On ne l’avait pas vu venir. Sérieusement, qui pouvait de manière crédible et logique miser toutes ses économies sur un succès franc et massif de la Switch, la nouvelle console de jeu vidéo de Nintendo ?
Elle succède à un flop, doit remettre en marche une compagnie en retrait dans son industrie et faire accepter un concept hybride qui peut déstabiliser le public. Un an plus tard, la Switch est considérée comme un bon produit, sa communication a été parfaitement maîtrisée et Nintendo, aussi grâce à sa stratégie mobile, peut de nouveau bomber le torse vu les ruptures mondiales de stock.
Ce qu’il faut surtout saluer, c’est le retour au concept de base de cette industrie : proposer de bons jeux pour vendre une console. Avec Zelda Breath of The Wild et en ce moment Super Mario Odyssey, Nintendo met tout le monde d’accord. L’entreprise possède deux console sellers, c’est à dire des jeux qui méritent à eux seuls l’achat du produit. Qui plus est, le constructeur/éditeur a eu la bonne idée de proposer une sortie marquante chaque mois. Zelda en mars donc, puis Mario Kart en avril, la nouveauté Arms en juin, Splatoon 2 en juillet, Mario + Lapins Crétins en août et Super Mario en Octobre. De quoi alimenter sa console jusqu’à la période de Noël, le vrai révélateur pour ce type de produit. Après deux millions d’exemplaires écoulés à la sortie, c’est la barre des 14 millions qui est visée d’ici la première année d’exploitation. Ce serait un très bon résultat et un retour au premier plan pour l’entreprise japonaise.
Nous avons été nombreux à sous-estimer la nostalgie entourant Nintendo. Ironiquement, la parenthèse Wii U, qui a vu de nombreux joueurs faire l’impasse sur les nouveaux épisodes des licences cultes, permet à l’éditeur d’alimenter rapidement sa machine avec des jeux quasi-inédits. L'essor des éditeurs indépendants sur cette console, rendu possible par le nombre réduit de jeux proposés par Nintendo en 6 mois, démontre que les possesseurs de cette console sont désespérément à la recherche de jeux. À l’inverse de la Wii qui défricha en son temps le fameux océan bleu cher aux profs de marketing, une partie du grand public actuel ne se retrouve pas dans les sorties majeures de la PS4 et la Xbox One, faisant de la Switch un refuge pour une vision plus classique du jeu vidéo.
L’équation pour la Switch est maintenant simple : proposer régulièrement des jeux de qualité. C’est la fameuse ludothèque. Si la console a prouvé sa capacité à séduire avec le plus petit lineup de lancement de l’histoire, elle doit désormais conserver son public avec une succession de sorties marquantes. Nintendo réussira son pari en continuant à vendre des caisses de jeux. C’est là où on se fait le plus d’argent en tant que constructeur. Il faut aussi produire des jeux grand public car si Fire Emblem est devenue une licence forte, elle n’aura jamais l’aura commerciale d’un Mario, Zelda ou Pokemon. Cette dernière a d’ailleurs un jeu pensé pour la Switch qui est actuellement en développement, en espérant qu’il ne débarque pas trop tard pour ne pas briser l’excellente dynamique commerciale.
Est-ce que cela va suffire ? Nintendo n’a pas vraiment su gérer ses licences depuis la GameCube. Metroid, F-Zero, Donkey Kong, Kirby, Star Fox, elles ont perdu de leur éclat car aucune n’a eu le droit à un jeu aussi ambitieux que ceux “offerts” à Zelda et Mario. On espère aussi un nouveau Smash Bros et du contenu réellement inédit pour Mario Kart. Vous l’aurez compris, la voie est toute tracée pour la Switch : proposer un mélange de licences adulées et de nouveautés, avec un stock suffisant de consoles. Au travail !