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La machine à voyager dans le temps du Docteur Fatalis

Si vous lisez des comics Marvel, vous avez sans doute remarqué que de nombreuses sagas tournent autour du concept de voyage dans la temps. Mais saviez-vous que la machine servant à voyager dans le temps est la même depuis 1962 ? Retour vers le passé à la rencontre de la plateforme de Fatalis, une invention banale qui a pourtant influencé plus de 50 ans d'histoires.

Dans la Pop Culture, il existe des objets, des mythes qui traversent les âges et sont utilisés dans l'ensemble des medias (cinéma, télévision, litterature …). Parmi ces artefacts, l'un des plus connus reste la machine à remonter dans le temps créée par H.G. Wells et célébrée notamment dans la trilogie Refour vers le Futur dont nous venons de fêter le 30ème anniversaire. Les comics ne font pas exception à la règle et les voyages dans le temps ont été le point central de nombreux arcs et sagas chez l'ensemble des éditeurs.

La machine à remonter le temps est, chez Marvel, bien ancrée dans la mythologie de certains personnages et on peut presque affirmer que l'ensemble des héros y ont un jour été confrontés. Retour donc dans le passé, à la découverte des effets du voyage dans le temps sur l'univers de la Maison des Idées.

AU COMMENCEMENT : UNE HISTOIRE CLASSIQUE ...

Une machine dans le temps ne peut être conçue que par un esprit brillant. Marvel a donc en toute logique choisi le Docteur Fatalis pour la concevoir. Loin de l'envie de refaire le monde, les motivations du bon docteur à créer sa « plateforme temporelle » dans un comics de 1962 (Fantastic Four #5) furent plus terre à terre. En effet, son invention avait pour unique but d'envoyer ses ennemis, les Quatre Fantastiques, dans le passé pour récupérer le trésor de Barbe Noire censé lui donner le pouvoir de dominer le monde.

En toute logique, Fatalis fut vaincu et la plateforme temporelle abandonnée, enfin jusqu'à sa prochaine utilisation par Reed Richards qui décida de se rendre en Egypte ancienne pour découvrir un remède à la cécité de la petite amie de la Chose. Si ce récit publié en 1963 semble anecdotique, il renferme la première apparition de Rama Tut, un pharaon venu du 3ème millénaire qui deviendra plus tard Kang, l'un des plus illustres voyageurs dans le temps de la Maison des Idées et l'un des plus fidèles ennemis des Avengers, mais ça, c'est une autre histoire.

La dernière apparition de la machine dans les années 60 eut lieu dans un épisode des Avengers de 1968. Captain America, doutant alors de la mort de son sidekick Bucky, retourna sur les lieux de son accident pour vérifier la véracité des faits. Une histoire peu connue qui eut un écho quelques années plus tard avec la création du personnage du Winter Soldier que le grand public a pu découvrir dans le film Captain America 2.

VOYAGE A TRAVERS LES EPOQUES

Dans toutes ses utilisations, la machine à remonter le temps est toujours un prétexte pour voyager vers d'autres époques. Celle de Marvel ne fait pas exception à la règle, ce qui donna naissance à de nombreux arcs narratifs transportant nos héros contemporains dans le passé ou le futur. Spider-Man fut le premier à expérimenter le voyage à travers les époques dans la série Marvel Team Up de 1976 construit comme une trilogie, dans chaque numéro Spidey voyageant dans une époque différente (tiens ça me rappelle quelque-chose). Il commença par visiter l'an 1672 sauvant de justesse la Sorcière Rouge, prisonnière d'un vilain et condamnée pour sorcellerie. Par la suite le tisseur se rendit successivement en 2019 et en 1990, ce qui lui permit de découvrir le futur apocalyptique du premier Deathlock. Futur qu'il tenta, une fois rentré à son époque, d'empêcher tel un John Connors des 70s. De manière étonnante cette saga n'eut aucun effet sur la personnalité du tisseur qui sembla par la suite avoir oublié ses voyages temporels.

L'une des apparitions les plus intéressantes de la plateforme de Fatalis eu lieu dans Iron Man #150 en 1981 qui envoya le vengeur doré et Fatalis au temps de Camelot pour l'un des arcs préférés des fans. Cette saga permit ainsi à Tony Stark de rencontrer Merlin, le Roi Arthur et tous les personnages rattachés au mythe arthurien. Privé de son armure, Iron Man doit faire preuve de débrouillardise pour la rendre à nouveau opérationnelle et ainsi protéger le Roi Arthur des manigances de Morgane la fée. Cette histoire permet aussi de mettre en avant les différences et les points de convergence entre la science représentée par Stark et la magie symbolisée par Merlin, un grand classique de l’héroïc-fantasy. Elle permet surtout de sortir un héros de son quotidien et de le rendre vulnérable dans un contexte qu'il ne maitrise pas et à une époque qu'il ne comprend pas. Autre effet, à une époque où Tony Stark est malmené par les scénaristes (alcoolisme, perte de son entreprise), cette saga réaffirme son côté chevaleresque qu'on avait parfois oublié.

Qui dit arc à succès dit suite et c'est exactement 100 numéros plus tard que Fatalis et Iron Man se retrouvent à nouveau réunis par Merlin, mais cette fois dans le futur, rencontrant ainsi la nouvelle incarnation du roi Arthur. Cette histoire reprit à l'époque le principe popularisé par Retour vers le Futur, à savoir deux héros découvrant leur futur. Tony Stark fit ainsi la connaissance de son descendant Arno Stark, un super-vilain, ce qui eu au final une incidence sur sa manière d'agir en tant qu'Iron Man et de lui rappeler ses responsabilités de héros. Plus tard ce concept fut réutilisé dans la série limité Iron Age durant laquelle Tony Stark, voyageant d'époque en époque, pu devenir le spectateur des différentes époque de sa vie, un peu à la manière de Scrooge dans Chrismas Carol. Une saga assez mauvaise qui n'a eu aucun impact sur la continuité ou la personnalité de Stark.

Au rayon des arcs de mauvaise qualité, on oubliera très vite les voyages temporels des West Coast Avengers (la série étant de toute façon une vaste fumisterie), qui n'apportera rien à l'histoire et fut heureusement vite oubliée. Au global, tous ces exemples sont la preuve que pour Marvel, le voyage dans le temps est souvent plus un prétexte à une saga en dehors de la continuité qu'une fin en soi. Toutefois, dans des cas plus récents, la plateforme temporelle de Fatalis (car c'est bien elle qui est à chaque fois utilisée) a eu de réels impacts sur la continuité.

DE TERMINATOR A RETOUR VERS LE FUTUR

Premier exemple de l'utilisation du concept terminatorien chez Marvel : le chef d'oeuvre Futur Imparfait mettant en scène Hulk. Sortie en 1992, cette saga propulse le géant vert, dont les personnalités ont été fusionnées, lui conférent la force du titan émeraude et l’intellect de Banner, dans un futur chaotique sur lequel règne le Maestro. Dans les faits, c'est le Rick Jones du futur qui demande l'aide d'Hulk pour mettre un terme au règne de ce tyran qui se révélera être le Hulk du futur lui même. Outre un scénario magnifique servi par un dessin de qualité, cette histoire démontre à quel point des évènements malheureux peuvent changer la personnalité d'un être, Banner en l'occurence, mais surtout mettre en avant le côté sombre d'Hulk. Gros succès à l'époque, cette saga modifiera en profondeur la personnalité d'Hulk, qui suite à cela s'efforcera de faire le bien aidé en cela par les membres du groupe Panthéon qu'il dirigera. Cette tentative de pacification sera d'ailleurs un echec pour Hulk dont le côté obscur resurgira lors des évènements de World War Hulk. Suite au succès de cette mini-série, le personnage du Maestro sera réutilisé et réapparaitra d'ailleurs dans une relecture de Futur Imparfait lors du récent crossover Secret Wars.

Autre cas de l'utilité du voyage dans le temps dans la mise en place d'un changement de continuité : Age of Ultron. Nous ne reviendrons pas sur la qualité désastreuse de cette mini série, toutefois, il est intéressant de remarquer que la mécanique du scénario est calquée sur celle de Retour vers le futur. En effet dans cette mini-série, Wolverine fait des allers-retours du présent au passé en passant par le futur, pour corriger des évènements ayant conduit à la prise de contrôle de l'humanité par Ultron. Effet papillon oblige, chaque action entraîne une réaction en chaine qu'il faut à chaque fois corriger. Au final tout rentre plus ou moins dans l'ordre pour un final juste ridicule où l'on découvre que le but de la saga était finalement de détériorer le multivers de Marvel et ainsi enclencher la suite d'évènements qui conduira à Secret Wars en 2015.

Dernier exemple en date et cette fois beaucoup plus intéressant : All New X-Men ! Cette énième série estampillée X-Men est apparue lors du relaunch Marvel Now! et met en scène les premiers X-Men ramenés à notre époque par le Fauve grâce à la plateforme temporelle de Fatalis, encore elle, dans le but de leur faire prendre concsience de ce qu'ils deviendront. Ainsi, à la manière de Terminator ils pourront corriger le passé et ainsi améliorer le présent (qui est en fait leur futur). Bref comme d'habitude, rien ne se passe comme prévu et les jeunes X-Men se retrouvent bloqués à notre époque, préférant contribuer activement à la lutte mutante plutôt que de retourner dans le passé. Le point intéressant de cette série est le décalage entre les X-Men adolescents et l'époque dans laquelle ils évoluent. Comment réagir en découvrant que les vilains sont devenus des héros et que certains héros sont devenus des tueurs ? Telle est la base des arcs successifs. Outre cet aspect régressif, la série a le mérite de permettre au lecteur de retrouver un Cyclope héroïque et surtout la jeune Jean Grey, chouchoute de nombreux lecteurs, dans des histoires modernes mélangeant l'innocence des premières aventures des X-Men et le côté souvent sombre des arcs récents. Dans ce dernier cas, le voyage dans le temps donne naissance à une nouvelle série pour le bonheur des fanboys.

Au final, les voyages dans le temps, même s'ils ont souvent été mal exploités, font partie de l'ADN de Marvel et ont depuis quelques années de réels impacts sur la continuité. Comme quoi une petite idée de 1962 a finalement eu de gros impacts sur 50 années de récits, et qui aurait pu le prédire à l'époque ? Pour le savoir il faudrait sans doute voyager dans le passé ...

BONUS : Pour l'annecdote, juste retour des choses, la nouvelle d'HG Wells fut adaptée en 1976 en comics par Marvel, hommage appuyé à un concept qui a encore de beaux jours devant lui.

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