Evènement, film culte, Harrison, suite hollywoodienne… Voilà à tout ce qu’on peut penser en entendant parler de Blade Runner 2049. Un film à la filiation insurmontable et qui ne pourra jamais vivre sans se rappeler de son aîné.
Et bien j’ai envie de vous dire que de temps en temps il est bien aussi de voir un film tel qu’il est. De ne pas se soucier des attentes nostalgiques, de vivre une expérience sur grand écran. Car Blade Runner 2049 est un film à part entière, une production de 2017 qui est un véritable objet de cinéma. Quand bien même il soit une suite. Bien sûr, l’histoire suit en partie celle du vieux Rick Dackard, mais cela n’est pas un problème pour individualiser ce film.
Blade Runner 2049 peut donc se voir comme une seule entité, c’est comme cela que je l’ai vu et comme cela que j’en parlerai. Une entité avec une identité sonore et visuelle dingue. Des projets que ne pourront jamais apprécier les acharnés du smartphone ou du pc posé sur le lit avant de s’endormir. Alors pour les autres, allez vivre ce film en salle. Il vous démontre son ambition dans bon nombre de ces plans.
L’image est souvent saturée avec telle ou telle couleur. Si l’atmosphère est viciée vous le ressentirez à l’écran. Si la lumière est devenue indissociable de la nuit dans le futur, là aussi vous verrez ce qu’est une ville qui ne dort jamais. Des designs et des cadrages qui montrent toute la réflexion aboutie d’une équipe artistique. Il y a de la beauté là-dedans, parfois violente, parfois poisseuse mais de la beauté quand même.
Lorsque l’image nourrit vos yeux, le film en profite pour ne jamais vous faire oublier tous les sons d’un environnement. Le cinéma est sonore depuis longtemps, c’est peut-être une évidence mais on est rarement frappé par cela quand on y pense. D’autant plus aujourd’hui avec toutes les technologies qui se développent pour vous « immerger » dans le film : le 7.1, Dolby atmos et autres dispositifs sonores. Et attention à ne pas confondre son et musique. Cette dernière réalise très bien son office, elle est perceptible et créée son ambiance. Mais le son englobe bien plus, et c’est ce qu’il fait justement, il vous englobe aussi. La spatialisation du moindre bruit est utilisée à merveille. On comprend ainsi que le cher Ryan Gosling ne doit pas pouvoir se reposer tous les jours en ville avec tout ce bruit.
Alors voilà, Blade Runner 2049 est un gros cadeau pour tous ceux qui aiment être scotchés dans leur fauteuil. On a même envie de prêcher pour que le plus de monde possible le voie sur des beaux écrans, dans des salles IMAX… De bonnes conditions qui me paraissent essentielles pour ensuite apprécier le propos du film.
La quête de l’agent K est en effet lente, Jared Leto nous livre des instants de philosophie et Harrison est un filou qui sait bien se cacher. Le rythme est quelque chose qui est toujours difficile à trouver. Ici on prend son temps c’est certain, il faut donc savoir l’apprécier. Un défi pour certains, un plaisir pour d’autres. Mais en même temps, proposer quelque chose qui n’est pas « facile » à vivre est peut-être ce qui rend encore plus gratifiant ce visionnage.