Godzilla contre King Kong ou l'alliance entre Dracula, Van Helsing, la fiancée de Frankenstein et bien d'autres, vous allez bouffer du monstre au cinéma.
Dès sa création, le cinéma s'est intéressé au effets spéciaux pour proposer à son public des histoires fantastiques. Cet art s'est forgé une réputation en donnant vie notamment à des créatures fantastiques. Nombre d'entre elles sont devenues cultes et reviennent régulièrement sur le devant de la scène pour des remakes ou de nouvelles versions originales.
Notre histoire du jour commence quand Thomas Tull fonde Legendary Pictures au début des années 2000. En quelques années, ce businessman lève entre 500 et 600 millions de dollars pour produire des films ! Vous connaissez forcément l'un de ses plus gros succès : Inception de Christopher Nolan. Nous allons nous intéresser à l'année 2014 où cette société de production a sorti deux films assez intéressants pour plusieurs raisons : Godzilla et Dracula Untold.
Le retour du kaiju fut surprenant. Joli succès au box office et réelle proposition artistique (le monstre se cache au second plan pendant un bon moment), il est plus fidèle à la version japonaise que le dernier film datant de 1999. Quant à Dracula Untold, s'il n'aura pas marqué l'Histoire du cinéma, c'est un film d'action correcte qui a le mérite de proposer une autre version du mythe littéraire. On pouvait logiquement attendre des suites à chacun de ces films, mais figurez-vous que des projets bien plus étonnants sont prévus pour ces licences.
Le projet Warner
Commençons par le projet le plus fou à mes yeux. Quand Legendary Pictures s'associe à la Warner pour acheter les droits de Godzilla aux Japonais de la Toho, c'est un accord logique entre un producteur et un distributeur. Après quelques péripéties et l'embauche du réalisateur du film Monsters, prélude visuel et même scénaristique dans sa forme au remake du grand lézard, Godzilla fait son retour dans les cinémas d'Occident en 2014. La suite est rapidement annoncée, mais le réalisateur Gareth Edwards devra avant cela passer par la case Star Wars et diriger le film Rogue One.
C'est là que naît une rumeur folle. En attendant Godzilla 2 prévu pour 2019, Legendary Pictures lance la production d'un autre remake, celui de King Kong, toujours avec la Warner, avec un gros casting. L'oeuvre étant tombée dans le domaine public, l'affaire est plus simple. Nommé Kong : Skull Island, ce film est prévu pour 2017. Pour l'instant, tout est normal. Et si je vous dis que les producteurs travaillent sur un crossover entre les deux films ?
Oui, vous avez bien lu, nous allons avoir le droit à un Godzilla vs Kong en 2020 ! L'orgasme du geek/otaku/cinéphile, le cauchemar de certains, le gros délire qui va bien nous faire rire. Notons que la rencontre a déjà eu lieu en 1962 avec King Kong vs Godzilla. La société Monarch, vue dans Godzilla, serait le lien entre les deux monstres... Bref, pour l'instant, tout est basé sur un concept salivant et nous avons le temps de découvrir quelle sera la raison de cet affrontement, ou alliance... Allez savoir.
Le projet Universal
Au tour maintenant du projet le plus ambitieux. Dans la première moitié du 20ème siècle, Universal Studios était réputé pour ses films d'horreur et fantastique avec des créatures charismatiques. Ce que l'on appelle Universal Monsters (il existe même un logo) regroupe des dizaines de films de genre. Là encore, vous connaissez forcément ces personnages cultes qui ont depuis été réutilisés partout ou ont connu des remakes. Certains sont nés dans des romans, d'autres sont des mythes populaires.
Avec la sortie de Dracula Untold en 2014, Universal espérait lancer tout simplement un univers partagé au cinéma, à la Marvel, avec ses monstres les plus emblématiques ! Malgré le relatif échec du film qui devait poser la première pierre, le projet poursuit son chemin. Ce qui est sûr, c'est la sortie d'un nouveau film La Momie pour 2017. Certains se souviendront de la trilogie lancée à la fin des années 90, mais le film d'origine remonte à 1932. Pour la version 2017, c'est nul autre que Tom Cruise qui sera la tête d'affiche ! Le premier trailer nous révèle que le héros va mourir et renaître grâce au pouvoir d'une déesse égyptienne.
Les films vont ensuite s'enchaîner, à raison d'un à deux par an, comme Marvel. Invisible Man (l'original date de 1933), Wolf Man (1941, et la série Teen wolf entretient le mythe), Van Helsing (il y a déjà une série qui marche sur Syfy), Creature from the Black Lagoon (1954) et enfin un remake de la Fiancée de Frankenstein (1935). Cette dernière idée est intéressante car elle met le focus sur une femelle et non un mâle. Récemment, deux films (I, Frankenstein par Lionsgate et Docteur Frankenstein par La Fox) ont proposé deux versions radicalement différentes du mythe littéraire.
On ne sait pas si chaque œuvre doit se passer d'abord dans le passé avant de se rejoindre dans le présent, comme c'est le cas pour Dracula Untold. Ce qui est sûr, c'est ce que les héros de chaque film feront équipe à la fin.
Le double deal
Comment Legendary Pictures se retrouve à développer simultanément deux univers partagés et focalisés sur des monstres populaires ? Tout commence avec un méga contrat signé en 2005 avec Warner pour la production de 40 films entre 2006 et 2013. Cela nous donnera entre autres 300, la trilogie Batman, Very Bad Trip, Clash of The Titans, Inception, Sucker Punch, Man of Steel, Pacific Rim, Interstellar... En 2013, Legendary signe un nouveau contrat de distribution, cette fois avec Universal, pour sortir des films entre 2014 et 2019. Ce sera Jurassic World, Steve Jobs, Straight Outta Compton, Crimson Peak ou Warcraft.
Le deal était donc fini avec Warner, mais Legendary revient quand même chez eux pour sortir le nouveau King Kong. Pourquoi ? En fait, en 2014, Universal est déjà engagé avec son projet d'univers de monstres. Il prévoit certes de faire un nouveau film King Kong, après celui de 2005 réalisé par Peter Jackson, mais cela ne colle pas avec le reste de sa production. C'est là que vient l'idée du crossover avec Godzilla. Laisser filer le projet chez la Warner, c'est intelligent car Universal ne devait que distribuer et pas financer. Surtout que le studio tente tant bien que mal de sortir de nouvelles franchises à succès.
Il va falloir attendre Jurrassic World en 2015 pour qu'Universal retrouve le top du box office. Avant cela, seul Fast and Furious se plaçait dans son catalogue comme une cash-machine. En dehors de ces deux licences, ce sont plus des films one-shot qui font des coups au box office. Universal a donc besoin d'une licence capable de développer un marketing sur plusieurs années, pour profiter du cercle vertueux qui permet d'élargir progressivement le nombre d'entrées. Ces monstres, ce sont ses Avengers. L'idée de faire de même avec les dinosaures de Jurassic World a vite été réfutée, fort heureusement...
De l'importance des univers partagés
Revenons à nos monstres. Le projet de la Warner, c'est une grosse baston pour le kiff, en mode kaiju japonais et humains spectateurs. C'est la vision niponne de la catastrophe. En face, Universal et sa team d'anti-héros. Des combattants qui évoluent de nuit, dans un monde où les humains ne sont pas les derniers pour commettre des erreurs.
Ce besoin de capitaliser sur une suite de films, chacun faisant monter la sauce pour le suivant, est devenu la norme aux USA. Que ce soit le carton absolu des films Marvel Studios, chose impensable il y a 10 ans, l'espoir DC Comics, le renouveau de Star Wars avec des films solo ou indépendants, le retour de Harry Potter, le projet de relance de Transformers mais aussi Alien ou Avatar sans compter les marques Pixar et Disney : aujourd'hui, ce qui compte c'est la fidélité du spectateur à une marque.
Toutefois, il faut un réel succès initial pour donner un boost au projet. À la sortie de I,Frankenstein de Lionsgate, le réalisateur envisageait un crossover avec la licence Underwolrd, elle-même en cours de relance. Est-ce que Dracula Untold ne va pas freiner le développement de l'univers prévu, tel Man of Steel pour DC ? Ce film pourrait être écarté au profit d'un reboot.
Ces monstres sont membres à part entière de notre imaginaire collectif. De plus, le casting de chacun de ces films est sans aucun doute la force principale de ces projets : Tom Cruise, Johnny Deep, Samuel L. Jackson, Tom Hiddleston, Bryan Cranston... Autant de stars à la hauteur des icônes qu'elles incarnent ou affrontent.
Summum du recyclage pour certains, capacité d'exploiter avec brio de vieilles licences pour d'autres, ces projets ont le mérite de proposer de nouvelles écritures. On espère juste que l'ambition sera constamment au rendez-vous, car la concurrence est rude en terme de blockbusters.
Dreadfox
Le 21 décembre 2016 à 22:02Autant le King Kong vs Godzilla, je l'attend pour passer un moment sympa et un brin nanardesque, mais je pense qu'il y a moyen d'en faire un film correct et rentable; autant ça sent le gros foirage du côté d'Universal Monsters. Non pas que l'idée en soi soit forcément mauvaise (après tout, même si semble t-il c'est une mauvaise adaptation du comic, La Ligue des Gentlemen Extraordinaires était plutôt sympa). Mais Dracula Untold, même si film fantastique sympatoche assez nanardesque, était très loin d'être mémorable. C'est plus une sorte de vague plaisir coupable, un peu comme Underworld en moins bien, plutôt qu'un vrai bon film. Mais La Momie, rien que la bande-annonce me laisse présager du pire en terme de qualité. C'est bien simple, à part le coup des doubles iris (plutôt stylé visuellement) il n'y a absolument rien dans cette bande-annonce. C'est pas avec deux pseudo-navet ou navet que Legendary va réussir à hyper le public pour un crossover.