Je me suis toujours vanté d'avoir des goûts plutôt variés en terme de séries, même si certains genres ne m'attirent pas du tout. Si, aujourd'hui, j'estime ne plus être la cible des séries dites « pour adolescents », il m'arrive parfois d'être agréablement surpris ! C'est ce qui s'est passé avec la série Pretty Little Liars. Même si le public visé par ce programme est adolescent, devons-nous pour autant bouder cette audacieuse série ? Sûrement pas !
Pretty Little Liars (abrégée PLL) est d'abord une série de romans écrits par Sara Shepard, une américaine de 37 ans. Et oui, la littérature est un filon inépuisable pour l'industrie du cinéma et de la télévision. En France, 12 tomes sont déjà paru aux éditions Fleuve Noir (17 aux États-Unis dont une préquelle), donc autant dire qu'il y a de la matière pour les scénaristes de la série. Diffusée chaque mardi sur ABC Family, elle devait se composer originellement de 10 épisodes, mais le succès immédiat encouragea la chaîne à en commander de nouveaux. On est en droit de se demander si une série qui passe d'un projet de 10 épisodes à 5 saisons (pour l'instant !) ne tourne pas en rond, mais je vous répondrais que non comme nous le verrons un peu plus tard.
QU'EST-CE QUE ÇA RACONTE ?
Tout commence le jour de la fête du travail (Labor Day en VO, premier lundi de septembre), quand Alison Di Laurentis disparaît. Ses amies de toujours Aria, Emily, Hanna et Spencer sont accablées par le chagrin et leur cercle se brise à cette occasion. Un an plus tard (tout ça se passe dans le pilote, donc pas de panique niveau spoiler !), elles n'ont jamais été aussi éloignées. Or, leur amie Ali (comme elles aiment à la surnommer) n'était pas un ange. Au contraire, elle agissait avec mépris, égoïsme et passait son temps à manipuler son monde. Bref, une vraie garce ! Pas étonnant, donc, qu'elle ait caché de nombreux secrets. Les quatre amies comprendront bien vite qu'il est très difficile de dire la vérité, surtout quand on est menacé. Oui, un certain A va les pousser dans leurs retranchements. A, c'est le véritable antagoniste de la série. Il en est le fil rouge, chaque saison tourne autour de lui, ou d'elle, ou d'eux ou d'elles....
Si les thèmes abordés comme l'amitié ou la confiance peuvent paraître évidant en lisant le résumé, ils n'en demeurent pas moins très importants. Plus les saisons défilent, plus les nerfs des personnages sont mis à rude épreuve et il leur faudra être parfaitement unies pour surmonter le chantage de A et ses sales coups, souvent préjudiciables. Croyez-moi, si la plupart d'entre nous subissait ne serait-ce que le quart de ce qu'endurent les héroïnes, nous serions très très dépressifs ! D'où le fait que leur amitié soit au cœur même de la série. Elles se soutiennent sans hésiter, malgré leurs secrets, malgré la paranoïa qui s'empare d'elles au fur et à mesure des épisodes. Plus la tension monte, plus l'impuissance des personnages surgit.
AU FIL DES SAISONS
Quand on lit le synopsis d'une série, on a toujours l'impression que l'intrigue va rapidement s’essouffler. Par exemple : « Après un crash aérien, nous suivons les survivants, échoués sur une île ». C'était le parti-pris de Lost. Pourtant, qu'on l'aime ou non, la série a su dépasser ce premier résumé. C'est la même chose pour PLL. Bon, affirmer que c'est génial dès le début serait malhonnête. La saison 1 souffre selon moi de longueurs. Elle pourrait être dispensable si elle n'assumait pas la fonction d'introduire l'univers et les différents personnages qui deviendront familiers. Après tout, c'est le cas de nombreuses séries qui offrent une première saison pas suffisamment développée (Lost, Fringe, Game of Thrones – une fois encore, il s'agit que de mon ressenti et la plupart d'entre vous ne seront sûrement pas d'accord). L'intrigue offre toutefois une seule grande histoire globale et le concept de saisons n'a donc pas vraiment de raison d'exister sinon pour la production elle-même.
La cinquième saison vient tout juste de se terminer aux USA et il semblerait que la série ait été renouvelée pour deux saisons supplémentaires, ce qui est une bonne moyenne pour un drama. La diffusion de la série s'étale sur presque toute l'année, ce qui est assez rare pour le souligner. La plupart des séries commencent en septembre ou octobre, font une pause hivernale à Noël, reprennent entre janvier et mars jusqu'à avril ou mai (avec de nombreuses interruptions entre janvier et mai, notamment pour le Super Bowl). PLL commence en juin, dure jusqu'au mois d'août, comme n'importe quelle série de l'été. Ensuite, un épisode d'Halloween est diffusé chaque année puis la série reprend en janvier jusqu'au mois de mars. Les épisodes d'Halloween sont souvent très soignés. On pourrait les qualifier de « petits-films » avec leur lot de suspense et de révélations.
Au fil du temps, la série s'est complexifiée, les rebondissement se sont multipliés et les saisons sont de plus en plus sombres. En témoigne la classification de la série, « tout public » durant sa première saison, « autorisée aux plus de dix ans » pour la deuxième et désormais « interdite aux moins de douze ans ». Les personnages sont nombreux et leurs relations parfois tumultueuses. Le jeu consiste donc à essayer de deviner qui est le mystérieux A. On finit d'ailleurs par soupçonner tout le monde, même les héroïnes, et l'on se surprend à élaborer des théories pour prouver nos dires. À l'heure où j'écris ces lignes, je ne sais toujours pas qui est A, je ne risque donc pas de vous spoiler ! La série est un tel succès qu'un spin-off fantastique (beaucoup moins bon selon moi) a vu le jour. Il met en scène Caleb, le petit-ami de l'une des héroïnes, dans une ville voisine, hantée par d'étranges apparitions. Ce spin-off aurait été une bonne idée si les personnages n'avaient pas été aussi vides que le scénario. Dommage ! Mais, après tout, la série mère se suffit largement à elle-même !
LES HEROINES POUR TOUS
Je vois déjà les lecteurs masculins se dire « ouais, c'est une série pour filles ». Alors, je vous répondrai : « On ne dit pas que toutes les séries qui ont un homme pour héros sont uniquement masculines ! » C'est pareil pour PLL ! On ne suit pas quatre filles qui vivent des aventures qu'elles seules peuvent vivre mais quatre personnages complexes, avec leurs qualités et leurs défauts qui tentent tant bien que mal de mener une enquête afin de découvrir qui s'en prend à eux. Chacune de quatre héroïnes a son caractère bien a soi et il serait idiot de le résumer à de simples qualificatifs. Les actrices sont plutôt douées (sauf une, peut-être mais c'est un jugement personnel), Troia Bellisario (Spencer) en tête, notamment pour sa performance en fin de saison 3.
Encore quelques arguments en vrac pour vous convaincre. On retrouve trois grands noms de la télévision en guest : Holly Marie Combs (Charmed), Laura Leighton (Melrose Place) et Andréa Parker (Le Caméléon). Dans la saison 4, on a droit à un épisode spécial exceptionnel à la manière des films noirs des années 40. Il y a bien sûr les épisodes d'Halloween (oui, je le redis !) et la visibilité LGBT avec plusieurs personnages homosexuels, dont l'une des héroïnes. Je pense aussi au générique court, mais délicieusement sinistre (parce que j'aime les génériques de séries !) et enfin l'absence de manichéisme, puisque personne n'est tout blanc ou tout noir !
Ne soyez pas timides et osez pousser la porte de cet univers. Survivez à la première saison et découvrez la torture d'attendre entre deux épisodes. Prenez un plaisir coupable à examiner chaque scène, chaque attitude des personnages pour tenter de coincer A avant tout le monde. Attachez-vous aux différents caractères des personnages. Mais je dois cesser d'écrire car j'ai l'impression d'être observé...