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Dark Matter : le retour du space-opéra fun

Un équipage amnésique traversant la galaxie pour échapper à ses ennemis et découvrir son passé, c'est le point de départ d'une sympathique aventure télévisuelle.

La science-fiction est un genre majeur dans l'histoire des séries télévisées. Le sous-genre « un équipage explore l'espace » est un de ses meilleurs représentants. La reine du genre, c'est bien sûr Star Trek, franchise tentaculaire qui a connu plusieurs séries et autant d'équipages. Outre ce mythe de la pop culture, il y a les fans de la loufoque Farscape, de l'éphémère Firefly, de la mésestimée Andromeda ou de la récente The Expanse.

Depuis deux saisons, Dark Matter a rejoint ce cercle des shows télévisés capables de faire renaître chez les spectateurs la flamme de l'aventure spatiale. Si la série ne se concentre pas à proprement parlé sur l'exploration, elle propose des pérégrinations variées qui font découvrir les différentes planètes et groupes politiques de sa galaxie. La force de la série repose sur la dynamique installée et entretenue entre les membres de l'équipa du Rasa, le vaisseau au cœur de cette histoire.

Les gars, je sais plus qui vous êtes

L'histoire débute de la plus simple des manières : une équipage de six personnes se réveille progressivement et découvre qu'il est amnésique. Pour se différencier, chacun est désigné par un numéro lié à son ordre de sortie de la stase, c'est à dire l'endroit où il dormait et a perdu la mémoire. L'équipage découvre que le problème n'est pas accidentel et a été déclenché par l'un d'entre eux. Qui est le traître, et quel est son objectif ?

Cependant, avant de régler cette question, le groupe doit survivre et cela ne sera pas simple du tout. En effet, on découvre qu'ils sont tous hors-la-loi et recherchés par de nombreuses autorités. Ce sont des criminels et des mercenaires féroces, avec une terrible réputation. Cela gêne la majorité d'entre eux car, sans mémoire, ils n'ont pas l'impression d'être des salopards prêts à piller la galaxie.

Problème, sans leurs souvenirs, ils n'ont que leurs réflexes et instincts pour faire bonne figure quand ils vont rencontre des individus qui les connaissent. Rapidement, ils vont enchaîner les missions pour divers groupes s'opposant au sein de la galaxie, en espérant récolter assez d'argent et d'informations pour se sortir de ce pétrin. Il y a un fil rouge général, mais chaque épisode essaie de creuser le passé spécifique d'un des personnages en proposant une mission qui va le confronter à sa vie, qu'il ne connaît pas.

Regarde le mec à droite et sourit

Numéro 1 semble être un doux rêveur opposé à tout méfait. Son identité est plus mystérieuse que prévue. Numéro 2, la seule femme de l'équipage, se révèle être la leader qui sait prendre les bonnes décisions. Son corps cache un lourd secret. Quant à Numéro 3, c'est le bourrin de service, adepte des flingues et pas vraiment un héros dans l'âme.

Un triangle amoureux s'installe entre ces trois personnages, enfin, amoureux ou sexuel. Je n'étais pas vraiment fan de Numéro 3 au début de la série, mais il va se découvrir une réelle sensibilité au fil des épisodes. Passons aux membres les plus mystérieux. Avec Numéro 4, on est servi. Celui qui semble être un samouraï de l'espace observe le plus souvent la situation avec du recul, semblant calculer si le résultat lui sera profitable. Il va se découvrir un lourd héritage qui pourrait l'obliger à demander l'aide de ses camarades.

Numéro 5, c'est une jeune fille qui dénote avec les autres membres. Elle n'a pas de casier criminel, donc sa place dans l'équipage interroge, mais on va découvrir qu'elle est liée à une affaire sordide et potentiellement dangereuse pour toute la galaxie. Enfin, Numéro 6 est le bon samaritain du groupe qui s'oppose fréquemment aux actes les moins nobles de son équipe. Pas sûr qu'il accepte longtemps sa situation. N'oublions pas l’Androïde, qui va progressivement se révéler très utile et assez unique.

Le retour de la porte

On pourrait penser que Syfy (Battlestar Galactica) est derrière Dark Matter, mais c'est la chaîne canadienne Space qui produit cette série. On lui doit aussi Killjoys, autre show SF débuté au même moment qui propose un univers radicalement différent, centré sur un système solaire très particulier. La chaîne Space diffuse la majorité de grosses séries du genre au Canada et cette offensive sur la production originale lui réussit plutôt bien. Pour Dark Matters, elle s'est associée à Syfy pour la diffusion américaine, ce qui offre au show une médiatisation instantanée et franchement méritée.

Tout commence en 2012 à la publication du comic-book Dark Matter chez l'éditeur américain Dark Horse, spécialiste de la SF. Cette mini-série de 4 épisodes ne connaît pas un succès particulier. Dessinée par Garry Brown (The Massive, Incorruptible), elle est scénarisée par Joseph Mallozzi et Paul Mullie. Le duo est connu des fans de la série culte Stargate SG-1 car ils en ont scénarisés pas moins de 46 épisodes (sur les un peu plus de 200), sans compter ceux d'Antlantis, Universe et de bien d'autres séries.

L'histoire du comic-book est grosso-modo reprise dans les deux premiers épisodes de la série. Elle leur permet de vendre l'idée à la télévision et de développer ce qu'ils ont en tête pour ces personnages. C'est un phénomène courant dans les comics indépendants ces dernières années, de nombreux créateurs proposant une sorte de pilote en comics en espérant le voir adapté à l'écran. Les effets spéciaux sont à la hauteur de l'ambition de la série dans les rares scènes en extérieur, la majorité des situations s’accommodant de décors classiques et d'une technologie réaliste.

Une série qui fontionne bien

Si les critiques de presse ne sont pas unanimement favorables, celles des spectateurs sont très positives sur le web. Avec une audience avoisinant le million sur Syfy aux USA pour la première saison, c'est un excellent score pour la chaîne, bien mieux que les récentes premières saison des succès que sont 12 Monkeys (795 000 spectateurs en moyenne), Wynonna Earp (558 000), The Expanse (700 000), The Magicians (780 000) ou Van Helsing (718 000). La seconde saison de Dark Matter est en baisse mais reste très bonne en terme d'audience, avec 676 000 spectateurs en moyenne, là encore mieux que les autres show de la chaîne.

Concernant les acteurs, dans l'ordre de réveil des héros, nous avons Marc Bendavid dont c'est le premier rôle principal ; Melissa O'Neil, ancienne vainqueur du télé-crochet Canadian Idol (elle a bien changé physiquement...); Anthony Lemke, vu dans The Listener ; Alex Mallari Jr, qui a multiplié les apparitions (Nikita, Beauty and The Beast, RoboCop, The Strain) ; Jodelle Ferland (le 3ème Twilight) et enfin Roger Cross, le seul avec une véritable carrière (24, The L Word ou The Strain).

On a donc affaire à de relatifs inconnus pour l'équipage, ce qui, à mon sens, renforce l'identification. De prime abord assez exotique, ce casting est efficace. Rien de bien fou, mais leur jeu est bon et ils sont accompagnés par une belle brochette d'acteurs secondaires, plus ou moins récurrents, plus ou moins connus (mention spéciale à David Hewlett de Stargate Atlantis).

Deux saisons bien remplies

Renouvelée pour une troisième saison, la série Dark Matter n'est pas avare en révélations et évolutions de ses personnages. Chacun cherche sa réelle identité et doit composer en attendant avec son instinct. Celui-ci s'oppose à sa réputation de criminelle et aux actes nécessaires pour survivre dans ce milieu de mercenaires galactiques. Les missions sont périlleuses et tout le monde semble avoir un coup d'avance sur l'équipage.

Ce qui est vraiment plaisant, c'est que chaque épisode fait avancer l'histoire générale ou d'un des membres du vaisseau. C'est la force de la série : constamment jongler entre les différentes intrigues, avec une dernière scène qui donne un indice sur le sujet de la semaine suivante. Forcément, après avoir au moins une fois fait le tour des premiers indices sur chacun lors de la saison 1, on creuse un peu plus ces pistes narratives dans la suivante.

On retrouve des personnages, en découvre d'autres, dont de nouveaux membres d'équipage qui s'intègrent parfaitement à la dynamique du groupe. Le show se renouvelle savamment et surfe toujours sur un équilibre entre différents thèmes : manipulations politiques, technologies dangereuses, droits des androïdes... Un joli mélange d'aventures qui vont amener progressivement l'équipe à prendre ses responsabilités au fur et à mesure qu'ils gagnent en puissance et connaissances. La saison 3 promet !

Avec Dark Matter, on est rarement surpris mais toujours ravis. Un show efficace, attachant et très bien écrit, qui multiplie les pistes narratives en n'oubliant pas régulièrement de les faire avancer. 26 épisodes presque tous de qualité, en attendant une nouvelle saison qui fera franchir un pallier au show.

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