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Dream Team : ces basketteurs comme tant d'autres

Le shonen, c'est le roi du manga. Actions explosives et héros surpuissants, c'est cool, mais c'est aussi bien quand c'est réaliste, surtout pour du basket.

Les mangas et le basket, c'est une belle histoire d'amour. Depuis le légendaire Slam Dunk, on sait tous que ce format épisodique se prête parfaitement aux intrigues d'une équipe sportive. Son auteur a d'ailleurs enchaîné avec Real, une histoire mettant en lumière des handicapés s’adonnant à ce sport.

Récemment, deux séries radicalement différentes ont pour décor ces gymnases : Kuroko's Basket et Dream Team, aussi appelé Ahiru no Sora au Japon. Si la première utilise à fond les codes du shonen, la seconde les a parfaitement digéré pour produire un récit émouvant, attachant et pleins de surprises.

La taille ne compte pas

En toute franchise, on trouve très peu d'informations sur le web concernant Takeshi Hinata, l'auteur du manga Dream Team, à l'exception de sa naissance en 1972 dans la préfecture d'Ibaraki. N'ayant pas accès aux sources plus traditionnelles nippones, je vais donc me concentrer sur son œuvre, qui semble se résumer à ce manga.

Du sport, du drame, des tranches de vies (un concept courant dans la production japonaise) et une pointe de romance, Dream Team touche un peu à tous les sujets. On découvre le jeune lycéen Sora, passionné de basket, alors qu'il cherche une équipe pour participer aux célèbres tournois étudiants se déroulant chaque année. Deux obstacles se dressent devant lui : sa petite taille (1m49) et l'absence de joueurs dans son établissement. Son bahut est en effet remplie de racailles et personne ne s'intéresse à son sport. Enfin, c'est ce qu'il pense, mais l'avenir va lui démontrer le contraire.

Franchement, ce n'est pas fondamentalement révolutionnaire, mais ça fait largement l'affaire pour lancer l'histoire. Progressivement, on découvre des personnages de plus en plus complexe. Sora a une mère malade, une ancienne joueuse de basket qui a transmis à son fils sa passion. Il semble aussi amoureux de Madoka, une camarade pratiquant elle aussi ce sport et qui fait 15 cm de plus que lui. Elle le voit comme un petit frère attachant alors qu'il semble amoureux. Face à ces défis, le jeune Sora ne se décourage jamais. Il se bat (sportivement parlant) contre tous pour prouver sa motivation et a développé des techniques incroyables pour palier à ses limitations physiques. C'est ce qui va tout changer.

Qui veux jouer avec moi ?

Tel les fous furieux du manga Eyeshield 21 qui ne trouvaient pas de camarades dans leur lycée pour jouer au football américain, Sora va patiemment convertir d'autres élèves à sa passion. Ce ne sont pas ses amis à la base. Chacun a ses raisons de rejoindre ce qui deviendra une équipe (non sans beaucoup de problèmes), et l'alchimie, au cœur du récit, sera difficile à atteindre. C'est la force de cette histoire, qui, avant même de parler basket, nous conte la vie d'ados perdus dans leur quotidien.

Il y a Chiaki, grand gaillard de 1m93 à la coupe afro. Source de gags innombrables, il devient parfois subitement extrêmement sérieux. Meneur de jeu à la base, il est, tel notre Boris Diaw national, capable de multiplier les positions sur le terrain grâce à sa taille. C'est très utile pour remplacer Sora en défense. Très talentueux, il est du genre paresseux mais sait parfaitement sortir les bons moves quand il faut, façon Magic Johnson.

À ses côtés, son frère jumeau, Momoharu, qui s'est teint les cheveux et joue pivot au départ, puis ailier-fort par la suite. Tel Dennis Rodman, il gobe tous les rebonds, dunk partout et pose des contres. C'est aussi comme l'illustre basketteur un vrai nid à emmerdes. Il est constamment tiraillé entre sa nature de voyou et sa profonde envie de prouver au monde qu'il n'est pas un bon à rien. Il va poser des problèmes à son équipe, mais saura se sacrifier en temps voulu.

Au basket, on joue à 5. Passons donc à Tobi, un arrière scoreur, mix entre Iverson et Kobe, qui semble cacher un secret lié à sa famille et son précédent lycée. Il ne peut pas jouer ailleurs et l'équipe de Sora est son dernier espoir de participer au tournoi lycéen. Son caractère explosif voir rebelle se marrie mal avec celui des autres, mais il est celui qui a le plus gros background streetball.

Enfin, Mokichi, la grande perche qui arrive sur le tard dans le récit. Presque deux mètres, mais un corps chétif qui cache une grande timidité. Son arrivée booste l'équipe qui a enfin cinq joueurs bien différents, Mokichi étant de ces pivots aux mains d'argent (tel Kareem Abdul-Jabbar). N'oublions pas le banc composé des habituelles racailles au niveau médiocre, présentes pour faire rire mais capables de se défoncer pour progresser une fois qu'ils adhèrent au projet.

La force du collectif

Sans équipement, sans salle ni entraîneur, ces ados vont petit à petit s'approprier le rêve de Sora. Il faut dire que ce dernier est une sorte de Stephen Curry avant l'heure, dans le sens où il est capable de sortir des shoots sortis de nulle part grâce à un entraînement de malade (Isaiah Thomas des Celtics pour les connaisseurs est une meilleure comparaison).

Attention, ici, pas de shoot de la mort-qui-tue. Les moves sont réalistes, les affrontements crédibles et le tout respire le basket. Pas de technique spéciale en mode Olive et Tom. Par exemple, quand Mokichi présente son Hook shot, c'est un hommage à ces grands pivots qui ont dominé la NBA ou le circuit européen grâce à ce tir très technique.

Au départ, Sora ne rêve que d'une seule chose : une seule petite victoire. Elle va prendre du temps, mais l'équipe va rapidement en vouloir plus. Cependant, leur vie personnelle n'est pas simple et chacun va devoir faire des sacrifices pour retourner chaque jour sur le parquet. Les scènes les plus poignantes se déroulent en dehors du terrain, pour mieux sublimer les efforts des héros sur celui-ci.

Une fois le classique schéma du tournoi lycéen abordé, on se prend au jeu. On découvre d'autres équipes aux histoires déchirantes. On a mal pour eux, car on se doute que les héros vont les balayer. Ou pas, remember Slam Dunk et sa conclusion impensable. Si vous aimez le basket, celui âpre, technique et collectif, vous avez la même vision que Takeshi Hinata qui ne dévie jamais de sa ligne réaliste.

Une perle en danger

Comme toute œuvre exigeante et pas très bling bling, les fans doivent lutter pour légalement la suivre. Ce manga est publié depuis 2004 au Japon dans le Weekly Shonen Magazine de la Kodansha. C'est le magazine numéro 1 de cet éditeur, le concurrent du célèbre Weekly Shonen Jump. Dream Team est ainsi publié aux côtés de Fairy Tail ou Seven Deadly Sins. En France, c'est Glénat qui propose une édition de qualité depuis 2011.

Malheureusement, le basket est encore loin d'être un sport majeur en France. De plus, ce n'est pas le sujet favori des lecteurs de manga francophones et la concurrence de Kuroko's Basket, bien plus médiatique (anime oblige, mais aussi des codes plus classiques du shonen) font que le lectorat de Dream Team ne suffit pas à soutenir sa publication. Néanmoins, ce lectorat est fidèle et Glénat a été beau joueur en préférant modifier le format de la série, évitant ainsi l'arrêt de publication comme pour de nombreux titres.

Ainsi, à compter du 17ème volume (sur les 42 publiés au Japon, série toujours en cours), Glénat propose un format double. Telle les éditions collectors des grands succès mangas, l'éditeur publie deux tomes en un pour un prix inférieur à deux tomes séparés. De 6€90, on est passé à 10€75. Cela permet aussi de rattraper la parution japonaise, très en avance.

Glénat croie en la série qui est en succès dans le monde avec plus de 13 millions de copies écoulées. Elle ne dispose pas encore d'anime et la nouvelle génération formant l'équipe de France de basket peut rendre à l'avenir ce sport encore plus populaire chez nous. Ceux qui découvriront le basket auront alors à leur disposition une excellente œuvre qui rend hommage à des millions de sportifs.

Dream Team n'est pas une œuvre faite pour tout le monde. L'auteur prend le temps de poser son histoire, d'éviter des clichés pour mieux faire monter la pression à l'approche du money time. Si vous appréciz le basket, donnez lui sa chance, vous ne serez pas déçus. Sinon, vous allez découvrir un sport unique en son genre.  

2 commentaires

  1. Bart
    Le 17 février 2016 à 09:07

    Comme on en parlait dans le Pop'N'Cast, là, les graphismes me donnent carrément pas envie de tenter l'aventure

  2. Farid
    Le 17 février 2016 à 17:46

    Dommage, mais je comprends. J'ai longtemps été réfractaire au graphisme de One Piece, avant de me plonger avec délice dans cette aventure.

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