie de la population possédant des pouvoirs, en majorité latents qui sont déclenchés via un traumatisme. Elle met en place Toyo Harada, le plus puissant psionique de la Terre capable de maîtriser la plupart des pouvoirs du spectrum psiotique et qui a vu ses pouvoirs apparaître lors du bombardement nucléaire d’Hiroshima durant la seconde guerre mondiale. Avec ses capacités il devient alors milliardaire et monte une espèce d’école militaire pour tous les psiotiques. Il rencontre un jour Peter Stanchek, un jeune garçon qui se révélera aussi puissant que lui, mais Peter s’affranchit de Toyo et finit par le combattre en découvrant ses réelles intentions. Elle dura 25 numéros et s’acheva sur une mini série de trois numéros, Harbinger Omegas. Panini Comics a édité les trois premiers tomes. Tout comme X-O Manowar, le 1er tome est bradé à 5 euros.

Concernant Bloodshot, il s’agit d’un super soldat possédant des nanites dans son corps, lui donnant des capacités surhumaines, notamment la régénération cellulaire rapide, même de blessures mortelles et des sens surdéveloppés. Cependant, Bloodshot se rend compte que ses souvenirs sont trafiqués par la société gouvernementale à l’origine de ses super pouvoirs : le projet Rising Spirit. Il décide alors de s’affranchir de cette société et se retourna contre elle, tout en enquêtant sur son véritable passée. Ce comics se décrit comme un véritable mix entre le Punisher et Wolverine, avec les flingues et la violence gratuite au sein de ses thèmes principaux. Pareil, trois tomes sont édités par Panini Comics, le premier aussi disponible à 5 euros.

Et enfin, Archer & Armstrong : premier “buddy comics” du reboot Valiant, cette série se différencie des dernières par son humour et ses aventures érigées sous les thèmes de l’archéologie, des théories du complot, des sociétés secrètes gouvernant le monde dans l’ombre et son humour décalé totalement “What’s the fuck ?!”. Archer a été entraîné toute sa vie par ses parents, comme tout un groupe d’autres adolescents. Capable de copier et reproduire n’importe quel mouvement ou technique en le regardant une seule fois, il se porte comme le candidat idéal pour abattre Armstrong considérée comme une hérésie de la création selon la religion et l’éducation que ses parents lui ont enseigné. Cependant, en combattant Armstrong il prit conscience d’une terrible vérité : non seulement il a été manipulé, mais lui et Armstrong se retrouvent au centre d’un complot mondiale organisée par des sociétés secrètes, visant à obtenir l’immortalité par un sacrifice massif… Fred Van Lente est un habitué des comics déjanté et écrit ce comics avec inspiration. Chaque tome est excellent en lui même et l’histoire renforce à chaque tome la mythologie Valiant. Imaginez l’humour de 21 jump street avec une intrigue comparable aux livres de  Dan Brown (Da Vinci Code). Cette fois encore, Panini Comics a édité les trois premiers tomes. Premier tome toujours proposé à cinq euros.

Valiant a sorti un cinquième titre en novembre 2012 : Shadowman par Justin Jordan (Green Lantern : New Guardians) et Patrick Zircher (Cable & Deadpool). La série est une histoire d’héritage, d’horreur et de magie. Jack Boniface est le fils de Josuah Boniface, alias Shadowman, qui avait combattu Darque, un sorcier qui a tenté d’envahir le monde des vivants à travers un portail le reliant aux Enfers à la Nouvelle Orléans. Josuah se sacrifia pour refermer le portail et laissa une amulette à sa femme enceinte de son futur fils, qui hérita de l’amulette. Jack, une fois adulte, revient à la Nouvelle Orléans pour retrouver son père mais en ignorant tout du pouvoir qu’il posséde. Exaspéré par la vie que Jack mène, il se débarasse de son amulette… sauf que cette dernière cachait par un sortilège son existence, car tout comme son père, Jack peut se transformer en Shadowman pour combattre les démons. Et c’est en étant attaqué par l’un d’eux qu’il invoqua le pouvoir de Shadowman sans le vouloir. Ainsi, il accepte l’héritage de Shadowman et avec l’aide d’un sorcier nain et de son apprentie, il va devoir combattre Darque, qui revient plus fort que jamais. Panini a sorti deux tomes, avec le premier à 5 euros, comme d’habitude pour soutenir cet univers.

Ce reboot fut un véritable succès critique et commercial, surtout pour X-O Manowar #1 qui a eu droit à 42 000 pré-commandes à lui tout seul, tout en le publiant gratuitement sur les sites d’achats de comics en format digital. Pour en plus marquer le coup, l’éditeur a lançé deux initiatives intéressantes : le PullBox Program, qui publie des couvertures alternatives en échange de l’abonnement à un ou plusieurs titres, et les Talking Covers. Ce dernier a notamment fait parlé de lui : sur les numéros #1 de chaque comics, il y avait un QR Code qu’il fallait scanner avec son smartphone qui débloquait une vidéo faisant parler le personnage sur la couverture ! Il fallait alors poser son téléphone sur la couverture, à l’emplacement prévu, pour un effet des plus intéressants.

LA SECONDE VAGUE

Valiant fut plusieurs fois cité en 2012 comme le meilleur éditeur de comics de l'année et obtint plusieurs récompenses dans la presse aux USA, notamment pour Harbinger. En 2013, suite au succès critique et commercial de la première édition du summer of Valiant, Valiant lança la seconde édition avec plusieurs événements majeurs : le tout premier crossover depuis le reboot, Harbinger Wars, entre les titres Harbinger et Bloodshot, mais auss deux nouvelles séries : Quantum & Woody, par James Asmus et Tom Fowler, et Eternal Warrior par les stars Greg Pak et Trevor Hairsine. Bloodshot eut aussi le droit à ses origines dans un numéro #0 et cette série, plus X-O Manowar, eurent le droit à un arc garantissant un point d'entrée idéal pour les nouveaux lecteurs. En novembre sortit Unity, l’équivalent des Avengers chez Marvel, scénarisé par Matt Kindt et illustré par Doug Braithwaite, qui réunit sous la même bannière les plus puissants héros de l’univers Valiant, à savoir X-O Manowar, Eternal Warrior, Ninjak et Livewire (issue de Harbinger, psionique capable de contrôler et de hacker la technologie par la pensée).

Eternal Warrior, accessoirement spin-off d’Archer & Armstrong, est centré sur Gilad Anni-Padda, frère d’Armstrong, qui est aussi immortel. Se considérant comme un guerrier depuis sa naissance, il a combattu dans la plupart des conflits majeurs de l’histoire de l’humanité pendant des millénaires et acquit ainsi une expérience de la guerre inégalée. Après 10 000 ans de combats, Gilad dépose les armes et décide de vivre reculé de toute civilisation. Mais un visage familier, l’ayant trahi durant les premiers années en tant que Guerre Eternal, réapparait et ce n’est pas bon signe… Cette série est inédite en France et ne sera probablement pas publiée (étant terminée depuis plusieurs mois aux USA et annulée prématurement). Composée de seulement huit numéros et de la mini série en trois chapitres, Days of Steel, ce comics comptabilise trois tomes en VO.

Quantum & Woody, c’est LA série fun de l’univers Valiant. Il s’agit du titre ayant reçu le plus de nominations et de récompenses depuis le reboot de 2012. L’histoire suit deux frères qui acquièrent des pouvoirs par accident tout en enquêtant sur le meurtre de leur père. Ils s’improvisent alors super héros mais ça n’est pas si facile… La série est inédite en France et ne sera sûrement pas publiée, car annulée après seulement 12 numéros depuis plusieurs mois déjà. Actuellement, la série Quantum & Woody Must die ! est en publication. La mini série Q2 : THe Return of Quantum & Woody s’est terminée récemment et ramenait le temps de cinq numéros la tout première incarnation de Quantum et Woody durant une aventure avec les même auteurs que durant les premières années de Valiant. La série comptabilise trois tomes en VO.

Unity est le titre décrivant une équipe du même nom et c'est l’équivalent de la Justice League et des Avengers chez Valiant. A l’origine, il s’agit d’une équipe à part de la fondation Harbinger entraînée personnellement par Harada pour faire face à de grosses menaces. Lorsque Aric, alias X-O Manowar, établie une colonie humaine avec les descendants Wisigoths anciennement sous le joug des Vines, Harada envoie Unity abattre Aric. Mais ce dernier abat l’équipe avec simplicité. Une nouvelle équipe est alors créée avec Harada, Livewire (une psionique capable de hacker et de controler tout ce qui est mécanique et informatique), Ninjak et Eternal Warrior, pour extraire Aric de l’armure. Mais il est révélé qu’Harada souhaite l’armure pour lui et lorsque Livewire s’équipe de l’armure Manowar après l’avoir enlevé d’Aric, la conscience de l’amure lui révéla tout le passé d’Aric, le rendant moins menaçant faisant comprendre à l’équipe qu’il ne souhaite pas détruire l’humanité. Harada est alors neutralisé et Aric récupère l’armure. Par la suite, Aric rejoint Unity, affilié à la sécurité mondiale et depuis, l’équipe se charge de protéger la Terre de toute menace surpuissante. Ce comics est excellent, le côté blockbuster est très présent comme avec X-O Manowar, l’action est au centre des intrigues qui ne s’essouflent jamais. Pour l’instant, ce comics est inédit en France mais ne devrait pas tarder à sortir, étant donné qu’il est assez lié au cinquième tome de X-O Manowar.

TOUJOURS PLUS DE NOUVEAUTES

L’année 2014 est marquée par la cérémonie des Harvey Awards chez Valiant, dont Quantum & Woody se démarque par le plus de nominations obtenues, mais Archer & Armstrong se fait aussi remarquer. L’édition 2014 du Summer of Valiant eut droit aussi à son lot de changements. Tout commence par la fin de plusieurs séries au numéro 25 : Harbinger, Bloodshot et Archer & Armstrong. Ce sont des numéros anniversaires avec des pages supplémentaires et des bonus tels que des artworks et des histoires courtes. D’autres séries tirèrent leurs révérences en 2014, mais cette fois c'était plus dû à un échec commercial : Eternal Warrior s’arrête au numéro #8, Shadowman au numéro #16 et Quantum & Woody au numéro #12… Cependant, cet été 2014 a été marqué par le second crossover de l'éditeur, Armor Hunters, avec principalement X-O Manowar et Unity au centre de l’intrigue (Bloodshot et Harbinger eurent droit chacun à une minisérie de trois numéros liés à Armor Hunters). Pour boucler les histoires et teaser les futurs titres, plusieurs mini séries sortirent après l’été : Eternal Warrior: Days of Steel, Dr. Mirage (spin off de Shadowman), Shadoman End of Days et enfin Harbinger Omegas. On a aussi eu le droit à un crossover à la fin de l’été mettant en scène les deux duos de Valiant, à savoir Quantum & Woody et Archer & Armstrong, sous le titre de The Delinquents.  Les auteurs originaux de Quantum & Woody sont même revenus en force le temps d’une mini série de cinq numéros appelée Q2 The Return of Quantum & Woody, avec une histoire centrée sur les personnages de l’univers Valiant des années 90 qui a été très appréciée par les nostalgiques de l’époque.

Plus tard, Valiant a ramèné le super héros futuriste japonais Rai dans un comics homonyme. L’histoire se déroule en l’an 4001 et le Japon n’est plus qu’une gigantesque Île volante, Néo-Tokyo, tandis que le monde est totalement ravagé. L’univers est très cyberpunk, avec des cyborg et des robots parmi la population. Father est une intelligence artificielle qui dirige l’ïle et Rai est un super soldat numérique chargé de faire respecter l’autorité de Father dans tout Néo-Tokyo. Mais un jour, le premier meurtre depuis des centaines d’années fait sensation et risque de perturber le calme utopique de la cité. Lorsque Rai enquête, il découvre alors les faces cachées de ce paradis asiatiques, qui ne l’est pas tellement au final… La série est à conseiller aux lecteurs de mangas, la série n’est pas tellement liée aux autres titres de Valiant donc il a plus des allures de titre indépendant. Clayton Crain se régale en plus, il construit de magnifiques décors et sa peinture numérique renforce encore plus le coté cyberpunk. Bonne nouvelle, Panini a sorti le premier tome mars et on vous le conseille fortement. Le second est annoncé pour septembre en France.

En 2015, Valiant entertainment a lancé l’opération Valiant Next : pas loin de six nouvelles séries sont annoncées ! Deux mini-séries Divinity et The Valiant, et quatre séries régulières : Imperium (suite d’Harbinger), Bloodshot Reborn (suite de The Valiant), Ivar Timewalker (issue de Archer & Armstrong) et Ninjak (personnage déjà apparu dans Unity et introduit dans X-O Manowar). Fin avril 2015, toutes ces séries sont de véritables succès critiques et commerciaux, notamment car elles proposent des points d’entrée idéaux dans l’univers Valiant, mais aussi grâce aux stars des comics qui rejoignent l'éditeur Valiant, à savoir Paolo Rivera, Jeff Lemire et Matt Kindt. Plusieurs réimpressions sont programmées. Concernant l’édition 2015 de Summer of Valiant, la saison sera marquée par le troisième crossover majeur de l’univers Valiant, à savoir Book of Death écrit par Robert Venditti et dessiné par Robert Gill et Dough Braithwaite. L’événement sera marqué par plusieurs one shot centrés sur les principaux personnages de l’univers Valiant. L’éditeur a déjà annoncé plusieurs morts choquantes, marquantes et surtout éternelles, car chez Valiant, les héros ne ressuscitent pas selon les auteurs…

Récemment, Valiant a annoncé avoir établi plusieurs contrats pour des adaptations cinématographiques, notamment Harbinger et surtout Bloodshot selon les rumeurs, mais il est encore trop tôt pour se prononcer, la dernière annonce étant faite par Valiant elle-même, à savoir 5 films à partir de 2017, deux sur Bloodshot, deux sur Harbinger et un cinquième sur Harbinger Wars. Peut-être est-ce une raison pour vous de tester Valiant avant qu'il débarque au cinéma ? A moins qu'une envie de fraîcheur ne vous parcourt et que vous ayez plutôt envie de quelque chose de nouveau ? Et bien sachez que c'est ça qui est bien avec Valiant, c'est jeune, c'est nouveau, c'est une entrée parfaite pour s'habituer aux univers partagés si chers aux éditeurs de comics. Alors n'hésitez pas et jetez vous sur l'univers Valiant et sa galerie de personnages originaux et tout aussi valables face à Marvel et DC comics.

3 commentaires

  1. Farid
    Le 02 juin 2015 à 14:00

    Ce qui me laisse admiratif avec cet éditeur/univers, c'est la capacité à mettre sur le marché des séries ultra-codifiées qu'on ne voyait plus depuis un certains temps. Mettre en avant un ninja ou un cyborg futuriste, c'est très 90's et ça fait du bien de pouvoir lire autre chose sans se ruiner

  2. Bart
    Le 02 juin 2015 à 17:05

    J'ai plongé dans l'univers Valiant et je dois dire que pour l'instant je ne suis pas vraiment déçu. J'ai encore des séries à découvrir, notamment Unity. Harbinger est pour moi, une des meilleurs séries.

  3. Fissoul BenRix
    Le 18 septembre 2016 à 22:34

    J'ai commencé récemment à lire du Valiant comme titre Divinity et une sur le guerrier éternal, pour le moment je ne suis pas déçu.

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