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Matthew McConaughey, 20 ans de carrière avant la consécration

Avant Interstellar et True Detective, Matthew McConaughey, c'était surtout un acteur pour comédie romantique. Un Oscar et plusieurs films dramatiques ont tout changé. Retour sur 20 ans de carrière et une longue route vers la célébration.

Article inédit. 

Pendant de longues années, Matthew McConaughey était prisonnier de son image à Hollywood et dans le milieu du cinéma en général. Un bel homme qui enchaîne les comédies romantiques, et c'est déjà bien. Loin d'être une superstar, on ne savait pas trop ce qu'il allait advenir de lui malgré un début de carrière prometteur. Pur produit du Texas, cette belle gueule obtient ses premiers rôles au cinéma en 1991 à 22 ans. Rapidement, il se fait remarquer avec de petits films comme DAZED AND CONFUSED (1993) ou ANGLES IN THE OUFIELD (1994). Son rôle dans A TIME TO KILL (1996) aux côtés de Chris Cooper, Samuel L. Jackson, Sandra Bullock et Kevin Spacey l'installe dans la catégorie de jeune premier à surveiller. 

1997- 2001 : LA PERCEE 

L'année 1997 amène Matthew a travaillé avec deux réalisateurs stars : Zemeckis dans CONTACT et Spielberg pour AMISTAD. Dans les deux cas, les films sont rentabilisés sans être des succès commerciaux. Le premier a une carrière honnête alors que le second aborde un sujet compliqué, mais est quatre fois nominé aux Oscars. L'acteur passe dans le catégorie de potentiel premier rôle, mais le succès lui échappe dans cette configuration. THE NEWTON BOYS (1998) avec Ethan Hawke est un flop (10 millions$ de recettes), mais ce n'est rien comparé à EDTV (1999) avec Woody Harrelson (lui aussi en galère à ce moment-là, chose intéressante quand on connaît la fin de cet article) : 20 millions $ de recettes aux USA pour un budget de 80. 

Vous allez me dire que je ne vois la chose qu'à travers le prisme de l'argent, mais nous sommes à Hollywood, tout n'est que bénéfice (et Oscars). L'année 2000 est néanmoins plus clémente pour Matthew avec le film de sous-marins U-571. Le film est enfin rentable et rapporte même 50 millions à l'étranger. McConaughey apparaît en 2001 dans deux autres films sérieux (le thriller FRAITLY et le drama 13 CONVERSATIONS ABOUT ONE THING), mais ces films ne rapportent même pas 20 millions de dollars en cumulé. Il est temps pour l'acteur de changer de statut. 

ANNEES 2000 : LE TOMBEUR DES DAMES 

Les films sérieux ou ambitieux (de par la portée de leur scénario, pas la qualité) ne fonctionnent pas pour Matthew McConaughey. Nous sommes en 2001, il a 32 ans et a eu la chance de faire ses preuves (il ne sera pas question dans cet article de son talent, même si l'auteur de cet article estime que ses dernières prestations méritent leur médiatisation). Il faut préciser que ce n'était pas les meilleurs films des réalisateurs impliqués, ni les meilleures prestations de ses collègues acteurs. 

Que faire pour Matthew ? Exploiter son charme bien sûr ! C'est le début d'une série de comédies romantiques à succès : THE WEDDING PLANNER en 2001 avec Jennifer Lopez, méga-star à l'époque (film 3 fois rentabilisé) ; HOW TO LOSE A GUY IN 10 DAYS en 2003 avec Kate Udson (plus de 177 millions $ de recette) qu'il retrouvera en 2008 pour FOOL'S GOLD (qui a fait des recettes correctes, sans plus); FAILURE TO LAUNCH en 2006 avec Sarah Jessica Parker (Sex and the City) qui est aussi un joli succès ; enfin, GHOSTS OF GIRLFRIENDS PAST en 2009 avec Jennifer Garner. Ces quatre actrices sont des stars à cette époque et les films atteignent leur objectif, aussi bien financier que critique. L'acteur a trouvé sa voie et peut conserver son métier. Cependant, pour le public, son imagee est associé à celle du beau gosse dans les comédies romantiques. C'est une prison dorée, mais Matthew n'a pas pour autant abandonner l'envie de jouer des rôles plus profonds.

2006 : SAHARA 

Notre bon vieux Matthew va donc tenter dans la première moitié des années 2000 plusieurs paris pour ne pas s'enfermer dans son rôle de charmeur. Malheureusement, cela sera sans succès. REIGN OF FIRE en 2002 (film post-apocalyptique avec Christian Bale) n'est pas rentable aux USA. En 2005, grâce aux succès de ses comédies romantiques, on lui fait confiance pour une très grosse production, le film d'action SAHARA. C'est la catastrophe : pour un budget de 130 millions $ (son record), le film en récolte 68 aux USA. Il n'est même pas rentable si on y ajoute les recettes à l'étranger. C'est un coup dur pour l'acteur, doublé de l'échec la même année de sa collaboration avec Al Palcino dans TWO FOR THE MONEY (même pas rentable en cumulant les recettes mondiales). Matthew restera-t-il à jamais la star de ces dames ? De grands acteurs ont eu une telle carrière, mais cela rétrécit l'éventail de rôles proposés pour un acteur qui a de grandes ambitions.

2008 ET 2011 : LE RENOUVEAU 

Les années 2000 prennent fin et Matthew McConaughey atteint la quarantaine. Il est la star d'une comédie romantique tous les deux ans mais l'âge le rattrape, tel un Richard Gere. Là où George Clooney diversifie ses rôles avec succès tout en restant un sex symbole, Matthew n'y arrive pas. Tout n'est pas perdu. Ses cachets mettent sa famille à l'abri financièrement et il lui arrive de surprendre le public (et la profession) avec des films plus graves, comme en 2008 avec WE ARE MARSHALL et SURFER DUDE (il retrouve pour l'occasion Woody Harrelson, comme par hasard...). La décennie suivante sera bien meilleure. 2011 voit la sortie de THE LINCOLN LAWYER, un thriller de qualité. Les critiques sont bonnes, tout comme les recettes. Une lueur d'espoir ? L'année 2012 va tout changer. 

2012 : LA RECONNAISSANCE 

Si on met de côté le film BERNIE (allez, on l'oublie celui-là), l'année 2012 est une année assez dingue pour Matthew McConaughey. Il incarne 3 rôles différents dans 3 films aux destins...différents. Tout d'abord, KILLER JOE. Polar violent situé dans son Texas natal, ce film est présenté à la Mostra de Venise. Le casting est de qualité sans être bling-bling (Emile Hirsch, Juno Temple) et est dirigé par William Friedkin (French Connection, The Exorcist). Soyons clairs, c'est une incroyable flop (moins de 2 millions $ aux USA et 1,6 millions dans le monde) mais cela contribue à changer l'image Hollywoodienne de l'acteur, qu'il n'avait pas à ses débuts. C'est le même constat pour THE PAPERBOY, un plus gros flop (693 286$ de recettes aux USA, 660 582 dans le monde) mais le film est présenté à Cannes et est réalisé par Lee Daniels, qui a explosé avec PRECIOUS (puis LE MAJORDOME en 2013). 

Paradoxalement, c'est avec les pires films de sa carrière en termes de recettes que McConaughey intègre un cinéma plus élitiste et donc plus respectable pour le milieu professionnel (et une partie des cinéphiles). L'année 2012 n'est pas totalement vierge de billets verts, au contraire. Le film MAGIC MIKE de Steven Soderbergh a réuni une bande de beau gosses strip-teaseurs dans un film plus profond que ne laisse penser le pitch. Le budget de 7 millions $ est 20 fois rentabilisé, avec une recette finale mondiale de 167 millions $, dont 113 aux USA. Fait marrant, ce film a aussi eu un impact posifitif sur la carrière d'un autre lover, Channing Tatum. 

2013 : LA CONSECRATION 

Il est facile de retracer la carrière d'un artiste à postériori, mais il faut bien prendre en compte qu'un film se prépare plus d'un an à l'avance. C'est parfois 4 années de travail pour un producteur, et l'enchaînement des sorties, et donc des succès ou échecs, ne se prévoit pas pour un acteur. La très bonne année 2012 va être bonifiée par l'année 2013. Matthew a présenté deux films à l'édition 2012 de Cannes : PAPERBOY, qui n'a pas emballé les critiques mais fait le buzz, et surtout MUD. À 43 ans, l'acteur y incarne un ermite moderne. Il a enfin une vraie GUEULE de cinéma, un de ces visages capables de jouer plusieurs émotions uniques. Son visage se creuse, ses rôles deviennent profonds et MUD conquiert aussi bien la critique que le public. Certes celui-ci ne se déplace pas en masse (21 millions $ de recettes) mais l'important n'est pas là : pour Hoolywood, Matthew n'est plus uniquement un lover. 

Ses derniers films font beaucoup moins de recettes que ses comédies romantiques, mais ils lui apportent le respect de ses pairs, de la critique et du public. Mieux, ils lui offrent la consécration ultime : l'Oscar ! Avec DALLAS BUYERS CLUB, Matthew McConaughey entre enfin au panthéon du cinéma américain (et sûrement mondial). Un film sur la drogue et le sida, une perte de poids monumentale de l'acteur, une histoire vraie... L'Oscar du meilleur acteur le propulse au rang de superstar, aux côtés de gars comme DiCaprio. Mieux, il a obtenu une récompense qu'un acteur comme Léonardo, icône mondiale du cinéma, tête d'affiche de films cultes, à la carrière quasi-parfaite, n'a jamais obtenu. Le face-à-face entre les deux acteurs dans THE WOLF OF WALL STREET reste mémorable. Symboliquement, Matthew montre la voie à Leornado (qui n'a rien à lui envier, si ce n'est ce foutu oscar). Matthew n'a plus rien à prouver, mais il va confirmer son statut. 

2014 : LA CONFIRMATION 

Matthew obtient son oscar en mars 2014. À ce moment-là, une nouvelle série est diffusée à la télévision américaine depuis début janvier : TRUE DETECTIVE. Elle met en scène deux acteurs qui se connaissent bien : McConaughey et Harrelson, acteur qu'il a croisé à chaque moment clé de sa carrière. Le succès du show est phénoménal. Dès le départ, HBO avait annoncé que ces acteurs ne participeraient qu'à la première saison de la série. Le buzz est incroyable, les audiences records (le site web de HBO plante le soir de la diffusion du dernier épisode de par un trop grand nombre de connexions). Les critiques sont dithyrambiques, les fans se comptent par millions et les acteurs divinisés par certains. La course aux Oscars sacre logiquement Matthew, autant pour DALLAS BUYERS CLUB que pour le tournant qu'a pris sa carrière. Un certain Christopher Nolan a flairé le bon coup un an plus tôt en engageant Matthew pour son plus gros défi : le premier film après la trilogie Batman. La fin d'année 2014 est celle d'INTERSTELLAR, un film de science-fiction ambitieux qui rapporte plus de 600 millions $. Matthew est la star du film, la star d'Hoolywood. Tout est possible pour lui désormais. 

Matthew McConaughey a conquis le monde du cinéma. À lui d'enchaîner les succès et de garnir sa filmographie de films cultes. Il n'a plus rien à prouver et peut choisir ses projets et ses cachets. Ses prochains films : le réalisateur Gus Van Sant, la prise de Bagdad en 2003 et l'histoire d'un agent de la CIA derrière les lignes ennemis. En attendant une bonne vieille comédie romantique ? Non, je rigole.... Mais pourquoi pas !

Bonus (LE LOUP DE WALL-STREET) :

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