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Quand Blizzard contrôlera le monde des gamers

Un jour, vos enfants vous diront : comment c'était avant Blizzard ? C'est inéductable : l'entreprise californienne est prête à tuer le marché.

C'est un fait, l'éditeur de jeu vidéo Activision-Blizzard domine déjà économiquement une industrie de divertissement/culturelle florissante, qui est devenue la première en recettes, devant le cinéma. Cet article n'est donc pas une prédiction sérieuse, tout au plus cherche-t-il à imaginer le succès d'un plan diabolique visant à créer une communauté de gamers zombies forcés de jouer pour toujours aux jeux d'un unique développeur. Il faut dire que les arguments en faveur d'un monde dominé par Blizzard Entertainment sont nombreux. Analyse du succès d'un des cadors de l'industrie depuis bientôt deux décennies, entre continuité et renouvellement inspiré. 

Les gars qui réussisent tous leurs jeux

Quand on raconte une histoire, il faut toujours commencer par le début. Tout commence en 1991 en Californie. Blizzard existe alors sous un autre nom, et sera même racheté en 1994 par un distributeur de jeux vidéo. Après des portages, le développeur sort enfin son premier jeu : Warcraft. Inspiré de Dune II, oeuvre révolutionnaire du genre stratégie, le soft de Blizzard donne naissance à un monde fantastique qui servira de décors à de nombreuses productions. Des humains face à des orcs, le concept est simple mais enchanteur.

C'est un succès, mais en moins d'un an, le développeur sort la suite qui fait encore mieux, aussi bien en terme de qualité qu'au niveau des ventes. Ce sera la seule fois où Blizzard attend moins d'un an pour sortir une réelle suite à un de ses jeux. Il y aura bien sûr les multiples add-on, mais c'était plus des mises à jour de la formule clairement établie. Le développeur instaure dès le début cette tradition de faire évoluer ses jeux pour peaufiner la formule.

En 1997, c'est au tour de Diablo de pourrir la vie sociale des joueurs. On doit repousser les forces du Diable pour sauver le monde en ouvrant pleins de coffres. C'est aussi l'occasion de lancer Battle.net, une plateforme en ligne pour que les joueurs s'affrontent ou coopèrent. Blizzard fait partie des pionners à une époque où internet est encore au début de son expansion. La technologie n'est pas encore présente dans la majorité des foyers et Battle.net évolue avec son temps.

Blizzard va vite et dès 1998 sort Starcraft. Une guerre des races aliens avec l'humanité au milieu, de la pure SF et une formule différente de Warcraft, même s'il s'agit de deux jeux de stratégie. La sainte Trinité est donc en place en à peine 4 ans ! Il faudra toutefois attendre Diablo II en 2000 pour atteindre la perfection, et un add-on (Brood War) à Starcraft pour optimiser la formule.

Quant à Warcraft, c'est en 2002 que le troisième opus impose un mix inégalé entre STR et RPG. En moins de 10 ans, Blizzard a redéfini deux genres et proposé trois jeux intouchables. Tous les concurrents se cassent les dents. Les parties s'enchainent, Battle.net est une référence du web alors qu'on a encore du mal à télécharger des chansons pour la plupart d'entre nous. Bref, c'est l'Âge d'Or.

Le roi est là

Le truc avec Blizzard, c'est qu'il ne sait pas se reposer sur ses lauriers. Il expérimente, perfectionne ses formules et n'hésite pas à jeter à la poubelle ce qui pourrait ternir sa réputation d'orphèvre. Remember Starcraft Ghost, annoncé mais jamais sorti.

En 2004, fort de son imposante expérience pour l'époque sur le jeu en ligne, le développeur pond World of Warcraft. Il réutilise l'univers peaufiné dans son jeu de stratégie fantasy, l'aspect communautaire de Diablo et la compétivité, voir la folie, entourant Starcraft, pour donner vie à un monde virtuel incroyable. Plus de dix ans plus tard, après de nombreuses extensions et un turn-over obligatoire entre les joueurs, la communauté est toujours énorme. Le jeu reste le leader du genre MMORPG et une formidable cash-machine. Tous les concurrents directs se sont cassés la gueule à vouloir faire mieux et sont passés au gratuit, sauf WoW.

Fort de ce succès qui l'a fait passé dans la cour des entreprises côtées en bourse (par le biais de rachats), Blizzard peut enfin revenir à ses premières amoures après une fusion avec Activision, devenant dès 2008 un ogre du jeu vidéo. Après six ans de silence, une éternité pour le développeur, il publie en 2010 StarCraft II et peaufine la formule pendant cinq ans avec deux extensions. En 2012, c'est au tour de Diablo III de fracasser le marché. Les critiques sont moins dytirambiques que pour son aîné, mais il était de temps de rafraichir la formule malgré un départ relativement raté.

2014, c'est la sortie de la première nouvelle licence depuis 16 ans ! Bon, nouvelle, c'est vite dit vu que Hearthstone est un jeu de cartes à la Magic dérivé de l'univers Warcraft. En 2015, rebelote avec Heroes of the Storm qui regroupe cette fois des personnages des trois licences Blizzard. Avec ce MOBA, le développeur vise un nouveau public. Comme par hasard, il s'attaque aux jeux qui cartonnent en ce moment. Et 2016 est l'année d'Overwatch, un shooteur en ligne (hello Call Of Duty) avec cette fois une vraie nouvelle licence. Le plan est en place, il faut maintenant conquérir le monde.

Une stratégie globale pour vous fidéliser

Comment Blizzard a bâti son succès ? Pourquoi les concurrents ne sont pas capables de reproduire cette formule diabolique ? Certains éléments sont inaccesibles aux non-initiés comme nous (le management en interne, les ressources financières, le recrutement des bonnes personnes). D'autres sont faciles à deviner.

D'abord, Blizzard ne sort un jeu que quand il est bon, voire déjà parfait (les patchs et add-on ne servent qu'à peaufiner une formule déjà complète). Vous allez me dire "hey, c'est pas facile d'atteindre la perfection". Oui, c'est sûr, mais on peut déjà s'en donner les moyens. Comme Rockstar, autre studio légendaire (la série des GTA), Blizzard donne le temps à ses équipes pour travailler.

Sept ans se sont écoulés entre Warcraft 2 et 3. Douze ans entre Starcraft 1 et 2. Dix ans entre Diablo 2 et 3. Pourquoi sortir une suite si la formule marche déjà et rapporte plein de pognon ? Autant peaufiner le jeu et faire entrer la suite dans une nouvelle ère. Quand on compare aux jeux annualisés (sport ou action), il faut attendre la fin d'un cycle de consoles (au moins 5 ans) pour voir une réelle différence entre les opus. Et la formule est loin d'être parfaite !

Grâce à son trio magique (Warcraft, Diablo et Starcraft), Blizzard a des fondations solides pour faire des expériences. Il teste des modifications, revient dessus, réagit aux désirs de la communauté...Les joueurs sont fidèles et dépensent beaucoup (argent et temps) quand on les respecte, ce que fait Blizzard. Quand il a été annoncé que Starcraft 2 serait en trois parties, ça a gueulé. Quand on a vu que chaque partie était un vrai jeu à lui tout seul, et à un prix inférieur à un soft, comment ne pas s'incliner ?

Récemment, Blizzard s'est permis d'élargir son horizon à d'autres genres, avec un jeu par type de gameplay. La stratégie, le hack & slash, le RPG, le jeu de cartes, le MOBA et bientôt le FPS. C'est une nouvelle trilogie qui s'impose (HOTS, Hearthstone et bientôt Overwatch). Tout cela s'appuie sur l'ogre Battle.net. Là encore, ce logiciel est peaufiné depuis presque 20 ans. Il a une avance impossible à rattraper pour la concurrence. C'est un écosystème indépendant et intelligent. Qui a dit Skynet ? En tout cas, l'expérience en e-sport s'en ressent. Blizzard est un des leaders. Contesté certes par League of Legends, mais il sait se renouveller, écouter et mutalisker.

La marque Blizzard devient incontournable

Quand vous ouvrez Battle.net, vous découvrez sur la colonne de gauche les icônes des six jeux de la marque Blizzard. Oui, c'est une marque, un label de qualité. Vous pouvez acheter et lancer le jeu les yeux fermés car ils sont tous excellents. Si vous n'aimez pas un genre, ce n'est pas grave, le développeur l'a simplifié pour vous le rendre accessible. Et puis, au fil des parties, vous découvrirez que cette vulgarisation cache un système ultra-complexe nécessitant une expérience de folie pour la maîtriser.

S'il était plus ou moins facile de résister sur des marchés de niche (aujourd'hui) avec la stratégie ou le hack & slash, Blizzard a prouvé avec World of Warcraft que l'argent ne faisait pas tout. On ne compte plus les jeux cherchant une place dans le cimetière des MMORPG après avoir lorgné sur la communauté forte d'une dizaine de millions de joueurs payants chaque mois pour foulé les terres d'Azéroth.

En jettant à la poubelle les projets de jeux qu'il n'estime pas bon, perdant ainsi énormément de temps et d'argent, Blizzard envoi un message : nous ne faisons que des produits de luxe. Le dicton "c'est prêt quand c'est prêt" (il faut attendre pour avoir une date de sortie, et tout n'est que rumeur) définit bien l'intérêt principal du développeur : produire d'abord un bon jeu pour mieux récolter des millions ensuite.

Blizzard est aussi capable de brouiller les frontières avec ses cinématiques sublimes, photoréalistes, que dire, bluffantes. Sans compter le design parfait in-game. Le studio prépare même une nouvelle source de revenue avec le cinéma, le film Warcraft visant à consolider encore plus la licence auprès du grand public. Rien ne semble pouvoir l'arrêter. Quel sera le prochain jeu ? Course ? Baston ? Sport ? Tout est possible, il suffit de trouver la bonne formule vu que les joueurs sont déjà prêts. Enfin, encore faut-il avoir du temps pour jouer.

Blizzard a préparé habilement l'après-WoW. Tout le monde pensait voir débarque un nouveau MMORPG, le développeur a été plus intelligent et s'est plié aux demandes des joueurs en intégrant le monde du MOBA. Décidément, qui pourra l'arrêter ?

1 commentaire

  1. Leodagan
    Le 26 février 2016 à 14:57

    Très bon article encore une fois. Chose amusante en passant, Blizzard vient d'acquérir KING (éditeur de jeux mobiles, comme Candy Crush). D'où la volonté de Blibli de dominer dans tous les domaines.

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