Pour sa 8ème édition, le Festival Lumière est parvenu à accroître sa visibilité dans le paysage français des festivals cinéma en France. Retour sur un événement public qui semble convraincre de plus en plus de cinéphiles.
Cette année, comme depuis 2009 dirons nous, se tenait le Festival Lumière en terre lyonnaise, événement prenant de plus en plus d’ampleur dans le cinéma hexagonal. Pour beaucoup de personnes, l'événement cinéma de l'année français reste le Festival de Cannes. Ils n'ont pas tort, étant donné qu'il est une immense fête du cinéma, un moment clé dans l'année pour les producteurs et réalisateurs, mais aussi de par sa médiatisation, ses stars, ses marches.
Mais le cinéma ce n'est pas seulement Cannes. Bon nombre de villes françaises proposent à leur tour un événement autour du 7ème art, et Lyon ne pouvait rater une telle occasion. La ville des frères Lumière s'est donc lancé dans l'aventure de rassembler les cinéphiles français depuis 8 ans lors du Festival Lumière. Ayant eu la chance de pouvoir y assister, je me devais donc de vous conter un peu ce qu'il s'y passe, d'en faire un petit récap', parce qu'au final le festival se trouve être un lieu populaire, d’émulsion collective, ainsi que de grands moments de cinéphilie. Mais tout d'abord, commençons par le commencement, qu'est-ce que le Festival Lumière ?
Un festival de cinéphile
Le Grand Lyon Film Festival ou Festival Lumière dans sa version plus soft, est un festival sur le 7ème art créé par le fameux Institut Lumière en partenariat avec la Métropole de Lyon. Depuis 2009, date de sa première édition, le festival propose plus d'une semaine dans le tout Lyon autour du cinéma, un grand moment pour les cinéphiles. Le festival propose donc un voyage dans l'histoire du cinéma au travers de diverses projections (plus de 180 films à l'écran cette année sur 390 séances), des rencontres avec réalisateurs (les Master Class), un marché du film classique permettant de retrouver des perles rares du cinéma, ou encore des rétrospectives autours des auteurs qui ont marqué l'art cinématographique. Cinéma classique qui a toujours su garder une large place dans le programme du Grand Lyon puisque chaque année, l'événement propose une séance autour du travail de restaurateur. Histoire, il est toujours question d'histoire.
Ajoutons que chaque année, le festival distingue une personnalité en lui décernant le Prix Lumière. Cette année, pour la première fois dans l’histoire du Festival Lumière, c’est une femme qui reçoit cette distinction, l'incroyable Catherine Deneuve, qui succède à Clint Eastwood, Martin Scorsese ou encore Quentin Tarantino, bref de vrais grands noms dans le milieu. Le programme est généralement assez chargé, tout faire, tout voir, est quasiment impossible, le temps manque, il faut circuler entre l'Institut Lumière et la Comédie Odéon quasi quotidiennement pour enchaîner master class et projections. Le soir, le tout se calme un peu, certaines séances se finissent tard, les festivaliers se retrouvent à L'Institut Lumière, causent cinéma, et en profitent après une journée harassante pour trinquer un coup. Ensuite, tout le monde au lit pour rempiler sur une nouvelle journée.
Sous le signe de la Femme
Maintenant que vous savez plus ou moins de quoi est question au Festival Lumière en général, revenons plus en détail sur ce qu'il s'est déroulé pendant cette 8ème édition. Dès le premier jour on constate un fait majeur : l’importance de la place la Femme. Plusieurs événement sont donc organisé par le biais de cette thématique, avec une conférence portant sur Chantal Akerman, grande cinéaste devant l'éternel, que nous avons malheureusement perdu il y a peu, la nomination de Catherine Deneuve bien sûr, mais aussi la présence de l'actrice Gong Li (Adieu ma Concubine, Vivre !) qui assurait une rencontre.
Le festival innove aussi avec la création du prix Fabienne Vonier qui permet désormais de venir honorer les personnalités féminines ayant participé à la grande aventure du 7ème art. A l'approche de la sortie du livre d'Antoine Sire, Hollywood la cité des femmes, un cycle est organisé autour des actrices fétiches qui ont fait Hollywood, de Katherine Hepburn à Lana Turner, via la diffusion de plusieurs films dont La Femme de l'année de George Stevens ou encore l'immense Eve de Joseph L. Mankiewicz. Tout un programme, et un beau.
De l’intérêt d’un cinéma classique
Le Festival Lumière est aussi l'occasion de re-visionner certains films sous un nouveau jour grâce aux dernières restaurations. Du coup, plusieurs projections sont organisées dont Un homme de trop de Costa-Gavras, La Fureur du dragon avec Bruce Lee ou encore J'accuse d'Abel Gance. Occasion rêvée donc pour une grande partie des cinéphiles ayant un profond amour pour le cinéma dit classique de (re)voir ces oeuvres. Une master class animée par André Labbouz est aussi organisée sur le sujet, portant le doux nom suivant : Les questions de déontologie dans la restauration de films par Gaumont, Eclair-division restauration et Diapason.
De quoi ça parle vraiment ? Du respect du matériel d'origine lors des restaurations de pellicules anciennes, donc tenter, tout en rénovant visuellement le film, de lui redonner sa couleur d'origine en profitant des possibilités offertes par la technologies. Il faut faire attention à ne pas dénaturer le film tel qu'il était lors du tournage. Il n'est donc par exemple pas question de retirer une perche ou un câble qui apparaîtrait maladroitement à l'image. De nombreuses questions se posent sur une telle activité, ce qu'il faut faire ou ne pas faire : quelle version du film faut-il restaurer, qu'adviendra t-il de la bande son, de l'étalonnage, tout un joli bordel qui fut expliqué avec clarté, rendant la problématique réellement intéressante.
Des invités prestigieux pour les Master Class
Et quitte à parler Master Class, continuons dans la volée pour venir approfondir cette partie du festival. Pour ceux qui ne connaitraient pas le principe, il est assez simple : un réalisateur (souvent), un acteur, ou tout autre individu lié au cinéma vient discuter devant une assemblée (le public) pour échanger. Une rencontre quoi. Cette année, Tarantino a à nouveau fait l'honneur de sa présence, créant une belle publicité pour le festival, et a participé à nombre de conférences pour causer des années 70. Salle comble évidemment, tout le monde voulant entendre ce qu'a à dire cet immense cinéphile.
Catherine Deneuve avait elle aussi le droit à sa master class, tout comme Gaspar Noé (Love, Enter The Void) ou bien encore Park Chan Wook (JSA, Oldboy), venant à l'occasion de l'avant première de son dernier long métrage, Mademoiselle. Un moment privilégié pour les festivaliers pour passer un moment rare avec ces "acteurs" du secteur cinématographique. Notons d'ailleurs que le prix des places n'est pas trop élevé (6€ pour la plupart), ce qui permet donc de pouvoir enchaîner les master class à peu de frais, une volonté d'ouvrir le plus possible ce type de moments. Voilà donc déjà pour ce qu'il en était des grosses animations du festival, si l'on omet la Nuit des potes, sélections de films type Very Bad Trip (on se pose encore la question de la pertinence d'un tel choix) ou les séances en plein air.
Ambiance et organisation au Grand Lyon Film Festival
Pour revenir sur le festival en lui même, avouons que l'ambiance était des plus décontractées, le public présent étant assez varié, allant du simple cinéphile à l'étudiant en cinéma. Un beau monde rassemblé sur Lyon, offrant donc une réelle convivialité et des échanges entre passionnés. Une réelle émulsion était donc latente. Certains pourront reprocher au festival de s'éparpiller un peu dans Lyon, puisque proposant plusieurs lieux d'accès dans la ville. Cela aurait pu être un véritable défaut, mais au final se déplacer entre les différents spots se révèle assez aisé via le métro et les bus, surtout qu'au final les lieux ne sont pas trop éloignés les uns des autres.
L'Institut Lumière se voulait être le point de chute des festivaliers, pouvant venir explorer le marché du film classique ou encore la librairie (proposant cela dit un choix limité des publications puisque souvent n'étant que de récente sortie). Un bar était aussi sur place pour les amateurs de malte, proposant diverses boissons pour un prix plutôt raisonnable. Soulignons d'ailleurs que les professionnels sur place, ainsi que les bénévoles étaient toujours disponibles pour aider le festivalier perdu, et ouverts à la discussion. De quoi se sentir bien accueilli en ces lieux.
Vous l’aurez compris, difficile de se sentir floué après une telle expérience proposée par les organisateurs, le festival se voulant le plus ouvert possible est une réelle réussite, d’autant plus que les différents événements proposés était de qualité, accessible à tous. Une bien belle édition donc, qui s’est conclue tout en émotion avec l’intronisation de madame Deneuve.